My Frozen Heart Tome 2

Chapitre 9 : Memories

2240 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/05/2017 11:06

Au début, tout était flou.

Un bourdonnement retentissait sans cesse dans son crâne. La mémoire et l’esprit engourdis, Jack eut du mal à savoir où il se trouvait actuellement. Il tenta avant tout de se concentrer sur les bruits alentour, mais un son aigu et strident résonnait dans sa tête, une tonalité assourdissante qui lui arracha une grimace. Il ouvrit ensuite doucement les yeux. Il lui fallut un bon moment avant que son champ de vision ne soit plus embrumé par la fatigue. Au tout début, il ne pouvait que distinguer des formes, sans être capable de différencier les contours des objets en eux-mêmes.

Puis la vue lui revint peu à peu et il put enfin observer les alentours. Il se trouvait dans un lit en bois étonnamment grand et des larges couvertures brodées de couleur rouge le recouvrait entièrement. Le plafond était également fait entièrement de bois, et l’esprit de l’hiver put remarquer quelques gravures par-dessus, dans une langue qui lui était étrangère. Toutefois, les dessins qui entourés les paroles étaient d’une finesse sans égale et Jack en fut un instant charmé. Car dans ces gravures se dégageaient une atmosphère chaleureuse et particulièrement rassurante.

Un sourire enfantin s’afficha sur ses lèvres, et durant un instant le jeune homme oublia ses soucis, se prêtant à l’ambiance. Puis il immobilisa son regard sur la cheminée et alors un souvenir lui revenue automatiquement à l’esprit, sans crier gare. 


La fin de l’hiver approchait et pourtant, la température ne semblait vouloir augmenter dans le palais d’Arendelle. Peut-être que la pierre avait beaucoup trop absorbé de froid durant l’hiver.

Elsa posa doucement une nouvelle buche dans la cheminée de sa chambre personnelle et observa un instant les flammes qui dansaient devant elle.


« Pourquoi allumes-tu un feu ? Je croyais que tu ne craignais pas le froid ? » Demanda Jack assis sur la rambarde de la fenêtre.


La jeune femme se détourna de sa contemplation un instant pour croiser le regard de son compagnon. Cela ne faisait que quelques mois, qu’ils avaient échangé leur premier baiser, et pourtant Elsa s’imaginait déjà quelques années plus tard avec lui, vieillissant comme ses parents au coin du feu. Il régnait une telle confiance en lui que la reine était capable de s’abandonner à lui sans craindre de souffrir. Et il lui arrivait parfois d’oublier que Jack était une légende, mais surtout que Jack était immortel. Surtout quand ils étaient aussi proches et aussi complices. 


« J’aime l’aspect qu’il renvoie. Quelque chose de chaleureux, de fort, qui réunit les gens. » Lui expliqua-t-elle doucement en lui offrant un sourire rêveur.


Le jeune gardien, obnubilé par la sérénité qui se dégageait dans le regard de sa bien-aimée se contenta de sourire en guise de réponse.

Elsa se redressa doucement et partit vers son bureau couvert de papier et de lettre importante. Elle s’assit lourdement et regarda tristement la montagne de travail qui l’attendait. Habituellement, elle adorait s’occuper de la paperasse, s’investissant complétement dans ses affaires, oubliant le reste du monde, comme isolée des problèmes et du monde extérieur. Mais désormais une nouvelle chose lui faisait ressentir cela, une nouvelle personne.

Elle tenta alors de se concentrer, de se focaliser sur les dépenses de son pays afin de régler ces affaires au plus vite.

Mais elle sentit alors des doux baisers se déposer sur sa nuque, au tout début léger comme une plume, puis devenant de plus en plus insistants.


« Jack je dois travailler. » Protesta-t-elle sans réelle conviction.


Elle sentit alors les lèvres sur sa peau se redresser légèrement en un sourire sournois, car le jeune homme savait que la reine n’avait en aucun cas envie qu’il arrête. Il posa tendrement ses mains autour de sa taille.

« Fais-le un autre jour. » Lui demanda-t-il d’une voix rauque avant de continuer à déposer des baisers sur sa peau si douce.

Elsa poussa un soupir de bien-être. Il était si difficile de résister à cet état d’apaisement. Alors elle s’abandonna à Jack et répondit à son ardeur et l’embrassant fougueusement. 



Le jeune gardien secoua sa tête chassant ce souvenir de son esprit. Il était véritablement difficile et dur pour le jeune homme de se remémorer cela, tant la situation actuelle était désastreuse. Il se redressa brusquement du lit et enfouit sa tête dans ses mains, tant une colère profonde était en train de faire surface. Sa mâchoire se serra et il déglutit péniblement, tentant d’empêcher son corps de trembler sous l’effet de la fureur.

On toqua à la porte doucement, timidement. Jack releva la tête en poussant un soupir, heureux qu’une personne puisse le sortir l’espace d’un instant de cet état.

Nord passa sa tête à travers la porte, un instant inquiet de trouver Jack dans un état second. Mais lorsque ce dernier lui offrit un léger sourire, il entra sans plus aucune hésitation et s’assit à côté de son ami.

Soudain, se remémorant les évènements précédents, Jack s’observa un instant. Sa peau était toujours aussi blanche et il ne semblait pas s’être transformé en son ennemi. Tout lui semblait étonnamment… normal. 

« Que s’est-il passé ? Ça a fonctionné ? » Demanda-t-il précipitamment.


Nord hocha doucement la tête, guettant toujours une quelconque réaction négative de son ami. Et pourtant il avait l’impression de bien faire face à Jack Frost. Le gardien qu’il avait connu et accompagné durant ces cinquante dernières années.


« Alors pourquoi je suis… moi ? » Osa alors demander le jeune homme d’une voix tremblante. 


Le Père Noël haussa lentement les épaules, craignant cette question, car n’ayant aucune réponse à lui offrir. 


« Je l’ignore… » Commença-t-il en cherchant ses mots. « Fée pense qu’il y a un lien avec le fait que tu recommences à être à nouveau humain. » Expliqua-t-il.


Le jeune homme fronça les sourcils, perplexe face à la nouvelle que lui apporte son collègue.


« En quoi cela peut-il avoir une incidence ? »

 

L’esprit de l’émerveillement haussa à nouveau les épaules, lui aussi perplexe face à la situation. 


« Que ressens-tu ? » Le questionna-t-il toujours en cherchant à comprendre. 


Jack ne prononça aucune parole au tout début, se concentrant sur ses émotions et sur son état. Il ressentait certes une très grande colère au fond de lui, comme le dévorant à chaque instant, mais pourtant il y avait toujours en lui un grand sentiment d’amour et de camaraderie envers les personnes en qui il tenait. Il n’avait pas l’impression d’avoir sombré dans les ténèbres, ni ne ressentait le besoin urgent de détruire toute personne dans son entourage.


« Je ne sais pas vraiment. Comme un flot d’émotion. Je me sens en colère mais… pas que. » tenta d’expliqua l’esprit de l’hiver.


 Nord réfléchit un instant à la situation et à la déclaration que son ami venait de faire. Cela faisait des centaines d’années qu’il vivait sur cette planète et pour la première fois depuis longtemps, il devait faire face à une situation qui l’échappait et cela avait tendance l’agacer. Il frotta sa barbe un long moment, réflexe adopté depuis les années, tout en observant à minutie le jeune gardien. 


« Il est possible en effet que ton humanité t’est empêché de sombrer comme Pitch. Tu n’es plus une créature magique, alors devenir une créature démoniaque serait étonnant. Et les mortels ressentent beaucoup d’émotion négative et de manière plus intense que nous, ce qui a dû en effet alimenter la pierre pour qu’elle puisse donner une position. »


En entendant le dernier mot du Père Noël, Jack bondit du lit et fit face à son ami, le prenant brusquement par les épaules et cherchant à croiser son regard.


« Une position ? La pierre ! Où est Elsa ? » Demanda-t-il précipitamment, le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique. 


Nord hésita un instant avant de donner une réponse à Jack. A vrai dire, il avait peur de sa réaction dans un premier lieu certes mais principalement de se battre à nouveau. Il y a cinquante ans, il s’était battu en effet, mais très peu et il sentait que l’ennemi était plus puissant et qu’il allait être nécessaire d’investir plus d’énergie que dans la bataille précédente. Et malgré l’immortalité du Père Noël, ce dernier se faisait vieux et craignait que son corps ne puisse supporter une nouvelle bataille d’un point de vue psychologique.

Mais Nord, savait que cela allait être inévitable et que la vie des enfants était en jeu. Il poussa un long soupir avant de se relever difficilement du lit.


« A Arendelle. Ils sont toujours là-bas. Ils n’ont pas bougé. »


Jack fronça les sourcils, surpris par la nouvelle. Puis après avoir digéré l’information, une nouvelle vague de rage émergea de son corps, et soudain hors de contrôle, il se saisit d’une statuette en glace de Nord et la lança à travers la pièce. Cette dernière se brisa en milliers de petits morceaux semblables à des flocons et ils s’effondrèrent dans le sol, sans vie. 


« On était à côté ! » Hurla-t-il dans la pièce.


Soudain, de la glace apparut pour la première fois des mains du jeune homme et Nord recula un instant en faisant face à ce spectacle. Habituellement la magie du gardien était contrôlée et contenue dans son bâton, jamais elle ne provenait réellement de ses propres mains. Auparavant il était lui était facile de contrôler son pouvoir, car il était novice, voire inconscient envers les émotions fortes que ressentent les mortels. Mais maintenant qu’il perdait de son statut et que les émotions prenaient peu à peu place en lui, il lui était désormais difficile de contrôler son pouvoir, et son bâton lui était désormais inutile car ne pouvant contenir son pouvoir devenu puissant par la force de la colère.


Répondant à un instant paternel, Nord encercla de ses bras puissants autour sa fine silhouette du jeune homme, contenant ses bras, et l’empêchant d’effectuer le moindre geste.


« On était à coté ! » Répéta-t-il toujours en colère et ne prenant compte de l’étreinte de son ami.


Puis il se mit à entendre les paroles réconfortantes que lui murmuraient Nord à l’oreille et sa respiration se calma et son cœur s’apaisa. La glace disparut au fur et à mesure et l’atmosphère retrouva son aspect chaleureux si fidèle au repaire du Père Noël.

Il repoussa alors doucement les bras de son ami et avança au centre de la pièce, l’esprit toujours tournant à plein régime, cherchant à se calmer mais aussi à digérer l’idée qu’ils étaient passés à côté de la jeune femme et qu’il aurait pu abréger sa souffrance plus rapidement.

Et alors une image s’imposa à nouveau dans son cerveau, floue, tremblante, comme un souvenir lointain et qui pourtant lui semblait inconnu.

Il fronça les sourcils, perplexe et se gratta fortement l’arrière de la nuque. Nord, remarquant sa soudaine agitation se rapprocha de lui.


« Que se passe-t-il ? » Lui demanda-t-il d’une voix légèrement inquiète.


Jack mit un long moment avant de trouver ses mots. Il était envahi par une impression de déjà-vu, d’urgence et de noirceur.


« Tout à l’heure, quand j’avais l’impression de sombrer dans les ténèbres, j’ai vu quelque chose. C’est assez vague, mais… j’ai un mauvais pressentiment. »


Le père Noël l’observa un long moment, ne comprenant ses propos. Il l’invita du regard à approfondir son explication.


« J’ai été… surpris lorsque tu m’as dit qu’ils sont à Arendelle. Mais en même temps… j’ai l’impression que c’est logique, que cela ne soit pas si étonnant que ça. »


Son collègue se frotta à nouveau la barbe, réfléchissant à tout cela.

« Qu’as-tu vu ? »


Jack ne répondit pas tout de suite, se remémorant l’image qui s’était imposé dans son cerveau quelques secondes plus tôt. Un fort dégout naquit dans son estomac et il fut pris soudain d’une nausée puissante. Comme si cette chose le rebutait par-dessus tout.


« Le chaos à Arendelle. » Lui avoua-t-il les lèvres tremblantes.



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