Frozen : La Légende du Roi-Liche

_ "Qu'est-ce que c'est ? De la neige ?"

Les habitants regardaient avec curiosité la pluie de flocons de neige qui commençait lentement mais sûrement à tomber sur la région. Alors que la reine Elsa s'enfuyait et que la glace recouvrait progressivement Arendelle et l'entièreté du fjord, la température commençait à baisser anormalement vite. Anna et Hans étaient tous les deux revenus dans la cour du château, et sentaient le froid commencer à les recouvrir.

_ "Est-ce que vous allez bien?" demanda Hans à la princesse en la voyant se frotter les épaules pour se réchauffer un peu.

_ "Non." répondit-elle sincèrement.

_ "Est-ce que vous saviez... à propos de...?" demanda alors le prince, mais encore une fois Anna lui répondit non.

Anna et Hans se sont dirigés vers le duc et ses gardes du corps. Le petit vieux de Weselton commençait aussi à paniquer sérieusement, s'agitant dans tous les sens.

_ "Regardez ! De la neige !" s'écria le duc en contemplant avec effroi la neige tombant du ciel "... C'est la malédiction de la reine ! Il faut l'arrêter ! Vous devez la rattraper !" il a commencé à le dire à ses gardes.

_ "Attendez, non !" Anna s'interposa devant une telle proposition.

Le duc la regarda alors avec une grande méfiance.

_ "Vous ! Êtes vous une sorcière? Êtes vous un monstre vous aussi?!" demanda le duc, caché derrière ses deux gardes, qui affichaient aussi des regards méfiants.

Anna fut indignée par un tel soupçon et s'est immédiatement défendue.

_ "Non. Je suis une femme on ne peut plus ordinaire."

_ "Oui, très ordinaire même." affirma alors Hans, venant soutenir la princesse d'Arendelle. "Dans le bon sens du terme bien sûr." ajouta-t-il pour plus de clarté.

Anna lui sourit, le remerciant silencieusement pour son soutien.

_ "Ma sœur n'est pas un monstre !" dit Anna en défense.

Mais cela n'a pas empêché le duc d'insister sur la grave accusation portée contre la reine Elsa.

_ "Elle a bien failli me tuer !" cria le petit homme de Weselton.

_ "Vous avez glisser sur la glace." Hans répondit comme contre-argument.

_ "Sa glace !" ajouta lourdement le duc.

Anna en avait assez et interrompit leur conversation.

_ "C'était un accident. Elle avait peur. Elle ne le pensait pas. Elle ne voulait rien faire de tout ça…"

Le duc souffla en roulant des yeux, pas du tout convaincu par l'explication d'Anna. Mais la princesse se fichait de ce qu'il pensait et continua à parler, allant jusqu'à dénoncer ce qui était pour elle, le vrai coupable de cette catastrophe.

_ "Tout ça est ma faute..." dit Anna avec conviction, à la surprise de Hans "... je l'ai poussée à bout. C'est donc à moi de partir à sa recherche ... Apportez-moi mon cheval, s'il vous plaît."

_ "Quoi?" dit Hans, étonné, car le duc semblait approuver l'idée.

Anna se dirigea sans tarder vers le domestique qui lui apporta un cheval sellé et prêt à partir. Hans, cependant, courut vers la princesse pour la retenir.

_ "Anna, non, c'est bien trop dangereux."

_ "Elsa n'est pas dangereuse..." répondit Anna, touchée par l'inquiétude de Hans "... je vais la ramener, et je vais arranger tout ça... et vous, Prince Hans, devez rester ici, pour protéger d'Arendelle."

_ "C'est un honneur." lui dit Hans, jurant de s'acquitter de la lourde responsabilité qui lui était confié.

Anna sourit, lui faisant confiance, et monta sur son cheval blanc, se couvrant d'un manteau d'hiver vert pour se protéger du froid qui s'intensifiait à chaque seconde.

_ "Je laisse le prince Hans à la tête du royaume !" s'écria la jeune princesse aux habitants, comme un dernier ordre de sa part.

Les gens autour ont été pris de court, mais n'ont rien dit pour contredire cet ordre.

_ "Encore une fois, êtes-vous sûre que c'est sans danger ?" demanda Hans, vraiment inquiet et ne voulant pas qu'Anna parte seule dans cette folle quête.

_ "Elsa est ma sœur. Elle ne me fera jamais de mal." dit Anna pour le rassurer.

Bien que Hans n'ait pas l'air très convaincu, il respecta le choix d'Anna et lâcha la bride du cheval, se reculant. Claquant la bride du cheval, Anna partit alors au galop, quittant la cour du château et entamant son voyage pour sauver sa sœur.

***********

Perdue dans la nuit noire, sous les flocons de neige qui tombaient par milliers, Elsa errait maintenant seule, dévastée, sur le versant ascendant d'une des collines au pied de la Montagne du Nord.

Toujours vêtue de sa robe de reine et de son diadème, Elsa marchait lentement dans la neige épaisse, le visage triste. Elle s'arrêta un instant, regardant derrière elle. Elle se sentait encore plus monstrueuse qu'avant. Elle avait abandonnée sa famille, sa sœur, son royaume... Pire encore, elle avait faillit tuer des gens à cause de ce pouvoir, cette malédiction qui vivait en elle. Pourquoi moi? Pourquoi devait-elle vivre avec un tel fardeau?

Elsa renifla doucement, versant une larme qu'elle essuya sur sa joue... après tout, c'était peut-être mieux ainsi, pour elle et pour tout le monde...

_ "Je n'ai aucune place en ce monde..." soupira-t-elle tristement, reprenant sa marche solitaire vers les montagnes, où elle était sûre de ne faire de mal à personne.

Chaque pas qu'elle faisait loin d'Arendelle était une torture pour son esprit brisé, mais elle continua, se persuadant de faire le bon choix.

Mais alors qu'elle marchait et atteignait le sommet de la colline, Elsa haleta de peur alors qu'un bras pourri émergeait brutalement de la neige juste devant elle. Elsa fit quelques pas en arrière, les yeux écarquillés de peur, alors que quelques mètres devant elle émergeaient trois hommes, ou plutôt des cadavres à en juger par leur peau grise et pourrie… leurs yeux étaient d'un bleu volute brillant surnaturel, et ils portaient des armures et des casques d'un acier noir glacé, très similaires aux tenues guerrières des Vikings.

Tenant des épées et des haches dans leurs mains cadavériques, les trois morts-vivants poussèrent des grognements inhumains, tournant leurs yeux bleus vers la jeune reine effrayée. Pour Elsa, ce qu'elle avait sous les yeux était tout simplement impossible...

L'un des cadavres rugit sauvagement et se précipita vers Elsa pour l'attraper.

_ "Non, arrière !" s'écria la reine avec effroi, fermant les yeux et voulant se protéger de ses mains.

De ses paumes s'éleva une vague de glace magique qui forma une rangée de stalagmites acérés, qui vinrent empaler le mort-vivant au niveau du ventre, l'arrêtant dans sa course. La créature morte-vivante, en grognant, regarda brièvement la pointe de glace perçant son corps, ne ressentant aucune douleur, et se remit à grogner et à rugir, levant le bras pour essayer d'attraper Elsa malgré tout.

Voyant les deux autres morts s'approcher d'elle, Elsa voulut courir dans la direction opposée, mais s'arrêta alors que d'autres cadavres vivants en armures, une douzaine environ, surgissaient de la neige tout autour d'elle, la piégeant. Celui qui avait été empalé parvint à se dégager et rejoignit les autres, aucune goutte de sang ne s'écoulant de sa blessure. Terrifiée, complètement entourée et incapable de réagir, Elsa regarda ces créatures de glace et de mort s'approcher d'elle. Sachant qu'ils semblaient immunisés contre toute forme de blessure mortelle, elle ne savait pas quoi faire. Qui sait ce qu'ils allaient faire d'elle ? Elsa ferma les yeux, priant pour que sa mort soit indolore.

_"Assez!" rugit soudain une voix puissante, grave et inhumaine.

A cet instant, les morts-vivants s'arrêtèrent et s'éloignèrent d'Elsa, qui les vit alors faire quelques pas en arrière et rester complètement impassibles et immobiles.

Intriguée, Elsa tourna son regard vers la voix mystérieuse, et ce qu'elle vit la pétrifia encore plus d'étonnement et de terreur.

Au sommet de la colline enneigée, se tenait un imposant cheval noir aux yeux bleus, aspect cadavérique. Assis sur lui se trouvait un homme qui était également très grand et fort, couvert d'une armure complète intimidante, une grande cape noire flottant derrière lui et un casque à cornes effrayant cachant son visage. Elsa sentit immédiatement l'aura de pouvoir émaner de lui et se sentit submergée par sa simple présence. Elle n'osait pas regarder ses yeux bleus et brillants, dégageant un regard d'une force très grande et effrayante.

_ "Qui... qui êtes vous ?" demanda Elsa en tremblant.

L'homme en armure resta silencieux au début, regardant la jeune reine de haut en bas, puis posa lourdement pieds à terre dans la neige et se dirigea vers elle. Elsa n'osa pas bouger en voyant cet étranger effrayant, qui la dominait de plus de deux têtes, venir se placer juste devant elle.

_ "L' ancien nom de ce corps était Arthas Menethil, mais aujourd'hui je suis connu et craint comme le Roi-Liche."

Elsa haleta, incapable de croire ce qu'il venait de dire. Le... Le Roi-Liche, comme celui dont parlaient les légendes ? Le roi légendaire de la mort et de la glace ? Et ce nom... Arthas Menethil... Plusieurs fois quand elle était enfant, Elsa avait entendue mentionné ce nom comme celui d'un grand et valeureux prince d'un royaume légendaire très ancien nommé Lordaeron, qui avait un jour mystérieusement disparu lors d'un fléau... Selon la légende, le prince Arthas était un jour parti afin de combattre et éradiquer la source de ce fléau, mais n'était jamais revenu, du moins, dans un sens...

Pour Elsa, il semblait impossible que cela soit vrai, mais avec ce qu'elle voyait autour d'elle, la frontière entre mythe et réalité ne semblait plus avoir de sens.

La jeune reine, plus qu'intimidée, sembla alors se résigner, inclinant la tête et fermant les yeux.

_ " Dans ce cas, j'accepte cette fatalité qui est la mienne. Qu'allez vous faire de moi, roi des morts ? Prendre mon âme et la condamner à la damnation éternelle, pour le monstre que je suis?

Le Roi-Liche écouta, ne montrant aucune réaction, initialement silencieux pendant les premières secondes.

_ "Je n'ai pas l'intention de vous faire quoi que ce soit." répondit-il simplement de sa voix calme et sombre.

Elsa était décontenancée en le regardant. Elle vit alors le roi prendre sa main fine dans la sienne, la regardant avec un certain intérêt. Elsa n'osa pas répliquer et le laissa faire. Avec sa poigne et sa force, il pourrait aisément lui briser le bras, mais elle ne sentait aucune brutalité de sa part.

_ "Ce pouvoir qui est le vôtre..." dit le Roi-liche "... Il serait vraiment regrettable de le voir disparaître."

Elsa ne savait pas quoi faire et laissa sa main être tenue par la puissante main blindée du roi des morts. Elle pouvait sentir le froid morbide qui émanait de lui, et elle ressentit un frisson d'angoisse profonde. Elle osa alors le regarder droit dans les yeux, restant figée en regardant ces deux petites flammes bleues froides qui lui servaient d'yeux sous son casque monstrueux.

_ "Ce pouvoir..." soupira tristement Elsa, enlevant doucement sa main de celle d'Arthas et commença à s'éloigner lentement de lui, cachant ses mains "... ce pouvoir est une malédiction... à cause de lui, je n'ai que causé du tort à ma famille et à mon royaume..."

_ "Et si je vous disais qu'il y a un moyen pour toi de contrôler ce pouvoir, et que je peux vous y aider ?" Le Roi-Liche déclara alors, ce à quoi Elsa s'arrêta dans sa marche, écoutant ce qu'il avait à dire.

_"Que voulez-vous dire?" elle a demandé.

_ "Ce pouvoir est une malédiction car vous êtes convaincue qu'il l'est et le laissez vous dominer ... Vos parents voulaient cacher cette magie, mais c'était une grosse erreur... Au contraire, c'est à vous de libérer ce potentiel unique dont vous avez hérité ... oubliez les humains ordinaires, ils ne comprendront jamais des êtres tels que nous... Moi seul peut vous comprendre, et vous accepter telle que vous êtes, Elsa..."

Comment pouvait-il savoir pour ses parents ? Et son nom, comment l'avait-il deviné ? Était-il capable de lire dans les pensées des gens ? se demanda Elsa, mais repensa à ce qu'il disait, devant admettre qu'il n'avait pas tout à fait tort à propos des gens ordinaires. Elle se tourna vers Arthas, le regardant à nouveau.

_ "Vous... vous me demandez... de venir avec vous ?" demanda-t-elle timidement.

_ "C'est à vous de décider..." répondit sombrement le Roi-liche. "si vous désirez partir, je ne vous en empêcherai pas, mais dans ce cas, vous connaîtrez, tout comme moi il y a très longtemps, ce qu'est la solitude éternelle... Ce monde n'a pas été fait pour des êtres comme nous. Alors c'est à nous d'y imposer notre propre place."

Avec ces mots, le Roi-Liche se retourna et remonta sur son monstrueux cheval zombie, et commença à s'éloigner vers les grandes montagnes, accompagné de ses guerriers morts-vivants.

Elsa resta immobile un instant, la dernière phrase d'Arthas résonnant dans son esprit.

Après avoir hésité pendant de longues secondes, la jeune reine déchue prit sa décision. Elle prit son diadème, le regarda une dernière fois, puis le laissa tomber dans la neige. Elle ôta sa cape et la laissa voler dans le vent du nord. Libérée de ces symboles royaux, elle partit en silence, marchant pour suivre et rejoindre le Roi-Liche et ses créatures dans la montagne.