L'Ode à la liberté [Livre I]

Chapitre 28 : De vieilles connaissances - Interlude : Corrélation

719 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/04/2021 19:32

Même dans les vêtements aussi modestes qu’elle portait, elle forçait le respect. Les cheveux ondulés coiffés en arrière, illuminait sa peau hivernale, accentuant ses yeux noirs éclatants - concentrés dans ses pupilles. Le maquillage autour de ses yeux - en forme d’amande - intensifiait le mystère qui émanait d’elle. La poitrine bombée, les mains derrière le dos, cette délicate fleur épineuse marchait d’un pas léger, prêt à piquer quiconque qui entravait son chemin. Elle s’arrêta au carrefour, pivotant avec élégance sa tête à la recherche de l’individu qui n’aura de cesse fait parler ces derniers jours. Elle se dirigea sans l’ombre d’un doute vers la calèche qu’elle répara à l’entrée du Quartier Général des Brigades Spéciales. Tout en finesse, elle acclama le maestro, qui observait un soldat en pleine discussion avec un reporter.

Le concerné se retourna immédiatement vers le bruit d’applaudissement.

— Bonjour Erwin, dit-elle - une voix mielleuse.

— Bonjour Jane. Ça fait longtemps.

— Je constate que tu as bonne mine, ironisa la dame.

D’un pas gracieux et aérien, elle s’approcha de son ancien camarade, examinant son œil coloré et congestionné et quelques éraflures disséminées sur son attrayant visage, qu’elle effleura du bout des doigts.

— Ça n’enlève rien à ton charme, sourit-elle - pernicieuse.

Avec la seule main qui lui restait, le Major la saisit prudemment, avant qu’elle ne plante son dard venimeux dans sa peau. Sa beauté n'avait d'égale que sa valeur qu’on lui donnait. Tantôt séduisante, tantôt menaçante, il ne se laissait pas berner d’illusions, ne caressant cette merveille avec ses yeux. En revanche, assoiffé de curiosité, il avança avec minutie sur le chemin sinueux agrémenté de ronces. 

— Que fais-tu ici ?

— J’avais une soudaine envie de me balader en ville aujourd’hui. À peine arrivé, j’ai eu vent du raz-de-marré qui submerge la ville depuis quelques jours. Je ne te cache pas ma surprise, quand j’ai appris que le gouvernement était sur le point de t'envoyer à l’échafaud.

— J’ai l’impression que tu es déçue.

— Au contraire, cher ami, je suis heureuse pour toi. Toutes mes félicitations pour cette prouesse. Je me délecte d'avance pour la suite, sourit-elle.

Un sourire authentique, mais des plus nocif. 

Toujours de marbre, le commandant observait inlassablement l’ancienne combattante. Métamorphosé en un majestueux corbeau, il ne ressemblaient plus à l’oisillon - autrefois farouche. 

— J’ai également hâte de voir ce que l’avenir nous réserve et mon petit doigt me dit que nous tarderons pas à nous recroiser de nouveau.

— Tu me connais, j’ai beaucoup à faire avec mon entreprise.

— Je n’en doute pas, répondit le mortel, ce qui me pousse à me répéter. Le Bataillon et ta firme ne tarderont pas à s’associer comme je le prévois depuis le début.

— Si seulement, il n’y avait que ça, répliqua la sorcière - un sourire enjôleur.

La succube se leva sur la pointe des pieds pour déposer un baiser chaste sur la joue de son ancien compagnon de classe et tourna les talons.

— Avant que tu ne t’en aille, s’exprima Erwin - dans sa stature empirique.

Intriguée, la belladone tourna légèrement la tête.

— Elle te ressemble beaucoup, lorsque tu avais son âge. 

Les yeux d’ébènes se plissaient, scrutant l’explorateur.

— Je ne comprends absolument rien à ton galimatias. 

— Je suis sincère, continua le grand blond.

— Je n’ai pas le temps de discuter sur des choses aussi insignifiantes. À bientôt bellâtre.

Tandis que son ancienne partenaire s’évaporait, le soldat Smith retourna son attention sur Dorke, qui n’en avait pas loupé une miette de cet échange Les deux anciens collègues se regardèrent un long moment, puis se saluèrent dans le plus grand des silences, se séparant chacun de leur côté. L’un montant dans le carrosse en chemin pour contrecarrer les plans de Reiss, l’autre pour maintenir la paix dans la ville. 

 

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