L'Ode à la liberté [Livre I]
Æsma s’approcha de la plante, recevant la substance empoisonné provenant de la cerise du diable et marchait jusqu’à elle d’un pas chancelant, espérant se réveiller de ce cauchemar vertigineux.
— Maman… largua-t-elle - devant accepter de faire face à la réalité, elle tomba de la lune dévisageant tour à tour ces deux adultes rencontrés quelques heures plus tôt.
— Tu ne pouvais pas tomber mieux toi. Quand cesseras-tu de me pourrir la vie ?
Lorsqu’elle lança un regard entendu à son invité, la belladone inféra dans un souffle, la possibilité de prendre des risques sous les yeux de son avorton.
— Maintenant que j’ai donné ce que vous souhaitiez, à votre tour l’ami.
Tom Xaver, si cela était bien son prénom, remis en place sa paire de lunettes saluant d’un mouvement de tête Ymir - ne pouvant s’empêcher de jeter un coup d’œil en direction de l’exploratrice outrageusement désemparée. L’homme ramassa la malle au pied de sa chaise et la déposa avec précaution sur la table pour la mettre face à Jane Traum, l’ouvrant, délicatement divulguant plusieurs fioles de sang.
— Comme vous pourrez le voir, je n’ai pas pu avoir accès à trois d’entre eux, dit-il très sereinement.
— Ne vous inquiétez pas. J’ai pu avoir accès au septième, grâce à votre père. Et ça ne me saura aucunement difficile d’en ré-avoir, surtout maintenant que j'ai toujours la possibilité d'avoir de son liquide céphalo-rachidien, tout en sachant que j’ai celui du huitième. Le plus important d’entre tous, sourit gracieusement la mère d’Æsma.
De quoi parlaient-ils ? La blonde interrogeait silencieusement son ancienne collègue qui haussa des épaules, l’air de s’en foutre royalement - à croire qu'elle n'avait plus rien à perdre…Se remémorant le contenue de la première malle, la demoiselle déglutit réalisant le pire à venir. Pourquoi diable offrait-elle à cet « ennemi » un des derniers prototypes ?
— Depuis quand tu pactises avec l’ennemi, lâcha Æsma - sa colère mélangé à de la panique. Pointant du doigt les flacons, elle demanda, C’est quoi tout ça ?! Pourquoi lui avoir gratifié une de nos armes ? Et ne me dis pas que c’est notre cousin, je n'y crois pas une seule seconde.
— Ferme là, espèce d’ignare.
— Ne me mens pas, j'ai tout vu et le Major Dorke m’a donné l’identité de ce gars ci-présent. Tom Xaver. Ou peut-être est-ce ce fameux Sieg dont tu m’as parlé Ymir ! Cria Æsma à l’attention de cette dernière.
La sorcière de glace se dressa face à son rejeton, plantant ses griffes dans ses frêles épaules, contraignant cet enfant à prendre place à leur réunion - un énorme imprévu que la dame comptait régler le plus rapidement possible.
— Félicitation gamine, bienvenue dans la résistance, cracha-t-elle.
— Il n’y a pas de quoi s’affoler, intervint l’homme - analysant l’enfant devant lui et posa ses coudes sur la table pour joindre ses mains l’une contre l’autre, avant s’entremêler les doigts se perdant un laps de temps dans ses réflexions. Je suis navré que nous nous rencontrions dans ces circonstances et pas des plus adéquates, mais laisse moi me présenter convenablement cette fois-ci : Sieg Jäger, c’est un plaisir de faire connaissance avec toi Æsma Traum.
Examinant longuement son voisin, elle épluchait le moindre élément composant son visage faussement amical. Jäger, frémit-elle au gré du vent qui murmurait au-dehors - ressassant ce nom comme si elle cherchant une définition, un sens à ce mot, mais il s’échappait à chaque fois qu'elle mettait le doigt de dessus.
En retrait, Ymir restait à sa place se conformant à son rôle, mais n'en pensait pas moins, envisageant de baffer cette empaffée pour la ramener à la réalité - mais quelqu’un d'autre de plus autoritaire et persuasive se chargea de cette base besogne pour son plus grand plaisir.
— Et bien ma chérie, souligna la belladone, où sont tes bonnes manières ?
Jane - dans son rôle de « mère » - câlina les cheveux de son enfant, ourdissant quelques mèches de cheveux.
— Enchantée… murmura-t-elle - gêner de flancher à la première occasion.
Ces gestes étrangement agréables et apaisants, consciente de se faire manipuler, elle souhaitait que cela dure malgré le passif entre elles. Ne percutant toujours pas, elle rabâcha de vive voix le nom de l’homme : Jäger, lui donnant l’impression qu’elle oubliait l’essentiel.
— Oui, Jäger. Eren Jäger, s’agaça la rouquine - prenant place sur le fauteuil non loin de la cheminée, la jambe droite reposant sur l’accoudoir et son bras droit suspendu derrière le dossier. Ma parole, t’es vraiment pas une flèche quand tu t’y mets.
La sotte du jour observa Sieg, les yeux comme deux ronds de flan réussissant enfin à relier les points entre eux.
— J’ai ouïe dire que mon petit frère avait une place particulière dans ton cœur, Tout comme cette jeune Ackerman, sourit-il - un brin calculateur. Il est très bien entouré.
Remarquant une lueur agressive dans ses yeux verts, il ajouta :
— Ne t’inquiète pas, je ne lui veux aucun mal. Au contraire, j’ai besoin de lui, son aide est très précieuse.
— Qui vous dit qu’il accepterait de travailler main dans la main avec l’ennemi ?! Pesta la demoiselle.
— Parce que nous avons beaucoup en commun.
— Avoir le même père ne signifie pas grand-chose… souffla la gamine. Pourquoi vous pointez ici et pourquoi entamer des « négociations » ?
— Æsma, tu devrais réfléchir et tourner ta langue sept fois avant de parler, répliqua sa mère - se joignant à eux. Dans la vie, il faut savoir faire des concessions.
— Oh… donc, cela implique de donner nos armes à nos adversaires, en échange de ça ?! Protesta Æsma - pointant du doigt la valise contenant les tubes d’essai en verre.
— Il y a bien encore des choses que tu ignores.
— Et toi, tu sais plus de choses que tu laisses à croire. Aider l’ennemi ça oui, mais apporter ta contribution au sein de l’armée, ça… Je suis loin d'être bête, j'ai bien vu ton petit jeu avec le Major Erwin.
— Au jeu d’échecs, il faut connaître ses composantes pour pouvoir transgresser les règles au moment opportun et de ce côté, j'ai toujours été meilleur que lui. Que puis-je ?
— Apprends à connaître ton ennemi, autant que tes amis. Connais-le, autant que tu te connaisses toi-même. Pactise avec eux. Un échange de bons procédés ne peut être bénéfique entre les deux parties, seulement, il faut savoir jouer les bonnes cartes - sans atouts, ni faiblesses. Montre-toi plus subtil que l’invisible, le mystère et l’inaudible, et tu triompheras sur ton adversaire, riposta Sieg Jäger - amusé. Tu devrais remercier ta mère pour tout ce qu'elle fait pour les habitants de l’île. Vous évitez une énième catastrophe.
— Alors vous ne comptez attaquer Utopia. C’est super gentil de votre part. Franchement merci, je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles. Je ne peux pouvais pas rêver mieux, s’énerva Æsma.
— Madame Traum, je vous remercie pour ces précieuses informations. J’espère pouvoir répondre à votre demande le plus tôt possible.
— Si vous êtes encore en vie d'ici là, rit élégamment Jane - une main devant la bouche, pus observa sa progéniture. Quoi qu'il advienne, j’obtiens toujours ce que je veux.
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Après cette journée fantasque et une entrevue biscornue avec le camp adversaire, sa mère tenait à ramener « sa fille » à son travail.
Heurtant les cailloux, le carrosse oscillait secouant légèrement les deux femmes à l’intérieur de la caisse. La plus jeune se terrait dans son mutisme ruminant pas ce qu’elle venait de découvrir plus tôt, sous le regarde perfide de la plus âgée.
Jambe droite sur la gauche, retenant son genou droit de sa main gauche, elle appuya son dos sur la banquette en velours teinté d’un noir de fumée, s’harmonisant parfaitement avec ses yeux aniline, la mère - plus cauteleuse que jamais - scrutait sa progéniture en plein dilemme. Rien de tel pour exacerber son aversion naturelle pour cette enfant indésirable, ayant le don de fourrer son nez là où il ne fallait pas.
— Si je réponds à tes interrogations, me promets-tu de garder le silence ?
La réaction de la blonde ne fit pas attendre.
— Quoi ? Tu veux que je mente au Major ? S’indigna-t-elle.
— Je ne te demande pas de lui mentir, mais rester discrète jusqu’à nouvel ordre.
— Mais tu as permis à l’ennemi de se fondre dans la masse, encore aujourd’hui ! Et tu veux que je reste dans mon coin, à me tourner les pouces ?!
En un instant, Jane Traum se joignit au côté de son avorton, se redressant correctement pour asseoir sa domination, attrapant le menton de ce dernier la forçant à le regarder droit dans les yeux. Ramenant quelques mèches irisées derrière son oreille, l’ancienne brigadière se délectait de la peur qui luisait dans ces billes vertes, puis effleura du bout des doigts la joue droite de « sa » fille au regard fuyant, peinant à avaler sa salive.
— Tout ce que tu vas faire, c’est me donner les informations collectées au compte goutte, répliqua calmement madame Traum - pressant légèrement ses doigts sur la gorge de son rejeton, elle rajouta, et je connais plein de façon de te faire taire, si l’envie de parler venait. À commencer par ça.
Relâchant son étreinte, Jane sortit de la poche de sa veste, un flacon contenant semblait-il des cristaux violets, ne manqua pas à savourer le trouble se dessiner sur le délicat minois de la blonde, quand elle agita la fiole sous son nez.
— Je me demande comment réagirait tes supérieurs, s’ils apprenaient qu’un de leur soldat se dope avec de la cathinone. Enfin, c’est le cadet de mes soucis, tu fais bien ce que tu veux, cependant… Connaissant bien les effets de ces petites choses, je peux t’en procurer sans difficulté, mais en échange, je veux que tu te taises. Je n’hésiterais pas à échanger ces molécules par quelque chose de plus nocif.
Æsma ne sourcilla pas, écoutant attentivement la suite.
— Je suis née Wätcher et ce sang coule aussi dans tes veines et celui de ton frère. Notre clan, comme les Rovdyr, ainsi d’autres afin de protéger les Reiss, travaille dans l'ombre contrairement au Ackerman en ligne de mire. Toutefois, chacun à un rôle précis à jouer. Les Ackerman sont les chevaliers servant, ayant reçu la bénédiction de leur roi, grâce aux recherches et travail fabuleux de deux autres factions appartenant aussi au cercle restreint. Les Rovdyr eux étaient et « sont » encore les assassins de la famille royale. Quant à nous, Wätcher, sommes les gardiens.
— Et les autres ? Nous ?
— Et bien, c'est ce que j’aimerais savoir. Retrouver notre rôle d’antan. Si tu ne meurs pas durant la bataille, j’ai plusieurs requête à te demander. D'un, après la reconquête du mur Maria, tes petits compagnons voudront refaire une autre petite expédition pour faire un grand nettoyage et récupérer les trois autres District. Je veux que tu ailles avec le groupe qui ira à Quinta.
— Quinta ? Celui qui se trouve à l’Ouest du mur Maria ! Celui où les habitants ont péri durant l’invasion, car ils ont été informés assez tard et les vivres ne leur auraient duré que six mois non ?
— Il est facile de manipuler les gens, même les plus hauts dignitaires. La ville abandonnée, laissant les habitant à leur triste sort, j’ai vue une opportunité s’offrir à moi. Il se trouve que là-bas, se trouve des artefacts précieux appartenant à d'autres civilisations, plus ou moins anciennes mais aussi des informations concernant les Ackerman, mais aussi tous les autres clans proches de la lignée royale. Si ce n'est pas le cas, il y a bien un papier qui dévoile leur emplacement.
Abasourdi, Æsma cligna plusieurs fois des yeux, secouant la tête.
— Mais il n'y a pas âme qui vive ! Protesta-t-elle. Comment veux-tu que les habitants de Quinta aient survécu après cinq ans à rester cloîtré entre quatre murs, sans ressources ?
— Tu n'écoutes donc pas, répliqua la mère. J'ai profité que le roi est tourné le dos pour faire ma petite affaire avec eux.
— Tu sous-entends que tu as envoyé des hommes là bas, alors que ça grouille de Titans.
— Æsma, tu oublies que nous sommes en étroite collaboration avec les Rovdyr et que nous agissons dans l’ombre. Toutes les histoires qu'on vous raconte depuis le début ne sont que du flan, cette pseudo-guerre entre les Mahr et Eldien. On embrouille l’esprit des plus jeunes et au fil des années, on perd le fil de l’histoire.
— Comment peux-tu en être si sûre ?
— Wätcher, gardien des secrets, le puit de la connaissance - or, comme tu peux le voir, cela s'est perdu au fil des siècles, mais cela ne pas pas empêcher mes frères te moi de faire ce qu'il y avait à faire. Et si tu n'étais pas né, Raphaël aurait prit la succession de notre clan.
— Pourquoi... Pourquoi me dire tout ça alors ?
— Il faut que quelqu’un perpétue notre œuvre, fulmina Jane.
— Et Gabriel dans tout ça ? se questionna la blonde - inquiète.
Jambes écartées servant d’appui pour les coudes supportant avec mains et avant-bras le poids de sa tête, le concerné frotta vivement le visage.
— Mère m’a toujours laissé entendre que j’allais devoir me confronter un jour ou l'autre aux devoirs familiaux, surtout après la mort de Raphaël, mais j’étais loin de me douter qu’elle allait t'entraîner aussi là-dedans, marmonna-t-il - avant d’observer sa sœur. Tu n'as vraiment rien dit à personne ?
Si son univers s’effritaient depuis des lustres, appréciant récemment quelques-unes de ces aventures pittoresques, ce qu'il se déroulait à travers les récifs, épanouis par le printemps, ternissait le végétal à l'intérieur de l’anneau, affaiblissement aussi ces éclats subtilement dorés - ingurgitant en une grande et unique lampée, l’énergie durement accumulée. Se mordillant la lèvre, baissant la tête les yeux rivés sur ses mains qu'elle trituraient depuis de sempiternelles minutes, Æsma secoua la tête de gauche à droite en guise de réponse.
— Je ne vais pas te blâmer pour ça, j'aurais peut-être fait la même chose à ta place, bien que venant de toi, cela m’étonne. Ça confirme mes craintes. Au sous-sol…
— Je n'ai pas très envie d'en parler, coupa la petite sœur.
Peiné par son refus de parler, Gabriel fixa le mur en face de lui.
— Mais tu devras bien te confronter à tes supérieurs pour Quinta. Comment tu vas justifier tout ça ?
— Je n'y ai pas vraiment réfléchi… Crois-moi, ce n'est pas l'envie qui m'en manquait de leur divulguer tout ça, mais je ne voulais pas trahir la confiance de maman.
— Ouais… elle a juste trouvé un bon moyen de te faire taire. Enfin, si tu ne veux pas en parler, je ne peux pas te forcer à en discuter, maugréai le blond. Je peux au moins te demander une chose ?
— Hmm.
— Je ne veux plus que tu côtoies Aloysius.
— Hein mais pourquoi ?! s’enquit la demoiselle.
— Ça m'emmerde de le dire, je préfère que tu restes en sécurité au sein du Bataillon quitte à être collé au maximum avec Eren. J'ai un mauvais pressentiment.
— Ça ne justifie pas de ne plus parler avec Al… Surtout que maintenant qu'il est le bras droit d’Historia. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a craindre. Ou bien parce que sa famille son des assassins ? se moqua gentiment l'exploratrice
— Je vais prévenir tes supérieurs que tu es réveillés. En attendant repose toi.
Gabriel se mura aussitôt dans le silence, ébouriffant la crinière de sa sœur et l'embrassa sur le front avant de quitter la chambre.