Une soirée extraordinaire
Premier chapitre corrigé par mes soins et que j'ai longtemps délaissé, je vous prie de m'en excuser... Désormais en 4ème, avec quelques années d'expérience, je réinvente mon style d'écriture et vous promets qu'aucune faute ne sera tolérée (j'avais à peine onze ans à l'époque, et maintenant me voilà lauréate junior d'un concours d'orthographe... comme quoi!). Bonne lecture et bon voyage au Royaume des Chats!
Haru sortit du lycée avec son sac. Elle se remémora l'aventure passée au Royaume il y a quelques semaines, et jugea qu'il serait vraiment réjouissant d'aller rendre visite à ses amis, pour elle comme pour eux. Elle repensait à Baron, à l'élégance sans pareille de ce chat venu d'ailleurs, à son charme irrésistible et sa tendresse sans limite. Puis à Muta, ce gros balourd pessimiste à l'âme pourtant fondante comme du chocolat. Elle avait le coeur lourd rien qu'à les imaginer, sans elle au ministère, en train de boire un thé au lait préparé par Baron - qui répugnait Muta. Elle ne savait pas pourquoi leur simple évocation la chagrinait, cela ne faisait pourtant pas si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. Mais c'était mieux que rien, et cette mélancolie lui rappelait qu'elle n'avait pas oublié ses amis.
Justement, elle entrait à présent dans une boutique de la Croix Dorée, cherchant des cadeaux pour eux. Baron aurait droit à une nouvelle canne, tandis que Muta se contenterait d'une bonne part de fondant à la vanille enrobé de glaçage au chocolat, acheté à la boulangerie. Son regard s'attarda sur de multiples noeuds papillon, qui lui firent penser directement à Baron. Elle sortit dans la précipitation, impatiente de le revoir.
Elle franchit les toits, les ruelles et les échafaudages comme si elle était un chat. "Etre un chat", pensa-t-elle. Même si son reflet de chat dans le miroir avait été surprenant la première fois, elle avait adoré être dans la peau d'un chat. Se glisser partout, monter dans des endroits inaccessibles et manger du poisson lui plaisait. Elle voulait rester au ministère, quitter la vie humaine qu'elle avait mal entreprise. Cette décision était grande, et elle savait qu'il fallait faire un choix.
Elle y repenserait plus tard.
Arrivée au ministère, elle frappa à la porte. Muta lui adressa un salut très peu courtois -comme à son habitude- mais gorgé d'une bonne intention que seule Haru pouvait reconnaître et identifier. Une pointe de joie.
"Haru! Te voilà"
C'était la voix chaleureuse de Baron, Haru la reconnaissait. Il se leva de son bureau, s'approcha d'elle et lui tendit une lettre écrite en langage des signes, comme celle qui lui avait été donnée avant son départ pour le Royaume.
"Tu es invitée par Blanche et le Roi Loon à un grand bal qui se tiendra au royaume, dit-il. Il se déroulera dans la soirée."
Haru commençait déjà à fondre à la vue du sourire malicieux de Baron. Elle avait l'agréable sentiment qu'il la dominait en taille, à présent. "Quoi? pensa-t-elle. Serait-ce... serait-ce possible?" Baron se désigna d'un élégant mouvement de main.
"Tu me vois? Je suis un chat, pas vrai?
-Oui, confirma Haru.
-Maintenant, toi aussi tu en es un!"
Baron lui fit voir son corps dans un miroir.
"Tu es aussi ravissante que le jour où nous sommes allés au Royaume."
Et vint le temps des souvenirs. Haru se revit dans les bras de Baron, en tain de danser, dans le labyrinthe, sur la tour... tous ces bons moments, passés à le contempler, à rougir, au contact de sa main gantée dans la sienne, à l'écoute de ses mots de velours. Elle était un chat! Et désormais cela lui plaisait!
"Merci, Baron! C'est le plus beau cadeau que j'aie jamais eu! Mais comment as-tu fait?
-Ce n'est pas moi, c'est toi. Toi et ta volonté. Dois-je te rappeler que nous vivons dans une autre dimension? J'avais oublié de te dire que tous les voeux sincères, réfléchis et venant du coeur, sont exaucés..."
Elle sauta dans ses bras et pleura de joie. Elle allait enfin pouvoir vivre comme un vrai chat, comme elle l'avait vécu au royaume, et aux côtés de ses meilleurs amis.
"Haru, j'ai un cadeau pour toi." Il lui tendit un paquet qui, à priori, contenait du tissu. Haru dénoua le ruban et en resta bouche-bée.
"Oh non, Baron, tu es adorable!"
C'était la robe du bal, et le collier en forme de sardine qui l'accompagnait.
"Te plaît-elle toujours autant? Blanche l'a retrouvée et me l'a envoyée par convoi spécial. Une horde de chats s'est précipitée à mon balcon pour me l'apporter.
-Si elle me plaît? Elle est magnifique! Et elle me rappelle tant de souvenirs..."
-Maintenant que tout est prêt et que tout le monde s'est préparé, il ne nous reste plus qu'à partir, dit Baron. Toto?"
L'oiseau atterrit sur le balcon et glissa sa tête par la fenêtre entrouverte.
"Muta! Baron! Et Haru... je suis ravi de te revoir! J'ai cru entendre mon prénom, m'avez-vous appelé?
-Rah, ferme-là, gargouille de malheur. On n'a pas besoin de détails! cracha Muta.
-Muta voulait dire, reprit Baron plus doucement, que la Reine Blanche et le Roi Loon nous avaient conviés à un bal. Pour cela, nous aurions besoin de tes services, Toto. Nous ferais-tu le plaisir de nous accompagner?
-Bien sûr, Baron. Suivez-moi."
Et la joyeuse bande s'envola, Muta maugréant que les serres de Toto lui arrachaient les poils.