L'elfe Noire et la Communauté de l'Anneau
Au bout d'un certain temps, Mithrandir vit revenir l'héritier d'Isildur ainsi que les deux elfes. Eliana semblait un peu plus paisible qu'auparavant. Elle discutait à voix basse avec Aragorn, Legolas posté à sa gauche, ce qui ne semblait pas la gêner outre mesure. Lorsqu'ils arrivèrent face au magicien, Aragorn décida de prendre le tour de garde suivant et leur conseilla à nouveau d'aller se coucher. Cette fois-ci, la princesse obéit et partie dans un coin de la pièce. Etonnamment, Legolas ne s'allongea pas loin d'elle. Alors que leurs regards se croisaient, il lui adressa un petit sourire, dénué de tous sentiments négatifs. La jeune elfe comprit que par ce sourire, il l'acceptait définitivement en tant que membre de la communauté, et peut-être aussi un peu en tant qu'amie. Elle eu la sensation que ce soir, elle avait partagé quelque chose d'unique avec ses deux compagnons.
Le reste de la nuit se passa dans le plus grand calme et les membres de la Communauté purent récupérer un peu de leurs forces. Ils repartirent le lendemain, à l'aube, Mithrandir ne voulant pas s'attarder. Durant sa garde, il avait eu l'impression d'entendre des sons, encore lointains, mais qui semblaient se rapprocher à mesure que le temps passait. Même si le bruit s'était tu lorsqu'Aragorn puis Legolas avaient pris leur tour, mieux valait ne pas rester trop longtemps dans la cité déchue. Mais alors qu'ils se dirigeaient vers l'écurie improvisée, les deux elfes ainsi que le Rôdeur s'arrêtèrent soudain, aux aguets. Gimli et Boromir se retournèrent, étonnés. Alors que l'Homme du Gondor s'apprêtait à poser une question, l'héritier d'Isildur le devança.
« Il y a d'autres présences que les nôtres dans la cité. Des présences qui m'ont l'air particulièrement hostiles. »
Aussitôt, Boromir posa sa main sur la garde de son épée, essayant subtilement de se placer aux côtés de la jeune elfe. Malheureusement pour lui, le prince de la Forêt Noire fut un tantinet plus rapide. Et le fils de l'Intendant vit avec une fureur croissante l'elfe blond poser délicatement sa main sur le bras d'Eliana et lui parler à voix basse. Cette proximité croissante entre les deux descendants des Valars l'exaspérait. Legolas n'était-il pas censé détester la princesse d'Organda ? Alors pourquoi avait-il l'impression qu'ils étaient plus proches qu'auparavant ? Hier soir, il les avait parfaitement entendu discuter avant de partir pour il ne savait où. Bien sûr, il avait remarqué qu'Aragorn les accompagnait mais cela ne signifiait rien. Il avait ensuite très bien pu partir et les laisser seuls. Jaloux. Il était jaloux. C'était ridicule. Il était le fils de l'Intendant du Gondor. Pourquoi aurait-il à être jaloux d'un elfe, même prince ?
Inconsciente des sombres pensées qui animaient l'homme du Gondor, Eliana essayait d'identifier l'étrange sensation de bien-être qu'elle avait ressenti quand le prince elfique avait posé sa main sur son avant-bras. Depuis qu'ils étaient arrivés à Organda, elle avait l'impression qu'ils s'étaient considérablement rapprochés. Ce qui n'était pas pour lui déplaire. Secouant doucement la tête, elle revint à la réalité. Legolas s'apprêtait à lui parler.
« - Savez-vous s'il existe un passage qui nous permettrait de quitter la ville sans nous faire repérer ?
- Il me semble effectivement que l'on pourrait passer à la lisière de la forêt. Les arbres pourraient nous permettre de rester à couvert, au moins un petit moment. Mais ce n'est pas dit que l'on ne se fasse pas remarquer tout de même. »
L'elfe blond hocha la tête et se tourna vers Aragorn et Gandalf, qui avait suivi la conversation. Tous deux firent signe qu'il la suivait. Mais alors qu'ils allaient s'engouffrer dans une ruelle, une ombre se dressa devant eux, menaçante. Une vingtaine d'orcs lourdement armés leur faisait face. Ils n'avaient plus le choix. Ils allaient devoir se battre. C'est d'ailleurs exactement ce que dû se dire Gimli puisqu'il chargea les orcs en hurlant, sous les yeux effarés du reste de la Communauté. Les autres furent bien obligés de lui venir en aide, puisque malgré son courage, il aurait du mal à venir à bout de vingt orcs à lui tout seul dans une ruelle.
Boromir et Aragorn, l'épée levée, rejoignirent le nain, tandis que les Hobbits se cachaient derrière l'ample cape de Gandalf, terrifiés. Legolas tailladait déjà tous les ennemis à sa portée avec ses poignards aiguisés. Il était d'une précision efficace. Lorsque Boromir vit cela, une nouvelle vague de jalousie le consuma. Il en vint à oublier le combat. Et ne vit pas l'orc s'approcher de lui, prêt à abattre sa hache. Il ne dû son salut qu'à la flèche qui vint se ficher dans le cou de la créature. Heureusement pour lui, Eliana avait vu le danger. L'homme du Gondor allait la remercier mais n'en eu pas le temps. Eliana s'était déjà replongée dans le combat. Elle combattait aux côtés de Legolas et s'ils n'étaient pas au milieu d'un combat, Aragorn et Gimli se seraient arrêtés pour les regarder. Voir des elfes combattre était toujours à un spectacle. On aurait dit qu'ils dansaient. Même s'ils venaient de deux peuples radicalement opposés, le prince de la Forêt Noire et la princesse d'Organda se complétaient parfaitement. Cette impression se renforça chez les deux compagnons lorsque Legolas fit brutalement reculer la jeune elfe pour trancher la gorge d'un orc qui arrivait par la droite alors qu'Eliana plongeait sous le bras du blond pour stopper celui qui venait de gauche, tailladant sans pitié tout ce que sa dague noire pouvait atteindre.
Qu'est-ce qui avait poussé la princesse à venir se battre aux côtés du beau prince ? Eliana l'ignorait. Elle savait juste qu'à ce moment-là, elle avait senti que c'était ce qu'elle devait faire. Legolas n'avait pas eu l'air de s'en formuler. Au contraire, il l'avait accueilli avec un fin sourire. Et la princesse avait eu l'impression qu'elle avait trouvé sa place. Une dizaine de minutes après, le combat était fini. Plus un seul orc n'était debout. Aucun des compagnons n'avait été sérieusement blessé. Aragorn et Legolas avaient de légères estafilades que la princesse s'empressa de soigner. Une sensation étrange la traversa quand elle du poser sa main sur la joue du prince elfique pour soigner une coupure. Il la regardait avec un regard indéchiffrable, mais où toutes traces d'animosité avait disparue. Au final, Eliana se disait qu'il avait accepté sa présence dans la Communauté et qu'il ne remettrait pas en cause ses motivations. Durant cet instant, aucun des deux ne remarqua le regard furieux de Boromir.
Ils récupérèrent les chevaux et se dépêchèrent de rejoindre le défilé menant à la Moria. Il n'y avait plus de temps à perdre. D'autres créatures maléfiques pouvaient arriver d'un instant à l'autre. Cette fois-ci, Eliana et Legolas étaient devant, Aragorn surveillant leurs arrières. Le Rôdeur jetait de fréquents coups d'œil à Boromir. Il avait parfaitement compris que l'homme était loin d'être insensible aux charmes de la belle elfe. Mais il se doutait aussi que c'était perdu d'avance. Il fallait être aveugle pour ne pas voir le rapprochement croissant des deux immortels de la Communauté. Eux seuls n'avaient pas l'air d'avoir compris ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.
La traversée du défilé parut extrêmement longue aux aventuriers. La progression était rendue difficile par les nombreuses pierres tombées sur le chemin, sûrement dû à des éboulements. La route n'étant plus empruntée depuis l'abandon d'Organda, la nature avait repris ses droits et, maintes fois, Eliana et Legolas durent utiliser leurs armes pour trancher les branches qui leur gênaient le passage. La nuit était retombée depuis peu lorsque la Communauté finie par arriver devant une montagne. Un lac sombre et sans vie était juste devant. Les plus petits membres de la Communauté étant épuisé par cette journée de marche et ce combat à l'aube, Mithrandir décréta qu'il était temps de faire une pause. Il prétendit avoir lui aussi besoin de réfléchir. De toute façon, ils ne pouvaient aller plus loin. Devant eux, invisible dans la montagne, se tenait l'entrée de la Moria.