L'Ode à la liberté [Livre I]
Ancien Quartier Général du Bataillon d'Exploration
— Ordre du Major... Major mon cul, maugréa Livaï.
Exaspéré au plus haut point, Livaï soupira de tout son être. Il balaya l'endroit du gauche à droite, à la recherche du petit Jäger. Il lui avait sommer de passer un coup de balai, il était forcément dans les parages. Il convenait ensuite de trouver la morveuse. À coups sûr, elle était collée aux basques d'Hanji.
Il contourna l'angle du bâtiment. Il se trompait. Les recrues jacassaient dans la cour.
Les jeunes d'aujourd'hui, n'en font qu'à leur tête, marmonna le caporal-chef.
— Eren, si tu as le temps de piailler, tu as le temps de terminer ton travail, lança-t-il.
— Oui, Caporal-chef ! Désolé...
Comme à chaque fois qu'on lui donnait un ordre, Eren se remettait en position. Un bon petit soldat. Au moins un qui connaissait sa place.
— Tss. Et toi qu'est-ce que tu fou ici ? Non, laisse tomber, j'm'en fou. Vous tombez bien tous les deux. À partir de maintenant, vous allez avoir l'exclusivité de vous entraîner individuellement avec moi. Ordre d'Erwin.
— On peut refuser ? Demanda Æsma.
La subalterne d'Hanji dévisageait le caporal. Ils étaient aussi enjouée l'un que l'autre de bosser ensemble.
— D'après toi ? Raconte donc pas de connerie. Eren tâche de faire ce que je t'ai demandé. La morveuse, il y a encore les baraquements de l'aile ouest à nettoyer. En pro-fon-deur, souligna-t-il. Après ça, arrange toi pour être disponible. Compris ?!
La mine renfrognée, la blondinette se mordit l'intérieur de la joue. Quel moyen de torture devait-elle employer ? Une mort lente ou rapide ? Du moment que ce dernier souffrait. Elle se massa la tempe, gardant le peu de sérénité qui lui restait.
— C'est une blague hein ? C'est ça que vous appelez un entraînement individuel ? Faire le ménage et la popote ? Je dépends de l'escouade d'Hanji, pas la votre. Plutôt mourir que d'être sous votre commandement.
Quat'zieux aurait pu avoir l'intelligence de la prévenir à l'avance. Cette gamine a sérieusement besoin d'être dressée, pensait-il en son for intérieur Si seulement, Hanji avait choisi quelqu'un d'aussi docile qu'Eren. Ils éviteraient de perdre un temps fou. Habituellement impassible, Livaï lâcha une grimace en guise de réponse.
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Les choses tournaient au vinaigre. À son grand désespoir, aucun autre soldat n'était présent. Simple spectateur, Eren ne pouvait que contempler la scène. Il n'osait pas intervenir. Il ne voulait surtout pas prendre le risque de s'interposer et défendre qui que ce soit. La colère de l'un ou de l'autre lui allait revenir en pleine tronche. Eren avait suffisamment donné de ce côté là.
La force de Mikasa était sans limite. À de rares exceptions, elle ne tergiversait pas, quand Eren dépassait les bornes. La recrue Ackerman plaqua contre le mur humide son frère adoptif. Elle n'appréciait guère qu'il copine avec Annie.
Le jeune Jäger ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds aussi facilement. Personne. Peu importe si cette ladite personne s'appelle Armin ou Mikasa. Personne ne dicterait ses choix, ni la conduite à avoir.
Sa sœur se comportait de façon déraisonnable, voir complètement irrationnelle. Il ne comprenait pas. Enfin, peut-être que si, mais il souhaitait pas approfondir le sujet. Il ne partageait pas les mêmes sentiments, ni les mêmes aspiration qu'elle. Encore moins dans ces circonstances.
À moins que... Cela était étonnant. Aussi loin dont il se souvienne, les deux filles ne se sont jamais affrontées. La seule fois qu'elles avaient décidé d'engager le combat, le sergent Shadis était intervenu pour mettre un terme au conflit, avant que cela dégénère. Aucun des conscrits ne connaitrait l'issue de cette bataille. Qui d'Annie et de Mikasa était la plus forte ? Eren, n'en avait aucune idée. Mikasa excellait dans tous les domaines, mais Annie avait plus d'un atout dans la manche...
Depuis, l'asiatique ne cessait de lui rabâcher de se méfier de cette dernière.
C'était l'explication la plus plausible et qu'il l'arrangeait. Certains de ses camarades préféraient colporter des rumeurs. L'une d'elle lui était tombée sur le coin du nez. Il en gardait un parfait souvenir.
Le temps commençait à être clément. L'époque la plus séduisante. Les bourgeons s'épanouissaient à mesure que le printemps défilaient. Eren appréciait ces petits moments anodin pour lâcher prise et oublier un instant le monde réel.
Les feuilles s'agitaient timidement le ramenant irrémédiablement les pieds sur terre. Il ne connaîtra jamais le répit, si il ne menait pas un terme à tout cela. Il devait toujours se préparer à toute éventualité. Chaque saison avait son lot d'avantage et d'inconvénient. Le printemps lui n'inaugurait rien de bon. Les Titans avaient forcément terminé leur hibernation depuis quelques semaines, de nouveau en route pour massacrer les humains.
Les yeux rivés sur le paysage nuancé de bleus, une silhouette brouilla son champs de vision. Sa mine s'assombrissait aussitôt. Si quelqu'un pouvait gâcher cette merveilleuse journée, c'était cette Tête de cheval.
Eren observa son camarade incrédule. Comme toujours, Jean avait quelque chose derrière la tête. Le sujet de sa présence, ne devait autre que Mikasa. Il en mettrait sa main à couper. Peu importe à tel point que Mikasa et Eren étaient proches, ils étaient comme frère et sœur, rien de plus. Puis, ce gars n'avait aucune chance. Pourquoi s'entêter ainsi ? Il y avait des choses bien plus important.
La recrue Jäger avait puisé son stock de réponse. Maintenant, il fallait faire comprendre à ce gros nigaud que les nouvelles rumeurs étaient entièrement fausses.
Jean lança les hostilités. Jean n'avait que "Mikasa" à la bouche. Jean lui prenait la tête. Jean était prétentieux. Jean était idiot. Jean avait un visage qui ne lui revenait pas.
Une fois, n'est pas coutume, Eren s'emporta lui décrochant un belle droite.
— Tu me saoule avec Mikasa. Et ce n'est pas de ma faute, si je suis une des rares personne à pouvoir décrocher un sourire ou ne serait-ce quelques mots à Annie, hurla Eren.
Mais pourquoi repensait-il à tout ça maintenant ? Ah oui... Æsma. Cette fille n'avait pas froid au yeux pour provoquer Livaï en duel.
Du suicide.
S'il avait bien tout suivi, cette dernière avait un petit - non, un énorme faible pour Hanji. Elle accusait le caporal-chef de se mettre en travers de son chemin. Un point commun qu'elle partageait avec Kirschtein malheureusement...
De nouveau anxieux, Eren priait pour que quelqu'un intervienne. Et dieu soit loué ! Quand il détourna la tête, le Major était là, comme par magie.
L'homme blond - les bras croisés - observait la scène. Comment pouvait-il rester aussi stoïque ? Æsma allait finir par mourir !
Livaï finit par utiliser une technique d'étranglement pour calmer Æsma. Cette dernière, ne comptant pas se laisser faire aussi facilement , se dégagea in extremis des bras - tentant d'enrouler son petit cou - et mordit la main de son supérieur.
Le jeune Titan entendit un petit rire moqueur, provenant de la bouche du Major Smith.
— Saleté, je vais te buter ! Siffla le Caporal.
Il saisit la camarade d'Eren par le col. Un frisson parcouru l'échine d'Eren. Le petit homme allait mettre fin aux jours de la blondinette.
Eren s'arrachait les cheveux, au point d'ouvrir son crâne. Il ne pouvait s'empêcher de fixer Erwin, d'un air béat. Il semblait satisfait.
Livaï ne retenait plus ses coups. Il redoublait même d'effort. Il était encore moins indulgent qu'avec Eren à l'audience. À cette allure, le Bataillon allait perdre un soldat.
Malgré, les coups et les blessures, Æsma trouvait encore la force de se relever.
— Non mais j'hallucine ! Ce n'est plus du bizutage à ce rythme ! Explosa la blondinette.
— Dis donc, il ne faut pas grand choses pour te faire sortir de tes gonds, ironisa Livaï. Tu abandonnes déjà ?
Erwin se racla la gorge enfin prêt à intervenir, mais Hanji fit son entré.
— Que se passe-t-il encore ?!
Le Chef d'escouade de recherche positionna ses lunettes sur le hauts de son crâne. Le temps se figea. Il lança des regards noirs, à l'encontre de son Major et de son collègue.
— On s'exerce, répondit Livaï en toute sérénité, sauf que ça ne plaît pas à ta morveuse d'être sous mes ordres. Faudrait peut-être envisager à la tenir en laisse.
S'approchant de sa petite protégée et pour faire barrière, Hanji se confondit en excuse, accusant le coup. Il était probable que Livaï se vengeait d'une histoire de longue date. Un vrai gamin, s'écria Hanji.
Le binoclard posa se nouveau ses yeux bruns sur Livaï. Les joues gonflés, il se retînt pour ne pas pouffer de rire. La morsure infligée par sa subalterne ne passait pas inaperçu. Elle était même assez profonde. C'était le moment de se montrer exemplaire. Hanji bomba le torse et posa ses mains sur les hanches. La posture adéquate pour reprendre son sérieux et jouer les moralisateurs.
Livaï roulait des yeux. Hanji qui se donnait en spectacle l'irritait. Ce qui l'hérissait davantage, était Erwin. Cet abruti prenait son pied, remarquant son petit sourire machiavélique. Comme s'il avait tout calculé à l'avance.
Il concentra toute son intention vers les deux énergumènes. Comme si la honte l'envahissait avec ce petit sourire timide et les yeux baissés, la morveuse se triturait les doigts. Non mais qu'elle garce, marmonnait-il. Elle osait minauder.
Témoin de la même scène, d'étranges sensations parcouraient le corps d'Eren. Sa gorge se resserrait doucement. Une boule se formait à l'intérieur de son ventre, qui fourmillait. Il aplatissait subtilement son abdomen pour réduire ce phénomène.
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Il lui arrivait de commettre un petit écart de temps à autre. Après le thé, le ménage - se prélasser sous l'eau chaude, était une de ses autres addictions. Il était temps de se vider l'esprit.
Prenant soin de frotter chaque partie de son corps, Livaï caressa de nouveau sa main gauche. Cette marque. Cette fois-ci, elle ne disparaît pas de suite. Des souvenirs revenaient soudainement à la surface. Il avait complètement occulté cette partie de la journée avant qu'ils ne partent pour cette fameuse expédition.
Avant de clôturer cette fastidieuse journée, Livaï se réfugia dans les bras la belle rousse. Son amante avait énormément de tendresses à revendre. Elle l'admirait de ses adorables yeux noisettes.
Une fois leur ébat achever, Petra tomba rapidement dans les bras de Morphée. Le moment idéal pour le caporal de s'éclipser. S'attacher à quelqu'un n'apportait jamais rien de bon.
Sortit de la chambre, il tomba nez à nez avec Hanji.
— Le bourreau des cœurs à encore frappé.
— C'est toi qui dit ça ? Répondit Livaï haussant un sourcil.
Ce n'était pas un secret pour le soldat Zoe, que ces deux là flirtaient ensemble. Cela l'amusait même et avait la fâcheuse tendance à le titiller.
— Je peux savoir pourquoi tu me suis ?
— Ma chambre est juste en face de la tienne.
Livaï soupira. Il avait oublié ce petit détail désopilant.
— Vraiment, ce n'est pas très gentleman de ta part.
— De quoi parles-tu le binoclard ?
— De t'enfuir lâchement après avoir passé une nuit torride avec une jolie minette, dit-il feintant l'évanouissement.
— Tu es pire.
— Je ne fais pas ça aux femmes. Puis, quitte à me répéter, je ferais un bien meilleur amant.
Hanji entoura son bras autour de ses épaules - essayant de lui voler un baiser - mais il se fit repousser aussitôt manquant de se faire écraser sa paire de lunette.
— Aïe ! T'es vraiment pas drôle, dit-il ,une moue faussement vexée. Je te rappel que je n'ai pas eu le loisir d'être éveillé ce jour là. Tu sais... quand tu t'es occupé de moi.
— Dégage ta sale face de là, Quat'zieux, rétorqua le capitaine, la mine dégoutée. Je n'aurais pas eu à te toucher le poireau, si tu avais eu la décence de te laver.
Livaï analysa de la tête au pied son collègue.
Je me demande comment va réagir la morveuse quand elle apprendra tout ça.
— Quoi ?! S'exclama Hansi surpris.
— Putain... Ça crève les yeux pourtant. Elle est constamment collée à toi. Sans exagération, elle te dévore littéralement des yeux. Tu aurais du voir sa réaction à l'annonce qu'elle n'allait plus faire partir de ton escouade un certain temps. Franchement... Je ne sais pas ce qu'elle peut trouver à un homme aussi répugnant que toi.
— Attends... Tu veux dire que ma petite Æsma est amoureuse de moi ? Une histoire d'amour entre un chef et sa subalterne... Oh, oh ça serait tellement amusant et excitant, s'extasia Hanji. Un peu comme toi et Ralle, sauf que Traum à l'air d'être d'une vraie petite furie.
Hanji leva les bras désespéré.
— Ah mais c'est impossible... je vais devoir lui briser le cœur.
— Ouais, va expliquer à une gamine, qu'un taré dans ton genre préfère les Titans aux femmes. Ou tout simplement aux humains.
Peut-être qu'Hansi avait raison ? Il ne comportait très mal vis à vis de Petra, mais cette relation lui convenait amplement.
« Couché avec Hanji ... Et puis quoi encore ? Ce mec est crade ». Même si le binoclard possédait un don - de part sa grande taille - qui faisait son effet, il refusait de faire quoi que ce soit avec lui.
À quoi bon de rêver famille au sein du Bataillon, être en couple ou seulement être proche de qui que soit. Une très mauvaise idée...
Livaï ôta son foulard blanc et le lança sur le lit vide. Un verre de bourbon n'aurait pas été de trop ce soir. Il retira sa veste pour la pendre au dossier de sa chaise. Il retira ses bottes, pouvant enfin de balader librement.
Il posa ses yeux sur les deux rapports déposés sur le bureau. Il jeta furtivement un œil sur le premier. La gamine n'avait rien de prodigieux, excepté sa connerie. Elle était en dessous de tout, contrairement à Eren qui s'en sortait plutôt bien malgré un passif tumultueux.
Ces yeux verts. Exactement les mêmes. Livaï fulminait et riait nerveusement. C'était la seconde fois qu'il se faisait avoir. Par la même personne.
Cette gamine faisait-elle vraiment partie de la noblesse ? Elle était sacrément tordue pour une fille de son rang. Même Isabel - bien que très différente - n'aurait jamais osé faire ça.
Au moment de s'assoupir, il visualisait ces yeux verts...