Retour à l'océan

Chapitre 1 : L'accident

3708 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 24/09/2021 19:40

C'était une journée parfaitement ensoleillé. Le ciel était dégagée. La mer était calme. Seul le chant des mouettes venaient perturber cette tranquillité de fin d'été aux alentours du château du prince Eric.

Ce fut pourtant une Ariel aussi tendue que le cordage d'un bateau pris dans une tempête qui sortit du château et descendit quatre à quatre l'escalier menant à la plage privé du prince, vêtue de sa robe bleu de tout les jours.

— Mélodie ? criait-elle. Mélodie !

Cette "Mélodie", c'était sa fille. La fille que la princesse consort avait eu de son mariage avec le prince Eric.

Cela devait être sa leçon d'Histoire du royaume et elle manquait à l'appel. Ce n'était malheureusement pas la première fois que ses parents ou ses domestiques avaient dû fouiller dans tout le château pour se rendre compte au bout d'une heure qu'elle avait fait le mur. Elle faisait très souvent pour éviter une activité qu'elle jugeait ennuyeuse comme s'instruire en passant toute la journée assise, préférant se balader aux alentours du château. Et chaque fois que l'on pensait qu'elle s'était calmée et assagie, elle finissait par récidiver. Incorrigible !

C'était une manie qu'elle avait hérité de sa mère. Ariel elle-même commençait à comprendre ce que ressentait son père, le Roi Triton, ou encore le crabe Sébastien qui lui avait servi de gardien à plusieurs reprises, chaque fois qu'elle filait en douce ou manquait à une répétition.

Et pour ne rien arranger, Éric avait dû s'absenter suite à la convocation de son cousin, le duc Ulrich, pour une affaire d'État semblait-il. Laissant ainsi Ariel seule aux commande du château et à l'éducation de sa fille.

Elle l'avait cherché dans tout le château et demandé aux domestiques s'ils l'avaient vu pour finalement se rendre à l'évidence : Mélodie n'était plus dans le château.

Ce qui avait amené Ariel à chercher sur la plage où elle avait plus de chance de la retrouver, connaissant sa fille.

En effet, la jeune fille seulement âgée de onze ans n'avait pas seulement hérité du caractère rebelle et aventurière de sa mère. Dès son plus jeune âge, Mélodie avait développé un lien très fort pour l'océan et savait déjà nager avant même de savoir marcher. Il était clair que c'était dû à son héritage de sirène que la jeune fille tenait de sa mère. Car oui, avant d'épouser Eric, Ariel était une sirène. Une sirène qui dans sa jeunesse avait développé une fascination pour le monde des humains — chose qui n'était pas encore très bien vu à son époque et encore moins par le Roi Triton, son père — et avait fini par renoncer à son monde sous-marin lorsqu'elle tomba amoureuse du prince Eric. Une décision qui ne fut malheureusement pas sans conséquence...

Elle arpentait la plage toujours en appelant sa fille par son nom. Une plage gardée par des falaises abrupts et de nombreux haut-fonds qu'Ariel connaissait que trop bien. Car ce fut sur cette même plage qu'elle s'était réveillée un jour avec des jambes humaines. Et ce fut sur cette même plage qu'elle avait pu approcher Eric quand celle-ci la trouva seulement vêtu d'une voile déchirée en guise de toge et muette. Muette à cause d'un sinistre pacte qu'elle avait conclu avec une sorcière pour obtenir des jambes...

Les souvenirs d'Ariel étaient décidément mitigés. Heureux et gênants en même temps.


Elle revint à la réalité quand elle aperçu un pelage gris clair et reconnut Max, le vieux chien de berger anglais d'Éric allongé sur la plage face à la mer, qui aboyait et remuait la queue à l'approche d'Ariel. La brave bête ! Max était de loin la première créature terrestre à avoir approché et adopté Ariel quand elle n'était encore qu'une sirène, peu de temps qu'elle ne fasse la connaissance d'Éric. Et il fut également le premier à la reconnaître et à l'accueillir quand elle s'était retrouvé avec des jambes humaines. Et si la jeune sirène l'avait connu plus remuant et joueur durant ses jeunes années, il s'était calmé et assagi avec l'âge mais n'en était pas moins affectueux.

Ariel aperçut également quelque chose de jaune étendu sur un rocher au pied d'une falaise a côté du chien. Pas de doute, il s'agissait de la robe de tous les jours de sa fille. Et à la façon dont elle était négligemment étendue sur le rocher, Mélodie avait dû l'enlever pour pouvoir se baigner dans la mer. Il y avait également des serviettes étendues à côté. Ariel était sur la bonne piste.

— Mélodie, c'est maman ! dit-elle. Si tu sors maintenant, je te promets de rien dire à ton père à son retour.

S'il était vrai que Mélodie pouvait se montrer difficile la plupart du temps, Ariel s'évertuait à ne jamais élever la voix contre elle. Elle savait d'expérience que cette manière de faire était contre-productive. Et bien qu'elle se fût réconciliée avec son père avant de quitter l'océan pour de bon, elle voulait éviter d'être comme le triton qui l'a poussée à se rendre chez cette horrible sorcière et à accepter son sinistre marché...

Malgré cela, aucune trace de la jeune princesse. Pourtant, Ariel sentait sa présence. Était-ce l'instinct maternel ? Ou simplement de l'intuition ? En tout cas, elle en mettrait sa main a couper. Sa fille était dans le coin. Elle devait être cachée derrière un rocher, ou bien...

— Mélodie, je sais que tu es là ! Et je ne partirais pas sans toi ! Et j'ai tout mon temps !

Et puis finalement, elle l'a vit, vêtue seulement de ses sous-vêtements, les cheveux noirs attachées en queue de cheval et les sourcils épais à l'image de son père surplombant les yeux de sa mère, qui émergea de l'eau le souffle coupé, comme si elle était restée trop longtemps en apnée. Futée la petite ! Elle s'était cachée sous l'eau en espérant échapper à sa mère et rester en apnée assez longtemps en attendant que la voie fût libre. Malheureusement pour Mélodie, elle ne pouvait tenir plus d'une demi-heure sous l'eau malgré son héritage de sirène. Et si elle pouvait se montrer obstinée la plupart du temps, Ariel l'était tout autant et ce depuis son plus jeune âge. Une autre caractéristique qui fut transmise de mère en fille.

— Oh, salut maman ! s'exclama Mélodie en feignant la surprise. Toi aussi t'as envie de tremper les pieds ?

— Tu ne devrais pas être à ton cours d'Histoire ? demanda Ariel d'un ton faussement sévère.

Aussitôt, la jeune fille prit un air penaud. Elle se sentait prise la main dans le sac.

— Chérie, je sais bien que ces cours te sont ennuyeux, lui dit sa mère d'un ton plus compréhensif. Mais tu ne peux pas constamment fuir tes devoirs et tes responsabilités simplement pour pouvoir t'amuser. Ça ne te mènera à rien et je sais de quoi je parle.

— Je suis désolée, maman ! tenta de s'excuser Mélodie. Mais est-ce que je suis vraiment obligée de suivre ces cours ? De retenir telle date ? Ou telle personnalité ? Ce qu'il a fait, de bien ou de mal ? En plus ces histoires sont juste déprimantes ! À chaque chapitre, ça parle de guerre, de famine, d'épidémie, de complots, de trahisons et autres trucs atroces.

— Je te l'accorde, cela n'a rien à voir avec les contes que nous te racontions quand tu étais petite, admit Ariel. Mais ça reste important d'apprendre tout ça. Ne serait-ce que pour mieux comprendre notre monde et notre histoire, apprendre des erreurs passées et ainsi mieux agir à l'avenir, se comporter en conséquences de manière à ne pas reproduire ses erreurs. Tu comprends ? Ce n'est pas pour t'imposer quoi que ce soit...

À en juger par la mine abattu de sa fille, il était clair que Mélodie n'en était qu'à moitié convaincue. Elle semblait même dépitée. La voir dans cet état mettait Ariel mal à l'aise. Depuis la naissance de sa fille, elle s'évertuait à rendre Mélodie heureuse quoi qu'il arrivait. Elle avait déjà du mal à voir sa fille malheureuse et supportait encore moins l'idée d'en être responsable. Elle se refusait d'être ce genre de mère. Le genre à vouloir tout contrôler, y compris ses propres enfants et leur mettre la pression quitte à leur saper le moral. Le genre de parent qui l'avait poussé à quitter la maison...

À court d'argument, son regard se perdit dans l'océan, son royaume natal. Royaume qu'elle avait choisi de quitter pour l'amour de sa vie mais dont elle ne pouvait se détacher affectivement. Son cœur s'emplissait de nostalgie chaque fois qu'elle contemplait l'océan. Pensant à sa famille, son père certes autoritaire mais qui avait bon cœur malgré tout, ses sœurs toutes plus extravagantes les unes que les autres, Sébastien le crabe à la fois conseiller du Roi Triton et compositeur à la cour, aussi strict et pragmatique que le roi qu'il servait mais pas moins généreux et loyal. Et puis il y avait Polochon, le poisson jaune à rayure bleu des tropiques, son meilleur ami qui la suivait partout dans ses aventures malgré son manque de courage mais qui lui toujours était loyal et n'hésitait à prendre sa défense quand elle se faisait réprimander. De tout les contacts de son ancienne vie, il ne restait qu'Eureka le goéland excentrique avec qui la jeune sirène partageait ses trouvailles d'objets venant de la surface et qui durant son séjour sur la terre ferme continuait de lui rendre visite et lui servait occasionnellement d'intermédiaire entre elle et sa famille. Mais depuis quelques années, elle n'avait plus eu de contact avec l'oiseau et cela l'inquiétait. Elle en venait à se demander comment se portaient sa famille et ses amis depuis son départ, et comment se portait Atlantica depuis la disparition d'Ursula, la terrible sorcière des mers, et que Triton avait enfin levé cette stupide interdiction d'aller à la surface. Une interdiction à laquelle Ariel n'avait jamais pu se conformer tant elle était absurde, même à l'époque où les sirènes craignaient les humains.

Elle se demandait même si elle manquait à sa famille. Ou si elle ne l'avait pas tout simplement snobé avec le temps.

Une telle perspective ne pouvait faire que de la peine à l'ancienne sirène.

Mais maintenant qu'elle avait une fille à sa charge, la chair de sa chair, sa priorité était le bonheur de cette dernière. Et en cet instant, elle devait trouver un moyen de lui rendre le sourire.

Elle regarda les alentours, s'assurant qu'elle et sa fille étaient loin du château et à l'abri des regards et des oreilles indiscrets. Elle pris alors une grande inspiration, se redressa et dit :

— Tout bien réfléchi, tu as été bien sage cette semaine. Je pense qu'on peut reporter le cours et se consacrer un après-midi entre filles.

Le visage de Mélodie commença à s'illuminer sur les paroles de sa mère tandis que cette dernière commençait à défaire sa robe.

— À une condition, cependant ! reprit-elle. Nous devons être rentrées avant le coucher du soleil et prête à accueillir ton père. N'oublie que c'est ce soir qu'il rentre.

— Merci, maman ! s'écria Mélodie en enlaçant vivement sa mère. Tu es la meilleure du monde !

Ces mots firent chaud au cœur de la princesse autrefois sirène.

Et en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, les deux princesses furent dans l'eau en petite tenue, en train de barboter en s'amusant, sous le regard attentif de Max qui restait au sec sur la plage.

Le contact avec l'eau de mer et le sentiment de légèreté qu'elle ressentait en se laissant flotter rappela de doux souvenirs à l'ancienne sirène.


Cela allait faire douze ans qu'Ariel avait quitté l'océan. Douze ans qu'elle avait épousé Eric.

Elle était tombé enceinte de Mélodie peu de temps après son mariage, au cours de sa lune de miel. Elle qui connaissait encore peu de choses en biologie humaine et ne maternité, les neufs mois qui avaient suivies furent pour elle à la fois les plus surprenantes, éprouvantes, effrayantes et merveilleuses, surtout avec la naissance de Mélodie, une journée qu'elle n'était pas prête d'oublier.

Les seules incidents qui aient pu la tourmenter durant sa grossesse et la naissance de sa fille furent de rares mais non moins terrifiants cauchemars dans lesquels apparaissaient Ursula, prenant la place de son bébé.

Malgré ça, les années qui suivirent la naissance de Mélodie et durant lesquelles elle l'a voyait grandir furent les plus merveilleuses de sa vie.

Elle n'avait repris contact qu'une seule fois avec sa famille depuis son mariage, ce fut le jour du baptême de sa fille qu'elle était venue présenter aux siens, qu'elle présentait elle-même comme la Fille de la Mer et de la Terre. Ce fut une journée splendide au cours de laquelle le Roi Triton en personne était venu offrir à sa petite-fille un médaillon sur lequel était gravé son nom et supposé lui rappeler son héritage. Ariel se rappelait encore du visage radieux de son père à la vue de celle qui devait être sa première petite-fille. Jamais elle ne l'avait vu aussi euphorique, depuis la disparition de sa mère.

Puis, quand Ariel avait tenté de revenir vers sa famille l'année suivante pour l'anniversaire de Mélodie, pour une raison qui lui échappait, elle s'était faite poser un lapin comme en disait sur la terre ferme. Elle avait pourtant prévenu les siens de sa venue via Eureka. Et Eric, toujours aussi prévenant, avait planifié le voyage en mer de A à Z. Mais c'était comme s'ils avaient oublié ou décidé de l'ignorer. Et Eureka n'avait plus donné signe de vie des lors. Ariel l'eut en travers de la gorge et renonça dès lors à rendre visite aux siens, la mort dans l'âme. Ce fut dès cet instant qu'elle avait perdu tout contact avec son monde d'origine, y compris Eureka.

Les années passèrent sans qu'Ariel ne pût voir l'ombre d'une sirène ni entendre la voix d'un poisson ou d'un crabe. Leur absence commençait à lui peser.

Elle se rappela également que les sirènes se faisait de plus en plus rare depuis cette réunion manquée. Et ce alors que leur existence n'était plus un secret pour qui que ce fut depuis le mariage du prince Éric au cours duquel tout le peuple d'Atlantica était présent. Cela en devenait inquiétant.

— Dis Mélodie, pendant tes baignades, aurais tu vu l'ombre d'une sirène par hasard ? demanda soudain Ariel.

— Mais enfin, maman, les sirènes ne sont qu'un mythe ! répondit Mélodie incrédule.

— C-c-comment peux tu dire ça ?! s'exclama Ariel choquée.

— C'est pourtant vrai, maman ! se justifia Mélodie. Les sirènes ne sont rien de plus que des inventions de marins ivrognes ou en proie à des hallucinations. Tout comme le Léviathan, le Kraken, le serpent de mer, le Hollandais Volant et autres poissons géants ou vaisseaux fantômes.

— M-mais d'où tu sors de telles sornettes ? demanda Ariel qui se sentait de plus en plus offensée.

— Les autres enfants... Et leurs parents je suppose, répondit Mélodie penaude. Ceux qui viennent de la campagne.

C'était pire que ce qu'Ariel s'était imaginé. Non seulement et pour des raisons qui dépassaient son entendement, plus personne ne croyait en l'existence des sirènes mais même sa propre fille reniait leur existence et par conséquent son héritage. Cela était plus qu'elle ne pouvait encaisser.

— Mélodie ma chérie, est-ce que par hasard t'aurais surpris une conversation entre des poissons ? demanda Ariel avec insistance. Ou des crabes ? Ou des pieuvres ? Ou même des mouettes ?

— Maman, tu poses des questions de plus en plus bizarre, lui répondit Mélodie inquiète. Et puis, il n'y a pas beaucoup de bestioles sur cette plage.

— Et ton médaillon, alors ?

— Quel médaillon ?

— Celui en forme de coquillage avec ton nom gravé dessus que tu as eu pour ton baptême. Tu l'as toujours, j'espère !

— Attends... Ça me dit vaguement quelque chose... Il doit trainer quelque part dans ma chambre... Mais ça fait des années que je ne le porte plus...

— L'as tu ouvert, récemment ?

— N-non... Pas depuis que j'ai cessé de le porter...

— Alors il faut qu'on le retrouve quand on sera rentré au château ! dit Ariel en sortant de l'eau d'un pas décidé. Il est impératif que tu vois ce que contient ce bijou. D'ailleurs, il est temps de rentrer

— Maintenant ?

— Maintenant, oui ! Et on fera mieux de se dépêcher, le soleil est très bas.


Une fois sèches et rhabillées, les deux princesses prirent la direction du château en compagnie de Max, tandis que le ciel prenait des tons de plus en plus orangés au fur et à mesure que le soleil descendait et s'enfonçait dans la mer.

Une fois arrivées, elles retrouvèrent tous les domestiques, parmi lesquels Grimsby, le fidèle conseiller d'Eric, Carlotta la gouvernante et même le chef cuisinier Louis, tous réunis dans le grand hall. Mais aucune trace d'Eric. Il y régnait pourtant une atmosphère pesante et sombre, comme si quelque chose de grave venait de se produire. Ariel commençait à s'inquiéter.

— Que se passe-t-il ? osa-t-elle demander. Pourquoi ce rassemblement ?

— Princesse Ariel ! s'exclama Grimsby légèrement surpris par sa présence. Princesse Mélodie ! Vous êtes là, le ciel soit loué !

— Mais enfin, pouvez vous nous dire ce qui se passe ? s'impatienta la jeune sirène.

— O-o-oui ! répondit le vieux Grimsby d'un air gêné. Je vous prierai de me rejoindre dans la salle du conseil. Carlotta ! Louis ! Pourriez-vous vous occuper de la princesse Mélodie ?

En suivant le conseiller vers ladite salle, Ariel eut juste le temps de voir sa fille aussi perplexe qu'elle l'était, entourée de la gouvernante et du cuisinier qui lui proposèrent leurs services respectifs.

Ariel se retrouva seule dans la salle du conseil avec Grimsby qui n'avait jamais paru aussi vieux depuis que la jeune sirène était entrée dans la vie du prince et de son entourage tant il avait la mine accablée.

— Avant toute chose, il est préférable que vous preniez un siège, princesse, lui suggéra le conseiller d'une voix mal assurée.

Ariel s'exécuta et s'assit dans le premier fauteuil à sa portée, tout en redoutant le pire concernant ce que le conseiller allait lui annoncer.

— Il vous faudra être forte, ma chère enfant, dit Grimsby en prenant place face à la jeune sirène. C'est à propos d'Éric. Il... Il lui est arrivé quelque chose de terrible sur la route... Les circonstances sont encore flous, nous venons de l'apprendre à l'instant. Il... Il est tombé de son cheval. Et la chute a été plutôt violente.

Au son de sa voix, on pouvait sentir que les mots avaient du mal à lui sortir de la bouche tant ils lui arrachait le cœur. Ce qui pouvait se comprendre, après tout, Grimsby avait toujours traité Éric comme un fils.

— Mais il va s'en tirer, n'est-ce pas ? demanda Ariel qui voulait garder espoir. S'il vous plaît, dîtes moi qu'il va s'en tirer !

— Je... J'ai bien peur... qu'il ne s'en soit pas tiré cette fois-ci, finit par lâcher le conseiller. Je suis navré.

Sur ces mots, Ariel eut la sensation que le monde s'écroulait autour d'elle. Son beau Éric n'était plus de ce monde.


Elle ne s'était jamais sentie aussi mal que le jour où son père avait découvert sa grotte secrète où elle conservait les objets trouvés dans les épaves et avait tout détruit avec son trident dans un accès de colère, incluant une statue à l'effigie d'Éric qu'Ariel venait de récupérer. Elle crût tomber de son fauteuil tant elle était sous le choc.

Comment cela pouvait être possible ? Éric avait survécu à une tempête, un naufrage, une tentative d'envoûtement, des murènes qui avaient tenté de le noyer ainsi qu'à une sorcière des mers ayant pris le contrôle de l'océan. Et voilà qu'il décédait d'une vilaine chute de cheval alors que c'était un bon cavalier qui avait même appris à la jeune sirène comment monter à cheval. Elle ne pouvait croire qu'un bête accident eût pu avoir raison de ce prince qui en avait vu d'autres.

Les faits étaient pourtant là. La nouvelle venait de tomber et tout le royaume était sous le choc. Mais le plus dur pour Ariel était de transmettre la terrible nouvelle à sa Mélodie. Et comment annoncer à sa fille que son père ne reviendrait jamais ? Que de ce fait, elle n'allait plus jamais le revoir, ni jouer avec lui, ni l'entendre rire à ses blagues, ni la border dans son lit ? Et puis la simple idée de voir sa fille en pleurs était insupportable pour la jeune sirène. Mais il fallait bien qu'elle apprît la vérité d'une manière ou d'une autre, aussi déplaisante fût-elle.

Ce fut donc le cœur gros qu'elle retrouva sa fille dans sa chambre et dut lui expliquer la situation.

Les deux princesses passèrent alors toute la nuit à pleurer dans les bras l'une de l'autre.

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