Le destin des Ackerman - Tome 1
Chapitre 51 : Chapitre 50 - 62e expédition extra-muros, la chute d'un ange
3412 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 28/05/2020 17:08
Mikasa est assise en tailleur dans son lit, un cahier ouvert dans la main gauche et reposant sur sa cuisse, un stylo à plume dans l'autre. Elle fredonne une chanson qui lui rappelle son enfance, un air que sa mère entonnait quand elle avait du mal à s'endormir.
La jeune femme relève la tête pour s'inspirer en observant ce peu de nature qu'elle peut voir à travers la fenêtre et son regard tombe sur un arbre. Pensivement, elle tapote le capuchon métallique sur cette page où une quinzaine de lignes sont déjà écrites, apparemment sous forme de vers. Ses yeux reviennent sur son écrit après quelques secondes et elle raye plusieurs mots d'un trait appuyé et répétitif avant de soupirer.
Mikasa sursaute lorsque, soudain, quelqu'un frappe à sa porte. Elle se dépêche alors de refermer son cahier qu'elle fait glisser sous son lit en catastrophe. Elle se lève ensuite d'un bond, marche jusqu'à la porte, touche brièvement l'arrière de sa tête pour vérifier que la pince à cheveux est encore en place, avant d'ouvrir à son visiteur. Un jeune homme aux cheveux bruns se tient là, appuyé contre l'encadrement de la porte, ses yeux bleus pétillants se posant immédiatement sur elle, accompagnés d'un petit sourire complice. Elle ne peut empêcher les commissures de ses lèvres de s'étirer à sa vue, en réponse à cette expression malicieuse. Sans un mot elle s'écarte pour le laisser entrer.
Thomas fait deux pas sans perdre le contact de leurs yeux qui se dévorent silencieusement et sans retenue. Même quand le bruit caractéristique de la fermeture de la porte se fait entendre il continue de la dévisager, prenant le temps d'admirer les traits de son visage, jusqu'à remarquer la façon dont elle a arrangé ses cheveux puis ses boucles d'oreilles discrètes.
Il lève une main pour repousser délicatement une mèche de cheveux derrière son oreille et ainsi mieux voir l'un des bijoux qu'elle porte, causant un petit frisson. Ses doigts ne s'arrêtent pas pour autant. Ils glissent, effleurent le lobe, tombent sur son cou et s'arrêtent à la base de celui-ci avant que son autre main ne fasse de même.
Mikasa reste là, immobile, le regard planté dans celui du garçon qui lui fait face et qui caresse doucement ses joues à l'aide de ses pouces. La jeune femme fait mine d'être patiente et se force pour que ses yeux ne tombent pas sur les lèvres de son amant. Elle sait, à la façon dont il la dévisage et dont ses yeux brillent, quel compliment il voudrait prononcer.
Thomas s'approche ensuite et vient lui donner un baiser suave auquel elle répond, après s'être accrochée à sa chemise au niveau de son abdomen.
Quand il rompt ce contact puis se recule assez pour la contempler, ses yeux expriment tout cet amour, cette passion et cette tendresse qu'il éprouve pour elle, une façon qu'il a de la regarder et dont il a le secret qui la fait fondre à chaque fois, lui donnant l'impression d'être quelqu'un d'exceptionnel, désirable et important à travers leur manière de pétiller.
— Arrête... Prononce-t-elle à voix basse en se détournant de ces deux billes bleues malgré son envie de s'y perdre encore, un fin sourire aux lèvres.
Elle sait très bien qu'il le fait en connaissance de ce que ça provoque chez elle. Il a aussi ce don de lui faire ressentir une certaine injustice parce qu'il peut lire en elle comme dans un livre ouvert mais l'inverse n'est pas forcément vrai. Même si leur complicité et leur capacité à échanger silencieusement ne sont plus à prouve, saisir ce qu'il peut se passer dans son esprit est souvent mission impossible.
Thomas sourit en la voyant fuir devant son regard.
Elle le pousse sans trop de ménagement pour lui rendre la monnaie de sa pièce, souriant comme une enfant qui ne peut pas retenir son envie de chahuter.
Il recule de deux pas et se retrouve près du lit de la jeune Ackerman. Apparemment pas encore satisfait, ça ne l'empêche pas de continuer à la regarder comme si elle était une merveille, sa merveille.
Pour réponse — et afin qu'il cesse — elle s'avance vers lui et l'attrape des deux mains par le col puis le fait basculer en arrière pour qu'il s'étale de tout son long en travers du lit. Elle plonge son regard sombre dans celui de son compagnon une fois qu'elle le surplombe, sans relâcher sa poigne, avec un petit sourire satisfait aux lèvres.
— Je croyais que tu aimais ça. Dit-elle avec aplomb en voyant qu'il fait semblant d'être choqué.
Le jeune homme acquiesce sans rien dire, mit au silence par la force de sa partenaire. Mais effectivement, en plus de l'amuser, il semble apprécier quand elle fait ce genre de choses, peut-être à cause de la façon dont leur relation à démarré... C'est ce que Mikasa s'imagine en voyant son expression joueuse.
— Tu... Allait-elle ajouter parce qu'elle est surprise de voir que ses yeux luisent de désir suite à la façon dont elle a été brusque.
Elle soupire de façon amusée parce qu'il est incorrigible. C'est ce moment de relâchement qui permet à Thomas de l'enlacer et utiliser ses jambes pour la faire basculer sur le côté pour reprendre le dessus. Une lutte s'engage alors, un jeu de mains qui est devenu régulier entre eux mais Thomas en est rarement vainqueur. La jeune femme se retrouve pourtant plaquée contre le matelas, les pieds au sol et une fesse dans le vide.
Aujourd'hui, elle ne va pas répliquer par la force mais par la fourberie parce qu'elle trouve l'idée de retourner ses propres armes contre lui très amusante. C'est pourquoi elle va soudainement le chatouiller sous les aisselles, l'un de ses points faibles.
— Arr... Hahahaha..!
Il se tortille dans tous les sens et essaye de s'en extirper mais elle l'a bloqué entre ses jambes croisées au niveau de sa taille pour l'empêcher de fuir. Après quelques instants, à force de se débattre, il parvient à s'extirper de ce piège en roulant vers le bord du lit mais il en tombe, sur le dos, se tapant le crâne contre le chevet au passage. Le bruit résonne dans la chambre.
Mikasa se redresse d'un bond et se penche pour voir si tout va bien, une expression un peu paniquée.
— Merde, ça va..? Demande-t-elle en le regardant se frotter le côté droit de sa tête.
Il rigole.
— C'est pas du jeu les... Il se coupe en plein milieu de sa phrase parce que son regard tombe sur quelque chose qui réveille sa curiosité.
Sous le lit il y a un cahier et ça ne semblerait pas étrange s'il n'était pas le seul objet à se trouver là, caché à la vue des personnes qui pourraient venir ici. Il tend son bras en continuant de frotter l'endroit où son crâne a tapé contre le bois du petit meuble et attrape le recueil.
— C'est quoi... C'est à toi ?
Elle ouvre de grands yeux et le lui arrache des mains, entre peur et honte qu'il puisse lire ce qui se trouve sur ces pages, et se réfugie hors de sa portée au fond de son lit.
— Rien du tout ! Répond-elle en plaquant l'objet contre elle, entouré de ses bras.
Thomas s'assoit et incline légèrement la tête sur le côté en l'interrogeant du regard.
— C'est un journal intime ?
— Oui. Enfin non... Pas vraiment.
La jeune femme dévisage son amant en hésitant et finit par soupirer avant de lui tendre le cahier. Il regarde un instant ce qu'elle lui présente puis relève les yeux vers elle, ne sachant pas vraiment quoi en faire.
— Prends-le, de toute façon ça te concerne un peu... Dit-elle en ayant perdu l'assurance qu'elle avait quelques instants plus tôt.
Mikasa n'est effectivement pas très à l'aise, c'est une épreuve que de le laisser entrer ainsi dans son esprit, dans son intimité profonde, dans cet endroit où elle s'exprime librement sans filtres. Une pudeur gênante lui fait redouter le moment où ses yeux découvriront tout ce que ces pages contiennent.
Il ouvre la première de couverture et découvre l'écriture de sa jolie brune, il ne l'avait jamais vue auparavant.
« Recueil de chansons »
Sont les trois mots qui figurent seuls au milieu de cette page. Surpris, il la regarde pendant un instant et la voit ranger nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille.
Thomas tourne la page et découvre un texte écrit sous forme de vers qu'il aurait qualifié de poème s'il n'avait pas fait attention à la première page ni à toutes ces notes de musique, représentées sur des portées qu'elle a tracé à la main tout autour et de façon un peu chaotique. Le jeune homme est complètement sous le choc alors que ses yeux arpentent les paroles de cette chanson entourées par des morceaux de partition.
Il ne lui soupçonnait pas ce passe-temps, ni ce talent.
« La Berceuse de Maman »
Est le titre qu'il lit.
Mikasa prend sur elle puis s'approche pour poser son index sur le haut de la page.
— J'avais peur d'oublier ce que ma mère me chantait quand j'avais du mal à dormir, parce que j'avais peur du noir, alors je l'ai posée sur papier. Explique-t-elle.
Thomas découvre tout ça avec des yeux d'enfants, ça le touche profondément. Elle voit ses yeux briller et croirait même voir deux petites larmes se former dans le coin de ses yeux, ce qu'il lit faisant écho à sa propre histoire, quelque part.
Il pivote sur ses fesses et s'adosse au bord du lit pour qu'elle puisse suivre la progression de sa lecture. Si c'était d'abord un profond malaise qu'il tombe là-dessus c'est maintenant un plaisir de le partager avec lui, parce que c'est un moment privilégié qu'elle n'aurait pas imaginé si libérateur. Elle pose son menton sur l'épaule du jeune homme et colle sa tête à la sienne, l'enlaçant dans le même temps.
Après quelques instants elle tend sa main pour tourner la page et, quand il lit les premiers mots, il comprend que ce cahier n'est pas nouveau. Thomas prend l'initiative de tourner quelques pages supplémentaires, s'arrêtant une seconde sur chacune comme s'il voulait vérifier quelque chose. Mikasa le regarde faire sans l'en empêcher ni rien dire.
— Tu l'as depuis plus de six ans c'est ça ? Demande-t-il.
— Mh. Confirme Mikasa.
— Personne ne sait que tu as ça ? Interroge encore le soldat Ralle.
— Non, jusqu'à aujourd'hui j'avais réussi à le garder pour moi.
— Ah, désolé je...
— Mh-mh. Je crois que j'aurai fini par te le montrer de toute façon. L'interrompt-elle avec un petit sourire.
Il acquiesce doucement et, en continuant de parcourir les pages, tombe finalement sur une double-page vierge, il retourne donc à la précédente.
Cette chanson qui a l'air d'être la dernière en date ne semble pas terminée et contrairement au peu qu'il a vu du reste du contenu de ce cahier, il y a ici beaucoup plus de ratures et aucune présence de notes de musique, où que ce soit.
« T. / Mon ange / Autre ? »
Le titre — ou plutôt la recherche de titre — interpelle le jeune homme puisqu'elle le voit rester fixé dessus pendant un moment. Avant qu'il ne puisse voir les paroles de cette chanson qui parlent de lui, quand elle remarque qu'il reprend la lecture, elle se redresse rapidement puis ses deux mains viennent cacher ses yeux pour l'en empêcher.
— Mh-mh. Ce n'est pas encore prêt, tu devras attendre un peu pour le lire. Dit-elle.
Il ne cherche pas à marchander et referme lentement le cahier pour enfin le poser à côté de lui. Thomas retire délicatement ce qui couvre sa vision.
— Tu sais... Commence-t-il à dire en se retournant avant d'être forcé de marquer une pause lorsqu'il lève les yeux vers elle.
Il découvre que le côté droit de sa chemise est tombé de son épaule pendant leur petite bagarre et qu'elle le regarde dans l'expectative de ce qu'il va dire, suspendue au bleu de ses yeux pour essayer d'y lire quelque chose. Il se ressaisit pour ne pas se perdre dans cette contemplation.
— ...Je pense que tu mérites plus ce n...
Elle le met au silence en posant son index sur ses lèvres avant de lui sourire, elle connait la suite de sa phrase.
— On ne va pas encore avoir ce genre de débat. Tu pourras trouver toutes les excuses que tu veux ça ne servira à rien parce que c'est ce que je crois : tu es mon ange. Qu'est-ce que j'ai vraiment fait pour toi à part te serrer dans mes bras quand tu n'allais pas bien ?
Il ouvre la bouche pour lui répondre mais la jeune femme appuie son doigt, fronce légèrement et lui refuse le droit de parler d'un signe de tête, geste auquel il obéit.
— Tu es allé chercher ce qu'il y avait de meilleur en moi, une partie de moi que j'avais oubliée et perdue. Tu m'as fait découvrir de belles choses et m'en as promis d'autres. Grâce à toi je me sens aussi légère que pendant mon enfance, quand tout était encore simple et beau.
Les yeux de Thomas se sont écarquillés.
— Je n'avais pas pu te dire d'aussi belles choses que ça dans cette forêt parce que je ne suis pas doué pour dire ce que je ressens sous le coup de l'émotion, alors je le met en chanson, après coup. Ce n'est pas en tuant des titans que tu m'as sauvée mais en arrivant dans ma vie et en étant tout simplement toi, en redonnant des couleurs à mon existence qui n'en avait plus.
Son discours le touche, aucun doute possible à la façon dont ses yeux s'humidifient et que son regard devient fuyant. C'est assez rare pour le relever mais cette fois c'est lui qui rougit, est gêné et tombe de haut. C'est pourquoi elle l'amène jusque dans ses bras.
Mikasa l'enlace contre elle, une main autour de ses épaules, l'autre dans ses cheveux noirs alors que son visage est enfouit dans le creux de son cou, sentant des gouttes de bonheur tomber délicatement sur sa peau.
— Ne me dis plus que tu ne mérite pas mon affection. Ajoute-t-elle pour terminer.
Les doigts de Thomas s'agrippent au vêtement de la jeune femme.
— Je veux que cette guerre se termine pour vieillir avec toi, je veux être à tes côtés pour toujours. Dit-il d'une voix tremblante mais qui ne met pas en doute sa sincérité.
Elle se recule en tenant son visage entre ses mains afin que leurs regards se croisent et, après un instant à contempler ce bleu éclatant parsemé de larmes, elle lie ses lèvres aux siennes pour graver ce moment dans leur mémoire.
— C'est ce que je souhaite aussi. Répond Mikasa lorsqu'elle met fin à leur baiser salé à cause des larmes qui s'y sont mêlées, affichant un sourire tendre.
Les images de ce souvenir récent se soustraient à la vision de mademoiselle Ackerman lorsqu'elle atterrit là, dans cette toute petite clairière où les rayons de ce soleil d'après-midi percent timidement les feuillages, juste assez pour mettre en valeur le tapis de végétation qui est à l'image de ce qu'il s'est passé ici.
Saccagées, écrasées, tâchées de sang... Les fleurs de cet endroit voient leur beauté être souillée par la sauvagerie humaine. C'est là, au milieu de nombreux amas de métal et de chair ensanglantée qu'elle reconnaît Julia, agenouillée près d'un corps duquel s'est déjà déversé une quantité de sang impressionnante qui laisse deviner qu'il est déjà condamné.
En s'avançant elle s'attendait à reconnaître Lukas, Judith ou n'importe qui d'autre mais à aucun moment la jeune femme n'aurait imaginé voir ce visage. Là, allongé sur un matelas de pétales colorés et humides, Thomas gît.
Quand elle le reconnaît après plusieurs secondes à se demander si ce que ses yeux perçoivent est réel, Mikasa se pétrifie.
— Quand je baisse la tête je vois que mon corps est transpercé par deux lames. Entend-elle dans son esprit : une partie de ce cauchemar qu'il lui avait raconté alors qu'elle était encore dans le mitard, suite à la bataille de Shiganshina.
Son regard se baisse sur le ventre de son compagnon et deux morceaux de lames le transpercent. La première au niveau de son rein gauche, la deuxième entre ses côtes, dans son flanc droit.
Mais l'étendue des dégâts ne se limite pas à ça.
Sa jambe droite a été sectionnée au niveau du genou et sa main du même côté a été tranchée. Impossible, surréaliste, inconcevable, cauchemardesque... Il y a trop de mots pour définir la nature de ce qui s'impose au regard de Mikasa et dont l'esprit ne peut de toute façon pas énumérer, il s'est éteint.
Les yeux bleus du jeune homme sont tournés vers elle et la Ackerman peut y lire toute sa détresse, sa douleur et sa peur. Il entrouvre la bouche pour dire quelque chose mais aucun son n'est capable de passer, s'étouffant dans sa gorge sèche. Du sang coule de sa bouche et de son nez, cette flaque continue d'être abreuvée de ce même liquide écarlate depuis ses blessures mortelles.
Elle ne peut pas le croire ni envisager que c'est réel. Que quelqu'un la réveille, par n'importe quel moyen, au plus vite, par pitié.
Son sang s'est glacé. Son cœur ne semble plus battre, elle ne ressent plus rien, pas même le vent qui secoue sa chevelure brune ni les odeurs abominables des vestiges du carnage qui l'entourent.
Julia ne bouge pas, le regard vissé sur la personne qui s'étend devant elle, impuissante et sonnée. Mikasa s'approche et tombe à genoux aux côtés du soldat Ralle dont la respiration bruyante et au son anormal lui parvient.
— Thomas c'est... Ça va aller, on... On va te tirer de là... Prononce Mikasa dont le ton est paniqué, choqué et tremblant.
Elle pose ses mains sur son torse puis le jeune homme est saisit d'une violente et douloureuse toux, crachant du sang qui continue de couler depuis ses lèvres gercées.
Mikasa ne parvient pas à sentir le cœur de son compagnon battre à travers sa poitrine. Elle lève une main vers son visage, sa peau est froide. Son regard se remplit de larmes et un sanglot sonore éclate lorsqu'elle s'effondre en avant, son front heurtant le haut du torse du jeune homme.
— Thomas ! Thomas ne pars pas j'ai besoin de toi !
Ses pleurs s'intensifient à cause du manque de réponse sinon ces râles et soubresauts venant de ce corps mutilé et trop faible pour produire autre chose.
— Tu n'as pas le droit de partir sans moi ! Hurle-t-elle encore, désemparée jusqu'au plus profond d'elle même.
— Mi... sa... Entend-t-elle d'une voix faible et cassée.
— Ne dis rien, tiens bon, n'oublies pas que tu as une chanson à lire...
Une nouvelle quinte de toux sanguinolente se fait entendre.
— A L'AIIIIIIIIIIIDE ! S’époumone-t-elle en se redressant un peu, au bord du gouffre, complètement submergée par le désespoir et la perdition, sentant le monde tourner autour d'elle et de plus en plus vite à lui en donner le mal de mer.
Ce cri déchirant transperce Julia avec autant de violence que ces lames ont mortellement blessé Thomas. Elle regarde Mikasa pleurer toutes les larmes de son corps, anéantie à en casser sa voix... Avec un air absent. Les visages des deux hommes à l'origine de ce désastre ne quittent pas ses pensées.
Pourquoi eux, pourquoi lui ?