L'Ode à la liberté [Livre I]

Chapitre 43 : Le fil rouge - Part II

2800 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/08/2021 21:04

Sur le chemin entre les districts de Stohess et Karanes, au cœur de la forêt, se situait une côte montagneuse traversée par le fleuve, tombant dans le précipice, dissimulant un espace clos où l’eau continuait à s’étendre accompagné par la flore sauvage.

Un petit homme au crâne rasé, ne portant qu’un short de bain, escaladait les rochers pour atteindre le sommet. Pris d’un fou rire démoniaque, d’ici il avait la sensation de dominer le bas peuple pataugeant dans la rivière. Il tourna les talons pour s’éloigner du bord et s'arrêta, pivotant de nouveau, après avoir jugé d’avoir l’élan nécessaire. Prenant une grande inspiration, un large sourire jusqu’aux oreilles, il courut à toute vitesse.

— Chaud devant, hurla Conny - sautant du haut de la cascade.

Réussissant à éclabousser le petit groupe à quelques mètres de son point d’atterrissage, il sortit de l’eau bombant fièrement le torse. La victoire fut de courte durée quand sa meilleure amie l’harponna pour le noyer.


L’humeur de Jean devint rapidement maussade. Refuser une invitation pareille était inimaginable pour un homme de son envergure, mais il aurait préféré que cette face de sanglier ne soit pas de la partie - ce dernier signant direct, sans même avoir étudié la proposition. Un autre de s’était pas fait pas fait prier, ne laissant pas le choix à son collègue. Seul l’attardé avait été difficile à convaincre.


Jean prit un instant Marlowe à part.

— Mec, c’est l’occasion pour toi de te rapprocher de Hitch avant d’enchaîner les expéditions. Tu devrais en profiter avant qu’il ne soit trop tard.

— De quoi parles-tu ?

— Mais enfin, ça crève les yeux qu’elle en pince pour toi. Écoute-moi attentivement Marlowe. Nous sommes dans la fleur de l’âge. Une opportunité comme ça, ça ne court pas toutes les rues. 

Pour la première fois, le visage de Coupe au bol s’empourpra. Longue à la détente, mais pas aussi bête qu’il en avait l’air.


Furtivement, l’officier admirait la jeune asiatique portant élégamment son maillot de bain de sport, laissant entrevoir ses abdos parfaitement dessinés - l’eau perlant sur sa peau blanche et satinée. L’ayant vue bon nombre de fois dans cette tenue lors des entraînements, Jean ne restait jamais longtemps indifférent.

Cependant, sa jalousie prenait le dessus, quand il voyait que Eren - assit et recroquevillé sur lui-même, les sourcils froncés - regarder dans la même direction. Tout ça pour reluquer Mikasa, pensait-il.

Des mains féminines se saisirent de son bras, tandis que quelque chose de moelleux et voluptueux se collait à celui-ci.

— Alors petit vicelard, on se rince bien l’œil ?

Vêtue d’un deux-pièces, la jeune femme ne laissa pas de marbre Jean, manquant de trébucher. 

Hitch se moqua ouvertement de lui, heureuse d’avoir fait son petit effet

— Tu sais, c’est pas en restant planter là que les choses vont évoluer.

Jean la fixait incrédule.

— Tu n’oserais quand même pas me donner des leçons alors que tu n’es même pas capable de charmer l’homme que tu convoitise. 

— Ce n’est pas de ma faute si Marlowe est aussi insensible.

— Tu n’es peut-être pas assez séduisante à ses yeux, ricana Jean.

— Hé ! Respect un peu tes ainées, dit-elle faussement vexée - lui assenant un coup derrière la tête. En tout cas, si je peux te donner un conseil, tu dois voir un peu plus loin que le bout de ton nez.

— Qu'est-ce que tu racontes encore ?

La brigadière contourna l’explorateur pour s’asseoir derrière Eren, enroulant ses bras autour de son cou.

— Hé mais qu’est-ce que tu fou, cria le brun - choqué.

Glissant sa main sous son menton pour choper sa mâchoire le forçant à avoir la bouche en cul de poule, Hitch secoua sa tête.

— Eren Jäger n’est pas ton rival, monsieur est bien trop obsédé par la blonde.

— Mais… mais lâche moi ! Finissant par réussir à se dégager de son étreinte, Eren - le visage complètement cramoisi - détala comme un petit lapin quelques mètres plus loin. Espèce de sale perverse !

— Moi perverse ? Je ne fais que donner un petit coup de pouce au destin. S’exclama l’amie de Marlowe -pointant discrètement du doigt le petit groupe. Maintenant, tu as toute l’attention de ta chérie.

Craintivement, le brun tourna la tête vers ses amis batifolant dans la rivière. Effectivement, il avait gagné toute l’attention d’Æsma et pas forcément dans le bon sens. Les rôles s’étaient inversés depuis la bibliothèque. Il commençait doucement à comprendre les états d’âme de la blondinette, lorsque lui-même se laissait emporter par sa jalousie. Servir de punching-ball, sans même pouvoir se défendre n’avait vraiment, mais vraiment rien de plaisant. Le karma faisait visiblement bien les choses.

— Tu n’étais vraiment pas obligé de faire ça… dit-il - irrité. 

— Pas un pour rattraper l’autre, soupira Hitch.

— À qui le dis-tu, répliqua Jean.

— Tu n’es pas mieux espèce d’andouille. Fais la conversation avec Mikasa, apprends à la connaître, mais par pitié bouge ton cul !

— Laisse tomber, il va se faire refouler direct, rétorqua Eren.

— Quoi ? Répète un peu pour voir espèce de dégonflé ?

Une chance que la demoiselle des Brigades Spéciales soit présente pour s’interposer, évitant aux adolescents plein d’ardeur d’en venir aux mains, poursuivant leur rixe verbale, par un simple jeu de regard.

— Que se passe-t-il ? Flairant le problème à des kilomètres, Mikasa s’était manifestée en un rien de temps.

— Oh rien de grave. Tiens, je te laisse le petit Jeannot, je dois terminer mon entrevue avec le petit Eren, lança Hitch - saisissant le jeune Titan par le poignet.


Se faisant entraîner de force jusqu’au bord de la rivière, le brun se débattit - offusqué de se faire mener aussi facilement par le bout du nez.

Désespérée par tant de puérilité de la part du jeune éphèbe - s’interrogeant sur les goût douteux de son amie - Hitch finit par tiré l’oreille de ce dernier.

— Écoute moi bien espèce de crétin, si tu veux te rattraper avec Æsma, tu as intérêt à faire tout ce que je dis.

Commençant à chuchoter dans le creux de son oreille, Eren écouta attentivement les conseils suivant - guignant sur la principale source de ses tourments. Il ne manqua pas de rougir de temps à autre à certains, hochant la tête : si Hitch le préconisait…

Ni une, ni deux, l’adonis suivit les instructions du soldat Doris et partit rejoindre le reste de la troupe, accueillit à bras ouvert par les deux clowns. Le premier obstacle franchit, il s’approcha d’Armin l'air de rien, lui offrant un sourire amical. Deuxième objectif atteint. 

Delroy souleva Æsma sur son épaule, la transportant tel un sac à patates pour la jeter dans l’eau. Le brun se racla la gorge : ne pas s’emporter, ne pas s’emporter. Comme prévu, le duo de comique se jeta sur le basané, toujours prêt à faire les pitres. Comment Hitch a pu deviner la façon dont ses camarades allaient se comporter ?

Le jeune Titan s’avança vers Æsma, les fesses toujours dans l’eau - sous le regard suspect de son ami d’enfance.

S’interrogeant sur ses intentions, la blondinette lui jeta un regard noir, mais ce dernier lui tendit la main.

Acceptant son aide sans rechigner, Eren se conforma aux instructions données plus tôt. Attirant sa camarade à lui, il posa ses mains et agrippa fermement ses hanches collant son corps le sien. Comporte-toi comme un mâle Alpha, se répéta-t-il en boucle dans sa tête.

Les yeux comme deux ronds de flan, la jeune femme demeurait stupéfaite.

— Je suis prêt, débita-t-il - les joues enflammés - répétant mot pour mot ce que Hitch lui avait dicter. Je suis prêt à remuer ciel et terre pour visiter ton jardin, cueillir la jolie fleur que tu es pour t’arroser du soir jusqu’au petit matin…

Louchant malencontreusement sur la poitrine de son amie, s’apercevant la situation dans quel foutoir il s’était empêtré, il oublia la suite du poème, tentant de garder un contrôle absolu.

L’exploratrice n’en croyait pas ses oreilles, se demandant comment il était possible de débiter autant de connerie à la seconde. Devant tout le monde… 

Ce qu’il se passait au niveau de ses cuisses, la fit sortir de sa torpeur.

— Espèce de sale goujat, hurla-t-elle.

Dans l’état des faits ou par simple réflexe, Æsma donna un coup de genou dans l’entrejambe de son collègue, échappant de son joug et s’en alla chercher ses affaires et quitter les lieux. 

— Eren ! Accouru Armin, aidant son camarade à se relever.

— P’tain. Ça fait mal…

— Q’est-ce qui t’a pris de faire ça ?! Demanda Marlowe.

Le jeune Titan ne répondit pas, se contentant de jeter un regard en direction Hitch qui rigolait bêtement.

— Oh non… Soupira Coupe au bol. Ne me dis pas que tu écouter toutes ses conneries ?!

— Je croyais bien faire ! pleurnicha Eren.

— En annonçant devant tout le monde que tu voulais la déflorer ? L’interrogea Delroy - quelque peu amusé.

— Quoi ?! S’offusqua Eren.

— Eren… Réfléchi avant d’agir, déplora son ami d’enfance. 

— Surtout quand c’est Hitch qui te donne des conseils, souligna Marlowe.


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Pour terminer cette journée en beauté, après cette petite mésaventure, le Bataillon décompressa dans un bar réputé de Stohess. Pour la première fois, les gradés de la 104 ème Brigade d’entraînement Sud allaient rencontrer la totalité des diplômés de la section Nord.

Observant soigneusement un à un les soldats, Hitch se perdait dans une de ses nombreuses réflexions les yeux rivés au ciel. Le brigadier qu’elle attendait tant arriva enfin.

Le soldat - lui aussi en tenue de civil - s’adressa rapidement ses collègues, se présentant en toute simplicité auprès du Bataillon, et finit par saluer son ancienne camarade de promotion.

— Boris.

— Æsma.

Les deux anciens conscrits s’échangèrent un sourire complice, sous le regard machiavélique du soldat Doris - frottant discrètement la paume des mains.

— Quel plan diabolique, tu prépares encore ? L’interrogea Armin - accusateur.

— Moi ? Rien. Quelle question ! Sourit-elle en tout innocence - fixant Eren.

Revenant tout juste des toilettes, Jäger remarqua la présence du nouveau venu, identifiant aisément ce dernier. Avant même qu’il n’est pu faire quoi que ce soit, Hitch l’alpagua, enroulant un bras autour de ses épaules souhaitant elle-même faire les présentations.

— Hé Boris, je te présente le fameux Titan. Eren Jäger. Eren, je te présente…

— Boris Feulner, riposta le jeune homme - déjà agacé par la peste de service. Hitch, lâche le, tu ne vois pas que l’emmerde ?

— Tu me connais, je n’oserais pas, répondit-elle gaiement.

Bras croisés, Æsma jeta un coup d’œil en direction d’Eren, se demandant ce qui irritait vraiment ce dernier - voyant très bien qu’il considérait Boris comme un nouvel ennemi.

— Vous devriez bien vous entendre tous les deux, continua de jacter Hitch. Vous aimez les blondes, et particulièrement celles avec un fort caractère… 

— Et si tu allais nous trouver une table avec le reste du groupe, intervint Æsma - pour abréger leur souffrance. Boris et moi allons commander pour tout le monde. 

Faisant signe à son ancien équipier, le brigadier et elle voguaient vers le comptoir, abandonnant les deux autres, toujours collés l’un à l’autre.

Hitch se régalait par avance et n’en perdait pas une miette, en surveillant les expressions du jeune éphèbe à ses côtés. 

Eren ne manqua pas de la foudroyer du regard, agacé d’être manipulé aussi facilement par cette garce, avant de s’enfuir rejoindre le reste de la troupe. 



S’asseyant sur le tabouret, lui permettant d’être à la même hauteur que Boris qui passait commande auprès du barman, elle épiait son collègue au loin. Sa mine s’assombrit quand elle s’aperçut qu’il les surveillait également.

Le soldat des Brigades Spéciales s’étira et se tourna pour observer dans la même direction que la blonde - collant son dos contre le rebord du bar et posant ses coudes sur la surface de celle-ci.

— Dis donc, tu as l’air toute tendu, lança-t-il.

Crispée, Æsma serra les dents. Après une journée aussi catastrophique, bien sûr qu’elle était sous tension et elle n’était pas terminée. Que pouvait-il arriver de pire ? Valait mieux ne pas y penser..

— Ouais, un peu… souffla-t-elle - dans l’espoir d’évacuer un peu de stress.

— chassez le naturel, il revient au galop.

— Hmm ?

— Hitch, restera Hitch.

— Hein ?

— Je vois très bien ce quelle cherche à faire.

— Ah ouais ? L’exploratrice arqua un sourcil, intriguée Évitant quelques instants de regarder son ancienne camarade dans les yeux, Boris contempla l’un des piliers en bois - chargé de soutenir le bâtiment. Recevant un coup de coude de la part de la blondinette, attendant une réponse, il se gratta la tête.

— Ça ne t’a jamais effleuré l’esprit hein.

— Boris, arrête d’être aussi énigmatique et viens en au fait.

— Il est possible, à une certaine époque, très lointaine, j’ai eu le béguin pour toi.

Se penchant légèrement en avant, observant le jeune homme.

— C’est une blague, hein ? Discernant le rose teinter les joues de l’ancien cadet de la 104 ème, la demoiselle piqua un fard à son tour. Mais non...

— Tu peux rassurer ton copain, ce n’est plus d’actualité. J’ai hâte de voir la tête de Hitch quand elle apprendra que je suis en couple.

— Oh… Ne me dis pas qu’une fille est tombée sous le charme d’un mec comme toi ?

— Et bien si !

— Un vantard comme toi ? C’est pas possible.

— Mais tout est possible. Toi aussi, tu es…

— Eren n’est pas mon copain.

Surpris par sa réponse, ses billes chromées manifestèrent énormément d’attention envers ces deux cristaux verts, à la recherche de réponse - n’en croyant pas un traître mot.

— C'est la vérité.

— Alors explique moi pourquoi Hitch a absolument voulu que lui et moi fassions connaissance ?

Æsma grimaça et lui raconta la journée d’aujourd’hui dans les grandes lignes - contrainte d’en dévoiler un peu plus sur ce qu’il s’était passé à la bibliothèque.

— Mais non… Le soldat éclata de rire. T’es impossible. Et je constate que tu n’as pas eu besoin d’une quelconque substance pour prendre les devants. C’est sûr, tu l’as traumatisé pour plusieurs décennies. 

— Oh ça va… maugréa Æsma - la moue boudeuse.

— Je plaisante. Je plaisante, rit-il - ébouriffant sa crinière. Vue ce que tu m’as dit et la façon dont il me mate depuis tout à l’heure, tu as encore toutes tes chances.

Levant les yeux en direction du groupe pour vérifier les dires de Boris - même si à cette distance, elle ne voyait pas tout en détail - elle remarquait un beau brun au teint subtilement halé, faisant ressortir ses jolies émeraudes les guetter, le coude posé sur la table, le menton enfoui dans la main. Son attitude commençait fortement à l’agacer.

— Si tu veux jouer à ça, soit, marmonna-t-elle - pivotant sur le tabouret, toujours en attente des bières.

— Traum, l’appela Boris - enveloppant son bras sur ses épaules, annonçant subtilement le début des hostilités. J’espère pour toi que tu tiens encore la cadence, sinon tu vas vite être dépassée pour ce soir.

— Tu oses me défier ?

— Je compte bien reprendre ma revanche.


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