La Fille de Lumière
Chapitre 1 : Celle qui rêvait d'un monde merveilleux
517 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 11/11/2018 10:10
A l’aube des années 50, à Londres, une jeune femme se réveilla dans un appartement sombre et sale. Elle regarda autour d’elle comme si elle revenait à la réalité de son environnement. La déception et la tristesse se lisaient sur son visage constellé de taches de rousseur.
Ses yeux couleur miel étaient encore hantés par un rêve merveilleux. Car depuis toujours elle rêvait. Elle rêvait de forêts lumineuses, de créatures fabuleuses, de châteaux forts et d’un lion nommé Aslan.
La jeune femme avait maintenant une vingtaine d’années et chaque matin elle tentait de se convaincre que le temps des rêves et des fantaisies était révolu mais chaque soir les rêves continuaient. Elle se voyait courir au milieu des fougères, chanter et danser.
Elvira coiffa ses longs cheveux roux en se regardant dans le miroir cassé. Elle ne s’était jamais sentie à sa place à Londres. C’était comme si quelque chose lui manquait. Elle n’avait jamais connu ses parents. Elle se souvenait seulement de l’orphelinat dans lequel elle avait vécu jusqu’à ses seize ans.
Elle revêtit une robe élimée verte, mit ses chaussures un peu trop grandes pour elle et prit le peu d’argent qu’elle possédait. Dans ses rêves, elle était libre. Ici, elle était pauvre. Elle sortit de son appartement et marcha dans la rue.
Malgré la fin de la guerre, les rues étaient toujours sombres et inquiétantes. Elvira avait l’habitude de fixer son regard loin devant elle, de manière à ne pas croiser celui des passants. Sa vie était bien assez mouvementée pour ne pas se créer davantage d’ennuis.
Elle passa devant deux badauds qui discutaient et qui dès qu’ils la virent se mirent à la siffler. L’un d’eux la suivit et lui saisit le bras.
Apeurée, Elvira lui mit un coup de sac au visage. Furieux et blessé, l’homme se mit à la poursuivre, son compagnon sur les talons.
La jeune femme se dirigea en courant vers la station de métro la plus proche. Son chapeau cloche s’envola, libérant sa longue chevelure rousse. Elle continua sa course. A chaque marche, avec ses talons, elle risquait la chute. Sa robe en fuseau l’empêchait cependant de courir aussi librement qu’elle le souhaitait.
Elle arriva sur le quai. Ses assaillants la talonnaient. Dans l’obscurité du tunnel, elle pouvait voir les phares du train. Elle n’avait pas le choix. Elle sauta.