Parmi mon peuple
Amerys caressait avec bonheur la robe noire et blanche de son poney qui quelques minutes avant pâturait tranquillement dans le pré. Pour leur permettre d’atteindre la forêt noire de manière rapide et surtout sans embûches, Beorn avait décidé de leur prêter ses poneys. Arrivés aux portes de l’antre forestier il faudrait dès lors les relâcher pour qu’ils puissent revenir au bercail. Cette remarque avait étonné la jeune naine mais elle faisait confiance à Beorn, elle savait que les chevaux rentreraient instinctivement auprès de l’ours. Auprès de leur maître.
La jeune femme était bien évidemment plus inquiète à propos de ces soi-disant maudits bois et espérait que tout se passerait bien. Les orques étaient encore à leur poursuite et ils ne tarderaient pas à les retrouver. Peut-être même qu’ils les espionnaient et attendaient le moment propice pour les attaquer une fois encore. Un frisson ébranla son échine rien qu’à l’idée de revoir une fois de plus ces satanés orques et leurs wargs sauvages et répugnants.
Alors qu’Amerys vérifiait maintenant l’attelage de son cheval elle aperçut à quelques pas de là Beorn et Gandalf plongés dans une discrète conversation. Ce simple comportement venant de la part de ses deux grands et sages hommes eut le don d’accentuer sa nervosité. Que pouvaient-ils se dire que les autres ne puissent entendre ?
Elle tenta consciemment de dissiper la vision d’un Gandalf soucieux, fronçant les sourcils face à l’ours mais l’image ne voulait malheureusement pas quitter son esprit.
Lorsque Beorn en eut fini avec le magicien, celui-ci s’avança vers Amerys pour un dernier au revoir. Avant de prononcer sa phrase il inspira profondément tandis que ses paupières se refermaient sur ses yeux ambrés.
— Il nous faut encore nous dire au revoir Amerys. J’ose espérer que le vent vous sera favorable dans la forêt.
— Je l’espère aussi, répondit la demi-naine en levant les yeux vers le changeur de peau. Nous reverrons-nous encore à l’avenir ?
— Il est difficile de prévoir l’avenir et il est parfois même inutile de s’en soucier à vrai dire mais il se pourrait que nous nous revoyions un jour jeune demi-naine. Prenez-soin de vous et faites bien attention.
La jeune naine adressa un sourire amical à Beorn pour tenter de cacher sa soudaine peine. Malgré le peu de temps passé avec l’ours, Amerys s’était attachée à lui et elle aurait grandement apprécié passer plus de temps dans son antre. Avec les dangers qui couraient en Terre du Milieu elle espérait de tout cœur que le change peau serait en sécurité dans sa petite et paisible maison.
— Faites de même pour vous.
Il acquiesça et posa une grande main rassurante sur son épaule. Un geste qui apaisa momentanément la voyageuse.
— Au revoir Amerys, mon amie.
— Au revoir Beorn, mon ami…
La compagnie chevauchait à présent au milieu des terres sauvages, loin de la quiétude de la maison du change peau. Ils voyageaient maintenant à travers une lande de terre brûlée où grouillaient des lacs d’eau bleue foncée. Quelques petites montagnes s’élevaient de ci et de là en se reflétant gracieusement sur les miroirs d’eau. L’atmosphère était mystérieuse et calme mais hélas l’endroit ne se prêtait guère à la construction d’un nid douillet où vivre.
Amerys était plongée dans ses pensées, bercée par les élancements de son poney et les clac-clac de ses sabots. Elle serait bien restée un ou deux jours de plus chez Beorn mais le temps pressait pour eux, le jour de Durin approchait à grand pas et il ne fallait pas louper cet instant décisif pour l’avenir du fier et courageux peuple nain. Le tout était dorénavant de ne pas se perdre dans la forêt qui s’étendait sur des milles et des milles. Encore une nouvelle épreuve à passer, tant est si bien qu’Amerys n’était pas sans craindre les avertissements de Beorn qu’elle prenait très au sérieux.
La jeune naine posa soudain son regard sur le dos du cavalier devant elle. La croupe du poney se dandinait devant elle, ballotant le corps du nain dont les cheveux de blé se balançaient de droite à gauche sur ses larges épaules. Fili lui procurait une force supplémentaire dans cette quête. Les liens qu’ils nouaient tous deux allaient au-delà d’une entente cordiale ou d’une amitié, et cela lui apportait une raison sincère de continuer l’aventure.
Comme s’il se savait épié le jeune guerrier tourna la tête pour observer Amerys qui gênée d’être prise sur le fait détourna précipitamment les yeux en faisant semblant d’admirer la crinière de son poney. Idée saugrenue… Elle n’osa pas relever la tête immédiatement et quand elle le fit enfin, Fili avait repris sa position de cavalier, dos tourné. Elle qui avait partagé la chaleur de ses mains, déposé un baiser sur sa joue, maintenant rougissait et détournait les yeux comme une petite fille timide. Absurde mais incontrôlable comportement. Beorn lui avait conseillé de ne pas penser à l’avenir ni de s’en soucier mais quand elle regardait Fili, une envie intarissable d’imaginer le futur s’insinuait en elle comme la promesse de jours heureux à venir…
Après quelques heures de chevauchée, la Forêt Noire commença à se profiler sous leurs yeux. On pouvait y apercevoir son étendue depuis la colline sur laquelle ils étaient juchés. Elle était véritablement très vaste et sa lisière s’étendait tout en largeur, laissant alors les profondeurs des bois tapisser le lointain de ses feuillages verts et denses qui ne tarderaient pas à rougir en ce début d’automne.
Quand ils arrivèrent enfin à l’orée de la forêt, Amerys ne put s’empêcher de ressentir cette aura angoissante qui émanait des bois apparemment maudits. Une nuée de corbeaux s’envola juste à cet instant, rendant le lieu plus lugubre qu’il n’était déjà. Les troncs des arbres étaient larges, prenant parfois de drôles de formes tortueuses tandis que leurs chapeaux verdoyants et parfois grisâtres dansaient doucement sous une mystérieuse brise. Selon Gandalf l’autre nom de la Forêt Noire était Vertbois, mais si ces bois étaient bien verts, elle n’en était pas certaine quant à l’âme même de celle-ci. Cette forêt ne lui inspirait pas confiance.
Alors qu’ils observaient l’aspect de la Forêt Noire, Gandalf posa pieds à terre avant de s’aventurer doucement pour observer quelque chose qui avait sans nul doute attiré sa curiosité de magicien. Avançant prudemment, le vieillard approcha une petite table de pierre ronde ornementée de sculptures elfiques qui trônait au milieu d’un sol cerclé de dalles de pierres. L’endroit aurait été beau et majestueux si cette aura angoissante ne planait pas dessus comme une ombre malveillante.
— La porte des elfes, déclara alors le magicien d’un ton neutre en présentant le lieu. C’est ici que commence le sentier qui traverse la Forêt Noire.
— Aucun signe des orques, la chance est de notre côté, rajouta Dwalïn en descendant avec entrain de son poney.
Gandalf ne répondit cependant pas à cette remarque et posa son étrange regard plus loin sur un tertre rocheux entouré d’arbres. Amerys l’imita, curieuse de voir ce qui avait attiré une nouvelle fois l’attention de celui-ci et vit alors avec surprise que le Gris regardait Beorn juché sur le tertre de pierres en question. Il fallait plisser les yeux pour le voir mais c’était rassurant, l’ours veillait avec sûreté sur la compagnie et la plaine. Toujours pas d’orques en vue, Dwalïn avait raison, ils avaient de la chance.
— Libérez les poneys, scanda alors Gandalf, comme si voir Beorn lui avait rappelé qu’ils devaient laisser les chevaux rentrer chez eux.
Après cet ordre, chacun descendit ainsi de sa monture, prenant ensuite le temps de décharger leur poney pour prendre sacs et matériels en tout genre.
— Cette forêt semble malade, déclara soudain Bilbon d’un ton hésitant en s’approchant un peu de l’orée des bois et de Gandalf. Comme si elle était la proie d’une chose nuisible. N’y a-t-il pas moyen de la contourner ?
— Si, affirma le Gris. En faisant un détour de deux cents mille vers le Nord. Le double de cette distance, vers le Sud…
Sans attendre de réponse, le magicien s’engouffra un peu plus dans les bois, dépassant la table avant de descendre cinq petites marches pierreuses envahies de racines pour ensuite s’approcher d’une statue elfique dont une bonne partie était cachée par des feuillages larmoyants. Il repoussa les mèches verdoyantes de la statue pour regarder quelque chose de plus près. Amerys ne vit pas ce qui avait attiré sa curiosité mais quand le Gris revient à eux une grande inquiétude se lisait sur son visage ridé et fatigué.
Les chevaux repartaient déjà au trot vers le chemin sur lequel ils étaient arrivés. Seul un restait encore, attendant qu’on lui enlève ses derniers apparats. Amerys espérait qu’ils rentreraient sains et saufs auprès de Beorn. Ainsi elle les regarda s’éloigner tranquillement de le Forêt Noire, libres comme l’air, la crinière au vent.
— Pas mon cheval ! s’exclama alors Gandalf. J’en ai besoin.
L’istari avait pris tout le monde au dépourvu et une lueur interrogative brilla dans les yeux de toute la compagnie.
— Vous allez nous quitter ? osa demander Bilbon peiné par cette nouvelle.
— Si je vous laisse c’est que j’y suis contraint, expliqua sobrement le concerné.
Puis ce dernier se mit à parler plus bas à Bilbon. A cette distance Amerys n’entendit rien alors elle reporta son attention sur les nains, croisant dès lors le regard inquiet de Balïn.
— Je vous attendrai sur le promontoire, face au versant Sud d’Erebor, tonna Gandalf dont les paroles semblaient maintenant pressées. Gardez la carte et la clé en lieu sûr et n’entrez pas dans cette montagne sans moi.
Il mit un pied à l’étrier et se hissa sur son cheval avant de reprendre :
— Ce n’est plus le Vertbois d’antan. Il y a une rivière dans ces bois qui a été soumise à un enchantement. Surtout ne touchez pas l’eau. Traversez par le pont de pierres. Dans cette forêt l’air lui-même est chargé d’illusions. Il vous troublera l’esprit et tentera de vous fourvoyer. Restez sur le sentier. Ne le quittez pas. Si vous le quittez, vous ne le retrouverez jamais…
A ses paroles Amerys ravala difficilement sa salive car elles n’étaient pas très encourageantes. La forêt l’attirait encore moins.
— Restez sur le sentier quoi qu’il arrive, répéta-t-il une fois le dos tourné tandis qu’il éperonnait son cheval et s’en allait au trot.
La jeune demi-naine se demanda soucieusement ce que pouvait bien avoir à faire Gandalf pour les laisser seuls dans cette quête essentielle d’autant plus qu’il en était l’instigateur. Qu’est ce qui pouvait bien être plus important ? Rien de bon à son avis… Mais préférant laisser le Gris régler ses affaires de magicien, Amerys rejoignit sans plus tarder les nains et Bilbon puis se prépara à entrer dans la forêt. Gandalf avait mis le doigt sur un détail important et il fallait donc faire attention à ne pas perdre de vue le chemin dallé sinon ils se perdraient sans savoir s’ils en ressortiraient un jour et elle ne voulait pas croupir et mourir sous ses bois damnés.
— En route, ordonna sans plus attendre Thorïn. Il faut y être avant le coucher du soleil le jour de Durin. C’est notre seule chance de trouver la porte secrète dans la montagne.
Thorïn engagea alors la marche, confiant, suivis par tous ses compagnons d’armes. Amerys regarda encore une fois la forêt malveillante avant d’y pénétrer et inspira une grande bouffée d’air frais, repoussant indéniablement son plongeon dans l’obscurité dense et le désespoir ambiant. Malgré cela, ses pieds ne bougèrent pas d’un iota.
— Amerys, vous venez ? demanda alors Fili qui s’était arrêté en se rendant compte que la naine ne les suivait pas.
La demi-naine, attirée par la voix de Fili, détourna son esprit des bois qui la terrifiaient et sans répondre s’avança vers lui.
— Tout va bien ? lui demanda-t-il soucieux.
— Ça ira quand nous serons sortis de ces bois. Si nous en sortons…
Il haussa un sourcil broussailleux et posa sur son amie un regard moqueur.
— Mais nous n’y sommes pas encore rentrés… Ayez confiance, il ne nous arrivera rien.
Elle regarda la troupe s’éloigner doucement jusqu’à ce que Dwalïn se retourne :
— Qu’attendez-vous ! grogna-t-il à leur adresse en faisant un geste brusque d’invitation à s’enfoncer à travers la forêt.
— Dépêchons-nous, sinon ce sera à cause de Dwalïn que nous n’en sortirons pas vivants, s’amusa le jeune guerrier.
Celle-ci étira un léger sourire et dut se résoudre à suivre la compagnie à travers la Forêt Noire. Elle emboîta le pas à Fili et sans un mot de plus elle posa ses pieds sur le chemin dallé de pierres grises qui devrait les conduire de l’autre côté de la forêt, sans embuches si possible. C’est pourquoi ses yeux ne quittèrent pas un instant ce précieux sentier.
Amerys avait la tête qui tournait et les arbres semblaient les épier sournoisement tout en s’amusant à prendre des formes étranges et lugubres comme s’ils étaient vivants et voulaient repousser ses visiteurs incongrus qui piétinaient leurs racines.
Tout était sombre et opaque, la lumière du jour perçait difficilement à travers les feuillages des arbres aussi hauts que larges. L’air suffoquant était devenu aussi insupportable que les jérémiades des nains qui scandaient à Thorïn qu’ils étaient perdus. Ils avaient pourtant soigneusement suivi les pierres mais Amerys ne se souvenait plus depuis quand ils avaient perdu la trace du fin chemin vers la liberté. Elle ne se remémorait même plus depuis combien de temps ils marchaient. Ce temps se comptait-il en heures, en jours ? Impossible de le savoir, elle avait l’impression d’halluciner de toute manière.
— On a trouvé le pont ! scanda alors Kili la voix pleine d’espoir.
Il parlait bien évidemment du pont qu'avait évoqué Gandalf, celui qui enjambait la rivière enchantée. Hélas, quand ils arrivèrent face à lui, ils ne purent que constater avec désolation que le pont en pierres aux décors elfiques était totalement brisé et donc littéralement impossible à traverser.
— On pourrait traverser à la nage, proposa bêtement Bofur.
— Tu as entendu ce qu’a dit Gandalf, prévint Thorïn. Toute la forêt est porteuse de maléfices. Les eaux de la rivière sont enchantées. Il faut trouver un autre moyen de traverser.
La jeune demi-naine regarda autour d’elle un autre moyen de traverser mais à part les grosses lianes suspendues de part et d’autres des deux côtés du cours d’eau sur leur droite rien ne leur permettrait de traverser l’infâme rivière à l'allure de marécage poisseux.
— Ces branches ont l’air solides, fit alors remarquer Kili en s’approchant des lianes qu’il avait lui aussi vues.
Mais Thorïn stoppa son neveu dans son élan et proposa de tester la solidité des lianes par le plus léger d’entre eux : Bilbon.
Ce dernier tira la grimace et se renfrogna, peu désireux de servir de cobaye pour serpenter comme un funambule sur les sombres lianes. Mais le jeune hobbit ne rechignait jamais aux ordres de Thorïn et en prenant son courage à deux mains il s’avança vers le possible passage noueux. Amerys se serait bien proposée à la place de son ami mais le chef de la compagnie semblait déterminé et sous l’influence hallucinatoire de cette maudite forêt quelle réaction aurait-il pu avoir si quelqu’un l’avait contredit…
Ainsi, l’agile hobbit posa un pied sur l’une des lianes. Plein de force il s’accrocha avec ses petits bras pour tenter d’avancer sans danger sur la plus grosse liane. Il faillit tomber à un moment, obligeant alors Amerys à laisser échapper un petit cri de peur. Mais Bilbon était tenace et après s’être hissé il continua d’avancer jusqu’à finir par sauter enfin sur l’autre rive, sain et sauf.
La demi-naine n’avait d’ailleurs pas remarqué que tous les membres de la compagnie s’étaient à présent lancés dans le nouage noir pour traverser la rivière. Elle s’exaspéra et regarda les nains s’entortiller sur les lianes en tentant d’avancer. Elle entendit brièvement Fili l’appeler mais elle préférait attendre que ses amis aient fini leur spectacle désolant pour ne pas avoir à poser un pied sur une liane se balançant dangereusement à cause d’un guerrier. Elle ne voulait pas tomber dans l’eau. Ainsi elle les observa avec inquiétude jusqu’à ce que le pauvre Bombur, soudain tombé dans un étrange sommeil, glisse de sa liane et finisse par dire bonjour à l’eau de la rivière. Maintenant à demi englouti, il ne se réveilla pas. Amerys s’attendait à ce qu’il soit aspiré par une quelconque créature maléfique mais ce ne fut pas le cas, le protubérant nain à la tresse rousse resta figé dans son sommeil. Il ne manquait plus que cela !
Dès lors, quand tous les nains furent de l’autre côté de la rive, Amerys prit enfin son courage à deux mains pour tenter de traverser à son tour le ridicule mais non moins dangereux pont de lianes noires. Elle vacilla plusieurs fois, puis s’accrocha avec force pour ne pas tomber. Elle plongea même un regard sur Bombur en dessous d’elle. Mauvaise idée car elle glissa malencontreusement de la branche tortueuse. Elle entendit les plaintes de ses amis mais aucun son ne sortit de sa propre bouche. Croyant qu’elle allait plonger à son tour dans les eaux poisseuses elle se rendit soudain compte que ses bras l’avaient retenue en s’accrochant instinctivement aux fines branches noueuses. Ses bottes étaient désormais à seulement quelques centimètres de toucher le liquide maléfique. Alors prenant de l’élan, elle souleva ses jambes et les enroula avec force autour des lianes. Amerys se tortilla comme un vers pour tenter de ramper sur les branches à sa droite jusqu’à ce qu’un son familier l’arrête dans sa course d’acrobate ratée. On aurait dit que son épée sortait toute seule de son fourreau… Dès lors, en jetant un œil au-dit fourreau elle remarqua que son épée était sur le point de décamper car le pommeau pointait vers le vide, la tête en arrière.
Amerys lâcha brusquement sa main gauche pour rattraper l’épée qui irait de ce pas plonger dans l’eau. Malheureusement elle ne fut pas assez rapide et celle-ci fut dans l'obligation de rattraper l’épée par sa lame. Les bords tranchants coupèrent la paume de sa main. Malgré la douleur et le sang qui commençait à dégouliner elle était soulagée d’avoir pu rattraper sa précieuse lame à temps et la tint fermement quitte à l’enfoncer encore plus dans sa chair. Peu après, la demi-naine la rangea adroitement dans son fourreau et fit bien attention qu’elle ne glisse pas cette fois-ci. Elle souffrit lorsqu’elle posa sa main ensanglantée sur les lianes mais portée par sa hâte d’en finir elle rampa encore avant d’atteindre à son tour l’autre rive avec soulagement. Le sien et celui de ses compagnons.
Il ne fallut pas deux secondes à Fili pour s’approcher et regarder sa blessure. Le sang dégoulinait encore et deux entailles parcouraient la paume de sa main gauche.
— Vous m’avez fait peur… murmura-t-il tandis que ses compagnons étaient en proie à une grande discussion pour tenter de trouver le moyen de récupérer le pauvre Bombur.
Il prit sa main et regarda les plaies en fronçant les sourcils. Après cette péripétie houleuse le contact du jeune nain l’apaisa une fois de plus.
— Vous avez de quoi soigner ces vilaines blessures ? demanda-t-il alors en posa son regard attentionné sur elle.
— Bien évidemment, répondit Amerys en retirant sa main pour piocher un bandage dans sa petite sacoche tandis que Fili se saisissait de sa gourde d’eau pour nettoyer les plaies.
Il versa délicatement le liquide sur sa paume, repoussant le sang rouge vif qui tomba sur le sol en gouttelettes. Après quoi la demi-naine entoura sa main du bandage. Celle-ci picotait un peu mais elle ne sentirait bientôt plus rien.
La question était maintenant, comment récupérer le nain endormi ?
La tâche avait été rude mais la compagnie avait enfin réussi à extirper Bombur des eaux poisseuses de la rivière sans que personne d’autre ne soit touché par un maléfice. Le nain, toujours plongé dans un profond sommeil avait été posé sur un brancard de fortune construit dans la précipitation avant de se voir soulevé par quatre nains pour continuer d’avancer à travers les bois.
Après quelques heures, ils avaient de retour perdu la trace du chemin de pierres et Amerys sentait qu’ils s’étaient encore plus enfoncés dans les ténèbres de la forêt. On ne voyait plus les feuilles des arbres mais seulement des troncs parsemés de branches et de lianes aussi sombres les unes que les autres tandis que de drôles de poussières flottaient dans l’air embaumé d’une odeur âcre. Personne de sensé n’aurait voulu faire une balade dans ces bois qui ressemblaient à une horrible antre géante de troll.
La naine avait trébuché plusieurs fois en se prenant les pieds dans des racines, puis avait égratigné ses mains et réveillé la douleur de sa blessure d’avant. En regardant ses paumes ouvertes elle avait vu un torrent de sang gicler de ses petites coupures et du bandage posé peu de temps avant. Pensant se vider de son sang elle avait hurlé de peur, jusqu’à ce Bilbon prenne ses mains dans les siennes en la rassurant et en lui affirmant que ce n’était qu’une hallucination. La jeune naine s’était ensuite calmée et lorsqu'elle avait reposé les yeux sur ses mains tout avait disparu. Cette forêt était une véritable torture et mettait son esprit et celui de ses compagnons à rude épreuve.
Gloïn avait failli sauter dans une crevasse en pensant que sa femme et son fils l’attendaient en bas. Kili avait blessé son frère à l’épaule avec son épée en la dégainant car il avait cru voir un orque. Amerys avait nettoyé et bandé sa plaie avec difficulté mais Fili avait plutôt bien su résister aux hallucinations, tout comme Dwalïn et Balïn. Il avait serré sa main pour la rassurer encore une fois.
— J’avais raison de m’inquiéter tout à l’heure, déclara-t-elle alors à son adresse, ou peut-être était-ce hier ou avant-hier… Je ne sais plus.
— Nous allons retrouver notre chemin, ne vous en faites pas, murmura-t-il. Tenez bon…
Malgré l’espoir de Fili, la compagnie tournait en rond encore et encore, remuant sans cesse les feuilles mortes et la saleté pour tenter de retrouver ne serait-ce qu’une seule parcelle de ce fichu chemin.
— Cette maudite forêt n’a-t-elle pas de fin ! s’écria alors Thorïn lui aussi porté par la suffocation et les hallucinations.
Tout se ressemblait. Chaque tronc, chaque racine, chaque branche, chaque feuille. La forêt était effectivement sans fin et son obscurité ne rendait pas le séjour agréable. Et celui chez Beorn lui semblait déjà bien loin.
Amerys chancela une nouvelle fois et se rattrapa de justesse sur le rebord d’un talus collant. En regardant de plus près elle distingua une sorte de fil gluant et blanc entremêlé. Une toile d’araignée géante ? Non… Encore une de ses satanées hallucinations. Le talus devait être on ne peut plus normal et la forêt lui jouait encore des tours. Elle se frappa le front pour éclairer son esprit embrumé et inspira un bon coup tout en scrutant ses compagnons éparpillés aux alentours à la recherche du chemin. Chacun parlait dans son coin, errant comme une âme en peine à la recherche d’une parcelle de pierre.
Amery entendit soudain Bilbon psalmodier quelque chose d’inaudible, le pauvre perdait aussi la tête.
— Là-haut, articula-t-il. Il faut grimper là-haut.
Mais les nains s’étaient soudainement mis à se chamailler sous la pression hallucinatoire. Ils perdaient tous la tête. Amerys essaya d’en séparer quelques-uns mais ils avaient plus de force qu’elle. Ils la repoussèrent sans mal.
— Ça suffit ! grogna Thorïn. Silence ! Vous tous ! On nous observe….
Les nains se calmèrent enfin et Bilbon eut enfin l’occasion de se proposer pour escalader un arbre dans le but de voir la position du soleil pour qu’ils puissent se diriger au mieux.
Le hobbit avait eu une bonne idée et sans attendre son reste commença à escalader un arbre en redoublant de prudence pour ne pas glisser des branchages. Pendant qu’il escaladait, la compagnie attendit bien sagement tandis que le petit singe à la veste de velours n’était plus visible de leurs yeux. L’arbre était véritablement haut.
Amerys posa un instant son fessier sur un tronc humide et poisseux et enfouit son visage dans ses mains. Quand elle releva la tête elle remarqua que Fili la regardait. Elle lui adressa un sourire et il fit de même. Cependant un étrange bruit de chuintement vint interrompre leur échange discret à son plus grand désespoir. Amerys se leva alors et imita ses compagnons déjà à l’affût de ce que cela pouvait être. Un autre chuintement résonna encore une fois, ensuite démultiplié comme si une bande de créatures mal famées ou affamées venait vers eux. Ou pire des créatures mal famées affamées… Cela n’augurait rien de bon.
Soudain alors que la jeune demi-naine épiait les alentours, une ombre enveloppa sa personne tel un nuage venant soudainement de cacher le soleil, mais il n’y avait que peu de lumière du jour… Levant avec hésitation la tête elle fut horrifiée de voir qu’une araignée géante se dressait au-dessus d’elle d’un air plus que menaçant. Ses huit grandes pattes noires soutenaient son corps rond et poilu entre deux arbres et elle aperçut furtivement les horribles mandibules claquer de joie devant son probable festin. Amerys réprima un cri, trop horrifiée pour faire face à cette créature ignoble.
Cette dernière n’eut d’ailleurs pas le temps de faire un seul geste que l’araignée l’avait déjà prise dans ses filets et sans comprendre ce qu’il se passait elle se retrouva à être enroulée de fil gluant. Son corps tournoyait et tournoyait tandis que l’arachnide l’emmitouflait de la tête aux pieds de sa sécrétion, bloquant par la même occasion, et petit à petit, sa respiration. Elle entendit ses compagnons s’écrier mais les voix s’étouffèrent très vite sous les mugissements des araignées qui devaient être en grand nombre. Avaient-ils tous été capturés par leur imprévisible ennemi ? La demi-naine ne pouvait émettre un son, tandis qu’elle sentait les pattes piquantes de la bête tenir son corps gluant de file. Peu après, elle se sentit ballotée comme si la créature l’emmenait ailleurs. Sentant son cœur battre à tout rompre, un brin de panique l’envahit comme si la mort elle-même frappait tendrement à sa porte pour lui offrir une longue agonie. Allait-elle être dévorée par une araignée géante ? Voulant alors instinctivement se défaire de son probable et misérable sort elle se débattit autant qu’elle put, telle une larve gigotant avant de se faire dévorer par sa proie. Malheureusement ses forces commençaient à se vider et sans se rendre compte elle sombra dans l’inconscient, suffoquée par la soigneuse embaumée collante de son ennemie arachnide.
Quand Amerys se réveilla en sursautant avec le visage de Fili au-dessus du sien elle se remémora sans peine la scène de l’araignée. Finalement elle n’était pas morte… Que s’était-il donc passé ? Reprenant soudain ses esprits elle ne put retenir un souffle de soulagement tandis que le jeune guerrier retirait sa main qu’il avait posée sur sa joue. La demi-naine un peu tremblante se redressa et se blottit contre lui sans retenue. Sa tête se posa sur son buste tandis que Fili l’encerclait chaudement de ses bras tout en caressant ses cheveux. Ou en enlevant les secrétions d'araignée restées collées peut-être ?
Elle murmura contre lui :
— J’avais raison de me méfier…
Sa tête tressauta légèrement sous le rire chaud de Fili.
— Mais nous sommes en vie.
— Pour le moment… Que s’est-il passé ?
— Bilbon nous a sauvés… souffla-t-il. Sans lui on aurait fini dévorés par ces choses. Je ne sais pas comment mais il nous a délivrés de ces bêtes. Nous avions été suspendus sur les branches, les araignées avaient bien l’intention de nous dévorer…
Le hobbit était décidément plein de ressources… Sans lui ils auraient fini dans le gosier de ces bestioles.
Amerys avala difficilement sa salive. Finir mangé par une araignée géante était pire encore que de mourir par l’épée d’un orque…
Soudain, les horribles cris de ces repoussantes bêtes retentirent de nouveau sous les bois. Voilà l’essaim qui arrivait à vive allure prêt à prendre sa revanche sur le malin Bilbon qui avait délivré leur précieux et délicieux menu du jour.
Sans plus attendre, Amerys se détacha du guerrier qui l’aida à se relever pour faire face à leur ennemi approchant. Elle dégaina son épée et resta près du jeune prince nain pour mieux se protéger. Elle ne souhaitait pas revoir ces satanées araignées et espéra de tout cœur qu’ils s’en sortiraient encore une fois.
D’autres cris retentirent, chuintant cruellement dans l’atmosphère lugubre de ces bois, alors Amerys les aperçut enfin qui rampaient dans les arbres à une vitesse phénoménale. Une nuée de pattes et de mandibules prêts à les dévorer sans vergogne. Elle frissonna tout en regardant ses acolytes se préparer à l’assaut.
Mais soudain, alors qu’elles approchaient, un cor retentit mélodieusement sous les bois. Qui cela pouvait-il bien être ?
Il ne suffit que de quelques secondes pour se rendre compte que des elfes venaient vers eux en se balançant de branches en branches. D’une grâce sans égale et d’une agilité hors du commun ils étaient maintenant à hauteur des araignées et les criblaient de leurs flèches aussi vives que l’éclair. Malgré l’aide précieuse des elfes de la Forêt Noire quelques araignées parvinrent à eux et les nains tentèrent de repousser leurs perfides attaques. Amerys évita au maximum tout contact avec une de ces créatures et se retrouva bien vite loin de Fili qui tentait désespérément de mater l’une d’elles avec Bofur et Thorïn.
Soudain l’une d’entre elle, audacieuse, se dirigea vers la naine. Le mouvement de sa patte trahit néanmoins son intention de la transpercer, alors Amerys qui avait anticipé l’attaque fit une roulade sur le côté pour l’éviter. Lors du deuxième assaut la créature laissa apparaitre une faiblesse et Amerys décida de la transpercer au-dessus de sa première patte, sur le corps. Elle réussit son coup mais l’ennemi ne mourut pas. Apeurée, la naine tenta de déloger son épée mais celle-ci resta malencontreusement coincée sous sa chair noire.
L’araignée, loin d’être bête, s’enfuit alors du champ de bataille tandis que la demi-naine qui ne voulait pas lâcher son épée si précieuse à ses yeux, resta au corps à corps avec cette créature. Elle tint fermement le pommeau en espérant que la lame se retire enfin mais Amerys fut malheureusement emportée loin de ses amis par l’araignée qui prenait la fuite en rampant efficacement grâce à ses huit grandes pattes.
La jeune naine cria alors de toutes ses forces pour attirer l’attention des nains dans l’espoir que l’un d’eux arrive à sa rescousse. Efficace méthode de détresse, car elle vit Dwalïn se retourner et accourir en voyant qu’elle était prisonnière d’une araignée fuyante. Elle le vit brandir sa hache et courir après l’ennemi qui l’emmenait si loin dans les tréfonds les plus ténébreux de la forêt qu’elle ne vit plus ses amis et les elfes. Seul Dwalïn persistait. Endurant, il avait réussi à rattraper Amerys et se saisit maintenant de sa hache. Il visa soigneusement avant de la lancer vers elle, ou plutôt vers l’araignée qui reçut le coup et pleura de douleur quand la lame bien affûtée s’enfonça dans sa chair. Surprise par cette attaque elle s’arrêta et se retourna, faisant violemment voltiger Amerys qui ne put se cramponner d’avantage et qui lâcha le pommeau de son épée avant de voler à terre.
La créature tournoyait de douleur avec la hache fichée dans son arrière train tandis que Dwalïn maintenant arrivé à leur hauteur se saisit cette fois-ci de sa plus grande hache et après avoir évité agilement les coups de l’araignée agonisante, lui assena le coup fatal sur la tête. Elle tomba dès lors raide morte en se recroquevillant sur elle-même. Enfin…
Amerys resta un moment au sol, peinant à croire qu’elle avait encore échappé à cette satanée bestiole grâce au sauvetage courageux du grand guerrier qui désormais récupérait ses armes.
— Amerys, vous allez bien ? demanda-t-il en s’approchant.
— Oui ça va, le rassura-t-elle. Je n’en peux plus de ces fichues araignées.
— Et moi donc… grogna-t-il.
Il lui tendit sa grosse main tatouée de runes naines pour l’aider à se relever.
— Merci infiniment d’être venu à mon secours Dwalïn.
Le guerrier acquiesça presque timidement en détournant la tête tandis qu’Amerys s’approchait de l’arachnide pour récupérer son épée. Elle tira dessus mais hélas, la lame resta encastrée. N’avait-elle donc plus de force ? Voyant sa difficulté le nain chauve vint l’aider et n’eut aucun mal à retirer l’épée de la chair de l’araignée. Amerys quelque peu honteuse récupéra le bien que Dwalïn lui tendait. Elle le remercia une nouvelle fois. Après avoir nettoyé sa lame elle la réinséra dans son fourreau.
— Avez-vous aussi vu les elfes ? demanda-t-elle à Dwalïn avant de reprendre le chemin vers leurs compagnons.
Il grogna fortement avant d’ajouter :
— Bien sûr et cela ne me dit rien qui vaille… Nous allons retourner voir mais j’ai bien peur que cela ne se passe guère bien avec ces oreilles pointues.
Amerys ne rajouta rien et elle emboîta le pas au grand guerrier. Arrivée au point de départ elle ne put que constater que le grand guerrier avait raison car les elfes avaient fait prisonniers les nains. Ils le virent d’assez loin pour éviter d’être vus mais surtout entendus. Dwalïn porta son doigt à sa bouche pour lui indiquer de se taire et se baissa derrière un buisson pour épier leurs amis en proie maintenant aux sbires elfiques du roi Thranduil.
Amerys aperçut près d’une quinzaine d’elfes et dont l’un se détachait fortement des autres. Grand et élancé il dégageait une assurance supérieure aux autres soldats. Ses longs cheveux blonds presque blancs, reposait sur son dos tandis qu’il regardait Gloïn d’un air dédaigneux. Inquiète elle chercha Fili du regard et l’aperçut lui aussi, se faisant dépouiller de toutes ses armes par un elfe visiblement impatient.
Peu après, son regard se porta sur une magnifique femme elfe à la longue et flamboyante chevelure rousse qui cascadait dans son dos et sur sa tunique verte. Celle-ci furetait partout comme si elle s’attendait à voir d’autres araignées débarquer. Amerys la regarda s’affairer gracieusement, de manière concentrée, jusqu’à ce que son regard se pose sur eux.
Amerys paniqua soudainement. A cette distance, les yeux avisés des elfes pouvaient les voir. Elle porta instinctivement sa main sur le pendentif dans sa poche et se fit discrète. Son regard croisa celui de Dwalïn. L’elfe soupçonnait quelque chose et s’avança vers eux d’un pas décidé. Amerys posa sa main sur le bras de Dwalïn, sur le point de s’éclipser mais d’un seul coup l’elfe à la chevelure de feu s’arrêta, hésitante. Elle la vit scruter leur cachette, son regard n’était plus aussi sûr qu’il y a quelques secondes. La jeune femme serra alors sa main sur son pendentif pendant que l’autre agrippait le bras fort du guerrier. La naine sentit quelque chose en elle, un sentiment étrange s’empara de son être tandis que l’elfe continuait de scruter leur buisson. Puis soudain elle fit volte-face et rebroussa chemin pour rejoindre les autres soldats elfes. Elle échangea quelques paroles avec l’elfe blond qu’Amerys avait remarqué auparavant et ils partirent avec les nains sans demander leur reste. Il s’en était fallu de peu… Pourquoi l’elfe avait-elle finalement fait demi-tour ?
Relâchant la pression Amerys retira sa main de Dwalïn et de son pendentif. Pourquoi avait-elle eu besoin de le toucher ?
Quand les elfes et leurs amis ne se firent plus que de petits points à travers les branches Amerys et Dwalïn se relevèrent doucement. Le guerrier serrait la mâchoire, en proie à la colère.
— Fichus elfes, ne pouvaient-ils pas nous laisser tranquille !
— Que pensez-vous que Thranduil va leur faire ? Les interroger, les emprisonner ? Les tuer… ?
Dwalïn écarquilla les yeux.
— Les tuer… Non… Même si je ne l’aime pas il ne tuera pas la compagnie au risque de s’attirer les foudres de ses congénères.
— Devons-nous les suivre ? proposa Amerys non sans doutes.
Dwalïn grogna tout en regardant dans le lointain ses amis s’éloigner aux côtés des elfes de la Forêt Noire. Puis il se mit à réfléchir, ne sachant probablement que faire. Il n’avait jamais été le cerveau de cette compagnie, ni Amerys d’ailleurs. Tous deux se retrouvaient bêtement à devoir prendre une décision qu’ils n’étaient pas sûrs de bien mener à terme. Sans un meneur comme Thorïn, un érudit comme Balïn, ou un magicien comme Gandalf, il était difficile de réagir efficacement à cette situation.
— Il est impossible de pénétrer dans le royaume du Seigneur Thranduil… répondit alors le guerrier. Sauf quand on y est conduit de la même manière que nos amis ou invité de manière courtoise, sachant que le droit d’entrée et de sortie dans ce royaume est quoi qu’il arrive l’apanage de ce roi arrogant.
Amerys sa gratta machinalement la tête, un peu démunie face à cette situation imprévisible et malvenue.
— Peut-être que le roi les relâchera, supposa-t-elle. Nous pourrions les retrouver à la sortie des bois.
— Et comment ? Nous avons perdu la trace du chemin et nous ne savons même pas s’ils en sortiront, ni même nous d’ailleurs…
— Nous pouvons retrouver le chemin et la compagnie trouvera sûrement un moyen de s’échapper, j’en suis persuadée.
Le guerrier ne répondit pas en retour et posa son regard gris bleuté sur la jeune demi-naine.Son doux regard un peu paternel tranchait curieusement avec son imposante musculature et son intimidante carrure.
— Avons-nous le choix… maugréa-t-il. En route !
Sur cette décision, Amerys pria alors pour qu’ils puissent retrouver le chemin et enfin sortir de ces bois maudits…