Étrangère
Une marre de sang se dessina au sol. Un corps sans vie gisait près de moi. Samuel venait d'appuyer sur la détente. Je pivotai au ralentis vers Livaï. Il avait l'air intact et je n'avais pas été touchée non plus. Pourtant mon frère pointait bien son arme vers nous. J'entendis soudainement un cri. Je me retournai immédiatement vers Historia. Rod Reebs était mort, une balle dans la poitrine. Ça me faisait bizarre de l'admettre mais je préférais que ce soit lui plutôt que Livaï. En regardant vers Samuel, je remarquai qu'il en était ni chaud ni froid. Il soupira puis jeta finalement son arme au sol avant de lever les mains. Des soldats en profitèrent pour venir lui attacher les poignets. Il se laissa totalement faire.
-On ne peut plus rien faire pour lui, assura Livaï en s'abaissant près de Rod.
N'ayant pas d'autres choix que d'abandonner son corps, nous nous répartissions quelques instants plus tard dans des charrettes en route pour la base. Je me retrouvai dans l'une d'elles avec Eren, Livaï et Hanji. La brune regardait avec passion ce que contenait la seringue. Je sentais que ce petit instrument allait encore nous ramener un tas de problèmes. Derrière nous se situait la charrette où mon frère avait été placé. En tournant la tête, je ne rencontrai que son regard froid. Au dernier moment, il avait décidé de nous épargner tous les deux. Ou peut être n'avait-il jamais eu l'intention de nous blesser ? La seringue l'intéressait et ça c'était une évidence. Je n'imaginais pas qu'il voulait à ce point posséder le pouvoir des titans.
-Ton frère.. Il a cru que j'étais ton petit copain, grogna tout à coup Eren. Depuis tout à l'heure il me dévisage.
Même si nous n'étions pas proches, mon frère restait un frère. Je supposais que c'était sa façon de s'inquiéter pour moi. Plutôt étonnant de sa part. S'il savait qu'en réalité, il se trompait complètement de personne. Enfin, Livaï n'était pas mon petit copain non plus. Nous n'étions pas ensemble. D'ailleurs celui-ci, depuis tout à l'heure silencieux, sembla tiquer. Il sembla soudainement intéressé par notre conversation. Bizarrement, je ressentais toujours ce malaise en présence de ces deux-là.
-Tant que tu vas bien c'est le principal, me sourit le brun en mettant sa main sur mon épaule.
-Oui.. toi aussi, lui répondis-je hésitante en souriant à mon tour.
Eren était mon ami, je ne devais pas le renier juste parce que Livaï était là. Je n'arrivais cependant pas à m'empêcher de penser en permanence à ce qui pourrait le gêner ou non. Il ne me disait jamais rien, comment j'étais sensée deviner ? En regardant vers lui, il avait à présent la tête posée sur sa main. Il ne m'avait pas parlé depuis nos retrouvailles. Même si il agissait tout le temps de cette manière, ça commençait à me peser.
-Pourquoi ton père s'est fais passer pour le mien ? murmura Eren perplexe.
-Peut être qu'ils se connaissaient ? proposais-je.
-Oui.. mais c'était quoi le but ?
-Je ne sais pas, rétorquais-je. Pour le protéger ou quelque chose comme ça..
Eren me regarda tristement. Nombre de questions auxquelles nous n'avions encore aucune réponse. Mon père connaissait le sien, c'était indéniable. Quant à leur relation, nous manquions totalement d'information. Durant mon enfance, je ne me souvenais d'aucun moment où son père aurait pu être mentionné. On dirait que nous n'étions pas encore prêt à découvrir toute la vérité. Je me demandais juste, qui était cet homme qui m'avait injecté la seringue ?
Arrivés à la base, nous nous séparions pratiquement tous. Chacun avait ses occupations, que ce soit faire des rapports ou se reposer. Il était déjà tard. Seulement étant en captivité depuis un bon bout de temps, mon ventre réclamait son repas. Je suivis du regard Livaï montait directement dans sa chambre avant de me faire interpeller par Armin. Apparemment, nous avions eu la même idée.
Je dégustai à la hâte le repas qui s'offrait à moi. Armin devant moi se moquait légèrement de mon comportement. Ne pouvant s'y empêcher, Sasha nous avait suivis. Je pense surtout qu'elle avait exprès attendu quelqu'un pour ne pas passer pour la goinfre de service. Notre sujet de conversation porta sur les récents événements. Armin m'expliqua au passage ce que j'avais loupé. Le bataillon ayant réussi leur coup d'état, ils avaient pu démasquer le faux roi à la tête du gouvernement. Grâce à Erwin, quelques soldats mais aussi au chef des trois divisions, ils avaient fais croire au gouvernement que des titans avaient une nouvelle fois détruis les murs. Le gouvernement, paniqué, avait ordonné l'interdiction de faire entrer les survivants. Tout ceci avait en fait été un coup monté. Le mur n'avait jamais été touché. Ainsi avec la collaboration d'une entreprise de journalistes, la nouvelle s'était rapidement répandue. Le gouvernement n'en avait rien à faire de ses habitants.
-Alors Historia va bientôt passer Reine ? questionnais-je insouciante.
-Tu lui en veux encore hein ? me rétorqua t-il en arquant un sourcil.
Évidemment que je lui en voulais. S'ils n'étaient pas arrivés à temps, qui c'est ce qui se serait passé ? J'aurai peut être dû me battre contre une amie. Même si j'essayais de me mettre à sa place ou de m'imaginer que mon père revenait, qu'il me disait tout à coup de dévorer un ou une amie pour retrouver mon frère et sauver l'humanité, mon avis ne changerait pas. Si j'avais été dans cette situation, il y a longtemps que mon choix aurait été fais.
-Est ce qu'on peut vraiment lui faire confiance ? insistais-je. Je m'en remets à ton avis Armin..
-Je pense que oui, me sourit-il. Elle s'en veut tu sais..
C'était déjà ça. Mais je ne savais plus quoi penser. À l'heure qu'il est, il était fort probable qu'une de nous deux serait morte. En essayant de penser à autre chose, mon regard passa sur Sasha. Elle se dandinait sur elle-même tout en regardant quelque chose sur la table. En suivant sa direction, elle faisait une fixette sur mon pain. Me rappelant la précieuse chose qu'elle m'avait fais perdre, je souris en prenant le morceau de pain à côté de mon assiette. Je le contemplai devant ses yeux brillants, j'y prenais un malin plaisir.
-Un problème Sasha ? demandais-je mine de rien. Oh peut être que tu veux ça..
Je passai au ralentis le pain devant elle, plusieurs fois. Elle essaya quelque fois de donner des coups de dents dans le vide pour l'attraper. Ça m'amusait. J'avais bien besoin de me détendre un peu. Bien décidée à la torturer, j'arrachai un petit morceau de mon pain. Elle se mit à bouger dans tous les sens lorsque je l'avançai vers ma bouche.
-Je suis désolée que toi et le Caporal n'ayez pas pu vous embrasser ! cria t-elle en me suppliant avec ses mains.
Soudainement piquée, je la regardai maintenant avec de gros yeux. Elle avait crié trop fort. Plusieurs soldats s'étaient retournés et Armin me regardait maintenant la bouche ouverte. Blasée, j'enfonçai mon pain dans la bouche de Sasha. Elle en avait trop dis. Le blond rigola. Rose aux joues, je n'avais pas envie de parler de ça maintenant. Malheureusement, il me demanda aussitôt où notre relation en était. Je lui répondis vaguement que nous étions au point mort, qu'il n'y avait rien entre nous. Je laissai aussi entendre que nos sentiments n'étaient pas réciproques.
-Tu ne l'aimes pas ? marmonna Sasha pain à la bouche.
Ça me paraissait plus logique de dire le contraire. Décidément, Sasha n'était pas douée en amour. En y repensant, Livaï n'était même pas venu prendre le dîner. Il était partis directement dans sa chambre. Si il avait un semblant d'enthousiasme pour le fait que j'étais toujours vivante, il l'aurait montré. Je soupirai en posant ma tête sur la table. J'avais envie de comprendre ce qu'il pensait de moi.
-Tu sais tu devrais lui donner une chance, continua t-elle en embrassant sa nourriture. Il est peut être petit et ingrat mais sa façon de te regarder.. C'est la même que la mienne quand je regarde ce pain !
Plusieurs personnes me disaient qu'il avait une façon particulière de me regarder. Pourtant quand j'étais devant lui, je ne voyais rien de spécial dans ses yeux. Ou alors il ne me regardait tout simplement pas. Soit ils se faisaient vraiment des idées, soit j'étais trop pessimiste. L'un ou l'autre, je ne saurai jamais. À moins que j'essaye de le découvrir, à moins que j'essaye de le forcer à me le montrer. Tout à coup déterminée, je me levai brusquement. Je remerciai Sasha de ses sages paroles en lui caressant la tête puis saluai Armin avant de me diriger vers les chambres.
Nerveuse, je tapai contre la porte de mon Caporal. J'attendis plusieurs secondes avant d'être sûre de n'avoir aucune réponse. J'essayai une seconde fois. Toujours rien. Peut être qu'il dormait à cette heure-ci. Je décidai tout de même de tester la poignée. J'appuyai dessus, hésitante. La porte grinça. J'avançai timidement dans sa chambre. Le lit était toujours fais, la pièce était vide. Cependant, ses habits étaient déposés sur sa table. Quelque chose me disait qu'il était dans sa douche. En me concentrant un peu, j'entendis le bruissement de l'eau coulée. L'idée de l'épier à travers la serrure me traversa l'esprit. Je me donnai mentalement une gifle pour penser à de telles sottises. J'optai finalement de l'attendre sagement dans son canapé. J'attendis une vingtaine de minutes avant que l'eau ne se coupe. Il mettait toujours autant de temps à se laver, c'était à se demander ce qu'il y faisait. Le stress afflua subitement lorsque la porte de la salle de bain s'ouvrit. Vêtu d'un simple pantalon, il me regarda perplexe. J'admirai rapidement sa musculature avant de reprendre mes esprits.
-Qu'est ce que tu fiches ici ? me demanda t-il sévèrement.
-Je voulais juste vous voir.
J'avais osé imaginer qu'il m'accueille d'une façon un peu plus aimable. Il resta cependant silencieux puis partit s'appuyer contre son bureau. Bras croisés, il me fixa intensément. C'était comme si il avait fait exprès de mettre cette distance entre nous. J'essayai de décrypter dans son regard ce que Sasha avait dis tout à l'heure. Je ne voyais rien de doux là dedans. J'y comprenais juste qu'il voulait que je dégage au plus vite.
-J'en ai marre de venir à ton secours, m'envoya t-il sèchement.
Sa phrase me donna un picotement au cœur. J'avais fait l'effort de venir jusqu'ici pour me prendre ça dans la figure ? Ils avaient tous tort. Il n'y avait rien dans ses yeux mise à part du mépris. Blessée, je me dirigeai vers la porte. Lorsque je posai ma main sur la poignée, il reprit la parole.
-J'en ai marre d'avoir peur..
-Et moi j'en ai marre de ne pas vous comprendre, rétorquais-je tristement.
Je me retournai lentement, me posant par la même occasion contre la porte. Nous étions si proches et pourtant si loin. C'était la distance qui nous séparait en permanence. Et cette fois-ci, j'en avais marre d'être toujours la seule à la parcourir. Nous nous regardions ainsi pendant plusieurs secondes, tentant l'autre du regard à se rapprocher. Je ne comptais pas abandonner. Même si j'avais l'envie de courir vers lui et de sauter dans ses bras, je ne le ferai pas. Si il ne s'approchait pas, j'abandonnerai notre relation. Je me répétai cette phrase plusieurs fois en fermant les yeux. Si il ne s'approchait pas, j'abandonnerai notre relation. Toujours aucun signe de mouvement de sa part. Encore quelques secondes et je partirai de cette pièce sans plus jamais me retourner. Si il ne s'approchait pas, j'abandonnerai notre relation. Aller, approche toi. Le sol craqua. J'ouvris timidement les yeux en relevant la tête. Il était là, immobile, le regard quelque peu adouci. Seulement il ne me regardait pas dans les yeux mais plutôt le sol. Pour la seconde fois, il se confia à moi.
-Si j'avais mieux fait attention à toi, rien de tout ça ne se serait produis. Tu aurais pu mourir là-bas ! Et je n'aurais rien pu faire. Moi, l'homme le plus fort de l'humanité, mon cul ! Si je ne suis même pas capable de te retrouver, alors à quoi ça sert d'être aussi puissant ? se morfondit-il. Si Eren n'était pas venu nous prévenir, dans quel état tu serais à l'heure qu'il est ? Toutes les personnes à qui je tiens ont l'air de tomber autour de moi. Il ne me reste presque plus personne, sauf toi.
Son discours me laissa sans voix. Sans me laisser le temps d'ouvrir la bouche, il posa ses lèvres sur les miennes. J'y avais goûté qu'une seule fois et pourtant j'y étais déjà accro. D'abord doux, il encadra mon visage avec ses mains pour m'embrasser plus fougueusement. Il m'incita à me décaler légèrement du côté. Quelque chose me bloqua en bas du dos. C'était sa commode. En déplaçant ses mains sur mes hanches, il me poussa à me mettre assise dessus. À bout de souffle, il me laissa quelques secondes de répit avant de reprendre possession de mes lèvres. Sentant ses mains se glisser sur mes cuisses, je ressentis à nouveau cette étrange sensation dans mon bas ventre. Ma tête vacilla lorsque sa langue commença à titiller la mienne. Je me reculai par réflexe, le roses aux joues. Lorsque je rencontrai ses yeux à nouveau, je compris enfin de quoi Sasha voulait parler. Il arrosa ensuite ma bouche de plusieurs petit baisers avant d'écarter mes cheveux pour s'attaquer à mon cou. Il embrassa tendrement ma peau. Je lâchai de temps à autre quelques petits cris. Je sentais un sourire se dessiner à chacun d'eux. J'enroulai mes bras autour de son cou. Il en profita pour me soulever puis m'amener jusqu'à son lit. Il me déposa avec une douceur extrême contre ses draps. Poignets emprisonnés par ses mains, nous nous fixions un instant. Si je n'arrêtais pas tout de suite, j'allais le faire avec Livaï. Enfin, la situation me tendait à y croire. Mais étais-je réellement prête ? Même si c'était avec l'homme que j'aimais, il y avait encore un tas de choses à découvrir avant de passer par la case finale.
-Est ce que tu m'aimes ? me demanda t-il directement.
D'abord sous le choc, je restai silencieuse. Je bégayai finalement tout en lui répondant que oui, je l'aimais. Je voulais lui retourner la question mais il m'embrassa à la place. Toujours plus langoureusement, il passa ses mains sous mon haut. Faisant faufiler ses doigts sur mon ventre, je sentais la température de mon corps augmentait de secondes en secondes. Il abandonna mes lèvres un instant pour déboutonner ma chemise puis la jeter d'un côté de la pièce. Je me retrouvai en sous-vêtement. Bien qu'il me restait encore mon pantalon, je cachai timidement ma poitrine avec mes bras. Il lâcha un petit rictus avant de les écarter délicatement. Sans gêne, il commença à détailler mon corps du regard. J'étais mal à l'aise, la peur qu'il ne me trouve pas à son goût. J'essayai de me détendre en faisant de même. J'admirai alors son corps si parfait. Parfaitement musclé, une chaleur indescriptible me submergea lorsque mon regard passa sur son entrejambe. Je n'étais plus une enfant, je savais comment les désirs d'un homme se traduisaient. Nous avions tous les deux envie de l'autre, pourtant quelque chose me gênait. J'avais l'impression de brûler des étapes. Revenant à la réalité, il parsema ma poitrine de baisers. Je pensais à une chose, je me disais que c'était mal. Mais ses caresses me faisaient rapidement oublier mes doutes. Mes doigts se déplacèrent dans ses cheveux. Descendant jusqu'à mon ventre, il léchouilla ma peau. Je chuchotai son nom sous le plaisir qu'il me donnait. Sa seule réponse était de me mordiller. Même si je n'étais qu'une novice, j'avais envie de lui faire plaisir aussi. En appuyant doucement sur ses épaules, je le redressai. Je me posai sur les fesses avant de relever son menton pour faire basculer sa tête en arrière. Il frissonna lorsque mes lèvres touchèrent la peau de son cou. Il lâcha aussi quelques grognement au moment où ma langue se promenait. Faisant glisser mes doigts le long de son torse, j'atteignis son pantalon. Timidement, j'enlevai le premier bouton puis le second. J'étais sur le point de faire balader mes mains vers l'interdit. Soudain, quelqu'un toqua à la porte. Je sursautai immédiatement, m'éloignant complètement de lui. Il attrapa aussitôt mes poignets. Nous attendions dans cette position sous les coups incessants sur la porte.
-Livaï c'est vraiment important, dit une voix masculine. Ouvre.
J'avais l'impression que c'était la voix du major. Hésitant, il soupira finalement. Visiblement irrité, il se rhabilla nonchalant. Avant de rejoindre la porte, il me donna un simple baiser. Beaucoup trop gênée de la situation, je m'empressai de m'enrouler dans ses draps. Je ne pouvais pas sortir de toute façon, pas dans cet état. J'étais bouleversée de ce qui venait de se passer. J'avais tellement été dans l'action que je n'avais même pas hésité une seconde avant de le laisser me toucher. Peut être qu'après tout ce temps, mon désir pour lui avait augmenté beaucoup trop rapidement. Il le disait très bien, je n'étais encore qu'une gamine. Même si notre différence d'âge n'était pas ce qui me m'affectait le plus, je ne pouvais m'empêcher d'y repenser dans ma tête. Peut être que même notre relation n'était pas autorisée. Tout se mélangea subitement dans ma tête, je ne savais plus ce qui était bien ou mauvais. J'avais beau l'aimer et me le répéter sans cesse, j'avais toujours l'impression de faire quelque chose de mal. Épuisée, j'arrêtai de penser à ça avant de poser ma tête contre son oreiller. J'annihilai une dernière fois son odeur imprégnée sur ses draps. Avant de m'endormir, je me posai plusieurs fois la même question. Si personne n'était intervenu, est-ce que j'aurai été jusqu'au bout avec Livaï ?
Je me réveillai le lendemain loin de toutes ces questions. Je plissai les yeux, le soleil tapait faiblement sur mes paupières. Il y avait toujours ce même parfum qui remplissait mes narines. Je me rappelai soudainement de hier. Je ne me souvenais pas avoir regagné ma chambre ni que quelqu'un m'y avait amené. Regardant un peu comment j'étais vêtue, je remarquai que j'avais toujours mon pantalon mais pas de haut. Un bras enroulait mon ventre. Je frissonnai lorsqu'un souffle s'écrasa sur mon cou. Je retournai légèrement la tête pour voir Livaï torse nu et profondément endormi. Je reposai lourdement ma tête contre l'oreiller, rouge tomate. En observant les alentours, je constatai que mon haut était par terre. J'essayai de glisser au bord du lit. Tendant la main pour l'attraper, j'étais à un chouïa de l'atteindre. Sûrement alarmé de mon mouvement, Livaï resserra son bras. Rouges aux joues, j'étais encore plus collée à lui qu'avant.
-Tu veux déjà partir ? marmonna t-il.
-Non c'est que.. on sait jamais si quelqu'un nous voit..
Je parlai dans le vide car il referma aussitôt les yeux. Je boudai intérieurement. Il profitait de la situation comme à son habitude. Et pour ne pas changer non plus, j'étais impuissante. Je décidai de changer de sujet en lui demandant qui avait toqué à la porte hier soir. Comme deviné, c'était bien Erwin. Il était venu pour lui demander un contre rendu de l'opération et lui avait annoncé que le couronnement de Historia se ferait demain midi. Demain midi. Je paniquai lorsque l'horloge me montra qu'il était pratiquement 10h. Je me redressai subitement avant de balancer mes jambes au bord du lit. Livaï soupira d'exaspération. Je frissonnai à nouveau, ses doigts s'entremêlèrent entre mes cheveux puis glissèrent jusqu'en bas de mon dos nu. Je laissai passer ma tête au dessus de mon épaule pour l'observer. Le voyant un peu déçu, j'avançai mon visage vers le sien.
-Vous feriez mieux de vous préparer aussi, lui conseillais-je entre deux baisers.
Réunis à présent devant le bâtiment royal, la plus part des villageois attendaient la venue de leur nouvelle Reine. J'étais debout à côté d'Hanji et d'Armin, sans expression particulière au visage. Même si une partie de moi lui en voulait toujours, il était de mon devoir d'assister à cet événement. Elle arriva un instant plus tard sur l'énorme balustrade vêtue d'une longue robe. Elle s'abaissa majestueusement pour recevoir sa couronne. Les habitants autour de moi crièrent. Certains admiraient son courage tandis que d'autres s'étonnèrent de l'audace qu'elle avait eu pour tuer son père. Pour qu'Historia soit légitimait aux yeux de tous, nous avions fait croire que c'était elle même qui avait mis hors d'état de nuire son père. Faisant le salut de l'humanité, les hommes autour d'elle s'agenouillèrent. Erwin en faisait partie. Le regard de la blonde rencontra alors le mien. Je ne savais pas comment réagir alors je me forçai à sourire. Elle s'avança étonnement vers la foule. Faisant quelques gestes de la main, elle demanda le silence. Prenant une voix assez forte, elle nous annonça qu'elle souhaitait prendre la parole.
-En tant que Reine de ces murs, je souhaite exprimer mes plus plates excuses à une personne sans qui aujourd'hui, je ne serai pas ici entrain de vous parler.
Je restai un instant confuse. La personne à qui elle s'adressait devait certainement être présente. En passant en revue chacun de mes camarades, je ne trouvais personne sur qui elle pouvait s'attarder avec des excuses. Je me retournai vers Armin, il me sourit de toutes ses dents. Perdue, je me concentrai à nouveau sur Historia.
-En me donnant la chance de réfléchir à ce que je faisais, j'ai pu échappé à une mort certaine. Et j'ai surtout pu évité de perdre une amie. Hana, brave soldat du bataillon, cria-elle en s'abaissant légèrement, je te prie d'accepter les excuses d'une Reine qui te doit à présent la vie.
Quelques personnes se tournèrent vers moi. Gênée, je commençai nerveusement à me gratter le front. De simples excuses en privée auraient fais l'effort. Même si je trouvais qu'elle avait exagéré, un poids m'acquitta. Elle souhaitait que le pays tout entier sache l'erreur qu'elle avait commise. Toujours à moitié recourbée, elle attendait certainement une réponse de ma part. Ne sachant trop quoi faire, je levai le poing bien haut pour que tout le monde me voit.
-Gloire à notre Reine ! criais-je avec un grand sourire.
Les gens autour de moi répétèrent la même chose plusieurs fois. Elle me sourit avant de se relever. Je ne sentais plus cette même rancœur au fond de moi. Je venais de définitivement passer à autre chose. Nous n'entretenions peut être plus la même amitié, mais au moins nous étions quittes. Hier encore elle était une simple fille sans appartenance familiale. Aujourd'hui elle était devenue connu de tous, la Majesté de ses murs.
La cérémonie terminée, nous retournions à notre base en fin d'après-midi. Pendant le trajet, je m'étais retrouvée à voyager avec Mikasa et Connie. La brune ne m'avait pas adressé la parole. Elle ne m'avait pas regardé non plus, comme si elle souhaitait s'éloigner le plus loin possible de moi. J'avais essayé de l'aborder mais les ronflements de Connie me perturbèrent à chaque fois. J'avais donc renoncé, en acceptant de rentrer dans le plus grand des silence. Une fois arrivée là-bas, je rejoignis discrètement le bureau d'Hanji. Elle était entrain de ranger un tas de paperasses dans ses étagères. Je tapai poliment sur sa porte déjà ouverte. Surexcitée, elle m'entraîna de force à entrer. Je lui expliquai alors que j'étais venue pour lui demander quelque chose d'important.
-Oh tu sais je n'ai pas beaucoup d'expériences avec les hommes, je ne pourrai pas te dire ce qui attire Livaï..
Je la fixai d'un air blasé. Elle avait l'air sérieuse en plus. Je m'empressai de lui expliquer mes intentions. Ne sachant pas ce qui était arrivé à mon frère depuis mon retour, je lui demandai ce qu'il en advenait de sa situation. D'abord hésitante, elle m'expliqua qu'il avait passé sa nuit dans les cachots au sous-sol. Son statut ne lui permettait pas de se balader librement ou même de repartir chez la police militaire. Je regardai nerveusement mes mains avant de lui demander une chose qu'elle allait certainement refuser.
-Est ce que je peux le voir ?
C'était un non catégorique. Sous prétexte qu'il avait déjà essayé de me tuer, je ne pouvais pas le rencontrer. Je proposai la solution de le voir avec des gardes, elle refusa aussi. Ce n'était pas comme si mon frère était un monstre. À cette pensée, je me rappelai du moment où il m'avait joyeusement appris qu'il avait fêté ma mort. Je ressentis aussitôt une légère douleur à la poitrine. Je ne devrais même pas perdre le temps de m'attarder sur lui. Et pourtant, j'avais la terrible envie de discuter avec lui. Je voulais comprendre la cause de cette rancune qu'il avait contre moi depuis maintenant des années.
-Bon je veux bien t'aider ! me dit-elle finalement. Mais je veux d'abord que tu répondes à ma question.. C'est très important !
-Tout ce que vous voulez.
-Alors, quelles sont.. les performances de l'homme le plus fort de l'humanité ? me demanda t-elle d'une voix grave et sérieuse.
Plissant les yeux, j'essayai de comprendre à quoi elle faisait référence. Sourire malsain et yeux remplis d'étoiles, le rouge me monta au visage lorsque je réalisai enfin de quelles performances elle parlait. Je me massai nerveusement le front avant de lui répondre que je n'en avais aucune idée. Faisant la moue, elle afficha une mine déçue. Pourquoi ça l'intéressait autant ? Je croisai les bras sur ma poitrine. Elle n'avait cas testé par soi-même si elle voulait tant savoir. Qu'est ce que j'étais entrain de dire ? Non, jamais.
-Ils doivent l'emmener en interrogatoire tout à l'heure, m'expliqua t-elle en soupirant. Tu n'as cas patienter dans le hall, il passera par là de toute façon.
Sautant à son cou, je la remerciai de cette information. Je n'avais maintenant plus qu'à attendre qu'il fasse son apparition. Soigneusement accoudée au mur, j'attendais l'arrivée de mon frère. Plusieurs soldats me regardèrent bizarrement en passant à côté de moi, se demandant certainement ce que j'étais entrain de faire. Mais celui de qui je voulais absolument évité le regard, c'était bien Livaï. Je ne voulais pas créer de la distance entre nous mais c'était beaucoup trop gênant. Alors que je savais très bien qu'au fond de moi, je n'avais qu'une envie et c'était de sentir à nouveau cette sensation quand je me retrouvais seule avec lui. Mais quelque chose me bloquait, je ne savais pas quoi. Tandis que je réfléchissais à tout ça, je ne remarquai pas tout de suite que la personne que je cherchais était entrain d'arriver dans la pièce. Les menottes aux poignets et les vêtements déchirés, je devinai facilement qu'il n'avait pas quitté sa cellule depuis hier soir. Ça me faisait de la peine. Les gardes le laissèrent seul un moment pour discuter de la suite avec d'autres soldats un peu plus loin. Je saisis l'occasion pour m'avancer discrètement dans sa direction. Faisant mine de passer par là, je l'attrapai aussitôt par le bras avant de l'attirer dans un coin. Il râla immédiatement.
-Qu'est ce que tu me veux encore ? me demanda t-il méchamment.
-Avant tout, le coupais-je calmement, comment tu te sens ?
Il resta un instant étonné devant ma question. Il hocha finalement la tête, prétendant qu'il allait bien. Il m'indiqua que personne ne s'était occupé de lui depuis hier soir. Je commençai même à me demander s'il on lui avait donné à manger. Je secouai vivement la tête, je ne devais pas m'en faire pour sa santé. Reprenant mon sérieux, je lui demandai ce que je voulais vraiment savoir. Pourquoi avait-il rejoins la police militaire ?
-Et toi pourquoi t'es toujours en vie ?
Il était encore plus cru que je ne le pensais. J'avais l'impression de desceller sa phrase comme un reproche. D'abord perplexe, j'hésitai à lui raconter la vérité. Je lui demandai finalement de me promettre qu'après mon histoire, il devra à son tour tout me raconter. Il soupira puis roula des yeux en arrière avant de finalement accepter. Il m'avait donné sa parole. Je me lançai dans un monologue sans fin. Je lui racontai en détails mes aventures. De ma rencontre avec grand-mère jusqu'au sauvetage de Livaï. Étonnement, il m'écouta sans broncher et sans me couper. Une fois terminée, il me fixa bizarrement. J'attendis plusieurs secondes avant qu'il ne daigne ouvrir la bouche.
-Je suis entré dans la police militaire quand j'ai entendu tes exploits au sein du bataillon.
-Dans quel but ?
-Te tuer, me répondit-il du tac au tac.
Je fronçai les sourcils. Il n'avait décidément que cette envie en tête. Drôle d'envie d'ailleurs. Qui voudrait à ce point tuer sa petite sœur ? Pourquoi est ce que je perdais mon temps avec lui déjà ? L'envie de lui demander pour quelle noble raison voulait-il me voir morte me traversa l'esprit. Soudain, les soldats de tout à l'heure le cherchèrent du regard. La porte d'entrée grinça au même moment. Ne faisant trop attention, je ne regardai pas tout de suite la personne qui venait d'entrer. Toujours concentrée sur mon frère, son regard à lui était bien sur elle.
-Excusez-moi, j'ai entendu dire que mon fils était ici..
Mes yeux s'écarquillèrent aussitôt. Cette voix qui avait tant bercé mes rêves et cauchemars. Je me retournai comme au ralenti vers cette personne. Des yeux bleus semblables aux miens, une chevelure rose qui s'arrêtait au creux de son dos. La haine que j'avais tant enfoui au fond de moi pendant toutes ces années était entrain de refaire surface. Une personne, qui à l'allure angélique, était à l'intérieur tout aussi pourri que le plus profond des enfers. Ma mère.