Le Royaume d'Orodreth
CHAPITRE 13
Le vol fut court pour se rendre jusqu'à la montagne. Lorsque le dragon passa au-dessus de la ville de Dale, Mina entendit les cris d'effroi des habitants d'Esgaroth, qui avaient trouvé refuge dans ces ruines. Elle repéra les troupes de Mirkwood au garde à vous, sur les remparts. Puis la splendeur d’un chapiteau elfique se démarqua d'entre les restes des bâtiments.
— Dépose-moi ici, demanda Mina en se penchant sur l'encolure de la bête.
La dragonne descendit en douceur et se fit une place sur l’esplanade, obligeant les soldats elfes à s’écarter. Attiré par les cris de panique des habitants et les bruits de claquement produits dans l’air par les ailes du dragon, Thranduil sortit de sous la tente. Il était suivi par un homme aux longs cheveux noirs légèrement bouclés et arborant un bouc. Ce dernier resta bouche bée en découvrant le dragon et s'empressa de saisir son épée.
— N'en faites rien ! intervint Mina en apparaissant de derrière une aile.
— Vous pouvez ranger ceci, assura le roi de Vert Bois.
Il s'approcha ensuite de la reine en affichant un discret sourire. Étant très entouré, il se contenta de lui prendre les mains et seul son regard intense témoignait de son bonheur.
— Comment vous sentez-vous ?
— Très bien.
Elle appuya sa réponse d’un léger signe de tête et d’un mince sourire.
— Que faites-vous ici, ma Dame ?
— Elenwë m'a dit que vous comptiez combattre les nains, je me devais de vous rejoindre. Tout comme vous, la montagne renferme des choses qui m'appartiennent.
— Quoi donc ?
— Des œufs. Trois œufs que Smaug a dérobés à Orodreth dans le but d'en faire des monstres, expliqua-t-elle.
— Nous récupérerons nos biens... assura-t-il confiant.
Avant de rentrer dans la tente où le roi tenait conseil, Mina ordonna à Aela de ne pas bouger et suivit les seigneurs sous la tente. L'animal s’installa sur la place, suscitant aussi bien la peur que l'admiration, surtout auprès des enfants, qui l'observaient avec de grands yeux sans toutefois oser s'en approcher.
Une fois à l’intérieur, Thranduil se chargea des présentations.
— Bard, je vous présente la reine d'Orodreth, Mina Lùinwë.
Le mortel la salua d'un mouvement de tête et le roi de la Forêt Noire poursuivit.
— Mina, voici Bard, il est le nouveau maître des gens d'Esgaroth et il a combattu Smaug quand celui-ci incendiait leur ville.
— Ce combat n'a pas été très glorieux, je n'ai fais que gaspiller la dernière flèche noire en notre possession.
La reine comprenait maintenant d'où venait la lourde flèche qu'elle avait ôtée de l'épaule du dragon.
— Je suis heureuse de vous rencontrer seigneur Bard. Et je peux vous assurer que vous ne l'avez pas gâchée. Je l'ai trouvée plantée dans une patte de Smaug et elle m'a été très utile pour le tuer.
— Il en va de même pour moi reine Mina, je suis ravi que vous ayez pu mener ce combat à bien.
— Maintenant que les présentations sont faites, poursuivons en ce qui concerne les nains... reprit le roi elfe.
— Où en êtes-vous ? s’informa la reine.
— J'ai tenté de négocier avec eux, mais Thorin ne veut rien entendre, répondit l'homme.
— Ceci n'est pas étonnant, souffla-t-elle.
— Donc à l'aube, nous nous tiendrons prêt à attaquer, trancha Thranduil.
Les elfes et l'homme du lac se penchèrent sur les plans d'attaque. Les nains étaient retranchés dans leur montagne dont ils ne comptaient pas bouger.
— Il nous faut trouver un moyen de franchir la paroi de roche barrant l'entrée, déclara Bard.
— Comment est-elle barricadée ? demanda Mina.
Pendant son court sommeil, elle avait raté quelques détails et d'un geste, l'elfe l'incita à le suivre. Ils quittèrent la tente pour s'avancer sur ce qui était, jadis, un kiosque et qui offrait une vue directe sur la montagne.
— Voyez par vous-même...
Malgré la distance, l’excellente vue de Mina lui permit de voir que le pont menant à l'entrée d'Erebor avait été détruit et la porte bouchée par des gravats.
— C’est l’œuvre de Smaug ou la leur ?
— Ce sont eux qui ont fait ça, répondit Bard en rejoignant les elfes. Ils ont travaillé toute la nuit.
Elle examina encore un peu la montagne avant de prendre la parole.
— Aela pourrait aisément forcer ce mur ou ne serait-ce que nous ouvrir un passage.
— Nous laisserons une ultime chance aux nains, mais s’ils s'entêtent, nous avons maintenant de quoi leur forcer la main, se réjouit Thranduil.
Ce souci était réglé. Ils rentrèrent tous les trois sous le chapiteau et Bard quitta les elfes pour préparer ses troupes de volontaires. Une fois délestée de sa pesante armure qu’elle comptait remettre seulement en temps utile, Mina s’approcha de son dragon.
— Tu peux t'éloigner si tu le souhaites.
— Si vous avez besoin, appelez-moi !
D'un battement d'ailes, la dragonne décolla, en faisant tournoyer le fin duvet de neige recouvrant le sol. L'animal parti, Mina repéra droit devant elle une silhouette qui lui était familière. D'un pas rapide, elle traversa la place pour rejoindre un point d'attache où des chevaux étaient en train de paître. Entre deux alezans, elle eut le bonheur de retrouver Fangorn bien vivant et en bonne santé. Aussitôt, elle l'enlaça : elle avait tant craint qu'il ait fait une mauvaise rencontre.
— Des gardes l'ont trouvé dans la forêt, expliqua Thranduil. Il broutait.
— Tu es un ventre sur pattes ! murmura-t-elle à l'oreille de sa monture.
Après une dernière caresse, elle le laissa poursuivre son repas et retourna jusque sous la tente avec le roi.
En cette fin de soirée, Thranduil remplit deux verres de vin, avant d’en donner un à la belle elfe.
— Quand j'ai su qu'Aela vous avez ramenée, je me suis précipité à l'infirmerie. Vous étiez à peine en vie...
— Je vous avais promis de revenir, rappela-t-elle en portant le liquide à ses lèvres.
Il sourit doucement et but une gorgée à son tour.
— Mais j'avoue que j'ai eu peur. J'étais à bout de forces après avoir affronté Smaug, si Aela n'avait pas été là, je serais sûrement morte.
— Cet animal vous est loyal.
— Je suis très fière d'elle.
— Elle m'a raconté cette bataille… Toutefois, une chose m'intrigue, elle m'a dit que vous aviez résisté au feu.
Mina se replongea mentalement dans le combat et pensa à ce qu'il s'était passé lorsqu’elle avait failli brûler vive.
— Oui, il semblerait que j'ai acquis un certain pouvoir qui m'immunise contre le feu et me permet même de le contrôler.
Elle vit le roi froncer les sourcils. Comme des actes valaient mieux que des mots, elle déposa son verre pour lui montrer et s'approcha d'une bougie. Avec délicatesse et appréhension, elle passa une main sous la flamme qui se retrouva dans sa paume, continuant de danser. D’abord surprise, elle commença à faire rouler d'une main à l'autre la petite boule de feu, sous le regard stupéfait du roi. La démonstration faite, elle la replaça sur la mèche de la bougie. Thranduil n'arrivait pas à y croire, et il resta silencieux un moment.
— Je ne me l’explique pas… et j'ignore pourquoi je ne le découvre que maintenant... Est-ce un moyen de défense intuitif ? Cela se dissipera-t-il ? Je ne sais pas…
— Vous avez surement ce pouvoir en vous depuis des années, supposa-t-il. Mais jamais vous n’aviez eu à affronter un dragon, ce qui peut expliquer que vous ne le découvriez que maintenant.
— C’est plausible…
— Le principal, c’est que vous soyez vivante et ce pouvoir pourra s’avérer utile à l’avenir.
Elle comptait bien découvrir l’origine de ce pouvoir et aussi en parler avec sa dragonne, peut-être aurait-elle une explication.
Ils restèrent seuls un moment, en profitant pour examiner plus en détail le plan. Thranduil et Bard, ayant déjà tout prévu, elle n'aurait qu'à les suivre. Leur instant de solitude fut interrompu lorsque Bard revint, accompagné d'un vieil homme vêtu de gris.
— Mithrandir ! se réjouit Mina. Où étiez-vous passé ?
En s'approchant, elle constata que le magicien était mal en point et semblait fatigué. Il avait sûrement fait une fâcheuse rencontre pendant son périple en solitaire.
— Que vous est-il arrivé ? s'inquiéta-t-elle.
— Ce n'est pas important, répondit-il. Je viens vous annoncer que des troupes d'orcs approchent du Nord, ils seront bientôt là.
Les trois seigneurs échangèrent un rapide regard. Les nains ce n'était rien, mais face à des orcs, ils seraient vite dépassés.
— Où sont ces orcs ? demanda Bard.
— A quelques lieues d'ici.
— Pourquoi nous dire cela Mithrandir ? questionna Thranduil soupçonneux.
— Si vous vous retirez maintenant, vous éviterez un affrontement.
Le seigneur elfe gloussa et se désintéressa du magicien pour se remplir un autre verre de vin.
— Vous allez tous mourir ! prévint Gandalf en haussant le ton.
Les elfes ne réagirent pas à cette annonce mais Bard semblait s'inquiéter. C'est alors que Thranduil décida d'exposer la chose sous un autre angle.
— Vous souhaitez que l'ont renonce, c'est bien cela ?
Le vieil homme acquiesça, alors l'elfe poursuivit.
— Si nous partons, nous laisserions les nains à leur triste sort et ils devraient affronter les orcs seuls…
Cette fois, c'est Gandalf qui eut un petit rire nerveux. Il savait très bien ce qu'essayait de faire le roi.
— Ne faites pas semblant de vous préoccuper du sort des nains ! Tout ce qui vous imotive c'est l'appât du gain.
— Nous souhaitons simplement récupérer ce qui nous revient de droit ! intervint Bard.
— Aussi ne bougerons-nous pas. Il me semble que nous avons été suffisamment patients avec Écu-de-chêne. Dès l'aube, nous serons en place ! trancha l'elfe.
Désemparé, le magicien se tourna alors vers la femme elfe, espérant qu'elle se montre plus raisonnable que son homologue.
— Mina, vous savez que je ne dis pas cela uniquement pour sauver la compagnie de Thorin. Vous n'avez rien à attendre de cette bataille... Alors je vous en prie, persuadez-le.
— Justement, vous vous trompez Mithrandir. Il y a dans cette montagne trois œufs qui me sont précieux et que je tiens à récupérer.
— Je suis persuadé que Thorin vous les restituera.
— Ne dites pas n'importe quoi. Vous croyez vraiment que Thorin épargnera des œufs de dragon alors qu'il nourrit une haine inextinguible contre eux ?
L'homme au chapeau pointu grimaça et soupira longuement. Il savait que si un nain découvrait ces œufs, il n'hésiterait pas à les détruire, en ne voyant en eux que de potentielles menaces pour l'avenir.
— Je suis désolée. Vous savez que j'ai raison Mithrandir... reprit-elle. Aux premières lueurs du jour, nous nous présenterons aux portes d'Erebor et si Thorin persiste à nous refuser nos droits... nous attaquerons !
La discussion sur le sort des nains et les armées d'orcs se poursuivit pendant près de deux heures, chacun campant sur ses positions. A la nuit était tombée, Gandalf s’en alla pour souffler un peu. Et si les elfes n'avaient pas besoin de sommeil, il n'en était pas de même pour Bard qui les abandonna à son tour pour essayer de dormir quelques heures. Les seigneurs elfes se retrouvèrent donc seuls à manger en tête-à-tête.
Cette nuit, aucun n'avait l'intention de dormir. Thranduil lâcha les voilages couvrant les entrées de sa tente, leur permettant ainsi d'avoir un peu d'intimité. Mina était penchée sur le plan de répartition des troupes qu’elle essayait de mémoriser. Alors qu’elle était concentrée sur la carte, elle sentit la main du roi se poser dans le creux de son dos et remonter doucement. Un intense frisson parcourut sa colonne vertébrale pendant que le roi continuait sa douce manœuvre. Elle se redressa puis se tourna alors lentement vers lui. Du bout des doigts de son autre main, il effleura la blessure qu'elle avait au front avant de rapprocher l’elfe de lui. Ce soir, le roi était d'humeur câline.
Mina décida alors de se laisser aller et commença à faire glisser ses mains sur le torse du seigneur. Ils poursuivirent leur petit manège quelques minutes puis Thranduil intensifia la chose en se penchant légèrement pour couvrir de doux baisers le cou de son amante. Celle-ci inclina la tête en arrière pour en profiter pleinement, tout en laissant tout en entremêlant ses doigts dans la chevelure blonde de son compagnon. Sa respiration s'était accélérée.
Le seigneur cessa un instant sa douce torture pour observer la reine dont le souffle était court et le teint avait pris une jolie couleur rosée au niveau des joues. Il y porta une main sans la lâcher du regard.
— Je ne peux réprimer plus longtemps mes sentiments à votre égard… Je vous aime Mina.
Cette révélation toucha tant la reine qu’elle sentit ses yeux piquer sous le coup de l’émotion, mais elle sourit pourtant spontanément en laissant sa main posée sur le cou du roi, là où elle pouvait sentir sa veine battre la chamade.
— Mon cœur est vôtre, Thranduil... à jamais… Je vous aime.
Ils étaient heureux de s'être dévoilés. Il y avait si longtemps qu'ils auraient dû le faire. Sans attendre plus longtemps, ils scellèrent leur pacte d’amour en un délicat baiser. Malheureusement, il leur fut impossible de s’autoriser davantage car à l’extérieur, un garde appelait son seigneur. C’est avec regret qu’ils rompirent leur étreinte, le roi laissa échapper un soupir de lassitude et se résigna à relâcher la reine.
— Qu’y a-t-il ?
— Un visiteur souhaiterait vous rencontrer, répondit un elfe.
Thranduil écarta le voile et découvrit un semi-homme entre deux gardes. Il le toisa puis s'adressa à un soldat.
— Allez quérir à nouveau Mithrandir et le seigneur Bard.
L'elfe acquiesça et salua son roi avant de quitter son poste. Le seigneur s'écarta enfin pour permettre au hobbit de rentrer sous la toile. La reine baissa les yeux pour rencontrer la mine fatiguée du petit visiteur.
— Maître Hobbit, quel honneur !
— Je découvre donc le semi-homme qui a permis à mes prisonniers de s'échapper, dit Thranduil d'un air sévère en prenant place sur un fauteuil.
Le hobbit acquiesça en silence.
— Pourquoi avoir quitté Erebor en pleine nuit ? demanda la reine.
— J’ai quelque chose pour vous.
Gandalf et Bard ne tardèrent pas à rentrer précipitamment sous la tente et leurs regards se posèrent immédiatement sur le semi-homme.
— Bilbon Sacquet !... Que faites-vous ici ? questionna Gandalf très surpris.
— Ce sont les nains qui vous envoient ? interrogea l'homme du lac.
— Non, je suis venu vous apporter ceci, ajouta-t-il tout en dévoilant l'Arkenstone sur une petite table.
La beauté de la pierre les hypnotisa pendant de brèves secondes. Malgré tout, leur étonnement était à son comble de découvrir qu’elle était en la possession du hobbit.
— Comment l'avez-vous obtenue ? demanda le magicien.
— J'ai jugé que c'était la part qui me revenait...
— Et Thorin vous a laissé prendre son cher Arkenstone ? s'étonna le seigneur elfe.
Le hobbit fit soudainement une petite grimace coupable.
— Il ignore qu'elle est en votre possession, n'est-ce pas ? en déduisit Mina.
Bilbon acquiesça d'un bref signe de tête.
— Il ignore même que je suis parti, précisa-t-il.
— Pourquoi nous la donner ? reprit la reine.
— Thorin tient à cette pierre plus qu'à sa propre vie. J'ai pensé qu'en échange de sa restitution, il vous donnerait ce qui vous revient... et ainsi une guerre serait évitée, répondit-il avec sincérité.
La proposition semblait plus que correcte car découvrant la pierre aux mains de ses ennemis, le roi sous la montagne ne pourrait que capituler. Après concertation, les trois seigneurs acceptèrent l'offre et Bilbon céda l'Arkenstone aux bons soins des elfes. Gandalf quitta la tente avec le hobbit pour lui trouver une place où passer la nuit. Bard partit lui aussi et Mina suivit le mouvement.
Elle se rendit sur les hauteurs de Dale pour monter au sommet du beffroi et ainsi avoir une vue panoramique. Malgré la noirceur de la nuit, elle repéra Aela dans le ciel qui effectuait des vols circulaires autour de la ville et parfois s'éloignait vers le lac ou Vert Bois.
La reine observa ses mains et réfléchit à son mystérieux pouvoir. Comment avait-elle pu l’acquérir ? Ce n’était pas héréditaire, elle en était certaine, car dans le cas contraire, ses parents l’auraient au moins mentionné. Il fallait qu’elle parle à la dragonne. Avait-elle vu ce qui s’était passé ? Si oui, elle espérait qu’elle pourrait répondre à ses questions. C’était pour cela que Mina voulait s’isoler un petit moment de son peuple.
— AELA !
Sa voix résonna dans le calme de la nuit et l’animal vint se poser sur des ruines proches de sa maîtresse. Quelques pierres dégringolèrent sous son poids. Avec souplesse, Mina sauta sur le dos de sa bête.
— Emmène-moi hors de la ville, je te prie.
La dragonne obéit immédiatement et lors du décollage, les ruines s’effondrèrent complètement dans un bruit sourd. En quelques battements d’ailes, elle dépassa Dale et se posa non loin de là, sur un terrain rocailleux.
L’elfe descendit et se plaça face à sa monture.
— Que puis-je faire pour vous, ma reine ?
— As-tu vu ce qui s’est passé lors de mon combat contre Smaug ?
Aela s’allongea avant de répondre.
— Vous voulez sans doute parler de la façon dont vous avez survécu aux flammes ?
— C’est bien cela. Aurais-tu une idée de la façon dont j’ai pu acquérir cette aptitude ?
— Lors de l’attaque du royaume, je m’occupais des œufs, mais après que Smaug vous a blessé, j’ai vu Aldar se sacrifier pour vous sauver. C’est lui qui vous a offert sa résistance aux flammes, raconta-t-elle. J’ignorais que c’était permanent.
Apprendre qu’un de ses dragons avait volontairement sacrifié sa vie pour elle, chamboula Mina. Elle ne put s’empêcher de pleurer, enfouissant son visage dans ses mains. Aela resta silencieuse jusqu’à ce que sa maîtresse se ressaisisse.
— Je suis désolée Aela, Aldar était ton compagnon.
— J’ai pleuré sa perte, mais j’ai réussi à sauver deux de nos œufs, donc une part de lui sera toujours auprès de moi.
En signe de soutien, l’elfe posa une de ses fines mains sur une puissante patte de sa dragonne.
— Sachez majesté que je suis fière de son geste.
— Pourrais-tu m’expliquer aussi comment ce « bouclier » fonctionne ?
— Nous n’avons pas besoin d’y penser pour qu’il nous protège. Si le feu nous menace, c’est instinctif.
— Montre-moi ! dit l’elfe en se positionnant face à elle.
— Pardon ?!
— Je veux être prête au cas où je doive m’en servir demain.
Le reptile se releva et fit rougir son poitrail.
— Vous êtes bien sûre ?
— Oui… vas-y !
Aela prit une profonde respiration et déversa son flot igné sur sa reine. Cette dernière disparut dans le feu jusqu’à ce qu’elle écarte soudainement les flammes. La dragonne cessa aussitôt de cracher et observa l’elfe. Tout autour d’elle, les pierres étaient noires et les quelques brins d’herbe ou bouts de bois présents étaient réduits en cendres mais elle n’avait absolument rien.
— Tout à l’heure, j’ai réussi à accueillir la flamme d’une bougie dans mes mains et à la remettre à sa place. Crois-tu que je puisse contrôler un feu plus important sans en être la principale cible ?
— Je l’ignore, mais nous pouvons essayer.
L’animal se dirigea vers des buissons tout secs et les embrasa avant de s’écarter pour céder la place à la reine. Celle-ci resta où elle était, puis leva une main dans leur direction. Elle fit une série de gestes mais le feu ne bougea pas, continuant de consumer les buissons.
— Vous devriez essayer de visualiser ce que vous voulez faire avec ce feu, conseilla la dragonne.
L’elfe acquiesça et se concentra, la main toujours tendue vers l’arbuste. Après de multiples tentatives, elle parvint à faire s’élever une boule de feu qu’elle envoya rouler à plusieurs mètres. Le buisson brûlait toujours, alors elle essaya autre chose. Cette fois, elle se servit de ses deux mains et réussit, grâce à des gestes vifs, à étendre le feu au bosquet environnant.
Pour terminer, elle effectua d’une main un mouvement rotatif qui eut pour effet d’étouffer les flammes.
Thranduil avait raison, s’ils devaient affronter les nains, un mur de feu serait utile et avec l’aide d’Aela, elle réussirait facilement à en ériger un.
— Je te remercie, Aela.
— Avec plaisir.
Cette dernière s’abaissa pour permettre à la reine de grimper sur son dos avant de la ramener sur la place, près du chapiteau elfique.
La dragonne alla s’installer à l’écart pour dormir et Mina rejoignit le roi sous la toile. Heureuse d’avoir appris l’origine de son pouvoir, elle en fit part au seigneur. Ils passèrent la nuit à mettre au point une stratégie secondaire au cas où les nains ne coopéraient pas.
Merci à ma correctrice ^^