En Passant - partie 2

Chapitre 3

6102 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 06:04

Salut ! Voilà le chapitre trois ! Appelez-moi Dieu.

Bon, là j’ai eu le temps, mais c’est exceptionnel. Je ne pourrai pas écrire lundi, mardi et sans doute pas mercredi. Lundi parce que je révise pour mon concours et que je me couche tôt, donc je pourrai pas écrire le soir ; mardi parce que J’AI mon concours (mamamia, aidez-moi), et que le soir je ferai la teuf, et mercredi… Parce que je comaterai, tout simplement XD

Bref, du coup j’ai écrit un chapitre un peu plus long. Non en fait c’est pas vrai, je fais juste des chapitres pas très équilibrés, et j’avais mal au cœur à l’idée de le rallonger un peu afin de le couper en deux… Bref, sur ce, bonne lecture !

Eren se réveilla subitement dans la nuit, son corps sursauta et un petit hoquet de surprise sortit de sa gorge. Il avait chaud, beaucoup trop chaud, et ça lui faisait souvent faire des cauchemars. Il repoussa sa couette, se frotta les yeux et jeta un œil à l’heure sur son portable. 3h54 s’affichait sur son écran en un blanc beaucoup trop lumineux pour ses yeux fatigués. Finalement, il replongea dans son lit à la hâte et se rendormit immédiatement. Il lui restait encore trois petites heures de sommeil.

Tililili ! Tililili ! Tililili !

Son doigt s’abattit sur son smartphone.

« C’est pas vrai ! rugit-il. Je peux pas être suffisamment con pour ne pas savoir régler un réveil ?! »

Il se rendit compte qu’il était bien sept heures du matin, l’heure de se lever, et qu’il s’était rendormi immédiatement après s’être réveillé cette nuit. Il se mit en mode étoile de mer sur son matelas, expirant lentement par le nez. Une sale migraine pointait à ses tempes. C’était parti pour une journée exécrable.

Il prit une douche rapide, se fit un bol de chocapics – ne le traitez pas de gosse - alors qu’il était encore en serviette, puis s’habilla et se brossa les dents. Il passa ensuite une rapide inspection avec le miroir, arrangeant ses cheveux à la va-vite avec la main, et passant ses doigts sur ses cernes comme si ça allait les faire partir. Après avoir empoigné son sac à dos, il disparut dans l’embrasure de la porte. Aujourd’hui je suis les conseils d’Ymir.

.

.

« Jean ! Tu t’occuperas du premier ! Je prends les deux suivants avec Christa !

- Ça marche !

Un incendie était survenu à même pas six rues de l’hôpital, et l’équipe d’Eren attendait les pompiers devant les portes en frissonnant à cause du froid. Jean et une infirmières avaient dû venir en renfort, car il y avait eu pas mal d’incidents ce matin. Deux véhicules aux sirènes pimpantes arrivèrent bientôt, et les infirmiers se préparèrent à recevoir les blessés. Une magnifique jeune femme aux cheveux noirs sortit de l’ambulance, criant quelque chose à l’autre pompier. Ils ouvrirent les portes avec l’aide de Petra, puis sortirent le premier blessé. Il pivota vers Jean, remarquant qu’il était en pleine admiration devant la femme pompier.

- Qu’est-ce que tu fous ? Bouge-toi ! s’exclama-t-il.

Il sembla se reprendre, secoua la tête et saisit le premier brancard, sous l’œil attentif de la jolie noiraude. Le brun leva les yeux aux ciels, puis se tourna vers sa collègue et amie :

- Christa, on prend le prochain.

Elle hocha le menton. Il refila deux minutes après son boulot à deux autres infirmières, puis s’approcha de la pompière afin d’avoir son compte rendu.

- Mikasa, comment vas-tu ?

La noiraude s’approcha de lui et lui fit une courte étreinte.

- Je vais bien, et toi ? s’enquit-elle.

- Ca peut aller.

Il lui sourit. Elle lui donna son compte-rendu sous son regard concentré.

- Eh mais ! Tu t’es brûlée non ? s’exclama-t-il subitement, en remarquant la manche cramée de son amie.

Elle considéra sa blessure un instant, les yeux dans le vague, avant de reporter son attention sur Eren.

- Oh, ça ? C’est rien.

Elle le laissa inspecter sa brûlure. En un rapide coup d’œil il conclut :

- Pas question de te laisser repartir avec cette mocheté. Suis-moi à l’intérieur.

La jeune femme sourit en son for intérieur. Son nouveau travail semblait l’avoir fait mûrir un peu, il avait l’air plus sérieux. Elle espérait tout de même qu’il resterait un peu du petit garçon idiot qu’elle connaissait. Eren la conduisit à une chaise, la fit asseoir, et appela son associé :

- Jean, si t’as fini j’ai une petite occupation pour toi !

Une tête blonde sortit de derrière une porte, sourcils froncés.

- Tu peux pas le faire toi-même ?

Il remarqua derrière la pompière assise sur la chaise, et un masque de total ahuri vint prendre place sur son visage.

- Je te présente Mikasa, une amie d’enfance. Mikasa, voici Jean.

- Salut, dit-elle.

- Une amie d’enfance, mh ? fit Jean, dubitatif.

Le brun balaya sa question sous-entendue d’un geste de la main.

- Elle à une brûlure sur le bras gauche, je te laisse prendre la relève.

Le blond hésita un instant, embêté, puis ouvrit la bouche, mais Eren le devança :

- Je termine ce que t’étais en train de faire. »

Sur ce il les laissa tous les deux en plan, les yeux suspicieux de Mikasa lui vrillant les omoplates. Elle aurait voulu le voir un peu plus, cela faisait déjà deux semaines qu’ils ne s’étaient pas vus.

Non mais à quoi est-ce qu’il jouait ? Certes, il avait vu le regard intéressé de Jean en voyant Mikasa, et celle-ci en avait eu l’air légèrement amusée, mais… Ce n’était pas une raison pour laisser une chance à son fichu collègue ! Normalement c’était lui qui était censé trouver sa perle rare, et pas aider les autres pour ça ! Il marmonna dans sa barbe – qu’il n’avait pas, se rasant avec perfection chaque matin – se plaignant du sort qui lui était infligé.

Une journée de dur labeur l’attendait. Nous étions un samedi, mais il ne pouvait pas en profiter pleinement. Il s’agissait même là de sa plus longue journée. Il avait bien une pause de trois heures l’après-midi, mais il terminait ensuite à dix-neuf heures. Huit heures trente – Dix-neuf heures. Le truc bien chiant.

Son service touchant finalement à sa fin, il s’effondra sur une chaise, juste à côté d’une vieille dame. Un mal de tête atroce lui bouffait le cerveau. Il se pinça l’arête du nez.

« Tout va bien jeune homme ?

La voix tremblotante de la petite mamie maigrelette le sortit de ses insultes internes envers Jésus et Bouddha pour lui infliger pareil mal.

- Oh, oui, merci.

- Je vous préviens, vous risquez de patienter un peu. Il y a eu un gros incendie en fin de matinée.

Le brun se tourna vers elle, puis se mit à rire en agitant les mains.

- Non, non, je ne suis pas un patient ! Je travaille ici, et je viens juste de terminer mon service.

Son interlocutrice fronça ses fins sourcils.

- Mais vous paraissez si jeune…

- J’ai vingt ans vous savez.

Il se gratta l’arrière du crâne.

- Mon dieu ! Et vous travaillez déjà ?

- Eh bien… Oui. C’est ma première année.

Il se racla la gorge, souhaitant changer de sujet :

- Mais et vous, qu’est-ce qui vous amène par ici ?

La vieille dame croisa les jambes et fit une moue embêtée.

- C’est mon Albert…

Il en déduisit qu’il s’agissait de son mari. A vu de nez, elle paraissait avoir quatre-vingt ans. Le jeune espéra qu’il ne s’était rien passé de trop grave, à cet âge-là le moindre petit problème pouvait facilement s’aggraver.

- Qu’est-ce qu’il a votre Albert ? demanda-t-il avec douceur.

- Il s’est coincé dans un arbre le pauvre… Je ne pouvais pas l’aider à descendre, du coup je suis venue ici.

Elle mit ses mains sur son visage.

- J’espère qu’il va bien, murmura-t-elle.

- M-mais vous auriez dû appeler les pompiers plutôt ! Ça deviendrait vraiment dangereux si une branche venait à se casser, ou –

- Oh ne vous inquiétez pas, mon Albert est très léger par rapport à la branche. Il doit faire au plus six kilos.

Et elle lui dit cela avec une telle désinvolture…

- C’est un chat n’est-ce pas ? demanda Eren, interdit.

- Un bel angora, si vous le voyiez… Avec un magnifique pelage gris.

Ouais. Journée merdique. Il la regarda, ne sachant pas s’il devait s’inquiéter pour la mamie ou se mettre à rire. C’est alors qu’il aperçut le chirurgien blond dans le couloir, appuyé contre un mur avec un verre d’eau à la main, seul. Il se leva.

- Excusez-moi un instant, s’adressa-t-il à la vieille dame. Par contre pour ce qui est de votre chat vous ne vous êtes pas rendue au bon endroit.

Il la laissa là-dessus, n’ayant qu’une chose en tête.

- Bonjour monsieur ! lança-t-il au médecin en se mettant face à lui.

Celui-ci releva les yeux sol. Ils s’étaient déjà reparlé trois ou quatre fois, deux minutes à peine, n’ayant jamais un instant à eux. Mais ils s’étaient bien entendus.

- Ah ! Eren, comment vas-tu ? Et pour l’amour de Dieu, appelle-moi par mon prénom.

- Dure journée. Vous aussi apparemment.

En effet le beau chirurgien avait l’air extenué, et ses cheveux blonds avaient été maladroitement repoussés vers l’arrière.

- Eh oui, pas de tout repos cet incendie, n’est-ce pas ?

- C’est sûr.

Le brun croisa les bras, puis, prenant son courage à deux mains, continua :

- Vous avez sans doute besoin de vous détendre. Une petite sortie ce soir, ça vous dit ?

Le médecin releva la tête, surpris. Bien évidemment, il appréciait le jeune homme, mais il ne pensait pas qu’il prendrait les rênes aussi rapidement. Eren lui offrit un de ses jolis sourires dont il avait le secret. Cependant… :

- Ça serait avec plaisir, mais j’ai surtout besoin de repos, bien que ta proposition me paraisse alléchante. Et j’ai un planning très chargé en ce moment…

Cela l’embêtait de devoir refuser. Il aurait bien aimé se rapprocher de ses collègues, et faire une sortie. Surtout si celle-ci incluait de voir le brun. Il aimait ses yeux, qui illuminaient son visage, et son sourire, qui lui conférait un air innocent, ne le laissant pas totalement indifférent. Il fut encore plus embêté quand il remarqua sa mine déconfite. Une idée germa alors dans son esprit.

- Lundi, dit-il brusquement.

Eren releva la tête avec espoir.

- Amène quelqu’un avec toi. Je serai avec un ami à moi.

Bon, c’était déjà mieux que rien.

- Je suis désolé, mais je n’ai pas une seconde à moi, se justifia le blond. C’est tout ce que je peux te proposer pour la semaine prochaine.

Erwin avait décidé de partager sa soirée entre son ami et lui, et cela fit chaud au cœur d’Eren. Le médecin en valait peut-être le coup. Il suivrait le conseil d’Ymir. Le chirurgien avait beau avoir trente-trois ans, il s’en foutait complètement. Treize ans d’écart, c’est pas la mort non plus.

- Je suis sûr que vous allez vous rattraper la prochaine fois, répliqua-t-il avec un sourire.

- Cela va de soi, répondit aussitôt l’autre. Tu connais un endroit sympa où nous pourrions nous rejoindre ?

Les yeux turquoise de notre protagoniste étincelèrent.

- J’ai ma petite idée… »

Ils s’étaient donné rendez-vous dans deux jours devant Le Titanesque, à vingt et une heures trente. Ils s’étaient ensuite salués chaleureusement, et étaient chacun partis de leur côté. Eren était de bonne humeur maintenant. Journée pas si pourrie que ça finalement. Il remarqua après coup que la vieille dame de tout à l’heure était toujours assise sur la chaise en métal. Il s’approcha d’elle, prit de pitié.

« Bon alors, il est où votre chat ? » soupira-t-il.

Les prunelles de la mamie se mirent à briller.

Fort heureusement elle n’habitait pas loin du tout, cinq ou dix minutes à pieds seulement. Eren étant assez souple, il grimpa dans l’arbre sans trop de difficulté. Il avait attrapé le chat facilement. Les animaux, il connaissait bien, et il parvenait à faire en sorte qu’ils lui fassent confiance. « L’ami des bêtes » que l’appelait Armin. Son pied gauche l’élança un peu lorsqu’il redescendit, mais ce fut tout. La vieille dame insista pour lui glisser un billet de dix euros, et il finit par le prendre en riant. Ouais, il avait recouvré un peu de sa joie disparue. Elle l’appela « bon garçon » tout le long, bien qu’il se soit évertué à ce qu’elle le nomme par son prénom.

Pour finir il rentra chez lui, le cœur léger. Lundi c’était bientôt, ça arriverait vite. Il ferait la marmotte le dimanche, et le lendemain serait déjà là.

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Le moment tant attendu arriva finalement. Eren avait terminé à seize heures. Il rentra chez lui se préparer. Il allait prendre une douche lorsqu’il avisa ses baskets de course. Un petit footing, ça le tentait bien. Il enfila ces espèces de joggings de sport qui vous collent à la peau, mis un tee-shirt à manches longues tout aussi collant, et enfin ses baskets. Il se mit en route vers la voie verte, accompagné de ses éternels écouteurs rouges. Il trottinait lentement, pour ne pas se faire mal, accélérant l’allure progressivement. Il ne voulait pas aller trop vite, pour ne pas forcer sur son pied gauche. Evidemment, dans sa bonne humeur, il alla plus rapidement que prévu.

Il rentra chez lui en claudiquant, et vérifia qu’Armin était toujours ok pour une petite sortie. Il ne pourrait rester que deux petites heures avec eux, son école de médecine lui prenant une grande partie de son temps, mais c’était le seul qui était libre. Et puis il s’agissait tout de même de son meilleur ami d’enfance, qu’il ne voyait plus aussi souvent qu’avant. Armin lui confirma sa présence pour ce soir, et le brun se hâta de rentrer chez lui pour une bonne douche. Il se prépara ensuite une plâtrée de coquillettes au fromage râpé – ou fromage râpé aux coquillettes – et partit direction Le Titanesque.

Il n’eut que cinq minutes de retard, mais Erwin et Armin étaient déjà là, discutant tranquillement. Lorsque son meilleur ami l’aperçut, il agita la main :

« Eren ! Salut !

- Salut Armin !

Ils se donnèrent l’accolade.

- Vous avez déjà fait connaissance à ce que je vois, sourit-il.

Armin hocha la tête avec entrain. Erwin s’approcha du brun et lui serra la main.

- Ton ami m’a dit qu’il étudiait la médecine, la conversation s’est donc établie sans souci.

Eren allait leur proposer d’entrer, quand il réalisa quelque chose :

- Votre ami n’est pas là ?

- Oh, non. Il est très ponctuel d’habitude, mais une affaire à son travail l’a un peu retenu.

Il jeta un coup d’œil à sa montre avant d’ajouter :

- Il ne devrait pas trop tarder. Il nous rejoindra à l’intérieur. »

Ils entrèrent dans Le Titanesque. Les tables étant déjà prises, ils parvinrent à se trouver une place au comptoir du bar.

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Pu-tain-de-jour-née-de-merde-à-la-con. Ah ça les amusait de parler de trucs qu’il ne connaissait pas hein ! Et voilà qu’ils se mettaient à rire maintenant !

« Tout va bien Eren ? s’enquit Armin.

- Je suis désolé, dit Erwin, nous pouvons parler d’autre ch –

- Oh non ! Surtout pas ! Ne vous inquiétez pas pour moi ! Je discute un peu avec Bertolt de toute façon !

Ses deux interlocuteurs ne virent personne qui semblait discuter avec lui.

- C’est le barman, expliqua le brun. Là il sert juste des clients, mais après il va revenir. On était en plein dans une discussion de, heu, de motos, alors vous en faites pas…

- Tu es sûr ? demanda Armin, pas très convaincu.

- Absolument ! Et puis ça me fait plaisir que vous ayez l’air de si bien vous entendre !

Bande de cons.

- Bon… Très bien… »

Triple cons. Erwin lui fit un sourire interrogateur, puis lui tourna le dos. Ils étaient un groupe de trois au bar, il devait forcément y en avoir un à l’écart si deux se mettaient à discuter. Ils ne pouvaient même pas le voir, tiens, Erwin se situant au milieu et cachant la vue à Armin dû à sa carrure. Purée. Nan, décidément le chirurgien n’en valait pas le coup. Il ne pensait pas qu’il tomberait d’aussi haut en se rendant compte qu’il s’était trompé. Surtout qu’Armin avait l’air de bien s’entendre avec lui. Fichu petit haricot gay.

Une demie heure s’était écoulée depuis qu’ils étaient entrés, et toujours aucune nouvelle de l’ami d’Erwin. Fait chier. Bien entendu Eren ne discutait absolument pas avec Bertolt, ce dernier beaucoup trop débordé par son travail. Il avait menti. D’abord Jean et Mikasa, ensuite Armin et Erwin. Mais il avait l’air heureux ce petit blond, alors merde, tant pis. Il commanda un troisième verre.

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Il en était maintenant à trois pintes et deux verres whisky purs. Il en prit un autre, sous le regard désolé de Reiner, le second barman. Le brun leva l’alcool devant ses yeux : A ta santé, perle rare de mon cul ! pensa-t-il. Il porta le liquide à ses lèvres.

« Eh !

Il avala la gorgée de travers, et se mit à tousser.

- Putain, quoi ? s’exclama-t-il d’un ton agressif.

Ce qui ne parut nullement impressionner son interlocuteur.

- Désolé, marmonna immédiatement notre protagoniste, se rendant compte qu’il avait exagéré de s’en prendre à lui.

Il leva les yeux vers l’homme face à lui, dont le regard était fixé sur la petite tache d’alcool sur son pantalon. Il sortit un paquet de mouchoir à une vitesse extraordinaire, puis essuya la tâche d’un geste vif.

- Tu devrais mettre de l’eau dessus, lui conseilla-t-il de sa voix grave et légèrement rauque.

- H-hein ?

L’homme se redressa, et Eren put enfin le voir correctement. Il n’était pas très grand, fut sa première constatation. Sa peau était assez pâle, bien qu’un peu rougie par le froid qui régnait dehors. Il avait des yeux d’un gris profond, et de magnifiques cheveux noirs soyeux. Sa tenue était assez sombre elle aussi : un manteau noir arrivant jusqu’aux mi cuisses, un petit pull gris foncé, un pantalon et des chaussures noirs. Il lui donna vingt-huit ans. Bref, il était dark, mais sexy, Eren devait bien lui reconnaître cela.

- La tâche. Tu devrais mettre de l’eau dessus.

Cela le sortit de ses pensées. Il baissa les yeux sur son jean charbon, sous le regard étrange de l’homme face à lui.

- Ah, ouais. Bof, je le mets au sale ce soir de toute façon.

Il y eut un petit silence de cinq ou six secondes, puis l’inconnu se racla la gorge.

- Tu veux bien échanger de tabouret ? J’ai mon ami juste à côté.

Eren considéra le dos du chirurgien – qui parlait encore avec Armin avec entrain – un instant, avant de reposer les yeux sur l’homme face à lui, qui l’observait en fronçant les sourcils. En tout cas ce dernier avait l’air de le prendre pour un simplet. Ou un mec un peu bourré. Au choix.

- C’est toi l’ami d’Erwin ? demanda le brun.

Le noiraud le considéra soudainement avec intérêt.

- Et tu es…, commença-t-il. L’ami de l’infirmier qui l’accompagne ?

Eren aurait bien voulu se frapper la tête sur le comptoir, juste là, tout de suite.

- Ouais, répondit-il à la place. Ouais. Et ils m’ont lâché comme une merde.

L’homme le fixa un instant, puis sans doute dans l’espoir de justifier l’attitude de son ami, il dit :

- Erwin avait un intérêt particulier pour ton pote.

Eren rougit, juste un peu, sans que l’autre ne le remarque.

- Ouais ben c’était censé être moi ce pote.

L’homme fronça les sourcils, attendant des explications. Le brun se gratta la joue, un peu gêné en dépit de l’alcool qui coulait dans ses veines.

- Je suis l’infirmier en question, qui s’est fait lâchement abandonner par son collègue et son propre meilleur ami.

- Merde, fut tout ce que répondit le noiraud.

Une main pâle apparut dans le champ de vision du brun. Il leva les yeux vers l’homme, puis serra sa main en souriant de toutes ses dents.

- Eren, se présenta-t-il en premier.

La main qui tenait la sienne le relâcha brusquement.

- Et tu as quel âge, Eren ?

- Heu… vingt ans, et vous êtes ?

Le cœur de l’inconnu se serra. C’était lui, il en était sûr. Il aurait reconnu ce regard flippant entre tous. Ce regard bleu-vert qui semblait voir à travers tout, ce regard qui semblait pouvoir dégager le moindre petit secret à l’air libre en un claquement de doigt, ce regard qui le faisait flipper tellement il pouvait offrir une panoplie de sentiments positifs. Beaucoup trop positifs. Beaucoup trop innocents. Ce regard… Qui appartenait aussi à un petit garçon beaucoup trop solitaire, seul dans un zoo.

Il ne l’avait jamais oublié, ce petit garçon. Après tout c’était bien lui qui l’avait aidé à tenir le coup dans ses heures les plus sombres. Un simple gamin de dix ans. C’était forcément lui. Son visage, ses yeux, son nom, son âge, et ce putain de sourire d’imbécile heureux. Tout collait.

- … Monsieur ?

Sa voix le sortit de sa torpeur. Merde, pourquoi est-ce qu’il réagissait comme ça ?

- Je suis Levi, avocat, répondit-il.

Il ne savait pas trop ce qu’il attendait en lui donnant sa profession, sans doute une quelconque réaction du brun.

- Avocat ? Waw, c’est la classe ça !

Horrible sentiment de déjà vu de la part du noiraud. Visiblement Eren ne le reconnaissait pas. Il décida de pousser le bouchon un peu plus loin :

- Je suis parti de cette ville il y a dix ans. J’ai un peu travaillé dans un Zoo d’ailleurs, pendant une année.

Fait chier, c’était pas son genre de déballer sa vie comme ça, mais le gosse parut intéressé.

- Ah oui ? J’aime beaucoup les animaux.

- Je nettoyais juste les merdes des visiteurs, lui signala-t-il.

- Mh… Et vous –

- Par pitié gamin, tutoie-moi !

- Hem, oui, pardon. Donc, tu ne t’ennuyais pas trop ?

- Pas vraiment. J’avais un gosse de dix piges qui me collait aux basques.

Non pas que cela l’aie dérangé. Ne voyant toujours aucune réaction en provenance du jeune, il se mit à douter. Le brun, quant à lui, avait froncé les sourcils.

- J’ai un zoo pas très loin de chez moi, dit-il subitement. Je…Je crois que j’y suis allé quelques fois, mais je ne me souviens plus très bien…

Non. Levi en était certain. Il s’agissait bien de ce stupide gamin. Et il l’avait oublié. Non pas que cela ait une quelconque importance, essaya-t-il de se convaincre. Après tout ce n’était pas étonnant qu’il ne se souvienne pas de lui, il n’avait que dix ans à ce moment-là. Levi décida de ne pas accorder d’importance au jeune homme en face de lui. La personne qu’il avait connu était un gamin, et là, il avait juste un garçon d’une vingtaine d’années sous les yeux. Il ne fallait pas s’attarder sur le passé, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis. Cependant, cela lui mit tout de même étrangement le moral dans les talons.

- Je vous offre un verre ?

Eren était assez mal à l’aise, le noiraud n’ayant toujours prononcé aucun mot. Ce dernier allait refuser, mais le brun avait prévu sa réponse :

- Allez, on a le temps avant que ces deux-là termine leur conversation et nous remarque.

Levi allait de nouveau refuser, mais encore une fois l’autre parla avant lui :

- S’il-vous-plaît…

Une moue désespérée se dessina sur son visage, ses sourcils se levèrent, et sa bouche se pinça en une supplique muette affreusement mignonne.

- Très bien, soupira le noiraud, vaincu.

Un sourire lumineux remplaça l’expression implorante d’Eren. Levi secoua la tête, un sourire en coin. Putain, ce fichu morveux était toujours là, quelque part.

- Cesse juste de me vouvoyer ou je vais finir par te faire bouffer tes verres.

Le plus jeune ouvrit des yeux ronds.

- T’es malpoli…

L’autre lui lança un regard l’air de dire : Vas pas me faire croire que tu l’es pas.

- Vous-tu as quel âge ?

- Quoi, c’est pas parce que je suis plus vieux que je suis un putain d’exemple.

Puis il souffla un faible :

- Bientôt trente-et-un.

- Ah bah ça va ! s’exclama-t-il, le faisant sursauter. T’es encore jeune !

- Pourquoi, j’ai l’air d’avoir plus sale gosse ? grogna-t-il.

- Non non, pas du tout ! se défendit-il. Je te donnais même un peu moins.

- Tant mieux. » fit-il, peu amène.

Le jeune lui sourit. Il commençait à apprécier Levi. Il était certes un peu acide, mais il le trouvait rigolo. Ne demandez pas pourquoi. Toutes ces exclamations attirèrent l’attention d’Erwin et Armin. Ce dernier se présenta rapidement, puis ils discutèrent un peu de tout et de rien. Des discussions banales et sans grand intérêt, mais qui pourtant rapprochaient les gens entre eux. Ils se séparèrent tous un peu avant minuit. Armin était resté un peu plus longtemps, passant une soirée particulièrement intéressante.

Ils sortirent du Titanesque, et se serrèrent la main. Eren remarqua du coin de l’œil Erwin demander le numéro du petit haricot blond qui lui servait de meilleur ami. Son regard papillonna vers Levi, qui avait allumé une cigarette, et semblait se désintéresser totalement de ce qui se passait autour lui. Le brun baissa un peu les épaules, la mine légèrement abattue. Puis, relevant la tête avec détermination, il s’avança vers Levi. Celui-ci recula d’un pas lorsqu’il remarqua ce regard résolu s’approcher de lui.

« Donne-moi ton portable, lui dit le brun d’un ton déterminé.

- Je te demande pardon ? fit le noiraud, abasourdi.

- Donne-moi ton portable, répéta-t-il. T’inquiète pas.

Sans trop savoir pourquoi il suivit l’ordre de cet audacieux jeune homme, il sortit son téléphone de sa poche, tapa rapidement son code, puis le déposa dans la paume qui s’ouvrait devant lui. Eren s’en empara trente secondes à peine, puis le lui rendit.

- Mon numéro, expliqua-t-il. Je te l’ai enregistré.

Levi ne répondit pas. Le brun se mit à rire nerveusement, et se gratta l’arrière de la tête, s’attirant un sourire en coin de la part de l’autre.

- Je te recontacte bientôt… gamin.

- Hé ! Je suis pas un gamin ! C’est ma première année en tant qu’infirmier ! rouspéta-t-il.

Le noiraud ne put s’empêcher de glousser. Putain de sentiment de déjà-vu. Il tourna les talons, suivit d’Erwin, pendant qu’Eren agitait la main.

- Pas mal cette soirée, commenta le chirurgien.

- Ouais, pas mal. » répondit Levi.

Le blond fut un peu surpris. D’habitude son ami ne disait rien, ou alors grognait un vague « oui » ou « non ». Enfin, il avait tout de même remarqué la bonne entente entre lui et le jeune infirmier de l’hôpital Rose. Tant mieux, ça ne lui ferait pas de mal. Eren était un gentil garçon, il pourrait mettre un peu de chaleur dans la vie de son ami.

De son côté le brun rentrait tranquillement chez lui, un sourire impossible à décoller du visage.

Fin du chapitre ! A bientôt pour de nouvelles aventures !

Tite réponse pour M.Ac : Nan c’est pas cuit entre Eren et Levi d’abord ! Même si ce premier l’a oublié ! Ça sera jamais cause perdue entre deux… Ils sont beaucoup trop biens pour ça ! D: (j’vais pleurer)

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