La communauté du sud

Chapitre 3 : Un visiteur inattendu

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:51

Si en temps normal je me serais sentie mal-à-l’aise à l’idée de passer la nuit chez le séduisant Viking, ce soir là, ma pauvre petite tête avait subit trop de traumatismes pour s’en préoccuper. Enroulée dans une couverture de laine polaire, face à une luxueuse cheminée, je n’avais pourtant pas l’impression de me réchauffer. Toujours sur le choc, j’avais recroquevillé mes jambes sous moi, les serrant de mes bras, ma tête posée dessus. A quelques centimètres, Eric, assis d’une façon plus décontractée, observait sans dire un mot. Probablement par respect, s’il en fut capable.

Après quelques minutes, tremblotante, je retournai mon regard vide vers lui, balbutiant un « merci ».

Il répondit d’un signe de tête et d’un sourire discret. Un nouveau silence vint prendre place. Puis il ajouta :

- Tu as une idée de qui pourrait avoir fait ça ?

Je fronçais les sourcils. Probablement le premier mouvement « normal » de mon visage depuis l’incendie. Il sembla remarquer ce changement puisqu’à nouveau il esquissa un sourire.

- Tu veux parler de l’assassinat ou de l’incendie ?

- Les deux. Je pense que ça pourrait être la même personne… tu as presque assisté au crime, et il pourrait craindre que tu n’en saches trop…

Après une courte réflexion je ne pu qu’admettre qu’il pouvait avoir raison sur ce point.

Alors que j’allai répondre à sa question, son téléphone portable sonna. Il décrocha, puis se leva pour s’éloigner.

Qui donc exigeait d’Eric une discussion trop confidentielle pour que je ne l’entende ? Les seuls mots que j’entendis furent brefs, mais éloquents, ne laissant aucun doute sur l’identité de l’interlocuteur d’Eric.

 « Oui, elle va bien. Je la garde chez moi cette nuit. » Puis, « Détrompe moi mais tu n’as plus aucun droit sur elle. Je ne pense pas qu’elle souhaite te parler, pas maintenant en tout cas… Ecoute Bill, essaie à un autre moment.» Il raccrocha et revint vers la cheminée, s’asseoir à côté de moi, le regard songeur. Je ne pu m’empêcher plus longtemps de jouer les idiotes.

- Qui était-ce ? Feignis-je.

- Rien d’important, mentit-il.

Même en état de choc, il ne fallait pas jouer avec mes nerfs et me prendre pour la première des imbéciles !

Mon regard du se noircir tant je m’emportai en quelques secondes.

- Pourquoi tu mens ? Que voulait-il, Bill ? J’appuyai volontairement sur son prénom pour mettre Eric face à son mensonge.

Il parut surpris de me voir comprendre si vite, et je ne pris pas cela pour un compliment.

Il grogna légèrement avant d’opter, enfin, pour l’honnêteté.

- Savoir comment tu allais… et te parler.

- Pourquoi tu ne me l’as pas passé ?

Non pas que je tenais vraiment à lui parler, je n’en avais pas vraiment envie. Depuis notre rupture, je l’évitais au maximum. Mais je ne supportais pas que l’on choisisse à ma place. Ce que venait exactement de faire Eric.

- Je pensais qu’après ce qui s’est passé ce soir, tu ne voulais pas être dérangée…

J’aurai voulu le frapper et m’agacer contre lui, mais je n’y parvins pas, me rendant compte que d’un, les forces me manquaient, et que de deux, il avait fait ça pour moi.

Je grognai à mon tour avant de souffler.

- Je vais aller dormi… je sombre de fatigue.

Eric approuva d’un mouvement de tête. De toute façon, l’aube ne tarderait pas non plus à pointer le bout de son nez ; lui aussi ne traînerait pas.

Il se releva et me tendit une main pour m’aider à faire de même. Puis il me montra la chambre pour « humains ». Je souris légèrement. Il déposa alors un chaste baiser sur mon front, repoussant une mèche blonde de devant mes yeux, puis se dirigea vers son « antre ». Je rejoignis la chambre doucement.

Le lit majestueux s’annonçait douillet et chaud, tout ce qu’il me fallait pour enfin trouver le sommeil.

 

 

Un coup de feu, et ce cri, horrible, épouvantable, à en faire trembler les morts…

Je me réveillai en sueur. J’attrapai le verre d’eau posé sur la table de chevet et essuya mon front du revers de la main. Mon cœur se calma peu à peu. Je regardai l’heure sur mon portable. Cela ne faisait qu’une heure que j’avais trouvé le sommeil. Sam avait laissé un message sur ma boîte vocale, je l’écoutai : «  Sookie, ton frère vient de me prévenir, je suis désolée, vraiment ! Si tu as besoin de quoi que ce soit, comptes sur moi, j’suis là tu sais. Tu peux aussi venir dans ma caravane, tu sais y’a de la place. Et puis… j’aime pas te savoir chez Eric, je ne lui ai jamais vraiment fait confiance. Enfin quoi qu’il en soit, donne moi des nouvelles, je m’inquiète pour toi. »

Sam dans toute sa splendeur, toujours aux petits soins avec moi. Je ne pu réprimer un sourire tendre. Je n’avais jamais compris son attachement pour moi, si sincère et dévoué. Pas que je ne lui rendais pas, même pas à ce  point, du moins je ne m’en rendais pas compte dans ce cas. C’était un ami, un vrai, sur qui j’avais toujours pu compter.

Sur ces pensées douces et apaisantes, je refermai les yeux, suppliant Morphée de m’emporter, ce qu’elle finit par faire.

 

 

Lorsque j’émergeai pour de bon, la fin d’après midi me saluait. Je rejoignis la cuisine et ouvris le frigo. Urkh… du True Blood, et encore du True Blood. Une poche de sang probablement issue d’un hôpital… bref rien de réjouissant pour mon petit estomac d’humaine. J’aurais bien enfilé ma veste pour aller faire les courses, mais j’aurais été bonne pour un sermon moralisateur d’Eric à mon retour, étant donné que bientôt, le soleil se coucherait. J’optai donc pour la solution la plus simple en attendant pour occuper mes idées : canapé-télé. Je mis la chaîne d’infos. La présentatrice parlait du meurtre d’une jeune femme vampire, hier soir, devant le Merlotte. Cela me fit me rappeler avec tristesse la soirée passée la veille. Affalée sur un vieux coussin poussiéreux, je pensai à Sam, il devait devenir fou avec toutes les chaînes télé qui faisaient leur come-back en ville. On ne les avait plus vu depuis la mort de notre serial killer local, René.

- Ils n’ont que ça à faire ces journalistes... grogna une voix rauque derrière moi.

En guise de bonjour, ou de bonsoir, vu l’heure, je ne m’attendais pas à mieux de la part de mon hôte. Je me retournai vers lui ; il se tenait debout derrière le canapé.

- Tu n’as pas beaucoup dormi, lâcha-t-il, sur de lui.

J’imaginai que ma tête reflétait parfaitement mon manque de sommeil. J’aurai sûrement effrayé plus d’une personne avec ma tignasse blonde qui semblait avoir fait la guerre, et mon teint pâlichon orné de deux magnifique cernes…

A ma surprise, Eric ajouta :

- J’ai senti ta peur aujourd’hui, j’ai supposé que tu cauchemardais…

Encore une fois il avait vu juste. J’avais tendance à oublier qu’il m’avait fait boire son sang à Dallas, pour me sauver, et que par conséquent, il pouvait sentir chacune de mes émotions.

J’acquiesçai simplement de la tête avant de reporter mon attention sur le petit écran qui me faisait face.

Plongée dans les commentaires de cette journaliste à la chevelure trop étudiée – sur le moment je la jalousais il fallait l’avouer – je n’entendit pas que quelqu’un frappait à la porte. Eric se dirigea vers l’entrée, ouvrant au visiteur-surprise.

Après quelques minutes, il m’interpella, sa voix trahissant l’agacement.

Je me retournai de nouveau pour apercevoir Bill sur le palier. Il entra et rejoignit le canapé, le regard sombre, comme à son habitude. Non pas qu’il aurait été normal de le voir sourire, mais je devais admettre que rares étaient les fois ou je l’avais vu se dérider.

- Bonjour… souffla-t-il doucement.

- Bonjour, Bill.

- Tu… vas bien ?

Qu’attendait-il donc comme réponse ? Ma maison venait de flamber, et je me retrouvais au cœur d’un conflit trop compliqué pour moi, encore une fois. Cependant, par politesse, je me reprit, souriant discrètement, et répondant de la tête.

Bill jeta un regard méfiant sur Eric. A croire que leur combat de coq ne cesserait jamais, passant avant moi, avant les drames qui rythmait ma vie à cause d’eux !

Finalement, il se retourna vers son supérieur, s’efforçant de faire la part des choses.

- Tu vas sans doute avoir besoin de mon aide…

Je pu lire dans le regard d’Eric, sa réticence à lui répondre. Néanmoins il souffla.

- Effectivement, tu ne seras pas de trop sur ce coup là…

 

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