Recueil OS
Chapitre 2 : Le choix de vivre ( Première partie)
2453 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 16/02/2017 22:09
La salle était comble. Les invités tous parés de leur plus beaux bijoux et vêtements envahissaient la pièce, savourant avec délectation tous les mets savoureux proposés pour l’événement. Il n’y avait jamais eu de soirée si chic dans l’histoire d’Arendelle. Les sangs les plus nobles des pays voisins étaient présents, ravis de pouvoir rencontrer enfin la grande reine aux étranges pouvoirs de glace. Son nom avait traversé les frontières à une telle vitesse, que l’héritière se vit contrainte à recevoir de nombreuses demandes en mariage, tout de suite après être montée au trône. Ses capacités extraordinaires, suscitaient la curiosité et elle était devenue un élément important d’un point de vue militaire. Car quiconque avait la reine des neiges dans son camp avait la capacité d’éloigner et d’effrayer les éventuels envahisseurs.
Tous les prétendants des pays voisins étaient donc présents, attendant patiemment la venue de l’invitée d’honneur. Ils avaient tant entendu de choses concernant sa beauté, sa sagesse, sa douceur, que l’attente était devenue des plus insupportables. Elle était devenue l’objet de désirs de tous ces jeunes hommes, qui souhaitaient par-dessous tout capter son attention ne serait-ce qu’une seule seconde. Ils discutaient calmement avec les invités ou leurs tuteurs, mais toujours en ayant l’œil aguerri, veillant à ne manquer un aucun cas l’entrée de la souveraine.
Puis les cuivres se firent soudain entendre, et toutes les jeunes têtes couronnées se précipitèrent vers le trône pour l’instant vide de la reine, le cœur battant et la respiration hachée par l’excitation. Tous les regards se tournèrent alors vers cette direction et le silence s’installa aussitôt. Plus personne n’osait respirer si bien qu’il était possible d’entendre le vent hivernal à l’extérieur qui annonçait une tempête de neige prochaine.
Un homme d’une soixantaine d’années s’avança doucement face à la foule et toussota légèrement tentant de retenir l’attention de chacun des invités.
« Mesdames et Messieurs. Habitants et voisins de notre pays. Je vous demande d’accueillir Sa majesté la reine Elsa D’Arendelle. »
Toute la foule s’inclina alors et on entendit des pas assurés s’avancer dans la pièce. Le seul bruit de sa marche provoqua un brasier dans chaque cœur des prétendants, et ils ne pouvaient attendre une seconde de plus pour se redresser et pouvoir admirer son visage si mythique. Mais cela leur causerait beaucoup de tort face à la reine et également face à leur tuteur. Ils étaient l’image de leur pays, leur honneur était en jeu, et il était primordial de réfréner des pulsions et de respecter les coutumes.
Ils attendirent alors le temps nécessaire. Puis ils se redressèrent doucement et chacun retint son souffle. Car les rumeurs étaient fausses, le bouche à oreille incorrect et les descriptions infidèles. La jeune femme n’était pas magnifique. A leurs yeux, elle était beaucoup plus que cela.
Tout en elle dégageait la pureté et la douceur. Elle était à l’image même de l’hiver et de la glace. Ses cheveux d’un blond si clair presque blancs rayonnaient dans la pièce et dégageaient une aura curieusement chaleureusement. Ses yeux d’un bleu si clairs rappelaient la glace au petit matin, qui chatoyait au soleil levant. Et quant à sa petite bouche moqueuse… elle était d’un tendre rose, semblable aux joues rosies par la timidité ou par le froid et appelait à tous les baisers. Les légères fossettes sur le coin des lèvres lui donnaient un air plus jovial et épanoui et c’était sans compter sur son regard si éblouissant dans lequel luisait un étrange éclat de malice. Chacun des prétendants désirait par-dessus pouvoir croiser ses prunelles afin de se délecter de cette aura si sereine qui se dégageait d’elle.
La reine offrit un tendre sourire à son assemblée avant de se racler discrètement la gorge.
« Je vous remercie à tous d’avoir répondu présent à mon invitation et je vous souhaite la bienvenue. Profitez pleinement de la soirée. » Les accueillit-elle solennellement.
Et alors que le brouhaha reprenait peu à peu d’ampleur dans la salle, la jeune femme se retourna pour laisser échapper une longue inspiration.
« Les prétendants sont nombreux, il sera difficile de choisir. » Remarqua une voix masculine.
Elsa tourna la tête en direction de son tuteur et lui sourit timidement.
« En effet. » Acquiesça-t-elle. « Je ne pensais pas que tant de monde viendrait. »
Elle fit face à nouveau à ses invités et observa longuement les prétendants éparpillés dans la pièce.
« Je pense plus que pour certains, il s’agit de curiosité. Toutefois, tachez d’être polie et courtoise même face aux questions étranges que l’on vous posera probablement. »
La jeune femme hocha la tête tout en levant exagérément les yeux au ciel. L’héritière avait désormais vingt-cinq ans et cela faisait plusieurs années qu’elle régnait sur le pays et qu’elle connaissait les coutumes et la bienséance que devait respecter une figure royale. Mais son tuteur ne pouvait s’empêcher de lui rappeler sans cesse ce que devait faire ou non, une bonne reine et quel était son rôle. Et même si cela était étouffant, Elsa ne pouvait le congédier. En effet, après la mort de ses parents, son tuteur était resté auprès d’elle et avait pris son rôle très au sérieux en veillant à lui inculquer tout ce que ses parents auraient dû lui enseigner afin de pouvoir devenir une bonne souveraine. Au fil des années, il était devenu un guide pour elle et un ami. Et son comportement des plus grincheux était également très réjouissant à voir durant les sorties publiques ou les réunions administratives.
« Je n’y manquerais tuteur William. »
Ce dernier hocha vivement la tête, fier de l’attitude de son disciple. Il était conscient que devoir faire face à un évènement pareil pour la jeune femme était difficile. Mais il était grand temps qu’elle se marie et qu’elle fournisse un héritier pour le pays, qui devenait de plus en plus inquiet face à ce manque-là. Devoir la vendre au plus méritant était une chose indigne pour le professeur William, car personne ne semblait être convenable pour la reine.
« Est-ce de coutume également d’épouser obligatoirement un sang royal ? » Demanda-t-elle soudainement, toujours en observant l’assemblée.
Le tuteur surpris se retourna vers Elsa afin de déceler une once d’émotion retranscrite sur son visage, en vain. Il avait été un bon professeur, qu’il lui avait enseigné à faire taire ses émotions et ses sentiments en cas de sortie publique, afin de personne ne sache ce qu’il pouvait réellement se passer dans sa tête. Montrer ses sentiments en public est un signe de faiblesse.
Il se tourna ensuite à nouveau vers la foule et observa les nombreuses couronnes, qui rayonnaient à la lueur des bougies.
« Les gens pensent que d’être d’un sang royal nécessite de se mettre avec un sang aussi pur que le sien. Je ne suis pas de cet avis » Commença-t-il en désignant de la tête les nombreux prétendants qui se battaient pour le dernier petit four. « Mais il serait préférable de trouver quelqu’un apte à vous aider à diriger le pays. Bien sûr après c’est toujours à vous de vous décider. Je ne peux que vous guider, pas décider à votre place. »
Elsa laissa échapper un léger rire condescendant, avant de se reprendre face au regard noir que lui adressait son tuteur.
« Avez-vous déjà quelqu’un en vue Votre Altesse ? » Osa-t-il demander soudain curieux.
La jeune reine observa une dernière fois la foule dans les moindres recoins avant d’entendre à nouveau les cuivres rugir, signe que le temps des présentations des prétendants était venu. Elle poussa un léger soupir et relâcha quelques secondes ses épaules si tendues jusque-là. Elle posa sa main sur l’épaule de William et lui adressa un regard empli d’une étrange assurance.
« Je pense que maintenant je peux dire que non. » Lui avoua-t-elle dans un murmure.
Et elle partit s’assoir fièrement sur son trône, un sourire factice affiché sur le visage, attendant la venue des nombreux aspirants.
Les présentations durèrent des heures et la jeune reine ne pouvait supporter une seule minute de plus cette véritable torture. Elle était, bien entendu consciente que tout cela faisait partie de son devoir, que son peuple et son pays dépendait entièrement de cette soirée, uniquement destinée à lui trouver un éventuel mari. Mais les candidatures étaient plus décevantes les unes que les autres. Elle essayait tant bien que mal d’attirer son attention sur tous les jeunes héritiers qui se présentaient devant elle. Mais inconsciemment, son esprit divaguait toujours, comme étant attiré par autre chose.
Car le cœur de la reine était déjà épris depuis plusieurs années et qu’elle ne pouvait détourner son esprit juste une seconde du visage de son bien-aimé.
Elle le connaissait depuis sa plus tendre enfance. Il était apparu, tel un sauveur, peu de temps après la mort de ses parents et dès lors une très grande amitié et complicité naquirent à ce moment précis. Il avait été un ami, un confident un allié et Elsa le voyait véritablement comme la personne la plus importante à ses yeux. Et même si personne ne pouvait le voir, même s'il ne donnait pas l’impression de vieillir avec les années, la jeune femme l’avait aimé de tout son cœur. Elle n’avait que faire des apparences ou de son aspect irréel, car à partir du moment où cet étrange être était rentrée dans sa vie, Elsa s’était sentie plus vivante.
Car oui étonnamment, la reine Elsa, jeune femme ayant la capacité de gérer la glace et la neige était tombée irrémédiablement amoureuse de Jack Frost, légende et esprit de l’hiver. Le destin devait avoir un certain gout pour l’humour et l’ironie car ses deux êtres de glace, uniques en leur genre étaient parvenus à se trouver et s’étaient immédiatement aimés. Et même s’il avait été difficile de taire son amour pour la légende, étant donné le jeune âge de la reine au tout début, il fut ravi de la voir lui déclarer son amour, juste après avoir été couronné. Ils pensaient réellement pouvoir vivre une romance secrète éternellement. Jusqu’à l’année dernière où le tuteur royal avait informé que le peuple désirait un héritier et que le besoin de trouver un mari pour Elsa était devenu vital. Il avait été impossible de parler de Jack au peuple. Tout d’abord il n’était pas de sang royal, chose que la jeune femme pensait primordial pour devenir roi, mais surtout, il était invisible aux yeux des autres.
Alors ne pouvant supporter de voir sa belle, promise à un autre, il était parti, le regard triste et l’âme meurtrie.
Et cela faisait tout juste un an que son manque tuait à petit feu chaque parti de l’être de la jeune femme. Cela faisait tout juste un an que chaque soir, Elsa sur son balcon, lorsque le soleil venait de se coucher attendait avec le cœur empli d’espoir la venue de Jack. Et même ce soir, alors qu’elle était sur le point de se laisser mettre la corde au cou, elle avait espéré voir un visage familier parmi la foule, la sauver une dernière fois, l’empêchant de se marier et de se promettre à un inconnu. En vain. La salle était emplie de visage étranger et rien n’avait retenu l’œil de la jeune reine.
Elle était en train de renoncer au fur et à mesure ou les visages des prétendants défilaient et la reine retint un soupir de tristesse s’échapper de ses lèvres. Elle tenta par-dessus tout de s’intéresser à ses soupirants car à la fin de la soirée, son choix devra se porter sur l’un d’entre eux. Mais aucun n’avait la malice dans le regard, le sourire éblouissant et elle fut persuadée qu’elle ne trouverait personne qui ne la comprendrait mieux que lui.
Pendant un instant, elle laissa son regard s’échapper à travers une fenêtre qui donnait sur le jardin royal. Elle se rappela alors les nombreuses parties de cache-cache qu’elle faisait étant petite avec son ami invisible. Elle se remémora aussi ce moment si magique qui marquera à jamais sa vie. C’était à cet endroit, que la jeune reine avait avoué ses sentiments envers lui. C’était à cet endroit, qu’elle s’était livrée, corps et âme à cet homme si important pour elle. C’était à cet endroit, qu’ils avaient échangé leur premier baiser et qu’ils avaient débuté leur relation si embrasée. Elle retint un sanglot face à ses souvenirs.
« Permettez-moi de me présenter. Je suis le prince Jack Frost, héritier du trône d’un pays inconnu se situant sur une île tout au nord de notre pays, Alert et je viens ici afin de conquérir le cœur de sa majesté la reine, dans le but d’obtenir sa main. » Acclama une voix familière
Elsa se retourna le cœur battant vers l’homme qui se présentait devant elle. Elle ne vit que le jeune inconnu agenouillé face à elle, et ne pouvait distinguer son visage. Et pourtant sa chevelure blanche se refléta dans la lumière et la jeune femme en fut un instant ébloui. L’étranger se releva doucement et croisa le regard de la reine. Cette dernière en avait le souffle coupé. Elle n’osait plus rien dire tant son esprit était confus face l’image qui s’offrait à elle.
C’était lui. Jack Frost.