L'Exécuteur
Bien le bonjour, me revoilà ! En fait ce chapitre était trop long, du coup je mets une partie dans le prochain. Il est coupé en deux en gros. Bref ! Après avoir lu une certaine fic très belle se nommant My Beautiful Beast (sur notre ship Eren x Levi) et avoir été frappée de plein fouet par la motivation de l'auteure, j'ai repris l'écriture de mon histoire avec bien davantage d'enthousiasme ! Un grand merci à elle, donc ! Le soutien des reviewers a également joué son rôle, et je suis navrée d'avoir mis du temps à poster. Je précise que je ne me donne AUCUN DELAI, pour ceux qui en font la remarque, mais bon quatre semaines ça paraît long sans doute ! Je le conçois parfaitement mes chers ! Du coup I'm back, Emylou the return ! Plein de beuzouilles sur vous ! Et bonne lecture à toutes et à tous !
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« Eren…
Il faisait complètement noir, et cette voix qui résonnait dans sa tête… Il s'agissait, à s'y méprendre, de sa mère. Il y avait une certaine résonance, désagréable, qui crissait contre ses tempes. Le volume du ton de Carla était lointain, puis se rapprochait tout à coup, comme criant contre son visage, avant de s'éloigner de nouveau. Il pressa ses paumes contre ses oreilles en souffrance, grimaçant de douleur. Il était seul, flottant dans une obscurité morbide, recroquevillé sur lui-même. Il n'y avait rien autour à part lui.
- Eren... Eren !
Il ferma fort ses paupières, serra ses mâchoires.
- Eren... Qu'est-ce que tu fais ! Mais qu'est-ce que tu fais ?! »
Une certaine prise de conscience s'empara de lui, lui dénonçant la vérité : il n'était qu'endormi. Alors il se força à se tirer du sommeil, rouvrant ses yeux avec difficulté sur une pièce disposant d'une faible luminosité. Sa chambre. Mais elle possédait ici un angle différent, dans lequel il ne l'avait jamais vue auparavant. Il voyait en part importante son lit, ses draps défaits terminant leur course sur le sol et son oreiller prêt à les rejoindre ; mais aussi sa petite commode vieillotte qui avait jadis appartenu à sa grand-mère et était maintenant jonchée de vêtements à moitié sales. Ses yeux s'ouvrirent en grand, alors que le pouvoir qui électrifiait ses membres se retirait aussi rapidement que du poison s'infiltre dans les veines. Son corps tomba lourdement sur son matelas dans un craquement.
« Merde !
Il devait avoir cassé deux ou trois lattes de son lit vu le son émit. Mais ça n'avait pas été la raison pour laquelle il avait juré. Son pouvoir n'était pas resté activé, quand bien même il avait mis du temps à prendre conscience de son auto-stimulation. Ça n'était jamais arrivé. Il aurait dû rester dans les airs, au lieu de retomber comme un imbécile. Mais il avait une petite idée sur le pourquoi du comment. Il avait fallu qu'il rêve de sa mère. Et depuis son départ elle lui manquait terriblement. Pourquoi était-elle revenue pour ensuite repartir tout aussi sec ? Il avait beau rien n'en montrer en dehors, il était en fait atrocement chagriné. Sentiment mélangé à la peur, la colère. Et c'est, tout comme dans son rêve, qu'il se recroquevilla sur lui-même, serrant son draps contre lui dans ses poings crispés.
- Maman... Tu me manques... »
Sa gorge se noua, mais ses yeux restèrent obstinément secs. Il se rendormit le peu de temps qu'il lui restait avant que l'alarme de son portable ne se déclenche, lui signalant qu'il était temps de se préparer pour se rendre au travail.
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Vous devriez le savoir, Eren n'est pas une personne joyeuse. Dès la naissance il a été doté de ce don qu'on nomme sous l'expression "déborder de vie". Mais cela peut également se transformer en malédiction, c'est ce qu'il faut savoir. Il ressent trop, et chaque déception devient pour lui comme un coup de poignard qui ne cicatrice jamais réellement. Parce qu'il est trop affecté par tout. On le lui a déjà dit, gentiment. Principalement Mikasa et Armin, qui tiennent à lui au possible. Ils veulent le protéger de la moindre souillure, et l'inverse est valable également. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'il est depuis bien longtemps trop tard. Les ailes du brun qui promettaient d'être grandes et belles se sont faites attaquer de toute part, des plumes ont été arrachées, cassées, et les suivantes avaient fini par se détacher d'elles-mêmes. Les restantes sont tachées de pourpre. Car le corps entier d'Eren est en souffrance, couvert de cicatrices. Mais il survit. La moindre étincelle de bonheur est une flamme crépitante qu'il se promet de tenter de protéger et ne pas oublier. Tant qu'il y en a au moins une, il ne perdra pas totalement la raison. Tant qu'il y en a au moins une, sa quête ne sera pas aussi vaine que son existence.
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Enveloppé de son long manteau, il attendait patiemment que les Rebelles se pointent au lieu de rendez-vous. Le brun était arrivé en avance. Il ne disposait pas d'une montre, mais il se doutait qu'il allait bientôt être l'heure. Le point de rencontre se situait dans l'impasse , là où il y avait la petite pièce secrète souterraine en-dessous d'un garage, dans laquelle il avait été emmené il y a maintenant de cela sept jours. Impasse . Faisant des allées venues sur les toits, une main prête à saisir son katana à tout moment, il commença à se demander pourquoi les autres n'étaient toujours pas là. Il est préférable d'être un minimum en avance pour ce genre d'entrevue, non ? De faibles bruits de pas se firent au même moment entendre, et le jeune infirmier se tourna vers le petit attroupement qui lui faisait face. Il y avait à sa tête Hanji, suivie de sept hommes, puis, légèrement en retrait, Levi. Ils étaient évidemment masqués. Cette première s'avança et lui balança un objet qu'il identifia comme étant le modificateur de voix. Il s'empressa de l'enfiler, pressant le bouton comme elle le lui avait montré la semaine dernière. Le fonctionnement du petit appareil n'était guère ardu.
« Salut toi ! l'aborda-t-elle avec un entrain non dissimulé.
Elle s'approcha à grandes enjambées, se stoppant à une distance raisonnable de l'Exécuteur. Un léger silence plana avant que ce dernier ne se racle la gorge.
- Qui allons-nous tuer ce soir ?
Seule une bourrasque de vent lui répondit. Il savait qu'il n'aurait pas dû paraître si brusque, il avait regretté ses mots au moment même où il les prononçait. Mais il était à bout de nerf, et le fait - compréhensible - que ses nouveaux "compagnons" l'aient laissé dans un flou total quant à la mission de ce soir n'arrangeait rien. Un rire coupa ses réflexions.
- J'aime bien ton côté sarcastique et pessimiste de première, pouffa la brune. Ça te donne l'air plus humain, moins monstrueux.
Il aurait voulu répliquer que, quant à lui, ce qu'il appréciait d'elle était cet étrange aspect trop franc. Mais il se tut. Il devait faire gaffe à ne pas faire trop ami-ami avec les rebelles. Bien qu'il soit clairement en plein milieu de cette pente avec l'un d'eux. En revanche, ça c'était une autre histoire, complètement différent de la situation actuelle. Chose qu'il aurait bien voulu croire.
- Bon ! intervint Hanji une nouvelle fois en tapant dans ses mains. On va maintenant t'expliquer en quoi consiste la mission de cette nuit.
Le brun croisa les bras, attentif. La jeune femme poursuivit :
- Nous allons nous rendre à une entrevue. Un de nos alliés sera présent. Le truc, soupira-t-elle en abaissant les épaules, c'est qu'on le soupçonne d'avoir changé de bord. On a intercepté un message louche étant à l'attention de notre cher chef Zackley de la Police Spéciale.
Le jeune infirmier hocha la tête avec raideur. Il avait encore du mal à considérer les Policiers Spéciaux comme l'ennemi, du moins une part, mais en ce qui concernait Zackley c'était différent. Ce type avait toujours eu une attitude de salaud glacial. Tout ouïe, il écouta la suite :
- Ce rendez-vous que nous avons avec notre allié, Keith, est une routine. Cependant ça risque de dégénérer s'il tente quoi que ce soit pour nous livrer aux flics.
- Ce mec n'a toujours été qu'un bâtard appâté par l'argent.
Surpris, Eren se tourna vers Levi, qui venait de balancer cette phrase. Le noiraud avait contourné le petit groupe des sept hommes pour venir se planter aux côtés d'Hanji, quoiqu'un peu en arrière.
- C'est tout ce que tu dois savoir, continua-t-il platement. C'est un salopard qui joue trop avec le feu, alors s'il cherche à se payer notre gueule n'hésite pas à le planter.
Notre protagoniste se tourna vers Hanji. Il avait du mal à s'attarder sur Levi sans se sentir mal.
- Il va donc bien falloir tuer, ce soir.
- Ce n'est pas certain ! Tout peut arriver. Mais... oui, tu va sans doute devoir supprimer quelques personnes.
Il baissa le menton sans rien dire à l'entente de ces mots. Il ne se sentait pas mal, plutôt blasé. Voire non, il ne ressentait simplement rien du tout. Juste un vide chiant beaucoup trop creux. Il put remarquer que tous s'étaient raidis, y compris le Chien. Ils attendaient une quelconque réponse, à n'en pas douter.
- D'accord.
Huit paires d'épaules se détendirent doucement.
- Hourraaa ! ne put se retenir de s'écrier la brune. Tu es vraiment parfait !
Il ne releva pas. Parce que non, il n'était pas parfait. Commettre des meurtres n'était pas parfait. Obéir aveuglément à des ordres n'était pas parfait. Mais il restait l'Exécuteur, celui qui sauvait les innocents, celui qui tentait éperdument de remettre la ville dans le droit chemin. Ce bien que lui-même s'en soit déjà détourné depuis trop longtemps. A un âge trop jeune. Son aura s'assombrit considérablement, tant et si bien que cela se fit ressentir par chaque personne présente. Tous frémirent inconsciemment. Ah, mis à part Levi, qui parut le dévisager étrangement.
- Il est temps de partir, intervint le noiraud d'une voix rauque.
Il tourna le dos et s'éloigna sur les toits sans jeter un regard en arrière. Eren fut le premier à réagir et partit à sa suite, jusqu'à parvenir finalement à sa hauteur. De temps en temps ses iris turquoise papillonnaient dans sa direction. Il voulait dire quelque chose mais ne savait pas quoi.
- Tu veux bien te concentrer sur la route ? Tu vas finir par me faire stresser, grogna Levi.
- Parce que tu stresses, toi ? répliqua le brun immédiatement, goguenard.
Et il aurait mieux fait de la fermer. Ce genre de remarque appartenait à Eren Jaeger, non pas à l'Exécuteur. Il put sentir la surprise du Chien sans même la voir.
- Ta gueule.
- J'ai une bouche, c'est pas moi le chien ici.
Merde, merde, merde. Il avait dit cela de manière trop sèche, presque comme s'il en voulait réellement au gérant. Il rentrait dans son jeu du plus salaud. Parce qu'ils n'étaient pas censés s'apprécier. Il devait le clasher autant que lui se permettait de le faire.
- On va arriver, ne foire pas tout. » lui signala le noiraud, le ramenant sur terre.
Il devait vraiment le prendre pour un idiot doublé d'un imbécile. Ces deux termes sont assez synonymes, mais au moins pas de méprise, cela revient au même résultat. Levi s'arrêta subitement, puis jeta un coup d'œil derrière lui, sans doute afin de vérifier que tout le monde était bien présent. Tout aussi rapidement, il bifurqua sur sa droite, fortement penché vers l'avant. Ce dernier point n'échappa pas à Eren, pas plus que le signe qu'il fit à ses compatriotes. Ils venaient de pénétrer le territoire de ce Keith, et ils n'étaient pas seuls. Il se laissa dépasser par quatre ou cinq des rebelles, se concentrant sur le lieu. Il s'agissait d'immeubles sensiblement plus hauts que les autres et qui étaient, à s'y méprendre, vides. Ils avaient ainsi formé un cercle approximatif, reliés entre eux par de fines passerelles en ferraille. Vu de l'extérieur ils auraient pu paraître habités, pas si différents que les autres habitations qui les bordaient. Mais en fin de compte le jeu était bien caché. Pénétrer ces structures était impossible, de hauts grillages vaguement dissimulés en bouchait toute entrée. Une autre issue pouvait se trouver au niveau des toits. Mais là encore, petit problème, des gardes surveillaient. Pas de manière vraiment discrète, mais qui s'hasarderait par ici, hein ? Il restait donc les murs. S'accrocher aux fenêtres comme dans un parfait assassin's creed.
On tapota le bras du brun. Il pivota face à une Hanji sautillante.
« C'est là que ça devient amusant, lui chuchota-t-elle.
Il pencha la tête de manière interrogatrice. Ils s'étaient maintenant stoppés au bord d'un des immeubles.
- On descend, lui signala-t-elle en pointant le vide vers le bas.
Ah, il s'en était douté. Mais ce ne fut pas ce qui le préoccupa plus que ça. Pourquoi ne s'étaient-ils pas encore faits repérés ? Le jeune infirmier ne tarda pas à obtenir une réponse quand il remarqua trois paires de pieds allongées dans un coin. Mais ce n'était pas ça le plus important. C'était plutôt la signification de la présence de ces hommes assommés - ou morts, qui sait. S'ils avaient été mis dans cet état, cela voulait dire qu'il était plus certain que ne lui avait fait comprendre Hanji de la culpabilité de Keith. Il était à peu près sûr qu'il y aurait du sang versé cette nuit. La brune l'attrapa par le poignet.
- Toi, tu restes là à partir d'ici.
Deux rebelles vinrent l'encadrer.
- On a besoin d'encercler tout ce beau petit bordel, lui expliqua-t-elle.
- En étant dix seulement ? rétorqua-t-il.
Elle pencha la tête sur le côté.
- Oh, mais nous ne sommes pas seuls, lui signala-t-elle, pointant son pouce en direction des toits opposés.
Le brun plissa les yeux. Il y avait beaucoup plus d'hommes que quelques secondes auparavant. Sans doute le quadruple. Ce qui le turlupina le plus ne fut pas l'origine de la mission assez floue, mais plutôt son envergure. Ça semblait plus important que ce qu'Hanji lui avait fait comprendre. C'était du sérieux. Il calma sa respiration devenue plus affolée. Aurait-il un rôle si important que ça à jouer ? Si les choses venaient à déraper, ce qui serait logiquement le cas, il devrait faire ses preuves, non ? Cela signifiait-il éliminer le plus d'opposants possible ?
- Et nous serons assez ? Je ne doute pas que ces bâtiments contiennent quelques hommes armés.
- Oh mais c'est d'ailleurs le cas, fit-elle d'un ton léger.
- On se magne, intervint Levi, qu'on en finisse rapidement. On évitera la casse si on peut.
- Tu n'y crois pas une seule seconde, soupira le jeune infirmier.
Le noiraud pivota vers lui, hésitant sûrement entre lui répondre ou l'ignorer. Ou encore l'insulter.
- Peu importe, soupira-t-il finalement, puis il se tourna face à Hanji. Bouge-toi le cul au lieu de faire la parlote.
- Oui mon commandant. » se raidit-elle, mais notre protagoniste savait qu'elle n'avait nullement pris ça au sérieux.
Sur ce ils se laissèrent tomber de l'immeuble, retenus évidemment - et fort heureusement - par des petits crochets coincés sur le toit, à la façon Batman. Eren se tourna lentement vers les deux rebelles qui l'accompagnaient. Ceux-ci étaient en train de dépouiller les gardes mis KO, leur piquant leur arme à feu. Il n'avait aucune connaissance dans ce domaine, mais c'était en tout cas pas mal plus gros que de simples armes automatiques. Un certain genre de pistolet mitrailleur pour l'un, sans doute ? Et l'autre plus du type sniper ? Il n'avait jamais été un fada de ces trucs. Les deux hommes allèrent ensuite s'agenouiller vers le rebord surélevé du toit, qui leur permis de prendre appui pour tirer. Avant de se mettre complètement en position, l'un fit signe à notre infirmier d'approcher. Ce dernier vint se planter à leurs côtés, s'accroupissant et regardant ce qui se déroulait en contrebas.
« Hey, lui chuchota le rebelle près duquel il s'était installé. Enchanté.
Il avait retiré sa cagoule et lui tendait une main, que notre brun serra tel un automate. Face à lui se trouvait Erd. Erd le blond qui avait été déguisé en slip à fourrure, mais aussi le type de Titania, dont Eren avait tué le compatriote. Il n'avait pas fait le rapprochement entre ces deux personnes, qu'il n'avait vu finalement que brièvement pour l'une. Non mais putain, qui aurait remarqué que le vigile d'une boîte doté d'un chignon stricte était également ce Erd complètement barré habillé façon Tarzan plouc ?! L'infirmier avala difficilement sa salive. Quel con. Non mais quel con. Il avait relâché sa vigilance, et cette information lui était passée sous le nez. Il se doutait que les amis que Levi lui avait présentés faisaient partis de l'organisation, mais il n'avait pas fait ce rapprochement concernant Erd, le vigile de Titania. Il ne s'était pas souvenu. Il travaillait pourtant sa mémoire... Merde, c'était jamais assez.
- Je suis Erd. Et ça c'est Auruo.
Bien évidemment. Ce dernier parut moins enclin à lui serrer la pince, mais le fit tout de même, retirant brièvement sa cagoule avant afin qu'Eren puisse mettre un visage sur le nom. Bien qu'il le connaisse déjà en réalité.
- Permettez que je n'ai pas la politesse d'enlever mon masque, dit notre brun, un sourire dans la voix.
Autant partir sur un terrain d'entente. Les deux rebelles rabattirent leur cagoule et s'ajustèrent sur le rebord de béton, l'œil dans le viseur de leur arme.
- Qu'est-ce que je suis censé faire ?
- A partir de maintenant on attend, lui répondit le blond.
- Si ça dérape, continua Auruo, on règlera les choses d'ici. Toi vu que tu te débrouilles pas mal au corps à corps à ce qu'il paraît, ça serait bien que tu plonges dans la cohue.
Eren haussa un sourcil.
- Attaque suicide ?
Erd eut un rire.
- T'inquiète mec, Auruo et moi on gère pour ce qui est de tirer. On te couvrira les arrières.
- Tant que vous ne me visez pas moi à la place, marmonna-t-il.
Il ne voulait guère faire office de chaire à canon.
- Et puis t'es pas le seul à préférer l'approche à l'arme blanche. Plusieurs te protègeront.
- Je vous crois, dit-il simplement.
- Mais fais gaffe, le prévint Auruo en ricanant, il est possible qu'on se loupe si tu lambines trop.
Le brun plissa les yeux. De ce qu'il avait rapidement pu constater lors de leur rencontre, le châtain était un critiqueur de première, et se prendre à son jeu était le meilleur moyen de se faire apprécier.
- Ce qui n'arrivera pas. Et je suis dans tous les cas à peu près sûr d'être en mesure de dévier tes balles.
L'autre s'adossa contre le muret, son arme posée à plat sur ses jambes en tailleur.
- Mmh... Tu ne sais pas à qui tu t'adresses. Tu sembles bien sûr de toi.
- Je te retourne le compliment.
- Peuh.
Eren était mal à l'aise. Erd devait être un ami du brun qu'il avait tué, et peut-être même Auruo. Comment le blond pouvait-il lui parler de manière aussi détendue ? C'était étrange. A moins qu'ils ne s'appréciaient pas ? Ça paraissait la réponse la plus logique. Ou alors... ou alors le corps n'avait pas été retrouvé. Probable. Dans ce cas s'en était d'autant plus gênant. Mais il devait faire comme d'habitude. Se montrer fort, implacable, sans hésitation. Il ne tenterait pas de nouer un quelconque lien avec les rebelles. Il souhaitait simplement être accepté au sein de l'organisation.
- Aur' en position, intervint Erd.
- Ah, ça commence ? fit son compatriote d'une voix traînante.
- Ouaip. Viens voir ça monsieur le justicier.
Notre protagoniste s'accouda sur le rebord du muret, cherchant ce qu'il y avait de si intéressant en contrebas. Et c'est là qu'il le vit. Levi avait retiré sa cagoule et s'avançait accompagné du reste de la petite troupe au milieu de gars armés. Neuf contre une vingtaine dans la cour. Mais dans les bâtiments autour Eren pouvait voir quelques autres types qui attendaient derrière les fenêtres, armes chargées prêtent à faire feu. Putain... Les rebelles devaient être confiants sur ce coup-là, parce que...
- On est pas assez, dit-il.
- On gère je te dis, soupira le grand blond.
Notre brun ne répondit rien, trop obnubilé par le noiraud qui s'avançait parmi cette bande de fous furieux. Ça ne lui plaisait pas vraiment. Si les choses tournaient mal aucun des deux côtés adverses ne s'en sortirait indemne. Le noiraud avait beau être quelqu'un de très fort, on ne pouvait être sûr de rien. C'est ça qui le turlupinait. La sécurité du gérant de Titania. Il tiqua à cette pensée.
- Levi s'en sortira ?
- Levi s'en sort toujours, enchaîna directement le châtain.
Erd ricana.
- Ce petit con a toujours eu un instinct de vie bien supérieur à la moyenne.
Ça ne le rassura pas vraiment pour autant, mais c'était déjà ça. Il se remit sur ses deux pieds.
- C'est trop calme. Ils sont trop concentrés au centre.
Il commença à reculer. Il avait une mauvaise impression. Un truc clochait, y avait quelque chose qui le foutait mal à l'aise.
- Qu'est-ce que tu fous ? grogna Auruo.
Un regard qui lui vrillait la poitrine. Il fouilla les toits des yeux, sans succès, et quand son regard se reporta au niveau d'Erd et Auruo, il retint son souffle. Elle était juste là, debout sur le muret, le fixant avec obstination. Sa respiration se coinça dans sa gorge.
- Maman..., souffla-t-il doucement.
Carla descendit du rebord, puis s'arrêta à une distance raisonnable de lui.
- Eren, qu'est-ce que tu fais ?
- Eh Monsieur le Justicier, tu nous la fais pas à l'envers hein ? fit Erd, haussant le ton.
Notre brun déglutit, son cœur tambourinant contre sa cage thoracique. Les choses n'arrivent jamais au bon moment. Carla était de retour, mais cela signifiait qu'il était toujours aussi fou. Comment est-on censé agir face à cette apparition ? Il serra les poings, souffla un coup et se reprit.
- Ne vous inquiétez pas. Je vais jeter un coup d'œil sur l'extérieur, je ne suis pas serein.
Il se détourna et se ramassa sur-même, puis bondit.
- Eh mec, on a déjà des gars pour ça ! » lui dit le blond.
Mais dans ces moments Eren ne faisait confiance qu'à son instinct. Que le reste aille se faire foutre. Et il avait un truc à régler. Il prit un peu de hauteur, s'éloignant du cercle de bâtiments. Et bordel, qu'est-ce qu'il avait eu raison. Venant de trois directions différentes, les lumières rouges et bleutées de la Police s'approchaient, menaçantes. Keith avait donc bien trahi l'organisation. A combien s'élevait les récompenses de la Police en échange d'informations juteuses ? Il regarda quels véhicules étaient les plus proches, puis fonça vers eux. Trois voitures venaient du Sud, et c'est vers elles qu'il se dirigeait. Il était environ deux heures du matin, les rues étaient par conséquent vides.
« Eren.
Il pinça les lèvres.
- Eren, ne m'ignore pas.
Il fit volte-face vers sa mère.
- Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ?! explosa-t-il. Tu te barres pendant plusieurs jours sans prévenir, puis tu réapparais comme une fleur ?
- Je ne -
- Je ne veux rien entendre. Tu n'as pas d'excuse.
Ses mâchoires étaient si serrées qu'elles auraient pu craquer à n'importe quel moment. Peut-être que s'il se pétait toutes les dents il n'arriverait plus à parler correctement et Carla le laisserait donc tranquille. Putain. Il avait de la merde dans la tête. Parce que le départ de sa mère avait de nouveau laissé place au gouffre qui le composait habituellement, et voilà qu'elle pointait le bout de son nez, refoutant un voile d'espoir par-dessus.
- Si je suis partie c'est à cause de toi Eren ! riposta-t-elle, la voix tremblante. Tu allais mieux, mon travail était terminé. Dois-je te rappeler que je viens de ta tête ?
Il se tourna brusquement vers elle. Jamais ils n'avaient parlé de ça. Elle évitait le sujet au possible, et lui avait fini par faire de même.
- Excuse-moi mais j'ai un job à remplir, dit-il avec raideur, la dépassant, reprenant son ascension vers les trois voitures de police.
- Eren... Ne m'en veux pas...
Il avait senti ce ton, si empli de tristesse. Il inspira profondément, toujours dos à elle.
- Tu sais bien que je ne peux pas... maman. Mais maintenant je dois travailler. Tu es vraiment venue au mauvais moment.
Bien. Sa voix n'avait pas flanché, il était parvenu à rester calme et ferme.
- Mon chéri.
Des doigts froids vinrent entourer son poignet et il serra fortement les paupières. Le brun sentit son cœur tressaute, en pleine détresse.
- Mon chérie, continua-t-elle, pourquoi te diriges-tu vers des voitures de la police ?
Comptait-elle lui faire la moral ? Il se dégagea doucement de son emprise et se remit à descendre vers les véhicules, sautant de blocs en blocs composés par son esprit lunaire.
- C'est ça mon job maman, tu devrais être autant au courant que moi que les choses ont changé par ici.
- Eren, arrête ! s'exclama-t-elle. On devrait y réfléchir ensemble ! »
Carla n'obtint aucune réponse. Il n'y avait pas le temps pour réfléchir encore et encore, maintenant le brun devait agir, se bouger le cul. Avec tout ce fichu temps perdu, les voitures s'étaient bien rapprochées. A partir d'une certaine hauteur il se laissa tomber, atterrissant droit sur le capot de la dernière, puis s'écarta avec souplesse. Maintenant ça commençait vraiment. Tandis que le chauffeur venait de maîtriser le véhicule, les deux autres passagers présents avaient déjà sorti leur arme et la pointait à présent sur lui. C'était ça que notre protagoniste voulait ressentir, ses veines gonflées à bloc d'adrénaline, son sang qui circulait à vitesse grand V jusque dans les zones les plus reculées de son corps. C'était ce qu'il aimait, être dans sa bulle active où il n'avait pas besoin de se poser la moindre question. La règle était simple. Il devait se protéger des attaques extérieures et riposter pour qu'il n'y en ait plus. Quoi de plus habituel ? C'était cette loi qui régissait presque chaque jeu, chaque bataille de notre vie quotidienne. C'était d'une logique implacable.
Il s'abaissa à hauteur du goudron et glissa jusqu'à la voiture, puis enfonça sa lame dans la portière passager de devant. Touché au bras. Un de moins. Il retira son katana encore plus rapidement et contourna le véhicule par l'arrière. Il devait faire vite, avant de se faire prendre en embuscade. Deux portes s'ouvrirent et il se tint prêt. Il envoya voler l'arme des mains de la fille flic du bout de sa lame, puis la tira par le poignet et la mis à terre, la frappant au niveau du plexus, coupant sa respiration. Le chauffeur arrivait par l'autre côté, et Eren n'eut qu'à bondir au-dessus de la voiture. L'homme n'eut que le temps de voir un amas de tissus noir fondre sur lui qu'il était déjà inconscient, lourdement assommé. Ne perdant pas une seule seconde, l'Exécuteur se rua sur les deux autres voitures de police qui restaient et venaient à peine de s'arrêter. Les flics étaient six et armés, notre brun ne pouvait se permettre d'attendre, il devait agir alors qu'ils étaient encore en état d'hébétude. Replaçant le fourreau de son katana, il ouvrit une portière à la volée et assomma deux hommes, puis procéda de même pour celui de derrière. Ne restait qu'une voiture. Les policiers étaient sortis de la dernière, quatre cette fois-ci. Deux de chaque côté. Accroupi et appuyé contre le second véhicule, notre brun fit abstraction de tout. Le bruit de son cœur résonna une dernière fois dans ses oreilles avant de s'éteindre. Il laissa un long souffle s'échapper de ses lèvres entrouvertes, puis retira le fourreau de son katana. Ce fut le moment. Il plongea sur le bord droit de la voiture, se servant du premier homme comme d'appui au niveau du haut de son bras afin d'envoyer au tapis celui de derrière, la protection du dessus de son pied venant s'écraser contre sa tempe. L'autre fut ainsi poussé en avant, mais pas suffisamment fort pour qu'il ne tombe. Notre protagoniste le savait bien, ce fut pour cela qu'il recula, exerçant un demi tour du haut de son corps, la brusque rotation lui conférant une montée en puissance avec la vitesse, et son coude s'enfonça dans les cotes de l'adversaire. Plus que deux hommes. Il fit comme pour la première voiture, il sauta par-dessus le toit. Il atteignit l'un à l'épaule, l'écorchant pas trop profondément de son katana. Mais il n'avait pas prévu que l'autre serait si éloigné, et il ne put le toucher. S'il ne voulait en tuer aucun, il n'eut d'autre choix que de se servir du premier en tant que bouclier, la lame appuyant contre le bas de son dos.
« Toi..., grogna le policier libre avec fureur, pointant son arme sur eux.
- Yann, baisse ton flingue, marmonna l'autre.
Mais il ne sembla même pas l'entendre.
- Eh l'Exécuteur de mes deux, tu sais qu'il y a une bonne prime pour ta capture ? Tu m'en veux pas si je t'amoche un peu plus que nécessaire ?
Quoi ? Une prime ?
- Désolé Franck, soupira le policier, son index pressant la détente.
Le coup partit, touchant l'otage du brun juste en dessous de la clavicule. La chaire y était mince, et la balle transperça les fibres sans trop de difficulté à cette courte distance. Elle ressortit de l'autre côté, atteignant Eren sur le bord de l'épaule. Eh oui, il s'était déjà écarté, balançant Franck sur le traître. L'homme tira une fois de plus, touchant son collègue sur le flan cette fois. Quelle enflure. Notre brun fut pris d'une irrésistible envie de le tuer, si bien que ça lui comprimait les poumons. Il enfonça sa lame dans la poitrine du sale type, qui s'écroula sur l'asphalte, les yeux écarquillés. Mais notre infirmier sentit brusquement qu'il y avait quelqu'un d'autre, de beaucoup trop proche. Il s'abaissa tout en se retournant, son katana stoppant sa course à deux pauvres centimètres du ventre de Carla.
- Merde maman, jura-t-il, qu'est-ce que tu fous ?!
Mais elle ne le regarda même pas.
- Eren, qu'est-ce que... mon dieu, mais qu'est-ce que tu as fait ? Tu as tué un policier ?
- Il l'avait mérité.
- Mérité ? s'étrangla-t-elle. Ce n'est pas un de ces fumiers dont tu avais l'habitude d'abattre, il s'agit ici d'un homme de loi ! Son métier, sa vocation ! Ce que faisait ton père !
Il se redressa et commença à s'éloigner.
- Ça ne l'a pas empêché de tirer sur l'un de ses collègues. Tu devrais réviser ton jugement. Notre travail ne nous représente pas.
- Mais Eren bon sang, tu ne peux pas juste tuer un policier comme ça ! s'écria-t-elle. Et tu vas te mettre encore plus en danger !
Elle courut et se planta devant lui, ses prunelles le fixant avec fermeté. Sa main glissa en direction de sa joue, l'effleurant à peine, en une douce brise.
- Ce sont ces rebelles qui t'ont monté la tête, déclara-t-elle avec fermeté. Ne les laisse pas faire mon chéri. Tu vaux tellement mieux...
- Maman, l'arrêta-t-il. Ouvre les yeux. J'ai toujours été un tueur.
Il avait la boule à la gorge en prononçant ces mots, mais continua :
- Je ne suis pas une personne bien. Je suis un connard, pourri jusqu'à la moelle. Mais si ça peut me permettre de sauver des vies alors je n'hésiterais pas, je tuerais encore et encore.
- Mais on -
- Maman, la coupa-t-il, il y a de nombreuses personnes qu'on ne peut pas raisonner. C'est trop tard pour employer cette méthode inutile. C'est affligeant je sais, mais c'est comme ça que ça fonctionne aujourd'hui.
Il partit en courant. On ne pouvait pas tout avoir. La première chose importante était de protéger l'organisation. Les derniers mots de sa mère le frappèrent en pleine poitrine, mais il continua d'avancer, sans se retourner.
- Tu te fais manipuler par ton irrépressible besoin d'être soutenu dans ta quête de justice ! Mais tu cours droit au massacre ! Ce ne sont pas des personnes dignes de confiance ! Tu... Tu me déçois tant ! Eren, qu'est-ce que tu fais ?! »
Il courra plus vite et encore plus vite, grimpa au sommet d'un bâtiment et s'élança dans le ciel. Il aurait voulu hurler, de toutes ses forces, mais n'avait même pas assez de souffle pour cela, ce dernier restant obstinément coincé dans sa gorge sèche. Ses yeux se posèrent sur les hauts immeubles qui abritaient le gang de Keith. Levi se trouvait là-bas, peut-être acculé. Les rebelles avaient besoin de son aide. C'est pour cela qu'il devait faire vite, éliminer sans plus attendre la menace que représentait la Police. On ne peut pas toujours faire dans la dentelle. S'il était menacé, l'Exécuteur était forcé de riposter non ? Quitte à verser un peu de sang.
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Et voilààà ! Alors mes chéris, qu'en avez-vous pensé ? Encore de l'action dans le prochain chapitre en tout cas ! Et bientôt un retour de notre cher Jean qu'on aime !
Grosses beuzouilles ~