L'elfe Noire et la Communauté de l'Anneau

Chapitre 11 : Organda

1470 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/02/2019 23:38

Un long silence suivit sa déclaration. Les autres membres de la Communauté étaient en train d’assimiler l’information. La princesse, elle, regardait douloureusement les ruines. Chaque nouveau détail qui se gravait dans son esprit était comme une épine dans son cœur déjà meurtri. Elle se sentit chanceler. Aragorn la retint juste avant qu’elle ne tombe à genoux. Son mouvement sembla réveiller le reste de la Communauté. Au grand étonnement de la princesse, le prince de la Forêt Noire vint aider l’héritier d’Isildur à la soutenir. Cela lui redonna un regain d’énergie et elle trouve la force de repousser les deux hommes.


« Merci Aragorn, seigneur Legolas. Mais ça va aller. Nous ne devons pas traîner. Ici, les nuits sont encore plus dangereuses que dans la plaine. Nous devons trouver un abri. »


La compagnie se remit en route, derrière Gandalf, qui semblait savoir où il allait. Les autres membres regardaient autour d’eux, toujours aussi impressionnés. Eliana savait ce qu’ils voyaient. Même en ruine, Organda dégageait une prestance hors du commun. Sa puissance était encore perceptible. Et c’est cela qui touchait le plus la princesse. Organda avait été une cité puissante et majestueuse. Mais la haine et la cupidité l’avaient détruite. Aujourd’hui, elle n’était plus que le symbole du peuple qu’avait été les elfes Nimrôls.


« Eliana mon enfant ? »


La voix du magicien la sortit brusquement de ses pensées. Elle se tourna vers lui et s’aperçue que toute la Communauté la regardait, l’air d’attendre une réponse.


« -Pardonnez-moi Gandalf. J’étais dans mes pensées. Pouvez-vous répéter votre question ?

-Ce n’est pas grave. Nul ne peut vous tenir rigueur de vous isoler dans un moment douloureux comme celui-ci. Je demandais si vous aviez une idée d’un endroit sûr où nous pourrions passer la nuit.

-Le palais me semble tout indiqué, Gandalf. C’est un des rares bâtiments à être encore presque entièrement debout. »


La réponse de Boromir fit brusquement frissonner la princesse. Voyant que Mithrandir la regardait, elle se dépêcha d’hocher négativement la tête.


« -Non seigneur Boromir. Au contraire, le palais est l’endroit le plus dangereux de la cité. S’il a été maintenu en état, c’est uniquement dans le but de servir de refuge aux armées du Mordor en cas de nécessité. Et même si pour le moment, je ne ressens aucune autre présence que les nôtres, nul ne peut nous garantir qu’il en sera de même pour cette nuit. Il nous faut trouver un endroit plus discret. Suivez-moi. »


Sans jeter un seul regard en arrière afin de voir si ces compagnons la suivaient, Eliana bifurqua dans ce qui avait autrefois dû être une ruelle. Pendant plusieurs minutes, ils marchèrent sans un mot, observant ce qui se trouvait autour d’eux. Legolas remarqua néanmoins qu’ils s’éloignaient de plus en plus du cœur de la cité, donc du palais. Finalement, ils s’arrêtèrent devant une jolie maison encore à peu près en état. Mithrandir paru satisfait et sans hésiter, entra dans la bâtisse, suivi du reste de la Communauté.


Là encore, quelque chose les frappa. La maison était resté telle que l’avait laissé ses propriétaires lors de leur départ. Beaucoup de meubles étaient encore présents. Seule une lourde couche de poussière montrait que ce lieu était abandonné depuis des décennies. Sans se concerter, les membres de la Communauté décidèrent de s’installer dans la pièce principale. Ils n’étaient pas totalement à l’abri d’une attaque, et s’éparpiller dans le bâtiment leur semblait une idée dangereuse. La pièce qui avait autrefois dû être un salon était assez grande pour tous les accueillir. Silencieusement ils montèrent le camp. Les Hobbits et Gimli étaient trop fatigués pour ne pouvoir émettre ne serait-ce que le moindre son. Boromir était enfermé dans son mutisme habituel. Quant à Gandalf, Legolas et Aragorn, ils respectaient le silence et la douleur de la jeune princesse elfe. Cette dernière sortie, après avoir informé Mithrandir qu’elle allait s’occuper de trouver un endroit sécurisé pour les chevaux à proximité de la maison.


Eliana savait parfaitement où elle allait. Tenant Bill par la bride et s’assurant que Shaylan la suivait, elle se rendit dans un petit jardinet derrière la bâtisse, où elle trouva facilement ce qu’elle cherchait. Une sorte d’écurie où les équidés pourraient passer une bonne nuit. Elle s’occupa d’abord de Bill, prenant soin de tout faire pour qu’il se détende. Le petit poney paraissait lui aussi éreinté. Pourtant, il suivait la Communauté sans rechigner, acceptant avec joie les morceaux de lembas que Sam lui proposait pendant leurs repas. Ensuite, elle s’occupa de son cheval. Elle passa un long moment à le brosser, tout en lui parlant doucement en elfique. Cela l’apaisait.


« J’ai peur Shaylan. Je sais que me faire venir ici était le plan du magicien blanc et j’ai l’impression d’être tombée dans un piège. J’ai peur de mon destin. Que diront les autres quand ils sauront ce qui m’attend si nous échouons à cette quête ? Seul Mithrandir sait les vraies raisons de mon départ de chez moi. J’ai peur de leur jugement. Je ne voulais pas venir ici. Organda est ma cité et pourtant je n’y étais jamais venue auparavant. Etrangement, j’en avais rêvé. J’ai l’impression de connaître chaque ruelle, chaque recoin de cette ville en ruine. Elle est comme moi. Pleine de mystères. »


La princesse s’interrompit brusquement lorsqu’un bruit se fit entendre. La main sur la garde d’un des poignards pendus à sa ceinture, elle attendit, retenant son souffle. Mais elle se détendit en voyant apparaître une chevelure blonde, parfaitement coiffé. Elle comprit alors que Legolas avait fait du bruit volontairement, pour l’avertir de sa présence. Il s’arrêta à quelques mètres d’elle, la fixant de ses beaux yeux bleus. Lui aussi paraissait tendu, prêts à dégainer au moindre geste qui lui semblerait suspect.


« Vous ne me faites pas confiance prince Legolas. »


Ce n’était pas une question, mais une constatation. L’un comme l’autre savait que la jeune elfe avait remarqué la méfiance qu’il montrait envers elle. Il ne pouvait s’en empêcher et elle ne pouvait l’en blâmer. Son peuple avait été beaucoup trop marqué par la traîtrise des Nimrôls pour que le prince de la Forêt Noire face immédiatement confiance à leur représentante.


« -Exact. Vous cachez encore beaucoup trop de choses Dame Eliana. Il n’est pas dans ma nature d’accorder ma confiance à quelqu’un qui n’est pas entièrement honnête envers ses compagnons. Que gardez-vous encore pour vous, princesse d’Organda ? De quoi avez-vous peur ? 

-Il est des secrets dont le pouvoir est inimaginable, prince Legolas. J’espère que vous comprendrez que je ne puis vous les dévoiler au grand jour pour le moment. La crainte de vos réactions est trop présente. Laissez-moi un peu de temps, s’il vous plaît. »


Sans s’en apercevoir, les deux êtres s’étaient rapprochés au point que le prince aurait pu lui prendre la main en tendant simplement son bras. Il hésita longuement. Il lisait dans ses yeux une grande vulnérabilité depuis qu’ils étaient partis du col de Caradhras. Il sentait aussi son désir de se confier à quelqu’un. Alors, un bout de longues minutes à la fixer de son regard insondable, il hocha la tête. Ce simple mouvement paru détendre la princesse, qui le dépassa pour sortir de l’écurie improvisée. Juste avant de franchir la porte, néanmoins, elle s’arrêta, sans se retourner.


« Je vous envie prince Legolas. Vous êtes l’héritier d’un royaume prospère et apprécié. Les gens vous font confiance au point de ne pas hésiter, s’il le fallait, à remettre leurs vies entre vos mains. Je ne connais pas tout cela. Je ne suis qu’une princesse déchue et haïe par tous. J’aurais aimé avoir ne serait-ce qu’une infime partie de la vie que vous possédez. Malheureusement, il semblerait que l’on ne puisse pas choisir son destin. »

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