My frozen heart

Jack était assis sur la rambarde du balcon du palais de glace. Les pieds dans le vide, il observait l’horizon d’un air distrait. Il voulait adresser un dernier adieu au village. En ce lieu où il avait découvert tant de nouvelles choses, tant de nouvelles sensations. Tout d’abord, celle d’être vue par un adulte. Jamais il n’avait senti une telle excitation face à cela. Tout était diffèrent quand un adulte vous voit. Notre existence devient plus palpable, plus réelle.

 Exister uniquement aux yeux des enfants était exaltant, mais pour rien au monde Jack nous voulait oublier la première fois où il remarqua qu’Elsa pouvait le voir. Jamais il ne s’était senti aussi humain et aussi vivant. Il était plus facile de comprendre le sens véritable de la vie. Les enfants ne se préoccupent pas de l’avenir, il est trop futile pour eux. Pourtant pour les adultes, il est devenu vital pour leur existence et la volonté de vouloir le contrôler fasciner le gardien.

Il était désormais face à une nouvelle vision de voir le monde et la vie. Qui parmi les enfants arrive à prendre en compte du temps qui lui reste et de l’importance de la vie ? Aucun. Et être face à des personnes se précipitants de vivre, par peur du temps qui coule, était une notion qui était encore inconnue pour le gardien, lui qui devait faire face à l’éternité. Il ne pouvait comprendre cette précipitation, cette course avec la vie que menait chaque être humain. Mais en rencontrant Elsa, il a pu prendre en compte de tout cela.

Il avait également découvert la notion du devoir  et du sacrifice. L’enfant ne connait cela, il vit dans un monde où ce dernier doit répondre uniquement à ses besoins égoïstes. Il est en effet intéressant d’observer comment ce jeune être humain s’améliore et apprend à vivre aux dépends des autres en grandissant. Mais une fois l’enseignement abouti, l’enfant était désormais devenu trop grand pour croire en Jack Frost, et ce dernier ne pouvait jusqu’à cette rencontre partager cette notion du sacrifice.

Jack Frost s’était toujours comporté comme un enfant et ceux depuis désormais trois cents cinquante ans, mais aujourd’hui, il n’était plus le même. Il y avait un poids qui pesait lourd sur son cœur et qui lui était totalement inconnu. Jamais il n’avait ressenti une telle douleur à la poitrine, comme si une chose y résidait l’empêchant de passer à autre chose et de partir. Face à cette sensation inconnue, il comprit de cela se différenciait de son âme et son comportement d’enfant. Il était face désormais à des sensations qui concernaient les adultes et uniquement eux. Jack trouva cela à la fois intriguant mais aussi très effrayant. Il ne comprenait pas comment avaient pu naitre cela et il était persuadé que la cause n’était pas la rencontre avec Elsa.

En pensant à la jeune femme, le gardien poussa un soupir empli de nostalgie.il n’arrivait pas à se détacher d’elle. Lui qui comptait sur cette partie d’enfant en lui pour oublier facilement cette rencontre. Certes il avait vécu des moments formidables, mais le rejet de la reine et leur séparation lui laissaient un gout amer dans la bouche dont il voulait à tout prix se débarrasser.

Pourtant au fond de lui, il y avait quelque chose qui le retenait, et qui ne voulait pour rien au monde oublier l’existence de la jeune blonde.

Le jeune homme, frustré, enfonça sa tête dans ses mains et ferma les yeux pour mettre de l’ordre dans ses idées. Jamais il n’avait été face à des sentiments si contradictoires. Et le gardien, n’ayant jamais été face à cela, prit peur. L’inconnu provoque en nous une répulsion indescriptible et actuellement, Jack était en train de se détester à ressentir des émotions si diverses et si opposées.

A la recherche de réponse, il leva la tête et observa un instant la lune, qui étincelait dans la nuit obscure et sombre. On eut dit qu’elle semblait chasser l’obscurité pour promettre au jeune homme des réponses.

« Tu m’as mené jusqu’ici, mais je ne pensais pas devoir faire face à cela. Etait-ce une manière pour toi de me forcer à grandir ? Où cherches-tu à atteindre un autre but ? » Lui demanda-t-il presque désespéré.

L’Homme de la Lune, comme à son habitude ne répondit pas. L’esprit de l’hiver lui lança un regard noir. Parfois, il avait du mal à croire en cet être supérieur. Mis à part son nom, il ne lui jamais rien dit de plus. C’était Nord, Bunny, Sabe et Fée qui affirmaient que c’était l’Homme de la lune qui l’avait choisi, mais il n’avait rien vu de ses propres yeux. Comment croire en quelqu’un qui ne faisait jamais acte de présence.

« Tu m’as peut-être soit disant apporté une réponse sur le sens de mon existence, mais tu te dois de me dire pourquoi tu m’as mené ici ? Je suis sure que c’est toi qui as demandé au vent du Nord de me porter jusqu’à Arendelle. C’est toi qui m’as mis sur le chemin d’Elsa. C’est toi qui as attisé cette attirance envers sa magie. Mais pourquoi ? »

Le gardien face à temps de questionnement tomba à genoux face à la lune, comme pour le supplier de lui apporter une réponse. Malheureusement rien ne vint. Le gardien poussa un long soupir de déception, appuya sa tête contre le mur de glace et ferma les yeux. Le froid du mur lui fit du bien et le jeune homme repensa aux souvenirs partagés avec la jeune reine et eut un sourire qui commença à apparaitre sur son visage. Il est vrai qu’il avait trouvé agréable de voir la jeune femme pour une fois sourire pleinement et rire à gorge déployée. Il avait alors remarqué à cet instant quelle force dégageait Elsa et cette étincelle qui avait brulé ardemment, avait quelque peu déstabilisé l’esprit de l’hiver. Il s’était surpris à avoir rougi lorsque la reine s’était mise à profiter pleinement de la vie et de son insouciance. Et en repensant au visage de la jeune femme dans cet état, le rouge apparut à nouveau sur les joues du gardien. Il posa ses mains gelées sur son visage pour calmer ce feu brulant qui le rendait confus. 

Puis comme pour combattre la nostalgie naissante dans son cœur, il se saisit de son bâton et commença à créer de nombreux flocons, similaires à ceux de la reine. Il en saisit un dans le creux de sa paume et le gela afin qu’il ne fonde pas. Il l’observa un instant avec un regard triste. Tous les souvenirs lui revenaient désormais en tête. Ils étaient peu nombreux certes, mais pourtant lorsqu’ils passèrent dans l’esprit du jeune homme, il déglutit péniblement face au flot d’émotion que cela provoquait en lui. Et alors que le dernier souvenir, celui de son adieu se rejouait dans sa tête, Jack détruisit le flocon et le laissa mourir dans sa main, ne laissant qu’une légère masse de neige. En voyant le résultat, il ne put s’empêcher de comparer l’état du flocon à celui de son moral. Il se sentait déprimé et cet état d’esprit lui était si inconnu, lui qui était l’esprit de l’amusement. Il se prit la tête entre les mains et poussa un léger cri de frustration face à ce sentiment. Il était à la fois meurtri par cette émotion mais aussi exalté, de découvrir quelque chose de nouveau après trois cent cinquante ans d’existence, il ne savait ou se placer émotionnellement, e cela le perdait encore plus qu’il ne l’était.

Ne pouvant véritablement plus supporter ce tourment, il se leva et adressa un dernier regard noir à l’Homme de la lune.

« Dans tous les cas, je n’aurais jamais de réponse précise de ta part. » Annonça-t-il froidement.

Il préférait fuir. Cela était plus facile. La peur avait pris le pas sur la curiosité et il ne pouvait rester un instant de plus à Arendelle. Elsa ayant fait son choix, et devant faire face à tant de choses inconnues, plus rien ne le retenait, il devait partir au plus vite.

Et alors qu’il commença à s’envoler, une silhouette semblait se diriger précipitamment vers le palais de glace. Jack, intrigué se rapprocha et reconnut facilement la chevelure blonde de la jeune reine. On eut dit qu’elle courait vers un point précis désespérément. Elle ne faisait que tomber dans la neige et se redresser aussi vite, comme ne craignant aucune douleur tant sa destination était importante. Puis elle chuta une nouvelle fois dans la poudreuse, et à bout de forces, ne parvint plus à se relever. Ses genoux étaient glacés, et ne répondaient plus au contrôle d’Elsa. Elle n’était pourtant pas loin du palais, elle se tenait à genoux devant le pont, incapable d’avancer.

« Jack ! » Cria-t-elle de tous ses poumons.

Le jeune homme percevant la détresse de la reine se précipita vers elle. Et une fois arrivait à sa hauteur, il ne réfléchit pas et s’empressa de sortir la jeune femme de la neige. Il passa un bras autour de ses épaules et la guida vers le palais. Elsa étonnamment tremblait et dans les bras de Jack elle semblait si fragile soudainement. Et quand il la posa sur une chaise faite entièrement de glace, le gardien ne souhaitait pas la lâcher de peur que la jeune femme se brise. Mais il se rappela alors de la jeune fée qu’il avait secouru et de ses mains gelées qui la frigorifiaient, alors, il se détacha à contre cœur d’Elsa. Il s’accroupit devant la jeune femme attendant qu’elle se ressaisisse et qu’elle lui explique la raison de sa présence.

Durant un instant, personne ne parlait. Seul résonnait dans la pièce le claquement des dents de la reine et le vent à l’extérieur qui semblait se déchainer et vouloir à tout prix s’infiltrer dans le château.  Le gardien n’osa parler, il ne savait que dire. Il jeta discrètement des coups d’œil vers la blonde, en espérant voir de la couleur apparaitre sur son visage. Cette dernière avait le visage si pâle, qu’elle aurait pu facilement se confondre à la neige extérieur. Pourtant après quelques visages, le corps de la jeune femme reprit des couleurs et retrouva son habituelle chaleur.

Et comme se rendant compte du lieu et de la situation dans laquelle elle se trouvait, elle se leva précipitamment et rejoins Jack sur le sol. Elle prit le visage de gardien entre ses mains et l’observa un instant, le souffle coupé. Le jeune homme ne réagit pas face au contact de la reine. Il se contenta de soutenir son regard. Et dans les prunelles bleutées d’Elsa, il put y lire un brasier ardent qui était en train de naitre petit à petit. Il aurait pu attribuer cette étincelle à celle qui avait été présente lorsqu’Elsa avait retrouvé son âme d’enfant. Mais dans son regard, il y régnait quelque chose de plus profond, de plus primitif. Ses iris étaient étonnamment dilatés et le bleu de ses yeux semblait disparaitre petit à petit. Jack hypnotisé, demeuré ébloui et immobile par un tel spectacle. Elsa fit bouger tendrement ses pouces pour déposer des caresses sur les joues du jeune homme. 

« Je pensais que tu étais déjà parti. » Murmura-t-elle.

Le jeune homme, sentant le soulagement dans la voix de la reine, déglutit péniblement.

« J’étais sur le point. » Lui répondit-il la voix tremblante.

Comprenant qu’elle avait échappé de peu au départ de Jack, elle glissa ses doigts dans sa chevelure argentée. Elle voulait le garder auprès d’elle, qu’il ne disparaisse jamais.

« Ne pars pas. » Lui demanda-t-elle, tentant de dissimuler le sanglot naissant dans sa gorge.

Le gardien poussa un soupir, et prit les mains de la reine pour se dégager de son étreinte.

« L’Homme de la lune m’a mené jusqu’ici pour te faire découvrir ton âme d’enfant. J’ai fini ce que j’avais à faire. Tu n’as plus besoin de moi ici. »

Et alors que la reine allait contredire le jeune homme, ce dernier leva la main pour lui demander silencieusement de le laisser finir.

« De plus tu as tes obligations en tant que reine. Si je reste je te décrédibilise. Je me suis attachée à toi Elsa et je ne veux pas que tu paraisses ridicule aux yeux de ton peuple et de ton mari à cause de moi. »

La jeune femme se saisit des mains de Jack et le regarda droit dans les yeux. Durant sa marche jusqu’à la montagne, il était devenu évident pour elle, qu’il était nécessaire que le gardien reste avec elle. Elsa ne pouvait se permettre de le perdre. Elle qui venait enfin de comprendre ses sentiments, de les ressentir pour la première fois, elle ne voulait pas voir la personne qui lui fait ressentir cela disparaitre. Et a cet instant elle oublia tout, la royauté, les prétendants, son peuple. Il n’existait plus que la jeune femme Elsa qui était en train de faire face à ses nouveaux sentiments.

« Je t’en supplie. » Insista-t-elle.

Il aurait été plus facile pour elle de lui exprimer ce qu’elle ressentait mais il y avait quelque chose qui la retenait. Les mots restaient étouffés dans sa gorge, refusant de sortir. Etait-ce dut à la peur du rejet ou des conséquences que cela pouvait impliquer vis-à-vis de son rang ? Etait-ce un reflex de la part de son corps, qui lui ne pouvait oublier la monarchie et Arendelle ? Elsa l’ignorait, mais elle était sûre qu’elle ne pouvait laisser Jack partir. Pas aussi tôt, alors qu’elle venait de comprendre l’importance qu’il avait désormais dans sa vie. Cela était certes égoïste, mais pour une fois, la reine voulait obéir et ce désir soudain.

Le gardien, lui les pieds sur terre, secoua la tête face à la requête de la blonde. En voyant cette dernière si désespérée, un besoin profond naissait en lui, souhaitant la rassurer la prendre dans ses bras. Il voulait ressentir à nouveau ce contact, ce sentiment de bien-être quand Elsa lui avait pris affectueusement le visage. Et cela lui fit peur. Il ne pouvait rester en présence d’Elsa car il ne comprenait pas ce désir naissant, qui le déstabilisait. Et alors qu’inconsciemment il commençait à s’envoler, la reine le prit par le bras pour le retenir.

« Non. » Dit-elle dans un souffle.

La voix de la reine lui brisa le cœur. Il ne pouvait la laisser dans cet état. Alors pensant cela suffisant, il se retourna avec un sourire qui se voulait rassurant et se rapprocha de la reine. Il lui prit le menton entre son pouce et son index et lui lança un regard taquin. Néanmoins la reine n’était pas dupe, elle savait que cette expression était fausse et dissimulait un mal plus profond.

« Et les bonnes manières alors ? Et la bienséance ? A mes côtés tu ne pourras la respecter ! Et je ne veux pas que le peuple se retrouve avec une reine rebelle par ma faute » Lui expliqua-t-il d’un ton malicieux.

Elsa ne put s’empêcher de sourire face au ton moqueur du jeune homme. Ce dernier posa alors sa main sur sa joue et il effleura délicatement ses lèvres avec son pouce.

« Gardez toujours ce sourire votre Altesse. »

Et alors que son doigt venait de toucher la lèvre de la reine, le corps du gardien s’enflamma. Il avait soudain très chaud mais se retint de retirer sa main face à la puissante brulure. Il déglutit péniblement tout en essayant tant bien que mal à ne faire rien paraitre. Il vit soudain le regard emplit de larmes de la reine et ne contrôlant plus ses pulsions, il posa un tendre baiser sur le front de la jeune femme.

Elsa retint son souffle face au baiser. Les lèvres étaient brulantes mais le souffle était glacé et cela provoqua de puissants frissons chez la reine. Et alors qu’elle savourait cette délicieuse sensation, une sensation de vide l’emplit quand Jack s’éloigna de la jeune femme.

Soudain Elsa paniqua. Elle était véritablement en train de le perdre. Elle ne pouvait se le permettre, elle avait elle aussi le droit au bonheur. De plus elle avait vu aussi dans le regard de jack cette même lueur, ce même désir qu’il ressentait pour elle. La reine refusait de voir cela disparaitre sous ses yeux alors qu’elle avait la possibilité de le vivre.

« Jack attend ! » Cira-t-elle.

Le jeune homme hésita avant de se retourner, mais il ne put résister à l’envie de voir le visage de la reine une dernière fois. Il lui fit alors face et Elsa se précipita dans ses bras. Le gardien, choqué, ne réagit pas tout de suite, puis finalement, il encercla ses bras autour de sa fine taille. Puis Elsa se recula juste un petit peu pour que leurs visages puissent être l’un en face de l’autre. Elle lut à nouveau cette étincelle qui brillait au fond des yeux de l’esprit et comme une soudaine envie et dans un moment de grande détresse, elle posa son front sur celui de Jack.

« Au diable la bienséance. » Murmura-t-elle.

Puis, sans hésitation, elle posa tendrement ses lèvres sur celles de Jack.