My Beautiful Beast (LevixEren)
Chapitre 6 : When the little Beast meets the little Birdy
4181 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a presque 9 ans
My Beautiful Beast
Chapitre 6: When the little Beast meets the little Birdy.
Avant quand ils habitaient encore à Shinganshina, sa mère lui interdisait formellement d’aller se promener tout seul.
Bien qu’elle ne lui ait pas explicitement donné l’autorisation de se promener seul maintenant qu’ils habitaient dans le quartier de Trost, Eren n’avait plus du tout l’impression de faire une bêtise lorsqu’il s’aventurait à sortir sans personne pour l’accompagner. Depuis qu’elle travaillait à la clinique, Carla n’avait pas encore réussi à obtenir d’horaires fixes, Kenny quant à lui peinait encore à s’ajuster à son rôle d’enseignant et passait un temps fou dans la salle des profs à essayer de préparer des cours qui ressemblaient à quelque chose (mais quelle stupide idée avait eu Erwin de lui confier le soin d’enseigner un cours théorique sur l’histoire de l’armement à Paradiz ? Kenny n’avait jamais autant eu à parler de sa vie…). Et Levi, bien entendu, était un étudiant tout ce qu’il y avait de plus normal. S’il n’étudiait pas à la bibliothèque, il trainait en ville avec ‘sa bande de poux’ avant de rentrer à la maison.
Résultat des courses ? Eren se retrouvait bien souvent tout seul. Il quittait l’école tout seul, rentrait tout seul, goûtait tout seul…Et tout seul ? Il s’ennuyait ferme.
C’était de l’ennui que lui était venu l’idée des ‘missions d’exploration du grand Jaeger’. Et dorénavant, le quartier n’avait plus aucun secret pour lui. Parfois, lorsqu’il attendait bien sagement en s’amusant sur l’aire de jeux du parc d’â côté, il pouvait voir Levi arriver de loin et rentrer avec lui à la maison. Quelque fois, Levi l’accompagnait même pour le goûter avant de monter s’enfermer dans sa chambre pour faire ses devoirs. Eren aimait embêter Levi. Surtout lorsque l’adolescent jouait celui qui ne voulait pas être dérangé. Parce qu’au final même s’il fronçait les sourcils et faisait la grosse voix, Levi finissait toujours par jouer avec lui à la fin. Sauf que ces jours-ci (en fait depuis que sa mère avait pris la peine de lui expliquer à quel point, les révisions de Levi étaient importantes) Eren s’interdisait de venir déranger l’adolescent. Et son ennui n’en était devenu que plus terrible à supporter…
Eren traversait une ruelle, frappant une brique sur deux du mur à sa gauche à l’aide du bâton de bois qu’il tenait à la main (il l’avait ramassé dans le jardin, ça faisait une super canne de marche, un excellent pistolet fictif et une épée passable…). Il gambadait presque de sa démarche énergique, quand il tomba sur eux.
Un groupe d’enfants, d’environ son âge, qui encerclait un autre enfant qui paraissait nettement plus petit (mais peut-être que ce n’était que parce qu’il s’était recroquevillé sur lui-même qu’il paraissait plus petit…) Les quatre garçons qui l’encerclaient, Eren les connaissait. C’était des élèves en grande section dans son école. Des garçons qui jouaient les caïds, aimaient bousculer les autres, embêter les filles et pensaient que tout leur était dû.
Eren n’avait aucun ami à l’école. Eren n’aimait pas sa nouvelle école.
A l’école de Shinganshina, sa maîtresse était gentille et attentionnée. Elle avait compris qu’Eren était incapable de rester plus d’une demi-heure sans sortir, courir, se défouler. Et elle avait donc choisi de s’adapter à son hyper activité pour lui enseigner le mieux possible comment lire, écrire et compter (en même temps, très peu de parents prenaient la peine de scolariser leurs enfants à Shinganshina et elle avait eu tout le temps de faire du cas par cas). Mais ici, à Trost, l’enseignant était sévère. Il exigeait d’Eren qu’il obéisse sans discuter, rentre dans le moule et se concentre. Il avait un tas d’élèves desquels s’occuper et Eren à ses yeux n’était qu’un cancre. Sans oser venir lui chercher des noises, ses camarades l’avaient peu à peu isolé. Et Eren, n’avait absolument rien fait pour les en dissuader. Il n’allait pas jouer le pitre pour s’attirer leur sympathie, il se fichait éperdument de ce qu’ils pouvaient penser ou dire de lui. Il détestait cette école et s’il n’avait pas promis à sa mère de se comporter comme un ‘gentil petit garçon’ voilà longtemps qu’il aurait déjà choisi de systématiquement s’enfuir à chaque heure de cours.
Les quatre tyrans étaient donc en train d’encercler leur victime : « Tu sais comment mon père appelle les gens comme toi ? Des travelos !
- Ouais, t’es qu’un travelo dégueulasse !
- Soulève ta jupette le trav’, qu’on voit si t’as vraiment des boules ! » L’idée leur parut absolument formidable et ils entonnèrent en chœur : « Soulève ta jupe ! Soulève ta jupe, soulève ta jupe ! » La petite boule recroquevillée sur elle-même n’esquissa pas un geste alors, Todd (leur chef, si Eren s’en souvenait bien), lui attrapa les cheveux et tira de toutes ses forces. La fillette poussa un gémissement de douleur alors qu’il la forçait à se mettre à genoux. Ses trois acolytes l’attrapèrent à leur tour, tentant visiblement de déchirer la robe bleu qu’elle portait.
Il n’en fallu pas plus à Eren. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas ressenti une telle excitation. Son cœur s’emballa, il eut comme des fourmillements qui lui traversèrent les veines et il se mit à trembler. Son souffle devint court alors que sa vision se teintait de rouge. Il se souvint de la manière dont Levi l’avait sauvé, de ce magnifique coup de pied retourné qui s’était comme imprimé dans sa rétine. Parfois, il en rêvait même la nuit. Son corps se mit en mouvement avant même qu’il n’ait conscience de se lancer dans la bataille. Quand son pied vint frapper la mâchoire de la brute, Eren entendit un craquement sinistre qui lui arracha un sourire. Parfait, ce n’était pas exactement aussi net que celui de Levi, mais c’était un bon début. Il se réceptionna à quatre pattes. Stupéfaits, les trois autres brutes s’étaient comme figés. Eren se redressa lentement, son cœur battait la chamade lorsqu’il demanda : « Vous voulez qu’on joue ensemble, les crétins ? Quatre contre un, ce n’est pas très juste… » Todd posa un regard effaré sur son ami, la brute se tenait la mâchoire tout en pleurnichant, du sang lui dégoulinait du nez.
Todd demanda, incrédule : « Ackermann ? » Eren plissa les yeux, il n’arrivait vraiment pas à s’habituer à son nouveau nom…Todd tenait toujours sa victime d’une poigne de fer. La fillette avait les yeux écarquillés d’effroi. Un regard bleu ciel qui rappela à Eren ses longues contemplations silencieuses alors qu’il somnolait à l’ombre de l’arbre qui se trouvait en plein milieu de la cour, dans son ancienne école. Des mèches blondes s’étaient déjà coincées dans les doigts de son agresseur et Eren espéra pour elle que Todd n’ait pas arraché assez de ses cheveux pour que ça soit visible à la fin. Eren renifla dédaigneux : « Lâche-la, crétin. » D’incrédule, le regard de Todd passa soudain à hargneux : « Ackermann, t’es mort ! » Todd libéra sa proie et accompagné de ses deux amis ils se dirigèrent d’un pas décidé vers Eren.
Eren se sentit frémir, comme il avait frémi cette nuit-là, lorsqu’il avait eu la ferme intention de débarrasser le monde des trois hommes qui avaient osé faire du mal à sa mère. Il savait qu’il ne le devrait pas, mais il souriait. Il ne pouvait s’empêcher de sourire. Pas quand chaque fibre de son corps tremblait d’excitation à l’idée de livrer un combat. Les trois garçons hésitèrent, trop conscients de la présence de l’épais bâton de bois que leur adversaire tenait fermement entre ses mains.
Eren attendait, impatient. Mort ? Il était sûr que Todd n’avait répété ces mots que parce qu’il les avait entendu à la télévision. Todd ne savait pas ce qu’était la mort. Todd n’avait jamais voulu tuer un homme de sa vie. Ça se sentait. Todd n’était pas comme lui. Todd était faible. Même s’il était bien plus grand qu’Eren en taille.
Une minute s’écoula puis deux, sans qu’aucun des trois garçons n’esquissent le moindre mouvement. Seuls les geignements de douleur de leur camarade, qui s’était traîné jusqu’au mur de briques de la ruelle, ponctuaient le silence.
Ce n’était pas qu’ils ne voulaient pas bouger, attaquer, remettre cet étrange gamin à sa place. C’était juste qu’ils n’y arrivaient pas. Leur corps refusait tout simplement de leur obéir. Hypnotisés par ce regard féroce, ses pupilles d’émeraude qui les scrutaient comme un fauve scrute sa proie, ils eurent des sueurs froides pour la première fois de leur vie. Ils eurent véritablement peur, pour la première fois de leur vie. L’une des brutes recula soudain : « Je…je rentre chez moi. » Et sans demander son reste, il déguerpit. Les deux autres étaient bien trop pétrifiés pour esquisser le moindre geste. Eren se passa la langue sur les lèvres : « Ça veut dire que vous, vous voulez vous battre, non ? » Et sans leur laisser le temps de répondre, il leur fondit dessus.
Le premier coup atteint l’ami de Todd en plein visage. Il s’écroula en arrière et sans perdre une seconde, se retourna pour ramper hors d’atteinte. Sa joue avait été éraflée par le morceau de bois et il aurait sans doute un énorme bleu sur la figure, mais au moins il n’avait pas été assommé. L’adrénaline lui permit de se redresser en titubant avant de prendre ses jambes à son cou. Eren ne s’était pas arrêté pour voir ce qu’il advenait de son premier adversaire, il était déjà en train de faire pleuvoir une pluie de coups sur Todd. L’enfant tentait tant bien que mal de se protéger tout en hurlant à son assaillant qu’il capitulait. Il fut touché plusieurs fois sur l’avant-bras et une fois à la tempe avant de décider de se rouler en boule pour se protéger la tête. Mais même là, Eren ne semblait pas prêt de s’arrêter de frapper.
Ce fut une main tremblante, égratignée et sale, qui agrippa le bras du brun pour le stopper.
Eren glissa les yeux vers celui qui avait osé interrompre son combat. C’était la fille. La victime de Todd et sa bande. Eren fronça les sourcils, incrédule. Elle tremblait mais ne détourna pas le regard lorsque leurs yeux se croisèrent. Eren savait, vu la réaction des autres garçons lorsqu’il les regardait de cette façon, qu’il faisait assez peur pour leur donner des sueurs froides. Mais elle ne cillait pas, elle continuait de s’agripper. Eren demanda, d’une voix presque trop calme pour être normale : « Qu’est-ce que tu fais ?
- Ar…arrête ! Tu…tu vas le tuer… » Eren pencha légèrement la tête, comme s’il ne comprenait pas un traître mot de ce qu’on lui disait : « Et alors ? Il était en train de te faire mal, non ? Pourquoi est-ce tu ne veux pas te défendre ? » La blondinette répondit de sa voix fluette, presque brisée : « Parce que je suis plus fort qu’eux. Je n’étais pas en train de perdre… » Eren demeura interdit. Il abaissa son bâton alors qu’un sourire resplendissant lui fendait le visage : « T’es vachement bizarre toi… » Todd profita de leur conversation pour ramper, se redresser en trébuchant et quitter la ruelle en courant. Eren lui lança un regard dépité : « Ah…maintenant, il s’enfuit… » Le brun chercha des yeux la première brute mais à part quelques gouttes de sang sur le béton, il ne demeurait déjà plus rien de lui.
Tant pis. De toute façon, Eren avait arrêté de voir rouge à partir du moment où cette fille lui avait agrippé le bras.
Il soupira : « Ils risquent de revenir tu sais. Les méchants reviennent toujours. » La fille avait l’air épuisée. Elle marcha doucement vers le livre abîmé que ses bourreaux avaient dû lui arracher bien avant qu’Eren n’arrive dans la ruelle : « Ce n’est pas grave. Je ne passerais plus par-là, c’est tout… » Eren croisa les bras : « Si tu m’avais laissé les frapper, tu n’aurais plus eu de problèmes. » Le regard perçant que lui rendit la blonde le désarçonna. Elle siffla : « Je ne veux pas de l’aide d’une brute. A quoi ça sert de régler un problème par ce même problème ? Tu es exactement comme eux, un vilain… » Eren était choqué : « Quoi ? Mais, je, je t’ai aidé ! »
Elle parut réfléchir à la question puis le salua rapidement : « Merci. Et au revoir. » Elle tourna les talons. Estomaqué, Eren la poursuivit : « Hey ! Attends ! Comment tu t’appelles ? » Elle parut méfiante : « Pourquoi tu veux le savoir ? » Eren se tritura les doigts : « Je suis désolé… » Elle sembla prise au dépourvu : « Pou…pourquoi tu t’excuses ? » Eren la regarda par en-dessous, visiblement contrit : « Parce que je t’ai mise en colère ? » Pendant un instant, le silence régna en maître dans la ruelle.
Finalement, elle hocha de la tête et répondit : « Je ne suis pas en colère. Je pense que tu es différent d’eux finalement, et je te remercie de m’avoir aidé.» Elle se retint d’ajouter qu’il était bien pire. Si ces brutes se montraient violentes pour satisfaire leur égo, leur bêtise et leur soif de pouvoir, l’enfant qu’elle avait sous les yeux était d’une toute autre nature. Tout ce qu’il faisait, il le faisait ingénument. Avec honnêteté et simplicité. Il ne voyait même pas où était le mal. Eren esquissa un sourire désarmant : « Tu es très courageuse tu sais. Je n’ai pas bien compris pourquoi tu pensais que te laisser frapper ça voulait dire que tu gagnais mais, j’ai bien vu que tu n’avais pas peur du tout !» Il essayait à sa façon de la complimenter. Même s’il était très maladroit. Elle pouffa de rire malgré elle : « J’avais peur en vrai. J’étais même super mort de peur. Et puis j’avais pas envie de me retrouver encore une fois couvert de bleus…
- Ça t’arrive souvent ?! » La blonde hocha de la tête : « A chaque fois que je ne suis pas assez prudent et que je me fais repérer quand je reviens de la bibliothèque…
- Pourquoi tu ne demandes pas à ta maman de t’acheter des livres ? » Les yeux azur s’illuminèrent d’une lueur farouche : « Parce que j’adore prendre l’air ! Et la bibliothèque est mon endroit préféré au monde ! On dirait une caverne magique, remplie d’univers différents !
- Beurk. Moi j’aime pas les livres. C’est barbant. Je préfère le parc ! Tu sais jouer au basket ? Levi m’apprend à jouer au basket, plus tard, je ferais parti de l’équipe nationale ! » Elle l’observait avec une pointe d’envie alors qu’il sautillait sur place : « Je…je n’ai pas le droit de faire du sport. » Eren papillonna : « Pourquoi ? » Elle paraissait mal à l’aise : « Parce que…je suis malade depuis que je suis né. J’ai un problème au cœur donc je ne peux rien faire de trop fatiguant. Et puis même si je le voulais, je n’ai jamais été à l’école, donc je ne connais personne avec qui jouer au basket… » Eren soupira : « Quelle chance, l’école, c’est naze… » Elle parut dépitée : « N’empêche que j’aurais voulu y aller moi aussi… »
Eren la détailla un instant. C’était vrai qu’elle paraissait chétive. Sa peau était pâle et sa coupe au bol lui donnait un air fébrile. Il fronça le nez : « Je peux t’apprendre si tu veux ! Tu n’auras qu’à venir à la maison, Levi fait un peu peur mais, il est super gentil ! » Ses yeux s’illuminèrent un instant mais alors qu’elle s’apprêtait à répondre par l’affirmative, elle parut soudain se rappeler de quelque chose. Elle baissa les yeux et ses épaules s’affaissèrent. Pris au dépourvu, Eren lui posa une main compatissante sur l’avant- bras : « T’en fais pas, je peux t’aider à convaincre tes parents… » Elle agita la tête, nerveuse : « Non, ce n’est pas ça…c’est juste que, je suis sûr que tu voudras retirer ce que tu viens de dire quand tu sauras la vérité… » Eren réfléchit un quart de seconde avant de répondre : « Non, j’ai très envie de t’inviter à la maison ! Et puis, on sera mieux à trois pour jouer au basket… » Elle serra les poings, redressa la tête vers lui et s’écria : « Je…JE SUIS UN GARCON ! » Eren se figea, la regarda de haut en bas et poussa un cri de surprise.
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Ils étaient allés s’installer sur l’aire de jeu qu’affectionnait Eren puis Armin lui avait raconté son histoire.
Son père était pompier et était mort dans l’exercice de ses fonctions un peu avant sa naissance. Sa mère avait fini par mourir en couche. C’était son grand-père, le père de son père, qui avait donc pris soin de lui depuis qu’il était bébé. Mais le mauvais sort s’était acharné et Armin était né avec un cœur trop petit et trop faible. Comme son grand-père était un ressortissant d’Antya, le continent perdu où vivait ceux qu’on appelait les Anciens (les descendants des civilisations passées, celles qui existaient à l’époque où le monde de Mare s’appelait encore la Terre, juste avant le Grand Déluge) il croyait en beaucoup de superstitions. Dont celle qui disait qu’habiller son garçon en fille jusqu’à l’âge de sept ans, permettait de le conserver en bonne santé. Parce que les cieux étaient plus cléments avec les filles. Comme Armin était trop malade pour aller à l’école, ce n’était que récemment qu’il avait compris à quel point le fait qu’il porte des robes pouvait être mal vu.
Mais les médecins ne lui avaient donné qu’un an à vivre avec sa défaillance cardiaque et ça faisait déjà bientôt six ans qu’il survivait en dépit de tout.
Pour une fois, Eren s’était montré très attentif. Installé sur la balançoire qui se trouvait à la droite de celle où s’était assis Armin, il commença doucement à se balancer d’avant en arrière. Le blond acheva son récit puis se mura dans un silence anxieux, attendant visiblement que son nouvel ami le rejette maintenant qu’il savait tout. Eren sauta de son siège et se plaça face à Armin : « Ton grand-père est un sacré magicien ! Et j’avais raison, t’es super courageux en fait ! T’affronte la maladie avec des robes et même les médecins ne comprennent pas comment tu réussi à la mettre K.O ! En fait, tes jupes sont un peu comme l’armure d’un superhéros, non ? » Les yeux d’Armin s’emplirent de larmes. En à peine une seconde, Eren venait d’absolument tout balayer. Sa peur du rejet, la honte, l’incompréhension et la solitude, absolument tout. Embarrassé, le brun lui tapota la tête : « Arrête de pleurer par contre, les mamans du coin vont croire que j’embête une fille… » Sans pouvoir s’arrêter de pleurer, Armin commença à pouffer de rire. Eren s’agaça : « Hey ! Choisis au moins, tu ris ou tu pleures ? » A ces mots, le blond éclata franchement de rire, la tête rejetée en arrière.
Il se tenait le cœur d’une main tout en essayant de reprendre son souffle. Eren posa sur lui ses deux prunelles vertes teintés d’inquiétude : « Oh non ! Est-ce que ton cœur va bien Armin ? » Si Armin ne riait pas tant, alors il aurait pu lui dire que oui. Que son cœur n’avait sans doute jamais été aussi bien qu’en cet instant.
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Ils étaient très vite devenus inséparables.
Armin avait réussi le miracle de pousser Eren à prendre ses études au sérieux. En effet depuis qu’il le connaissait, Eren s’était donné pour mission de noter absolument tout ce qu’il y avait à noter dans chacune des matières qu’on lui enseignait à l’école afin de pouvoir rapporter ses cours à Armin le soir venu. Ensemble ils apprenaient et faisaient ses devoirs. Pour le plus grand bonheur de Carla (qui s’inquiétait qu’Eren persiste à jouer les loups solitaires) et du grand-père d’Armin (qui avait l’impression que son petit-fils avait un second souffle de vie). En échange, Eren apporta à Armin tout ce qui faisait de la vie, la plus palpitante des aventures.
Les bêtises, bien entendu. Des tas et des tas de bêtises.
Il semblait que la folie créative d’Eren en ce qui concernait ce domaine, n’ait jamais été aussi forte. Repeindre de boulettes de boue les volets de la veille bique qui avait massacré leur ballon de basket quand il avait atterri dans son jardin. Gribouiller les cahiers de Levi et s’enfuir à toute jambe avant qu’ils ne les pendent par les oreilles. Essayer d’atteindre le ciel en se balançant le plus haut possible sur la balançoire du parc d’à côté. Construire une cabane avec des coussins et des draps dans sa chambre à coucher avant d’y jouer les pirates. Poursuivre le vieux matou chapardeur qui arpentait les rues du quartier pour essayer de lui enterrer le corps dans le bac à sable. Se battre (ils se disputaient assez souvent mais c’était toujours Armin qui avait le dernier mot) Voler le maquillage de Carla pour s’en tartiner le visage et jouer aux monstres…
Chaque jour, chaque heure, chaque minute était devenu une péripétie épique.
Ils passaient tellement de temps, fourrés l’un chez l’autre, que Carla pouvait affirmer sans ciller qu’elle avait deux fils de presque six ans. Armin et Eren venaient de trouver cette personne un peu spéciale qui éloignerait à jamais le spectre de la solitude. Celui qui leur tendra toujours une main secourable. Celui qu’ils trouveraient à leur côté les soirs où les ténèbres se montraient plus menaçantes. Un cœur aimant sur lequel compter dans tous ces instants où les mots ne suffisaient plus. Celui avec qui en dépit des disputes et des chamailleries, on devenait toujours plus fort. Un allié pour toujours.
Un meilleur ami.