Parallèle
Lundi.
Dans trois jours.
Seulement trois jours.
Trois jours beaucoup trop long.
Ellana bouillonnait et faisait le cent pas dans l’appartement de Sayanel. L’exécution de Jilano était prévue sur la place devant le palais lundi. Dans trois jours…
La petite équipe qu’ils formaient, elle, Anko, Duom Nil’Erg et Sayanel, avait prévue de sauver Jilano le jour de sa mise à mort. Un plan avait soigneusement été mis en place mais il leurs restait quelques détails à régler.
La marchombre coula un regard vers Sayanel. Il était accoudé à un rebord de fenêtre, le regard perdu sur Al-Jeit. Son calme, sa grâce, sa souplesse, il avait l’allure d’un véritable marchombre et pourtant… il n’en était pas un.
-J’ai été apprentie marchombre, avait-il expliqué, mais mon entraînement à mal tourné. C’était un accident si stupide… Je…Enfin je n’avait pas…
Sa voix s’était alors brisée, mais se yeux, eux, continuaient de parler. Sans s’en rendre compte, Ellana l’avait enlacé, calmant ainsi les tremblements qui avaient pris possession de son corps.
-Elle me manque tellement… Avait-il fini par murmurer.
La jeune femme avait hochée la tête. Elle savait la douleur que cela produisait de perdre son maître.
-Tu as fini de faire le cent pas ? On dirait un lion en cage !
L’exclamation d’Anko la sortie de sa rêverie. Puis, après la surprise vint la perplexité. Comment pouvait-il dire ça, lui qui avait passé la dernière nuit à tourner en rond ?!
Faisant fi de la remarque du jeune homme, elle continua son tour de la pièce.
Puis se lança dans un second tour.
Et un troisième.
Un quatrième…
Ellana ne se stoppa qu’en voyant le soleil décliner à l’horizon. Ne pas sortir. Une consigne de sécurité qu’avait imposé Anko, précisant bien que la marchombre était recherché.
Elle sortie.
Tel une ombre elle se faufila dans la rue et entrepris d’escalader la première tour qui se présenta à elle, jubila en sentant les caresses du vent, se calma en découvrant Al-Jeit vue d’en haut, insignifiante.
Une fois au sommet, elle se lança dans la gestuelle marchombre. Elle ne su combien de temps elle se prêta à l’exercice, en tout cas, quand elle s’arrêta, la nuit était déjà bien avancée.
Une fois totalement apaisée, elle fixa le palais royal. Son maître était à l’intérieur et, Ellana le sentait, il souffrait…
-Je vous le répète, c’est une mauvaise idée ! S’exclama, pour la énième fois Duom Nil’Erg. On va tous y passer !
-Et moi, je te le répète, rien ne t’oblige à venir. Répondis Anko.
Ellana poussa un soupir. Cela faisait bien une heure que le vieil analyste et le marchombre se querellaient, inlassablement. L’un pensant que l’idée était suicidaire, l’autre affirmant que c’était la seule solution possible. Et puis il y avait eux, Ellana et Sayanel, qui se contentait de tenir la chandelle. Exaspérée, elle se leva.
La jeune femme avait passée les trois derniers jours à bouilloner dans l’appartement de Sayanel, attendant le jour décisif.
Attendre ? Rester inactive ? Très peu pour elle !
Et voilà que, quelques heures avant l’exécution de Jilano, maître Duom hésitait !
-Où vas-tu ? Demanda Anko en la voyant se lever.
-Liberer mon maître avec ou sans vous. Répondit-elle calmement.
-Tu es folle ?!
-Non, je suis une marchombre.
Anko trésaillit. Les mots de la jeune femme avaient été prononcés calmemant et pourtant avec une tel force ! Marchombre… Non, elle n’était pas une marchombre, ILS étaient des marchombres !
Quand il regarda autour de lui, il se rendit compte que Sayanel aussi avait disparut.
Duom Nil’Erg se retrouva seul dans la salle. Tout le monde s’était volatilisé sans un bruit, sans qu’il s’en rende compte.
Marchombre.