Le destin des Ackerman - Tome 1
Chapitre 27 : Chapitre 26 - Vieux démons
3652 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 21/10/2020 12:18
Le soleil commence à se coucher sur Trost et c'est le moment idéal pour Thomas de rendre visite à un vieil ami. Il marche à pas rapides, longe des bâtiments, parcourt quelques couloirs puis passe la porte de l'infirmerie.
Là, tout au fond à droite de cette grande salle où deux rangées de lits simples se font face — certains séparés par un rideau monté sur une tringle amovible, Josh est assis dans son lit. Adossé aux barreaux métalliques qui forment la tête de lit, il prend tranquillement son repas.
Le soldat Ralle fait deux pas dans la salle et sent le regard insistant du médecin de garde se poser sur lui. En plus d'être un habitué de cet endroit, ses fréquentes visites évitent les quelques questions habituellement posées aux personnes qui entrent sans raison apparente. Thomas fait un sourire poli à ce monsieur qui a une cinquantaine bien tassée et hoche la tête pour le saluer. Le soignant détourne les yeux et retourne à son inventaire pour seule réponse.
— Tiens, salut toi. Tu t'es souvenu que t'as un pote infirme ? Lance Josh lorsque son ami s'approche.
Le brun affiche une petite moue.
— C'est vrai que je ne te rend pas souvent visite...
Josh pose sa fourchette dans le plateau sur ses genoux puis met le tout sur son chevet.
— Haha, j'te charrie. Je sais bien que t'es très occupé en ce moment et pas seulement parce que t'es dans une escouade hein...
Thomas hausse un sourcil, ne comprenant pas ce qu'il insinue.
— Comment ça, de quoi tu parles ?
— Tu sais, ce n'est pas parce que je suis cloîtré ici, à bouffer des petits pois cuits à la vapeur à tous les repas, que je n'entends pas les rumeurs, mh ?
L'estropié a un grand sourire malicieux aux lèvres en regardant son ami qui n'a vraiment pas l'air de saisir ce à quoi il fait allusion.
— Il paraît que t'es plutôt proche d'une taciturne qui découpe des titans à tour de bras.
Thomas écarquille les yeux. Comment ça c'est une rumeur, qui pourrait en avoir quelque chose à faire de... Il soupire. C'est vrai, il l'avait oublié après ces dernières semaines : quand les journées sont seulement rythmées d'entraînements et corvées, on a deux activités favorites pour tuer le temps et l'une d'elle est de parler ragots.
Il se souvient surtout que, la veille, quand Mikasa l'a tiré jusqu'à son dortoir, ce n'était absolument pas discret.
— Meeeeeeeerde... Commente Josh en comprenant que le silence et la réaction de son camarade de promotion confirment la rumeur.
Le soldat Ralle décide alors de rentrer dans le jeu plutôt que de s'offusquer ou nier en bloc. Il désigne cette zone au dessus de son œil gauche qui porte la trace d'une confrontation avec la jeune Ackerman.
— Elle m'a marqué au fer rouge.
— J'te savais barré mais à ce point là... Répond Josh qui a un grand sourire amusé. M'enfin, entre nous tu te fais pas chier, c'est pas le bas de gamme, môsieur a des goûts de luxe. Mais comment le meilleur soldat de sa génération, un canon typé asiat', peut s'intéresser à cette tronche de cake ?
Thomas sourit, il sait que de la bouche de son ami c'est affectueux et bon enfant.
— Non mais c'est vrai ! Qu'est-ce que t'as de spécial à part ces yeux perçants d'un bleu profond dans lesquels on aime se p... Et merde... Ajoute Josh.
Tous les deux se marrent bruyamment.
— En tout cas tu as l'air d'être épanoui. Ça me rend heureux d'avoir été à moitié bouffé, sans quoi tu n'aurais pas montré qu'il te manque des cases. Il pose sa main sur l'épaule de Thomas. Je suis content pour toi, je suis content que tu aies trouvé ta place dans l'élite. Termine-t-il avec sincérité.
— Merci. Lâche le brun dans un souffle.
— Pas de quoi. J'ai toujours été content d'être tombé sur toi mais, pendant ces trois dernières années, je me suis parfois demandé ce que tu foutais là, si tu pouvais vraiment avoir les tripes pour aller te battre contre ces monstres. Pourtant quelque chose me disait que, malgré les apparences et ce que les autres disaient de toi, tu montrerais ce que tu vaux vraiment au bon moment. Si je n'avais pas visé juste, je ne serai pas là aujourd'hui pour te le dire.
Thomas choppe l'infirme par les épaules et l'amène dans ses bras pour le remercier, son discours l'a ému.
— Me donne pas trop d'affection, j'ai pas envie que Mikasa vienne m'en mettre une. Plaisante-t-il.
Le soldat Ralle se redresse et lâche son ami.
— Sinon, quand est-ce que tu auras une prothèse, ta jambe cicatrise bien ? Change-t-il de sujet.
Josh hausse les épaules.
— J'en sais rien. J'écoute pas quand le doc me parle, ça me gonfle d'entendre toujours la même chose. Quand il me cause je fais ça. Il imite un hochement de tête exagéré. Comme ça il a l'impression que je l'ai écouté et tout le monde est content. Bon... Ce matin il m'a posé une question, j'ai répondu comme ça, il m'a regardé de travers. Faut que je trouve une autre tactique...
Thomas rigole encore une fois de bon cœur.
— ...Bon encore le bras c'est pas si dérangeant, ce côté Erwin aura du succès avec les filles mais la jambe...
— J'peux soumettre l'idée d'une prothèse de bras qui serait une poignée de matériel tridimensionnel. Ça serait emmerdant dans certaines situations du quotidien mais... Propose Thomas.
— Non merci ! J'ai tout sauf envie d'être un projet militaire aux mains du capitaine Hanji !
Le brun se marre.
— Bon, maintenant que j'ai la confirmation que j'attendais... J'espère que Mikasa ne te fait pas trop de crises de jalousie avec toutes ces filles qui veulent s'arracher le brun ténébreux aux yeux bleus qui a les couilles d'être seul face à trois titans.
Thomas lance un nouveau regard interloqué à son ami, se demandant ce que c'est que c'est étiquette.
— Hein ?
— Hé, faut te réveiller mon pote. T'es dans l'élite, tu faisais partie du commando qui a mis une sacrée déculottée à la division centrale et tu dégommes des titans en solo, qu'est-ce que tu crois ? Il n'y a pas que Livaï et Mikasa que les gens admirent. Bon, c'est sûr qu'à côté de leur palmarès t'es encore un peu léger mais je crois en toi. Explique le soldat handicapé.
Le membre de l'escouade Hanji tombe des nues. Il a déjà du mal à comprendre et accepter le respect de ses camarades alors entendre tout ça... Il est tellement obnubilé par son malêtre, si persuadé d'être un piètre soldat et compagnon, qu'il en oublie de reconnaître ses exploits et ses qualités. Est-ce qu'il est vraiment devenu un héros ?
— Petra avait un joli score de dix en solo et quarante-huit en groupe, tu pourrais faire mieux. Lance Josh.
Monsieur Ralle sent son cœur qui fait un bond douloureux dans sa poitrine à l'évocation de ce nom mais il parvient à ne pas le laisser paraître sur son visage.
— Cinquante-huit titans... C'est sûrement deux fois plus que ceux que j'ai seulement croisé... Répond-il.
— Ouais. Mais quand le mur Maria sera bouché, vous aurez une sacrée chasse à faire. Tu pourras gonfler tes chiffres et puis si tu veux un conseil... Il lui fait signe d'approcher puis parle à voix plus basse. Tu devrais rester près de madame, ça te fera des titans en groupe faciles.
— T'es con... Lâche Thomas qui sourit malgré tout.
— Hé, faut bien profiter de ses qualités en dehors du pieu, si tu vois ce que j'veux dire...
Thomas fronce, indigné par le manque de subtilité de ce qu'il vient de dire.
— Arrête, c'est...
— Haha, je rêve ! Coupe Josh en remarquant les rougeurs sur les joues de son interlocuteur.
— Quoi..? Demande le jeune homme aux yeux bleus, sur la défensive.
— Tu rougis et tu ne nies pas... Remarque le blessé en se penchant légèrement, les yeux plissés. Le saligaud...
Sensiblement vexé, le soldat Ralle se redresse. Josh se marre.
— J'avais un truc à te raconter, j'te le dirai demain pour la peine. Rétorque Thomas.
— Oh ! S'indigne son ami.
Le brun tourne les talons en faisant un signe de la main, plantant là l'estropié qui ressent une double frustration : celle de devoir attendre vint-quatre heures pour apprendre quelque chose de croustillant et celle de ne pas pouvoir lui courir après pour l'obliger à parler.
Non loin du bâtiment des dortoirs, un groupe de quelques soldats est rassemblé, ils se marrent. Celui qui semble être le comique et le leader du groupe est plus âgé et plus grand que les autres qui doivent être dans la moyenne d'âge des nouvelles recrues. Des cheveux châtains soigneusement coiffés, rasés sur les côtés, des yeux marrons, un visage aux traits fins et une fine barbe naissante sur les contours de son visage.
— Kyle... Appelle l'une des nouvelles recrues en tapotant l'épaule de l'aîné qui racontait une anecdote hilarante.
— Mh, quoi ?
Le soldat qui l'a interrompu fait un signe de tête dans une direction. Lorsque Kyle tourne la tête il aperçoit un jeune homme aux cheveux noirs qui marche rapidement, la tête basse, et contourne les dortoirs pour aller derrière ledit bâtiment.
Le visage de l'observateur s'assombrit et il serre les dents à cause d'une rage soudaine. Il fait un signe à ses comparses pour les inviter à le suivre et les quatre soldats suivent le brun à la trace.
Lorsqu'ils arrivent au coin de l'arrière du bâtiment, Kyle se penche de côté et jette un discret coup d’œil. Il découvre ce membre de l'escouade Hanji qui est assis au sol, regardant le pendentif du collier qu'il porte au cou avec une larme qui coule le long de sa joue.
Un nouveau signe de la main et tous sortent de leur cachette pour se diriger vers le soldat.
Thomas entend des gens arriver. Surpris, il lève la tête et regarde ces quatre types venir en sa direction. Il essuie rapidement ses joues d'un revers de manches et se redresse.
— C'est donc à ça que ressemble ce héros de l'escouade Hanji, à une pleurnicheuse ? Lance Kyle, suivi par les rires de ses compagnons.
Le brun aux yeux bleus fronce, sentant soudainement que les intentions de ce soldat plus âgé sont sûrement hostiles.
— Choppez-le. Ordonne le chef du petit groupe.
Le soldat Ralle n'a pas le temps de prendre ses jambes à son cou et se fait rapidement attraper pas les épaules et les bras. Immobilisé, il ne parvient pas à se débattre sous la poigne de trois personnes. Kyle s'approche en faisant craquer ses doigts.
— Je parie que le nom « Grandt » ne te dis rien. Demande-t-il en faisant un nouveau pas en avant.
Thomas ne répond pas et serre les dents en avance.
— Je m'en doutais... Ceux qui t'admirent ne savent pas que tu ne le mérite pas. Dit Kyle qui assène un coup de poing dans le ventre à sa cible l'instant suivant.
Monsieur Ralle gémit de douleur et serait tombé au sol s'il n'était pas solidement tenu.
— Fils de pute, tu me dégoûtes. Les petites merdes comme toi ne devraient pas faire partie d'une escouade d'élite. Si tu n'étais pas aussi con et faible, mon frère serait encore en vie. S'exprime le bourreau sur un ton menaçant avant de donner un second coup.
Cette fois, il n'est pas retenu et Thomas tombe à genoux, une main portée à son ventre douloureux alors qu'il tousse.
— Qu'est-ce que tu vaux tout seul, sans les vrais héros qui t'accompagnent, hein ?
Un crachat atterrit violemment à quelques centimètres du jeune homme.
Thomas ne dit rien, ne se rebiffe pas. Il reste là, docile face à cette violence déployée contre lui, comprenant seulement qu'il doit mériter ce traitement suite à l'une de ses nombreuses fautes.
Ses agresseurs s'en vont et le laissent là. Il se redresse et s'assoit, regarde face à lui d'un air absent.
Il n'y a pas tellement de possibilités quant à l'identité du frère de ce soldat Grandt. Son frère faisait sûrement partie de l'escouade d'intervention qui a perdu des hommes à cause de son incapacité à contenir les trois titans qu'il avait rameuté. Il se sentait si capable et si fort, enhardi par les récentes épreuves, qu'il avait cru pouvoir tuer trois titans seul. S'il n'avait pas été si présomptueux et s'il avait suivi le plan initial, il y a de grandes chances que cette mission se soit terminée sans la moindre perte humaine.
Le respect et l'affection qu'il lit dans le regards de ses camarades, les mots encourageants de Josh, ces choses qu'il a réussi à accomplir depuis qu'il est dans l'élite... Tout ça disparaît derrière les insultes blessantes — plus que de raison — qu'il vient de recevoir en plein visage. C'est plus douloureux encore que ces deux coups de poing. Est-ce qu'il a vraiment tort ?
Sans toutes ces personnes capables qui l'entourent, il serait déjà mort et n'aurait pas pu faire toutes ces choses. Après tout, sa place dans l'élite n'est pas méritée et c'est vrai. Avec des résultats aussi médiocres dans l'épreuve d'admission, il aurait dû rester un simple soldat, anonyme et sacrifiable, à la hauteur de ses piètres compétences. Comment le simple fait de tuer un titan peut suffire à justifier son transfert dans l'équipe du capitaine ? Beaucoup de soldat plus talentueux que lui ont tué des titans ou fait des choses plus héroïques et spectaculaires à la fois et sont toujours de la bleusaille.
Il regarde ses mains pleines de poussière qui tremblotent pendant un instant avant de les laisser retomber lourdement.
[ Le lendemain matin — Réfectoire de la caserne de Trost ]
L'escouade tactique est attablée et l'ambiance est toujours aussi enjouée. Mis à part Eren qui semble encore absent et Mikasa qui l'observe d'un air inquiet en se résignant à la laisser comme ça, tous se marrent.
Thomas les rejoint avec son petit-déjeuner qui se résume à une boisson chaude. Il prend place en face de Mikasa, juste à côté de Judith qui préfère passer du temps à déconner avec Sasha, Conny et Jean plutôt que s'emmerder avec Julia qui passe son temps le nez dans les bouquins, Moblit qui est toujours sérieux et les deux autres nouvelles recrues qui sont des coincés.
Mikasa observe son conjoint et remarque qu'il n'a rien pris à manger. Elle l'observe — avec cet air inquiet qui s'affiche si souvent sur son visage — et, quand leurs regards se croisent, l'interroge silencieusement en désignant sa tasse de café d'un signe de tête. Le jeune homme hausse les épaules.
Judith rit à gorge déployée à ses côtés et une fois qu'elle se calme un peu, se tourne vers Thomas.
— Bonjour toi. Lance-t-elle, de bonne humeur.
Il ne répond pas et semble absorbé par le liquide brûlant face à lui.
Jean fixe Mikasa qui pose un regard préoccupé sur le soldat qui lui fait face puis regarde Thomas qui a l'air d'être déprimé. Il serre ses mâchoires et juge silencieusement ce gars-là qu'il ne porte pas dans son coeur. Il le déteste même encore plus en remarquant que Mikasa se préoccupe presque autant de lui que de la santé d'Eren. Tout le monde sait qu'il a un faible pour la jeune femme qui est la descendante d'une ethnie quasiment disparue. Déjà jaloux qu'elle prenne autant soin d'Eren alors que ce n'est qu'un morveux arrogant, cet intérêt porté à Thomas qui n'est qu'un type instable lui fait encore plus mal.
Judith est étonnée que son ami ne lui réponde pas et soit absent. Elle pose sa main sur son épaule pour attirer son attention, se disant juste qu'il doit avoir très mal dormi.
— Hé, Tom...
Au moment où elle le touche, Thomas sursaute et s'écarte brusquement de sa camarade avec un air apeuré.
Le soldat Stern est figé, sa main restant suspendue en l'air en regardant son ami sans comprendre sa réaction. Mikasa jette un regard noir à Judith, pensant tout de suite qu'elle lui a fait du mal et qu'elle est responsable de son état et son comportement. La brune serre les dents et essaye de se contenir de lui mettre un coup de poing dans les dents.
Après cette seconde de flottement, Thomas se lève et sort rapidement du réfectoire sous le regard perplexe de Judith et angoissé de Mikasa.
— On dirait qu'il va pleurnicher encore. Se moque Jean.
Une brune aux yeux sombres lui lance un regard teigneux et désapprobateur.
Mikasa ne sait pas quoi faire. Elle se retient de courir après Thomas pour comprendre ce qu'il s'est passé puis le serrer dans ses bras pour le réconforter, sinon elle risquerait d'éveiller les soupçons de ses autres camarades quant à leur relation. La jeune femme attend donc patiemment qu'ils aient tous terminé leur repas matinal.
Quelques minutes plus tard ils se lèvent tous puis vont déposer couverts, bols et tasses avant de se diriger vers la sortie. Là, Sasha attrape Mikasa par le bras et attend que les autres soient partis devant pour prendre la parole.
— Qu'est-ce qui lui arrive encore à ton amoureux ?
La brune se ventile et se contente de ne pas répondre.
— Tu l'as forcé à faire des cochonneries ou quoi ? Lâche Sasha.
Mikasa rougit soudainement et cache son visage sous ses cheveux en baissant la tête.
— Je demande hein, vu comment tu t'es précipitée sur lui pour après l'emmener dans notre chambre... Ajoute-t-elle.
Son amie se rend compte qu'elle a agit sur un coup de tête et qu'elle n'a pas pris la peine de penser à autre chose que sa pulsion soudaine. Elle conclut que la discrétion n'a pas été son fort ces derniers temps et d'autres que Sasha commencent sûrement à se douter que quelque chose de sérieux se passe entre elle et le soldat Ralle.
— Je sais que t'aime être violente mais il ne...
— Je n'ai pas été violente. Coupe sèchement Mikasa.
Sasha pouffe de rire.
— Haha, donc c'est vous l'avez fait !
La jeune Ackerman lève brusquement les yeux vers celle qui lui tient le bras et panique soudainement en comprenant qu'elle s'est trahie.
— Et tu ne raconte pas à ta conseillère conjugale ? Insiste-t-elle avec un regard rieur et une expression très — trop — intéressée.
Mikasa fronce et madame patate comprend que ça veut dire non.
— Roh aller, tu peux au moins me dire si ça s'est bien passé... Continue-t-elle.
Des images lui reviennent forcément en tête et ça lui rappelle qu'elle meurt d'envie de trouver un autre moment pour réitérer l'expérience.
— Tu m'emmerdes. Râle la brune qui se dégage de l'emprise de son amie.
Elle plante Sasha là et se dirige vers l'armurerie pour s'équiper de son matériel tridimensionnel mais l'emmerdeuse la suit.
— Il a été si mauvais que ça..? Demande-t-elle encore.
Mikasa expire profondément et longuement pour exprimer son exaspération.
— Non, c'était très bien, lâche-moi maintenant. Bougonne-t-elle avec les joues toujours aussi rouges.
Sasha acquiesce avec un grand sourire, signe qu'elle se retient de rire.
[ Le soir-même — Caserne de Trost ]
Entraînement terminé, le ventre relativement plein, Thomas ouvre la porte de cette chambre qu'il partage avec Moblit puis la referme derrière lui avant de soupirer. Il se dirige ensuite vers son lit et quelque chose attire immédiatement son attention : une enveloppe est posée sur son oreiller.
Le jeune homme hausse un sourcil, se demandant comment cette lettre a bien pu arriver ici et pourquoi elle ne lui a pas été remise par un membre du service des postes militaire. Il se penche pour l'attraper et l'ouvre délicatement avant de sortir la feuille de papier qu'il déplie d'un coup sec.
« Thomas,
Je sais que, lors de notre rencontre, je t'ai dit que je serai prêt à répondre à tes questions dès que tu en feras la demande, quel que le jour et l'heure.
Malheureusement, il se trouve que certaines complications m'obligent à fixer moi-même ce rendez-vous.
J'espère de tout mon cœur que tu accepteras ma proposition parce que nous avons beaucoup à nous dire et je sais que tu as soif de réponses. Peut-être qu'après cette entrevue tu auras une meilleure opinion de moi qu'à la première impression.
Pour être franc j'aurai aimé que nous entrions en contact plus tôt et que l'on apprenne à se connaître mais la vie est parfois mal faite.
Si je puis me permettre, j'ai eu vent de tes récents exploits et je souhaite t'en féliciter. Peut-être consentiras-tu à me les narrer. Il faut me comprendre, il y a très peu d'aventures aussi trépidantes dans les brigades, surtout pour un haut gradé comme moi et j'aimerai savoir ce que ressent un soldat de ta trempe quand il se bat contre des titans.
Je te propose que l'on se retrouve là où nous nous sommes croisés la dernière fois, près du cimetière, dans deux jours aux alentours de midi.
Chaleureusement,
Erik Müller »
Thomas relève lentement la tête et se sent soudainement stressé.