My frozen heart

Chapitre 8 : Hope to see you

5579 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:57

Une semaine s’était écoulée. Elsa n’avait pas revu Jack Frost depuis. Cette dernière était trop occupée par les courriers qu’elle avait à envoyer et par l’organisation du bal. Il a fallu s’occuper du menu avec les cuisiniers, de la décoration de la salle… Elsa avait l’impression d’organiser le mariage d’Anna une seconde fois. Sa sœur lui avait apporté son aide. Mais elle restait silencieuse la plupart du temps, étant toujours contre la décision de sa sœur. La jeune reine avait tenté durant la semaine de lancer la conversation avec sa sœur. Mais c’était comme se confronter à un mur. Anna ne répondait que vaguement aux questions d’Elsa et elle semblait avoir perdue sa joie de vivre. Elle n’insistait pas pour autant. Elsa tentait d’éviter un nouveau conflit. Mais au fond d’elle, la reine était triste, elle aurait voulu compter sur le soutien de sa sœur face à cette épreuve.

 Quant à Anna, cette dernière était déçue par sa sœur. Elle était déçue de son comportement. Lorsqu’elle était enfant, elle avait toujours vue sa grande sœur comme un modèle. Elle était l’incarnation parfaite de la bonne souveraine, sage, sereine et toujours réfléchie. Anna avait souvent envié ces aspects de la personnalité d’Elsa. Les actes irréfléchis de la princesse l’avaient conduit à tellement de problème. Mais depuis que sa sœur avait décidé officiellement de se marier, sans prendre en compte ses conseils, Anna ne pouvait désormais regarder Elsa dans les yeux. Par respect, elle l’avait aidé à la préparation, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir mal face aux nombreuses invitations à envoyer. La liste de tous ces prétendants lui donnait la nausée.

Un soir, elle était sur le balcon, seule et admirait les étoiles. Elle était alors perdue dans ses pensées. Anna à cet instant, s’imagina alors dans quelques mois, à devoir faire face à un inconnu qui partagerait le trône et la chambre de sa sœur. Elle eut un gout amer dans la bouche en pensant à cela. Elle trouvait ridicule de détester quelqu’un sans connaitre son identité, mais cela était plus fort qu’elle. La princesse se rendit compte de la neige présente  sur la rambarde du balcon et s’en saisit. Elle la regarda un instant et se demanda si sa sœur oserait encore utiliser son pouvoir face à son mari, en admettant qu’il était au courant. Anna serra les poings en ayant cette pensée et elle poussa un long soupir. Puis en dirigeant son regard vers le ciel étoilé, elle espéra trouver  un indice pour la guider face à cette situation. Mais rien ne se passa. Alors elle fit quelque chose qu’elle n’avait pas fait depuis longtemps. Comme lorsqu’elle était petite, elle joignit ses deux mains vers son cœur et ferma les yeux. Elle pensa très fort à ses parents, se remémora chaque détail. Elle eut ensuite une pensée pour Elsa.

« Père, Mère, s’il vous plait, venez en aide à Elsa. Par peur de vous décevoir, elle est en train de gâcher sa vie. Ne la laissez pas être rongée par le chagrin encore une fois, elle ne le supportera pas. » Dit-elle dans un souffle.

Après sa requête, tout était silencieux, comme si le temps s’était arrêté. Seul résonnait le souffle d’Anna. Elle guetta un détail, un signe qu’elle pourrait interpréter comme une réponse. Puis un vent glacé lui arriva au visage. A son contact, la princesse frissonna et elle frictionna ses bras pour créer un peu de chaleur. Le vent semblait l’entourer comme une étreinte qui se voulait rassurante et Anna n’avait désormais plus froid. Elle sourit légèrement en regardant le ciel et elle retourna dans sa chambre.

Elsa s’observa une dernière fois dans le miroir, pour voir si tout allait bien. En voyant son reflet, comme à chaque fois, elle s’offrit un sourire triste pour se donner du courage. Elle se dirigea alors vers la salle à manger.

Ses pensées étaient principalement concentrées sur le bal à venir. Elle devait faire venir le couturier royal pour lui faire une robe digne de l’évènement. Elle soupira en s’imaginant être le centre de l’attention ce soir-là. Elle détestait cela. Toutefois, elle ne put s’empêcher de relever sa déception face à l’absence de Jack Frost. Elsa avait espéré le voir durant cette semaine. Chaque matin, elle pensait que ce dernier viendrait ne serait-ce qu’un instant pour égayer sa journée. Il était étrange de faire remarquer que sa présence plaisait fortement à la reine. Elle enviait tant son innocence et sa joie de vivre, et maintenant qu’Anna l’ignorait, elle aurait voulu puiser dans celle de l’esprit de l’amusement. Mais chaque nuit, la reine avait eu un pincement au cœur en voyant que le jeune homme n’était pas venu. Sa présence lui permettait l’espace d’un instant d’oublier son statut de reine, ses responsabilités, ses problèmes, le peuple, le mariage. Elle était tant éblouie par les pouvoirs de Jack qu’elle en oubliait sa peur du contact avec autrui. Avec lui, elle ne craignait pas son pouvoir. De plus étant invisible aux yeux des autres, Elsa avait l’impression d’avoir l’exclusivité sur cette personne, et cela, égoïstement, lui plaisait.

Alors qu’elle s’asseyait face à sa sœur et son beau-frère pour manger, Elsa pensa à l’éventualité de voir Jack à son palais, dans la montagne du Nord. Elle n’eut pas le temps d’approfondir cette idée, car on apporta le repas. Le silence qui régnait est affreusement pesant. Anna et Kritoff étaient mal à l’aise. Elsa quant à elle, ne prit pas en compte le malaise de ceux d’en face, elle était trop plongée dans ces pensées. Le prince donna un coup de coude à sa femme, l’invitant à engager la conversation. Cette dernière lui lança un regard glacial, mais il lui répondit avec un sourire. Anna se racla la gorge pour attirer l’attention de la reine.

« Alors dis-moi Elsa. Ou en es-tu avec la robe ? » Lui demanda-t-elle timidement.

La reine releva la tête vers l’interlocutrice et la regarda un instant surprise. Comme si elle ne s’était pas rendue compte qu’Anna et son mari étaient présents.

« Euh… Je ne sais pas. Le couturier de mère, Victor, doit passer dans l’après-midi ». Dit-elle d’un ton absent.

Anna fronça les sourcils face à l’évocation de ce nom. Elle n’avait jamais entendue sa mère l’évoquer. Elsa remarqua cela.

« J’ai trouvé il y a peu de temps, un carnet que tenaient nos parents ou il y a tous les noms de personne étant à leurs services avant qu’ils ne décident de fermer les portes. William m’a dit que Victor Rochie était celui qui habillait notre mère, et qu’il est également celui qui a fait sa robe de mariée. »

Anna écarquilla les yeux. Elle a toujours était fascinée par la robe de sa mère, quand elle était enfant, elle regardait pendant des heures le portrait de mariage de ses parents en s’imaginant porter la même robe. Anna était excitée par cette nouvelle.

« Malheureusement, je n’ai pas trouvé cette information pour ton mariage. » Annonça tristement Elsa.

La princesse, en voyant les yeux remplis de tristesse de sa sœur, oublia sa rancœur envers elle et lui offrit son plus beau sourire.

« Ne t’en fais pas pour cela. Le créateur que tu avais trouvé était parfait, ma robe était magnifique. Et je suis sure que la tienne aussi ! »

Elsa répondit sincèrement au sourire de sa sœur. La reine était heureuse que sa sœur lui en veuille un peu moins. Un soupir de soulagement se fit entendre et tous les regards se posèrent sur Kristoff. Ce dernier rougit quand il remarqua qu’il n’avait pas été discret ce qui fit rire Anna.

Soudain, la grande porte s’ouvrit brusquement, ce qui fit sursauter les trois figures royales. Olaf, le sourire aux lèvres, sautilla joyeusement vers la princesse.

« Anna, Kristoff, comme je suis heureux de vous voir ! »

Les concernés lui adressèrent un grand sourire. La bonne humeur du bonhomme de neige était si contagieuse que tout malaise avait disparu.

« Oh Olaf ! Comment vas-tu ? Cela fait si longtemps ! » Lui demanda-t-elle.

«  Ca va bien ! L’hiver est enfin là, je suis tellement heureux ! Cette saison me manquait un peu. Pas toi Elsa ? » Dit-il en se tournant vers la reine avec un grand enthousiasme.

La jeune femme ria. Olaf était l’une des rares personnes qui le comprenait avec désormais Jack Frost. Mais Elsa avait un lien très puissant avec le bonhomme de neige. Dès qu’elle le voyait, elle ne pouvait réprimer son instinct maternel envers lui. Il était sa création, elle lui avait donné la vie. Elle se leva et le prit dans ses bars. Ne craignant pas le froid, elle était la seule à pouvoir faire cela, sans que ces doigts ne se glacent au contact d’Olaf.

« Bien sûr que si Olaf, l’hiver m’a beaucoup manqué. Je suis heureuse de voir que la neige a recouvert Arendelle. »

La créature de la reine sourit face à la réponse d’Elsa.

« Cela fait du bien de te voir d’aussi bonne humeur ! » Lui annonça-t-il tendrement.

La reine se leva et retourna à sa place tout en invitant Olaf à s’assoir à côté d’elle. La créature était si petite, que sa tête ne parvenait pas à atteindre la table. Elsa ria en voyant cela et demanda à ce que l’on apporte un rehausseur. Quand le bonhomme de neige put enfin voir à nouveau les visages de ses amis, il soupira de bonheur.

« Alors quel bon vent t’amène, Olaf ? » Questionna Anna.

Le concerné ne tenait plus en place et la princesse avait alors deviné que cette visite n’était pas anodine. 

« Je voulais vous voir tous les deux comme vous êtes enfin rentrés ! Vous m’avez beaucoup manqué »

« Toi aussi Olaf tu nous as manqué » Répliqua Kritoff qui avait été silencieux depuis le début du repas.

Le bonhomme de neige, gigotant toujours autant se tourna ensuite vers la reine avec un immense sourire aux lèvres. Cette dernière se retourna pour le regarder dans les yeux. Elle lit dans ses prunelles, un bonheur immense qui lui donnait immédiatement le sourire.

« J’ai également appris pour toi Elsa ! Tu vas te marier ! Félicitation ! Je suis si content que tu es trouvé le grand amour comme Anna. »

A cette phrase, les lèvres d’Elsa se figèrent et elle détourna son regard du bonhomme de neige. Ce dernier ne comprenait pas la réaction de sa créatrice. Il lança un regard interrogateur envers les jeunes mariés. Kristoff haussa les épaules avec un regard triste et Anna était concentrée sur sa sœur. La reine quant à elle avait ses yeux fixés sur la table, elle tentait de reprendre sa respiration qui était devenue saccadée. Puis après quelques minutes, elle laissa échapper un rire qui sonnait faux aux oreilles d’Anna. Cette dernière ne le fit pas remarquer.

« Oh mon pauvre Olaf, tu n’as pas compris. Je n’ai pas encore choisi mon mari. »

Le bonhomme de neige fronça les sourcils.

« Mais comment peux-tu annoncer tes fiançailles, si tu n’as pas trouvé ton grand amour ? »

Elsa sourit, elle repensa à Jack Frost qui lui avait posé sensiblement la même question, il y a de ça une semaine. Comme pour parler à un enfant, elle tenta de trouver ses mots pour lui expliquer la situation sans l’alarmer.

« Un bal va bientôt se dérouler, c’est à ce moment que je trouverais mon grand amour. » Lui annonça-t-elle en articulant chaque mot.

Cette phrase lui laissa un gout amer dans la bouche et elle grinça des dents après l’évocation du « grand amour ». Anna grimaça discrètement. Olaf ne réagit pas tout de suite. Il avait les yeux dans le vague pendant un grand moment. Puis tout doucement, son sourire revint.

« D’accord j’ai compris ! Ce sera amusant en effet. » S’exclama-t-il en ayant retrouvé sa joie de vivre.

Elsa échappa un soupir de soulagement face à la réaction d’Olaf. Elle ne voulait pas à nouveau faire face à la déception d’une autre personne de son entourage. Puis le sujet ne fut pas approfondi, et on parla alors de la lune de miel des jeunes mariés.  La reine fut heureuse face à la scène qui s’offrait à elle. Tout le monde était souriant et ne semblait plus se soucier du problème de cette dernière. Cela lui fit du bien. Et alors qu’Olaf était en train de parler de lui, Elsa releva une phrase que prononça le bonhomme de neige.

« Que dis-tu Olaf ? » Lui demanda-t-elle curieuse.

Ce dernier se tourna vers elle.

« Je disais qu’il y a deux jours je suis passé voir ton palais de glace pour rendre visite à Guimauve. Il y avait un vent glacial très fort. Mon corps s’est envolé un grand nombre de fois avant que je puisse parvenir à ton château. » Répéta-t-il.

La reine eu un sourire en coin. Jack Frost. Il était toujours là et apparemment il s’était amusé à jouer avec Olaf, sans que ce dernier ne s’en rende compte. L’esprit de l’hiver était donc invisible aux yeux d’Olaf aussi. Lui qui se comporte aussi comme un enfant pourtant ! Elle décida alors qu’elle allait lui rendre visite tard dans la soirée pour que son absence ne se fasse pas remarquer. C’était officiel.

Anna remarqua le sourire d’Elsa et elle fronça les sourcils. Sa sœur lui cachait quelque chose, sinon sa réaction était incompréhensible. Il y avait quelques choses dans ses yeux, qui l’intriguait. Un éclat qu’elle n’avait jamais vu auparavant chez Elsa. Elle lui demanderait des détails quand elles seraient seules. Anna préférait ne rien dire et terminer le repas sous le signe de la bonne humeur.

 

Quelques heures plus tard, au milieu de l’après-midi, on appela la reine Elsa pour l’informer que le couturier Victor Rochie était arrivé et qu’il l’attendait dans la grande salle. Avant de le rejoindre, la jeune femme, passa voir sa sœur, pour lui demander si elle souhaitait être à ses côtés pour l’essayage. Face à cette proposition la princesse était folle de joie et elle sauta dans les bars de sa sœur. Elsa retint une larme de joie face à Anna qui semblait avoir oublié sa colère envers elle. Les deux jeunes femmes allèrent alors à la rencontre de celui qui a habillé leur mère pendant une grande partie de sa vie. Quand elles entrèrent dans la pièce, elles firent face à un vieil homme qui était en train d’installer avec l’aide de deux de ses apprentis les croquis ainsi que les tissus qui allaient participer à la création de la robe. Malgré la canne qui permettait à Victor de tenir debout, le vieil homme ne manquait pas de vigueur et de vitalité. En effet ce dernier ne prenait pas le temps de respirer lorsqu’il s’adressait aux deux jeunes enfants. Il était tellement plongé dans son travail qu’il ne remarqua pas la présence de la reine et sa sœur. Elsa se racla la gorge pour faire remarquer sa présence et le couturier releva la tête vers elle. Il se précipita avec enthousiasme vers les héritières d’Arendelle et s’inclina solennellement.

« Reine Elsa, Princesse Anna. C’est un grand honneur de travailler pour vous. »

Il se redressa et jeta un regard noir vers ses apprentis.

« Clorinthe, Hugo ! Et les bonnes manières ! » Héla-t-il.

Le frère et la sœur s’avancèrent rapidement et s’inclinèrent.

« Vos majestés. » Dirent-ils en même temps.

Elsa et Anna échangèrent un regard complice et s’empêchèrent d’échapper un rire. Elles avaient l’impression de se revoir quelques années auparavant lors  des cours sur la bienséance avec William.

« Je vous remercie Monsieur Rochie d’être venu aussi rapidement. » Déclara la jeune reine.

Le concerné hausa les épaules et lui adressa un grand sourire.

« Je vous en prie votre altesse, votre requête m’a apporté un grand réconfort. Les années où j’ai travaillé avec vos parents sont les plus belles de ma vie. » Annonça-t-il.

« Je vous remercie. Le travail que vous avez fait pour ma mère est absolument incroyable. Chacune de vos créations sont sublimes.  » Dit-elle en s’inclinant légèrement à son tour.

« Surtout sa robe de mariée. »S’empressa de rajouter Anna.

Elsa hocha la tête pour montrer son approbation.

« C’est un très grand compliment de vos parts, vos majestés. J’espère que mon travail sera à la hauteur de vos espérances. Permettez-moi de vous montrer ce que j’ai commencé à faire. »Proposa-t-il en désignant la table recouverte de croquis.

Les modèles du vieil homme étaient tout simplement magnifiques. Il s’était inspiré de la beauté de l’hiver pour la retranscrire sur les robes. Les couleurs étaient dans les tons pastel allant du bleu délicat qui s’accordait aux yeux de la reine, à un vert doux, qui évoquait l’herbe fraiche en début de printemps. La reine était très satisfaite du travail du couturier.

 Un croquis attira son attention et elle demande l’approbation de sa sœur en lui lançant un regard interrogateur. Elle n’eut pas besoin de sa réponse car son regard disait tout.  Elsa savait alors qu’elle n’allait pas regretter sa décision. Elle fit part de son choix à Victor et ce dernier s’enthousiasma.

« Vous faites un très bon choix votre Altesse. J’ai été beaucoup inspiré sur ce modèle. Je me suis à la fois inspiré de votre mère mais aussi de la robe que vous portiez lorsque vous avez ramené l’été à Arendelle. Je pense que cette robe symbolise beaucoup de chose et elle sera parfaite pour l’occasion. »

Elsa sourit face au discours du vieil homme. Elle avait eu les mêmes pensées en voyant l’esquisse. Le couturier lui informa qu’elle aura la robe d’ici une semaine après lui avoir montré les tissus qui composeraient le vêtement. Elsa et Anna le remercièrent et le tailleur partit avec ses deux apprentis. Anna regarda sa sœur qui souriait.

« Tu seras vraiment magnifique dans cette robe Elsa. » Tenta la princesse timidement.

La reine se tourna vers elle et elle l’a pris dans ces bras.

« Je sais que tu es contre tout cela. Mais je te remercie de ton soutien Anna. Cela me touche beaucoup. J’aurais besoin de toi à mes côtés pour faire face à cela. » Lui chuchota-t-elle.

Quand elle se détacha d’elle, elle l’a pris par les épaules, ne voulant briser le contact établie avec sa sœur. Anna était véritablement émue que sa sœur s’ouvre un peu à elle vis-à-vis de cet évènement.

« Je te le promets Elsa, je ne t’abonnerais pas. »

La voix d’Anna se brisa sous le coup de l’émotion. Elsa sourit face à cette promesse et une larme menaça de couler. Sa sœur le remarqua. Puis la reine regarda l’heure et elle eut un hoquet de surprise.

« Oh mon dieu il est tard ! Je ne pensais pas te retenir aussi longtemps. Je suis désolé, tu peux aller rejoindre Kristoff. » S’exclama-t-elle en poussant sa sœur vers la sortie.

Anna ne comprit pas cette soudaine précipitation. Ce comportement était étrange. Puis elle se rappela du sourire en coin que sa sœur avait affiché discrètement lors du repas ce matin.

« Elsa, pourquoi as-tu souris lorsqu’Olaf a parlé de sa visite dans ton palais de glace ? » Lui demanda-t-elle.

La reine se figea quand elle entendit la question. Elle ne voulait pas parler de Jack Frost à Anna. Déjà elle risquait de la prendre pour une folle, aux yeux de sa sœur ce n’était qu’une légende, une histoire pour enfant et elle ne pourrait lui apporter des preuves comme cette dernière ne pourrait le voir. Mais Elsa voulait garder son existence secrète, égoïstement, encore un petit peu de temps, jusqu’à son mariage. Elle voulait conserver cette bouffée d’air frais qu’était l’esprit de l’hiver juste pour elle. En profitant de cette liberté qui lui serait interdite bientôt. C’est tout ce qu’elle désirait. Profiter seule de ces moments d’insouciance qui lui promettait Jack Frost avant d’y renoncer définitivement. Etait-ce vraiment un comportement égoïste ?

« Pour rien Anna, c’est en imaginant la situation, cela m’a fait rire. »Menti-t-elle.

La princesse hocha la tête sans rajouter quoique ce soit. Elle salua sa sœur avant de rejoindre son mari. Néanmoins elle était perplexe. Pour la première sœur, sa sœur venait de lui mentir.

Quand les portes se fermèrent, Elsa échappa un soupir de soulagement. Elle quitta ensuite précipitamment la salle et de dirigea vers la sortie. Elle demanda à ce qu’on lui apporte le plus rapidement possible son cheval. Elle le monta rapidement et partit alors rejoindre Jack Forst dans la montagne du Nord. Par le soleil de la journée, la neige avait fondu ce qui laissait entrevoir un chemin la menant jusqu’à la forêt. En atteignant les arbres, elle fit disparaitre la poudreuse, qui empêchait au cheval de passer.

Elsa était excitée par cette visite. Elle avait ressenti le besoin de faire abstraction de cette pression qu’elle avait accumulée au fil des jours. Elle s’était alors rendue compte que la proposition du gardien n’était plus aussi ridicule qu’elle le pensait. Jack lui avait redonné de l’espoir et elle souhaitait par-dessus tout pourvoir toucher à cette inconscience qu’offre l’âge d’or qu’est l’enfance. Elle pria pour que son cheval aille plus vite. Ce dernier sembla comprendre sa précipitation et accéléra. Au loin, la montagne commença à apparaitre dans le champ de vision de la reine. La vue était à couper le souffle. Les reflets du coucher de soleil sur le palais le faisaient étinceler. Des couleurs chaudes se dégageaient du château, faisant un magnifique contraste avec sa composante principale qu’est la glace. Le spectacle était d’autant plus sublime avec les aurores boréales qui firent leur apparition au sommet de la montagne. Elsa était éblouie face à cette symbiose entre les différentes couleurs. Une fois qu’elle fut devant le pont, elle laissa le cheval et continua à pied.

Étrangement son cœur battait fort dans sa poitrine, il cognait contre sa cage thoracique si violement que cela fut presque douloureux. Les jambes tremblantes, elle franchit le pont fait de glace. Le palais la surplombait majestueusement et pour la première fois, elle se sentit intimidée par la grandeur de sa création. Un silence apaisant régnait ici, Elsa se sentait véritablement en paix à cet endroit. Elle scruta les moindres recoins à la recherche de l’esprit de l’hiver. Elle ne vit personne. Il était surement à l’intérieur. Elle entra dans le palais timidement, toujours à l’affut du moindre geste.

« Jack ? » Héla-t-elle.

Sa voix résonna dans le palais, mais personne ne répondit. Elle monta à l’étage, toujours rien.

« Jack Frost ? »Appela-t-elle à nouveau. 

L’écho de sa voix se perdit dans le vide et à ce moment Elsa se sentait très seule. Cela ne servait à rien. Il était parti. Il l’avait laissé. Rien n’avait été déplacé dans la chambre. Le lieu prouvait que personne n’avait vécu là. Aucun signe ne montrait que Jack Frost était resté. Le cœur lourd, elle descendit et quitta rapidement le palais. La reine était déçue et se sentait trahie.

 Elle avait fondé tellement d’espoir envers Jack Frost que son absence lui fit mal. Elle fit face au château et le voir vide la rendait furieuse, elle était hors d’elle. Elle serra les poings et la terre se mit en trembler. Avant de le rencontrer, elle n’avait jamais fait face à la déception, elle n’avait jamais ressenti ce déchirement dût à une personne qui n’a pas tenu sa promesse. En l’esprit de l’hiver, la reine voyait un salut, une évasion possible avant d’y renoncer à jamais. Mais il l’avait abandonné. Il était parti. Sa réaction était certes exagérée, mais Elsa avait été seule durant tant d’années et rencontrer une personne qui connaissait la magie, mais surtout qui partageait les mêmes pouvoirs qu’elle, cela avait rajouté une note de joie et d’espoir dans sa vie. Malheureusement cette dernière n’avait duré qu’une semaine. Elle n’était peut-être pas digne de connaitre cela ?

A cet instant elle maudissait Jack Frost, l’esprit de l’hiver et de l’amusement et elle se maudissait elle-même. Elle se détestait d’avoir osé espérer, d’avoir voulue accorder sa confiance envers lui, un jeune garçon qui ne comprend ce que signifie « se comporter comme un adulte ». Elle qui enviait tant, il y a quelques heures son insouciance et sa joie de vivre, désormais cela la dégoutait. Comme Hans qui avait promis tant de belles choses à sa sœur, Jack Frost ne lui avait vendu que des chimères. Elle décida alors que c’était la dernière fois qu’elle croyait en un inconnu, seul sa sœur était digne de confiance. Plus jamais la reine ne se laisserait berner.

Quand Elsa regarda à nouveau son palais, elle poussa un cri tant elle fut surprise face à ce qui se présentait sous ses yeux. Elle regarda ses mains et fut choquée par ce qu’avait fourni son pouvoir sous le coup de la colère.

Le palais des glaces était désormais détruit. 

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