Une autre reine
- On est à Cair Paravel, réalisa Peter en observant les ruines autour de lui.
- Mais que s'est-il passé ? demanda Susan.
- Des catapultes ! s’exclama soudain Edmund qui examinait un rocher.
- Quoi ?
- Ce n’est pas arrivé naturellement. Cair Paravel a été attaqué.
- Venez voir ! lança Lucy qui explorait plus loin.
- Qu’as-tu trouvé Lucy ? demanda Susan en la rejoignant.
- Regardez.
A ses pieds, se trouvait une grande pierre tombale usée.
- « Ici repose Markus le Bon, roi de Narnia », lut Edmund. Qui était ce roi ?
- Il a sûrement régné après nous, dit Susan.
- Nous ne sommes pas seuls ici, chuchota Lucy en regardant autour d’elle.
Peter leva à son tour la tête pour regarder autour de lui, inquiet.
- Tu as vu quelque chose ? chuchota Susan à son tour.
- Non, mais regarde la tombe : elle est propre alors que le lierre a tout envahi autour. Quelqu’un est venu la nettoyer.
- Ça fait peut-être un moment, avança Peter.
Edmund se pencha et attrapa une petite fleur blanche posée au bord de la pierre.
- Cette fleur est fraîche, constata-t-il. Si quelqu’un est venu, ça fait moins d’une journée.
Lucy se pencha à son tour et épousseta un coin fendillé de la pierre :
- C’est écrit : « à mon amour… » la suite est illisible. C’est peut-être la reine qui vient nettoyer la tombe.
- C’est absurde, Lucy ! s’exclama Susan alors que les garçons s’éloignaient. Ce roi doit être enterré depuis des centaines d’années, jamais sa femme n’aurait vécu si longtemps !
- On est à Narnia, Susan, déclara simplement Lucy en se relevant pour rejoindre les garçons qui s’escrimaient à déplacer un pan de mur derrière lequel était cachée une porte en bois.
Les quatre enfants s’engouffrèrent dans le passage secret sans voir les yeux qui les observaient depuis les taillis…
Les soldats de Miraz ramaient non loin de là avec à bord de leur barque un nain ligoté et bâillonné qui se disait qu’il était bien mal embarqué.
- On est assez loin, lança soudain l’un d’eux avant d’attraper le prisonnier par les pieds.
L’autre soldat se leva et l’attrapa sous les bras, s’apprêtant à le jeter à l’eau.
Soudain une longue flèche rouge vint se planter dans le bois de la barque avec un bruit sec.
Les soldats levèrent les yeux, surpris, pour apercevoir une jeune femme les menaçant de son arc depuis la rive.
Derrière elle surgit deux garçons armés d’épées et une fillette.
- Lâchez-le ! ordonna l’archère tandis que le nain jurait sous son bâillon, abasourdi par ce retournement de situation.
Les soldats le jetèrent par-dessus bord et attrapèrent leurs arbalètes.
Les garçons se précipitèrent à l’eau et Susan banda de nouveau son arc.
Mais elle n’eut pas le temps de lâcher sa flèche, une autre fusa d’entre les arbres et vint se figer dans l’un des soldats qui tomba à la renverse. Son compagnon préféra quitter la barque à son tour sans demander son reste.
Peter plongea pour repêcher le pauvre nain qui se débattait dans ses liens, et Edmund attrapa la barque pour la ramener vers le rivage.
Les 4 enfants se rassemblèrent autour du nain et Lucy se laissa tomber à genou près de lui pour trancher ses liens de son poignard.
Celui-ci toussa, cracha et se remit debout en maugréant :
- Lâchez-le, lâchez-le ! C’est tout ? Vous n’avez rien trouvez de mieux ?
- Un simple merci nous aurait suffi, se vexa Susan.
- Ils n’avaient pas besoin de vos conseils pour me noyer, ils font ça très bien ! râla toujours plus le nain.
- On aurait dû les laisser faire, répliqua Peter.
Le nain soupira.
- Pourquoi voulaient-ils vous tuer ? demanda Lucy.
- Ce sont des Telmarins. Ils sont là pour ça.
- Des Telmarins ? s’étonna Edmund. A Narnia ?
Le nain le regarda de travers :
- Où étiez-vous ces dernières centaines d’années ?
- C’est une assez longue histoire, sourit Lucy.
Le nain tiqua soudain sur l’épée de Peter que Susan lui rendait. Son regard passa de l’un à l’autre, incrédule.
- Non, non, c’est pas possible… souffla-t-il. Ça serait vous ? Les rois et reines de l’ancien temps…
- Grand roi Peter le magnifique, se présenta celui-ci en lui tendant la main.
- Roi Peter aurait suffi, tu ne crois pas ? fit remarquer Susan tandis qu’Edmund pouffait discrètement.
- Elle a peut-être raison ! rigola le nain.
- Vous allez être surpris, répliqua Peter en sortant son épée.
- Oh, vous auriez bien tort mon garçon, fit le nain.
- Pas moi. Lui, répondit Peter en désignant Edmund.
Il lui tendit son épée pendant qu’Edmund sortait la sienne.
Le nain la saisit, hésitant. Sa pointe se figea dans le sable quand Peter la lâcha, emportée par son poids. Edmund sourit.
Avec une force et une agilité inattendue, le nain la redressa et se jeta sur lui, lui portant un coup violent qui le fit reculer.
Il se baissa à temps pour éviter la lame, mais le nain lui balança un coup de pommeau au visage.
- Edmund ! cria Lucy.
- Oh ! Je vous ai fait mal ? ironisa le nain en portant un nouveau coup.
Edmund l’évita avec agilité et l’épée se planta dans le sable entraînant le nain avec elle. Mais il se reprit très vite. Seulement, Edmund avait pris le dessus et, enchaînant les coups de plus en plus vite, il finit par lui faire voler son épée des mains.
- Barbiche et bois de lie, jura le nain en se laissant tomber dans le sable, essoufflé. Alors ce qu’on dit sur cette trompe est vrai !
- Quelle trompe ? demanda Susan.
- Sûrement la tienne Susan ! s’exclama Lucy. Tu ne la retrouvais plus ! Est-ce que tu crois que c’est la même personne qui l’a prise que celle qui a tiré la flèche ?
- Quelle flèche ? demanda Peter en fronçant les sourcils.
- Celle qui a touché le soldat, répliqua Susan. Je n’ai pas décoché ma flèche, une autre a été tirée des bois.
- C’est bizarre cette personne qui se cache, dit Peter méfiant. Ami ou ennemi ?
- Comme pour l’instant elle ne nous a pas criblés de flèches, on va dire ami ! lança Edmund. Bon, vous venez ? fit-il en poussant l’embarcation à l’eau.