L'Ode à la liberté [Livre I]

Chapitre 46 : Engrenage magnétique - Part I

3242 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/02/2021 20:56

L’obscurité s’estompait paisiblement, laissant au soleil émerger le temps qu’il fallait. Les faisceaux éclairaient faiblement la chambre n’atteignant pas les lits des soldats - l’un dans un sommeil profond, tandis que l’autre, dans un état de somnolence, gravait dans sa mémoire sa dernière aventure nocturne. Complètement fiévreux, il se repaîtrait de cette chimère devenue réaliste et palpable. Arrivé à un point de non-retour, le brun se mordit la lèvre inférieure pour étouffer les lamentations qui le tenaillaient.

S’assurant que son colocataire dormait toujours à point fermé - l’éphèbe soupira d’aise, enfin débarrasser du poids qui l’accablait depuis quelques heures. Rabattant ses bras derrière la tête posée sur l’oreiller, les deux émeraudes scrutant le plafond, son imagination poursuivait sa route se reprenant la blonde esseulée, se mouvant dans les draps, à la recherche de son point culminant.

Voilà qu’il se sentait tout morose, se demandant sur ce qu’il serait advenu de cette soirée, s’il avait succombé - se persuadant qu’il avait fait le bon choix.

Poussant un énième soupir, Eren se redressa dans son lit, les yeux rivés sur les draps. Si ses pommettes étaient déjà teintées de rouge, l’entièreté de son visage ne tardait pas à se colorer. Guettant une dernière fois le lit où dormait son ami d’enfance, il chercha le boxer, enfoui au fond du lit, le remettant aussitôt, puis se hâta de s’habiller et défaire le linge de lit, le mettant en boule. S’arrêtant en chemin, il releva légèrement un bras reniflant l’aisselle. Une douche ne serait pas de refus.

Sortie de la chambre, le jeune Titan s’empressa d’aller dans les douches communes dédiées aux garçons. Pas un rat depuis son escapade - le dimanche étant synonyme de procrastination pour la majorité des membres du Bataillon. Un mal pour un bien. Il aurait tout le loisir de profiter de l’eau chaude sans être dérangé par qui que ce soit.

Se délectant de la pluie qui se déversait sur son corps, les pensées de l’explorateur revenaient sans cesse vers sa camarade - peu vêtue, plus impétueuse que jamais. Eren secoua la tête pour chasser l’image de son esprit. Si sa raison lui ordonnait de rester concentré, certaines parties de son corps refusaient de s’abstenir, stimulé au moindre petit écart. À quoi bon… À l’abri des regards, il pouvait s’en donner à cœur joie.

Son affaire terminée, Eren se dépêcha de se laver correctement.

À peine eut-il ouvert la porte de sa cabine de douche que quelqu’un entra dans la salle de bain. Le brun ne put s’empêcher de sursauter et de se sentir embarrassé - encore plus, quand il découvrit la personne qui se trouvait face à lui, ne portant qu’un bas de pyjama et une serviette sur les épaules.

— Caporal, s’exclama-t-il.

— Pas besoin de gueuler de si bon matin, grogna-t-il - s’étonnant de voir le garçon levé de si bons matins.

Alors que le chef d’escouade s’avançait vers la première cabine, il s’arrête quelques secondes pour examiner son protégé.

— Qu’est-ce que tu as Eren, t’es constipé ? Regarde ta tête, on dirait que tu vas exploser à tout moment, lui lança-t-il - partant s’isoler dans la douche.

Ne mouftant pas mot, le brun jeta un coup d’œil dans le miroir. C'était à s’y méprendre. Aussi écarlate qu’une rose, il alla se rafraîchir le visage et se magna les fesses pour récupérer le reste de ses affaires déposés au vestiaire et sortir fissa d’ici.

Direction la buanderie, il pourrait apaiser cet esprit bien trop agité en cette belle matinée.

Ou pas.

Que faire ?!

En tant normal, fille et garçon lavait leur linge sale à des horaires respectifs pour éviter tout désagrément. Aucun des deux n’avait respecté le planning.

Son cœur céda au tumulte procuré par son cerveau - ou inversement… Impossible de réfléchir convenablement dans de pareilles circonstances. La cause de ses soucis se trouvait sous ses yeux, éveillant à nouveau tous ses sens, dont un organe particulièrement instable.

Marchant à reculons pour ne pas se faire repérer, Eren heurta malencontreusement un meuble, renversant des produits d’entretien pour nettoyer le linge, alertant la demoiselle de sa présence.

Entendant le vacarme derrière elle, Æsma arrêta son action pour voir ce qu’il se passait. Ses pupilles s’écarquillèrent en découvrant le brun ci présent. La pâleur de ses pommettes devinrent tout aussi brûlante que celles du garçon - ayant caressé le doux espoir ne pas le croiser de la journée, surtout pas en tête-à-tête. Peine perdue…

Toutefois, elle venait de terminer de laver son dernier vêtement, prendre la fuite lui serait aisé. Il ne manquait plus qu’à l’essorer, ranger ses habits dans le bac et partir tel un oiseau volant vers d’autres cieux.

Malencontreusement, elle percuta l’épaule de son camarade planté à quelques mètres de la sortie - complètement dans la lune. 


Cette collision réveilla Eren de ses songes, plus désorienté que jamais. Le courage qu’il avait brillamment gagné, s’était dissipé en même temps que l’alcool. Tout ce qu’il était capable de faire, était de se donner des airs de godiche - pendant qu’il observait la blonde au regard fuyant.

Cette dernière quitta les lieux sans dire un mot. Lui, ne trouvait toujours rien à dire, se contentant de la suivre du regard jusqu’à ce la porte se referme derrière elle.

 Le jeune Titan rejeta enfin l’air qu’il avait précieusement gardé, évitant à son cœur de battre à tout rompre, soulager dans un premier temps, puis frustré de s’être démonté en quelques secondes seulement. Dire qu’il avait osé s’amuser en pensant à elle… Il secoua irrémédiablement la tête de gauche à droite pour chasser les pensées perverses qui tentaient de reprendre le dessus.

Avançant vers le lavabo en pierre, il aperçut un tissu blanc au sol - probablement tombé par inadvertance de la corbeille à linge appartenant à Æsma. Le garçon s’empressa de ramasser le vêtement et de rattraper sa camarade.

— Æsma, cria-t-il - sortant de la buanderie. Il tendit le bras, secouant la culotte tel un drapeau - sous le nez du caporal, tu as oublié ça !

Livaï, qui dans un laps de temps, fut légèrement troublé, retrouva son air sérieux, presque crisper - toisant son protégé exaspérer par « ses prouesses ».

Une culotte ? Le caporal-chef ? Une culotte qu’il tenait depuis quelques minutes dans ses mains, l’agitant en toute innocence devant le capitaine ?! Eren balança le sous-vêtement au hasard, comme si cette dernière prenait feu.

Un soldat, assoiffé par la curiosité, se joignit à eux - remarquant l’objet maudit et le cueillait délicatement dans ses mains pour l’inspectant sous toutes les coutures. Une culotte en soit plutôt classique au premier abord, mais la dentelle jouant partiellement sur la transparence à certains endroit, lui conférait un côté :

— Charmant, déclara Hanji - continuant d’inspecter l’objet démoniaque, puis adressa un sourire malicieux à Eren.

Une culotte que le garçon reconnaissait fort bien…

Le sous-vêtement fût arracher des mains d’Hanji par les mains de sa propriétaire, le foudroyant du regard. Si elle était prête à l’étriper sur place, Eren serait probablement le prochain sur sa liste - et le garçon pouvait s’attendre à pire. La demoiselle déguerpie aussi vite qu’elle était arrivé.

Pourquoi n’avait-il pas vérifié l’objet en question avant de faire quoi ce soit de débile, surtout en présence de leur supérieur…Eren désirait mourir à l’heure qu’il est.


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Durant cette journée ensoleillée, où l’escouade passait le reste de sa journée à végété dans le parc - certains tentant de se remettre de leur trop pleins d’émotions - Hanji Zoe marchait de long en large dans son bureau étudiant attentivement les derniers évènements vécu par ses petits protégés.

Ne pouvant rester les bras croisés, il avait convoqué de toute urgence Æsma et Delroy. Ces deux-là arrivèrent avec quelques minutes de retard - ne comprenant visiblement pas la gravité de la situation. Cependant, remarquant l’air critique gravé sur le visage de leur chef, les ados se hâtèrent de s’installer sur le canapé.

— Quelque chose ne va pas ? S’inquiéta Delroy. Quelque chose de grave ?!

Le savant se racla la gorge, réajustant ses lunettes.

— Grave, je ne sais pas, mais il devient impératif de discuter de certains sujets vous concernant.

Échangeant un regard dubitatif, réalisant que l’entretien qui allait se suivre n’avait rien à avoir avec le boulot, les subalternes croisèrent les bras, appuyant leur dos contre le dossier du canapé et attentèrent patiemment le discours qui allait suivre.

— Surtout pas après cette nuit. Encore moins avec ce que j’ai vu ce matin.

— Il ne s’est rien passé, s’empressa de répliquer le soldat Traum.

Le soldat Henchman fronça les sourcils, comprenant vaguement de quoi il était question, mais comment leur supérieur avait-il eu vent de cette histoire - et aussi rapidement ? Il observa sa camarade mi-figue, mi-raisin. 

Sa jambe gauche entortillant et emprisonnant celle de droite, Æsma rangea les quelques mèches rebelles derrière son oreille, empoignant et glissant sa main sur ses quelques cheveux, rabattant les pointe aux niveaux de ses lèvres qu’elle pinçait. Elle avait peut-être manqué une occasion de se taire…

D’ailleurs où est-ce que son ami avait passé la nuit ? Selon les rumeurs Delroy n’était pas rentré au baraquement. À son tour, elle sondait son ami, lui demandant sans s’exprimer à voix haute, où il avait créché. 

Répondant de la même manière, le grand brun s’interrogeait sur la façon dont sa soirée s’était réellement terminée pour elle. Après avoir passé un peu de temps avec Jäger lors du petit-déjeuner, l’un et l’autre - pour des raisons obscures - s’étaient couvert mutuellement pour échapper à l’interrogatoire d’Arlelt et de la curiosité malsaine de Sasha.

— Peu importe, répondait Hanji - remarquant leur petit échange silencieux. En tant que chef, vétérans, mais aussi que grand frère de ce groupe, je me dois d’être préventif à bien des égards.

Le chef Zoe ouvrit un tiroir sortant une boîte de la taille d’un écrin pour stylo et le déposa à la table basse, sous le regard éberlué de ses protégés.

— Il est important de…

À peine eut-il prononcé ces mots, que quelqu’un frappa à la porte, entrant en trombe.

— Chef Hanji ! cria-t-on. Je me souviens maintenant.

Hanji pesta dans sa barbe avant de prendre connaissance de l’identité de la personne qui interrompait son entrevue avec les gamins. Main sur les hanches, relevant légèrement la tête, il toisa le subalterne de Livaï.

Eren s’excusa à plusieurs reprises, lui annonçant que l’explorateur que son père avait rencontré quelques années plus tôt n’était autre que le sergent-instructeur : Keith Shadis.


Suite à cette déclaration, Hanji et le reste de l’escouade tactique partirent en route pour le camp d’entraînement situé au Sud. 

Le Lieutenant Berner continuait les recherches à Ragako, épauler par le soldat Springer qui espérait trouver une solution pour que sa mère retrouve sa forme humaine. Le soldat

Henchman, lui avait la chance d’accompagner Erwin dans ses multiples tâches qui incombait un Major de sa trempe. Quant à Æsma, elle se voyait jouir d’une tout autre mission : aller au rapport pour vérifier si oui ou non, il y avait du changement dans les sous-sols du cachot d’Utopia.

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Les semaines suivantes se déroulaient de la manière des plus intense qu’elles soient, ne laissant aucun répit aux membres du Bataillon voyant leurs jours de congés se réduire progressivement - voir inexistante. 

Eren s’entraînait durement pour l’auto-pétrification qui commençait doucement à prendre forme, donnant de nouvelles idées au chef Zoe pour la conception de nouvelles armes, assistées de très près par Æsma. Seule ou accompagnée, la blondinette acceptait à cœur joie de faire des allers et retours à la cité industrielle.

La frustration commençait sérieusement à prendre le dessus. Après avoir longuement joué au chat et à la souris et au le toutim, les entraînements, réunions et les travaux à l’orphelinat ne laissait guère le temps à certains de passer des moments intimes ou ne serait-ce de discuter quelques minute pour régler des choses…


Évitant in-extremis les coups de son adversaire, la blonde se languissait de son camarade, qui depuis, ne donnait plus aucun signe. L’aurait-elle rejeté trop brutalement ? Si c’était le cas, ce n’était pas volontaire de sa part… Elle-même ne savait plus trop comment réagir.

Épiant le jeune Titan en plein combat au corps-à-corps avec Delroy, elle constata l’évolution de ce dernier, réussissant à dominer plus grand que lui dans le plus grand des calmes. Le voir garder son sang-froid dans ces moments-là, ne la laissait pas indifférente. Elle appréciait cette partie de lui. Si seulement, il avait autant d’assurance quand il est avec elle…

 Le coup de poing qu’elle reçut dans le pif, la ramena à la réalité. Le cul parterre, elle se frotta le nez, découvrant du sang sur ses mains.

— Putain… marmonna-t-elle.

Elle se remis debout, titubant légèrement, jetant un regard haineux à son adversaire. Ce dernier se contentait de la regarder impassible, restant tout de même sur ses gardes. Elle aura beau mordre la poussière, Livaï savait qu’elle ne lâcherait pas l’affaire pour autant.

Malgré une légère perte de poids, cette morveuse se montrait plus énergique et imprévisible qu’à l’accoutumé, réussissant à anticiper quelques-uns de ses coups. Plus besoin de se retenir plus longtemps, le caporal-chef frappa cette fois-ci en pleine gorge - suivit d’un coup dans le genou pour lui faire perdre l’équilibre.

Des gouttes d’eau roulaient le long de ses joues. Paniquée à l’idée de mourir, Æsma cherchait désespérément à reprendre son souffle.

Contre tout-attente, le nabot l’aida à se relever, malheureusement la douleur au genou força la blondinette à s’accrocher à la veste de son adversaire pour ne pas tomber. N’arrivant pas à parler, la lueur dans ses yeux verts suffisaient amplement pour faire entendre le fond de sa pensée.

— concentre-toi plutôt sur ta respiration, lui ordonna Livaï.

— Espèce d’ordure.

— Surveille ton langage.

— Ça fait mal putain !

— Estime toi heureuse que je ne t’ai pas cassé en deux.

Retrouvant presque un rythme cardiaque normal, la gamine desserra son étreinte, reculant de quelques pas et essuya la sueur sur son délicat minois, continuant à dévisager le nain de jardin.

— Hanji m’a dit que tu t’entêtais à perfectionner les lames, ajouta-t-il.

— Je ne m’entête pas, je cherche juste le meilleur alliage pour qu’elles soient plus solides.

— Parce que les dernières ne le sont pas ? L’interrogea-t-il.

Devant les billes chromées qui tentait de pénétrer dans son esprit, Æsma s’abstenu de ne pas le défier du regard plus longtemps. Il la suspectait à tort ou à raison. La première, c'est qu’elle n’était pas clean depuis la dernière expédition - ses pupilles dilatés la trahissait - mais il n’avait pas encore eu l’occasion de la prendre la main dans le sac. La deuxième, plus difficile à prouver, c'est qu’elle cachait un truc, mais quoi ?

— Certains Titans ont la peau dure. La demoiselle marqua une pause - se mordillant la lèvre inférieure, non pas pour se retenir de parler, mais parce que la douleur lui était insupportable. Le capitaine Ackerman, l’invita à développer ses propos. Nous ne savons toujours rien de concret sur le Bestial. J’ai relu tous les rapports : aussi bien les anciennes Expédition Extra-muros que les dernières, en passant par la Bataille à Stohess et l’Attaque à Utgarde. J’ai épluché sous-toutes les coutures les bouquins récupérer à la bibliothèque, rien ne ressort entre les lignes.

— Et donc ?

— Le Titan Féminin peut tout aussi bien cristallisé son corps comme le cuirassé, mais faire appel à ses congénères. Après avoir avalé une capsule, Eren aussi à obtenu la capacité à rigidifier ses membres. Armin et Hanji pensent que d’autres options, avec d’autres aptitudes existent. Étant donné que je n’ai trouvé aucune formule magique dans les livres de ma mère, je me suis dit qu’il fallait pallier le problème avec notre artillerie. La lance foudroyante est la plus efficace à l’heure actuelle, mais n'en demeure pas moins mortelle pour des être-humains.

— Va droit au but.

— Les lames ne pourront jamais pénétrer la pierre, mais elles peuvent devenir incassables, résistantes à toute épreuve. Cependant, il faut quelqu’un qui manie à la perfection cette arme et capable de venir à bout du Bestial, et je ne connaissais qu’une personne être de taille pour cela… La blonde se mordit l’intérieur des joues, ne croyant toujours pas ce qu’elle était prête à dire. Cette personne, c’est vous.

Livaï écarquilla les yeux, faussement choqués, profitant de l’embarras de la morveuse pour se moquer d’elle.

— Oh là, oh là, doucement Æsma. Tu es malade ? Demanda-t-il - ébouriffant les cheveux de la gamine.

Cette attitude troubla la blonde qui dégagea irrémédiablement la main du nabot, puis le pointa du doigt.

— Je fais ça dans l’unique but d’accroître nos chances de gagner. Et peut-être pour Hanji, car il vous fait confiance et vous aime bien, marmonna-t-elle.

La moue boudeuse, la jeune Traum jeta un coup d’œil en direction de son supérieur, puis d’Eren avant de se plonger dans ces yeux irisés. Ces deux sphères grises semblaient encore vouloir fouiller dans son esprit - or, son sourire la désarçonna, faisant malencontreusement palpiter son cœur.

— Ne vous faites d’illusions. Je ne fais pas ça pour vous, s’écria-t-elle - ressentant le besoin de se justifier, je vous déteste et je vous détesterais toute ma vie !

Une douleur lancinante lui rappela qu’elle était dans un mauvais état et se laissa tomber le cul parterre, posant ses mains à l’endroit où elle avait mal, vociférant contre le nabot. 


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