Une autre reine

Chapitre 6 : bataille finale

2804 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:49

Peter était un train de se préparer pour le duel. Il aperçut Miraz qui se mettait en position, entouré de ses généraux.

Il souffla, baissa la visière de son casque et avança sur la zone de combat.

Le premier coup fut terrible. Miraz se battait bien, mais Peter avait l’avantage de la jeunesse et de la souplesse. Il blessa Miraz à la cuisse qui demanda un temps de pause.

- Comment le trouvez-vous ? demanda-t-il à son général.

- Il est rapide, répondit celui-ci en lui bandant la cuisse. Mais vous vous battez bien.

Un messager à cheval arriva vers lui pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Miraz eut un grand sourire.

- Magnifique ! s’exclama-t-il. Ça pourra toujours nous servir !

Il se leva et s’avança vers la zone de combat où Peter l’attendait. Ils reprirent leur affrontement plus violent que jamais.

Alors que Miraz se trouvait en mauvaise posture, il leva la main en signe de reddition. Peter baissa son épée.

- Roi Peter, dit Miraz essoufflé. J’ai une garantie sur ma vie.

- Comment ça ? s’inquiéta Peter.

Miraz fit signe à un de ses soldats qui s’approcha un grand sac sur les épaules. Il le posa aux pieds du général et Peter se rendit compte que c’était une personne.

- Eden ! s’exclama-t-il avec horreur.

Les mains liées dans le dos, les pieds attachés, bâillonnée et les cheveux en pagaille, la jeune reine semblait furieuse. Elle lança à Peter un regard désolé et entreprit de se tortiller pour tenter de se détacher. Le général l’attrapa par le bras et lui plaça une arbalète chargée sur la tempe.

- Vous faites des cachotteries dans mon dos, fit Miraz, je vous le fais payer. Vous m’avez vraiment pris pour un idiot.

Peter passait son regard de Miraz, à Eden, au général, tout en priant très fort pour que Lucy ne soit pas non plus retenue prisonnière. D’un coup de dent Eden parvint à retirer son bâillon.

- Peter ! cria-t-elle. Bats-toi ! Ecrase-le…

Une gifle la fit taire et du sang perla à sa lèvre.

- Crapule ! cracha Peter en se jetant sur Miraz.

Le combat reprit, plus intense que jamais. Peter tomba à terre et Miraz lui écrasa le bras, déboitant son épaule. Peter hurla de douleur mais parvint à se relever. Son bras le faisait trop souffrir pour qu’il puisse utiliser son bouclier et celui-ci pendait lamentablement.

Eden ne bougeait plus, regardant avec angoisse le combat sous ses yeux.

A bout de souffle, Peter demanda une pause et rejoignit son camp. Edmund s’approcha pour l’examiner.

- Ton épaule est démise, dit-il.

- Edmund, je sais que je n’ai pas toujours été sympa avec toi…

Edmund tira d’un coup sec et Peter lâcha un cri sous l’effet de la douleur.

- Plus tard, marmonna son frère. Faut sortir Eden de là.

Peter leva la tête pour observer le camp de Miraz. Eden se débattait pour tenter de s’enfuir. Elle donna un coup de talon au général qui la lâcha de surprise, et Eden en profita pour se faufiler plus loin. Mais entravée par ses liens elle fut rattrapée par le seigneur Soubespian qui la tira avec une telle violence que Peter entendit un craquement sinistre et Eden poussa un cri avant de s’écrouler.

Fou de rage, Peter s’élança en hurlant, l’épée levée, et entreprit de reprendre le combat plus déterminé que jamais. Miraz se trouvait en bien mauvaise posture et finit par être vaincu. Il tomba à genoux, prêt à accepter son sort. Mais Peter baissa son épée.

- Et bien mon garçon ? Trop lâche pour ôter la vie ?

- Ce n’est pas à moi de le faire, siffla Peter avant de tendre son épée à Caspian.

Celui-ci s’approcha et tendit l’épée au-dessus de la tête de son oncle.

- Je me suis peut-être trompé sur ton compte, dit Miraz. Tu feras un bon roi finalement.

Caspian planta l’épée dans l’herbe devant lui.

- Pas un roi comme vous, souffla-t-il. Maintenant, libérez la reine Eden.

Il toisa le général qui releva Eden brutalement alors qu’elle gémissait et s’apprêta à avancer. Le seigneur Soubesbian qui était venu soutenir Miraz lui enfonça une flèche dans les côtes.

- Trahison ! cria-t-il en désignant Susan. Ils ont tué le roi ! Aux armes !

Profitant de la confusion, il bouscula le général qui lâcha Eden. Elle trébucha et sa tête heurta le coin d’un rocher, l’assommant proprement. Peter se précipita vers elle mais le général lui barra le passage, l’épée levée. Il fut décapité sans sommation.

Le seigneur Soubespian avait soulevé Eden et balancé son corps en travers de son cheval avant de prendre la fuite vers ses lignes. Il ordonna l’attaque et Peter dut refréner son inquiétude pour se concentrer sur la stratégie de la bataille.

Celle-ci fut terrible et les Narniens étaient en bien mauvaise posture. Alors qu’ils étaient encerclés et qu’ils se disaient que s’en était fini d’eux, les arbres se joignirent soudain à la bataille et retournèrent la situation. Dans les rangs des Telmarins se fut la panique.

- Lucy a réussi ! s’exclama Peter avec un geste de triomphe.

Les Narniens se lancèrent à la poursuite de l’armée telmarine qui se repliait vers la rivière.

- Peter ! lança Edmund. Il faut retrouver Eden !

Au pont sur la rivière, l’armée avait stoppé net devant l’apparition de Lucy. Derrière eux, les Narniens s’étaient arrêtés pour observer ce qu’il allait se passer.

Lucy dégaina sa dague avec un sourire et un lion gigantesque apparut à ses côtés.

- Chaaaargez ! cria le seigneur en lançant son cheval sur le pont.

Les soldats le suivirent en hurlant.

Le lion poussa alors un terrible rugissement qui fit trembler les arbres, la terre et les êtres tout autour. L’armée s’arrêta de nouveau de stupéfaction.

C’est alors que l’eau monta soudainement et une gigantesque vague qui semblait vivante fonça vers eux. L’eau monta et se modela en un être liquide, bleu et limpide, toisant les soldats d’un air furieux.

- Il est temps pour toi de te débarrasser de cette entrave, être de la rivière, dit Aslan. Et n’oublie pas de me ramener ma fille.

L’être se pencha et d’un coup sec arracha le pont, faisant voler des débris de bois et des soldats dans tous les sens.

Sur le morceau de pont qu’il tenait entre ses mains liquides, seul était resté le cheval du seigneur Soubespian sur lequel était toujours Eden. Le cheval avait bien du mal à tenir sur les planches disjointes du pont arraché. Sur son dos, le cavalier avait sorti son épée et en fouettait l’air d’un air horrifié sous le nez du Neptune. Ce dernier attrapa entre deux doigts le corps d’Eden, toujours inconsciente, et la fit glisser comme dans le toboggan d’une piscine vers la rive. Puis il engloutit le cavalier et son cheval avant de rejoindre le lit de la rivière dans un grand fracas de cascade.

Peter, Susan, Edmund et Caspian rejoignirent Lucy et Aslan sur l’autre rive tandis que les Telmarins rendaient les armes aux Narniens. Lucy fit glisser une petite goutte dans la gorge d’Eden qui reprit conscience et se redressa en crachotant de l’eau. Elle était trempée. Elle leva la tête et croisa le regard d’Aslan.

- Aslan ! s’exclama-t-elle.

Elle se jeta contre son énorme patte en sanglotant. Les rois et reines s’inclinèrent devant le grand lion.

- Relevez-vous, rois et reines de Narnia, dit le lion.

Ils se relevèrent, mais Caspian resta agenouillé.

- Relevez-vous tous, dit Aslan.

- C’est que je ne crois pas être prêt, dit Caspian.

- C’est exactement ce qui me fait penser que tu l’es, sourit Aslan.

Caspian se releva intimidé tandis que les autres lui souriaient. Aslan porta son regard sur Eden qui n’avait pas bougé.

- Pourquoi pleures-tu ma fille ? demanda-t-il.

- Je n’ai pas été à la hauteur, murmura-t-elle. J’ai laissé les Telmarins envahir Narnia il y a des siècles et je suppose que c’est pour réparer cette bêtise que je suis revenue maintenant. Mais j’ai failli tout gâcher de nouveau en me faisant capturer. Je ne suis pas digne d’être reine de Narnia, Aslan.

Aslan émit un grognement désapprobateur.

- Remettrais-tu en doute mon jugement, fille d’Eve ? C’est moi qui t’es nommée grande reine, penses-tu vraiment que cette décision n’était pas réfléchie ?

- Non, bien sûr que non !

Aslan se radoucit :

- Tu as souffert, Eden. Bien plus que d’autres rois et reines de ce royaume. Mais tu as su en tirer ta force. Que ces épreuves n’assombrissent pas ton cœur et ne t’éloignent pas de moi !

Eden semblait désemparée.

- Je suppose qu’il n’y a plus rien à faire pour Markus… chuchota-t-elle les larmes aux yeux.

- Je sais ce que tu espérais, mon enfant. Mais je ne peux pas le ramener.

Eden hocha la tête le visage défait. Elle ferma les yeux et une larme coula sur sa joue. Aslan baissa la tête jusqu’à ce que son museau vienne toucher avec douceur la joue de la jeune femme.

- Ton cœur guérira mon enfant, murmura-t-il. Laisse-lui le temps.

Eden prit le museau d’Aslan entre ses mains et enfouit son visage dans sa crinière. Elle resta quelques instants ainsi avant de se redresser. Elle se retourna vers les autres et se força à sourire :

- Réjouissons-nous plutôt, nous avons retrouvé Narnia et nous avons un nouveau roi !

Son sourire se fit plus franc lorsque son regard se posa sur Caspian. Celui-ci rougit. On ne pouvait rester insensible à la beauté de la jeune reine quand son sourire venait illuminer son visage.

Les Narniens entrèrent en héros dans la forteresse de Miraz et furent acclamés par le peuple. Une grande fête fut organisée et dura toute la nuit.

Le lendemain, Aslan réunit tout le peuple, Telmarins et Narniens, afin de leur proposer un arrangement :

- Les Narniens et les Telmarins peuvent à présent vivre en paix à Narnia. Cependant, pour ceux qui ne le désirent pas, je peux les renvoyer d’où ils viennent.

- Ça fait des siècles que nous avons quitté Telmar ! s’exclama un homme dans la foule.

- Je ne parle pas de Telmar, continua avec douceur Aslan. Vos ancêtres viennent du même monde que nos rois et reines de l’ancien temps. C’était des pirates qui se sont installés sur une île sur laquelle ils ont trouvé une grotte qui mène à Narnia. Cette île est vierge de toute trace humaine et fertile, vous y vivrez en paix.

Un silence prudent tomba sur la foule.

- J’accepte votre offre ! lança soudain une voix.

Caspian scuta la foule pour apercevoir le général. Il lui adressa un hochement de tête de reconnaissance.

- Nous acceptons également, dit à son tour un des seigneurs accompagné de la femme de Miraz et son enfant.

- Je vous remercie, dit Aslan, et parce que vous avez parlé les premiers, votre vie sera douce et paisible dans ce monde et vous ne manquerez de rien.

Il souffla avec douceur sur eux, les enveloppant de son haleine chaude. Puis il se tourna vers l’arbre de la terrasse dont le tronc se déroula soudain pour laisser apparaître une ouverture dans laquelle les Telmarins avancèrent. Et sous les yeux stupéfaits du peuple, ils disparurent.

- Qui nous dit que vous ne nous envoyez pas à la mort ? s’écria une voix paniquée.

- Sire, s’avança alors Ripitchip, s’il le faut, je suis prêt à y aller avec dix de mes compagnons !

- J’admire votre courage, sourit Aslan. Mais non.

- C’est à nous d’y aller, fit Peter les surprenant tous.

- Quoi ? fit Lucy.

- Il est temps de rentrer chez nous.

Son regard se posa sur Caspian :

- Narnia est entre de bonnes mains à présent.

Il lui tendit son épée.

- Je la garderai jusqu’à votre retour, promit Caspian.

- J’ai peur qu’il y ait un malentendu, intervint Susan. Nous ne reviendrons pas.

- Comment ça ? s’étonna Edmund. Plus jamais ?

- Si, Lucy et toi vous pourrez revenir, répondit Peter. Enfin, si j’ai bien compris.

- Mais pourquoi ? s’attrista Lucy. Ils ont fait quelques choses de mal ?

- Non, mon enfant, dit Aslan. Mais ils savent ce qu’il y avait à savoir sur ce monde, il est temps pour eux à présent de vivre dans le leur.

- Je pars aussi, lança Eden. Il est également temps pour moi de retourner dans mon monde...

Aslan hocha doucement la tête et ils firent tous leurs adieux à leurs amis. Eden s’approcha de l’arbre la première et disparut aux yeux des Narniens.

Elle se retrouva dans l’un des couloirs de son école, exactement là où elle était avant de se retrouver à Narnia. Eden ne put s’empêcher de fermer les yeux de tristesse en se disant qu’elle ne reviendrait peut-être plus jamais à Narnia.

Elle se trompait lourdement.

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