L'Ode à la liberté [Livre I]

Chapitre 17 : Un souvenir lancinant

3491 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/04/2021 09:35

Se baladant d’arbre en arbre, Delroy repéra un Titan en bois. Il rembobina les câbles d’acier, ré-enclenchant les deux enrouleurs pour planter les pitons à la nuque du Titan. Il perdit aussitôt l’équilibre rappelant les filins, afin de les réactiver et s’accrocher au tronc d’arbre juste à côté du mannequin, mais il n’eut pas le temps et commença à tomber dans le vide. 

La chute allait être mortelle. Par chance, Reiner passait dans les parages et le sauva in-extremis, avant qu’il ne s’écrase au sol. 

— Est-ce que ça va ? demanda Reiner, avant d’ajouter quelques secondes après, Chope le. Règle lui son compte ! 

Voilà les premiers mots que son camarade lui adressa pour la première fois, avant que Bertolt ne vienne en renfort. Il ne faisait pas équipe avec ces deux-là, mais dès le premier jour, ces deux gars se montraient altruistes et prévenants. 

Le garçon se laissa guider par les deux conscrits jusqu’au troisième arbre, atterrissant sur une branche plus haute que prévu. Ils étaient tous essoufflés.

 — C’était sacrément imprudent, le sermonna Reiner. C’est comme ça qu’on perd du terrain. Mais tout s'est bien passé. Alors rentrons !

Delroy parlait peu avec eux. L’occasion se présentait rarement puisqu’ils appartenaient à des équipes différentes, ce qui équivalait à La recrue Henchman de passer beaucoup plus de temps avec Mihna Carolina et Thomas Wagner, mais aussi Marco, Sasha et Conny - de véritables bout en train qui fallait chaperonner tout le temps.

 

Delroy progressaient à une vitesse folle, contrairement à d’autres et Reiner tenait à le lui faire remarquer. Une aubaine pour Braun de soutirer des informations à l’autre grand gaillard, afin de connaître son petit secret. Henchman ne dissimula pas son air ahuri, qui ne comprenait rien à rien. À part s’entraîner dès qu’il le pouvait… D’ailleurs, il aimerait bien reprendre son entraînement en solo. Ce que son camarade comprit parfaitement, car il souhaitait le voir à l’œuvre.

S’apprêtant à repartir, Il appuya plusieurs fois sur la détente. Non… L’ancrage ne fonctionnait plus. Pourquoi ? Pourquoi à ce moment-là ?!

Observant la détresse de son camarade, Reiner proposa son aide, que Delroy refusa dans la précipitation. Impossible que son équipement soit défectueux. Il ré-tenta encore, et encore, sans succès, finissant par accepter qu’on lui prête main forte.

Dans la salle d’artillerie, le grand blond analysait sous toutes les coutures le harnais tridimensionnel, trouvant et retirant la pièce défectueuse. Il fronça les sourcils suspicieux.

 — C’est dingue que cette pièce se soit vite abîmée. Combien de temps tu passes à t’entraîner seul ?

  Delroy haussa les épaules, ça faisait bien longtemps qu’il avait arrêté de compter. Au moins, sa persévérance ne passait pas inaperçue. Le jeune homme se sentait fière qu’une personne aussi compétente que Reiner l’ai remarqué. 

  Quatre bons mois s’étaient écoulés pour que Reiner et Delroy se lient d’amitié. Ce petit incident les aura vite rapproché. Reiner lui avait proposé par la suite de s’entraîner ensemble pour plus d’efficacité. Il prenait son rôle de soldat très au sérieux. 

Un jour, pas comme un autre, Reiner demanda à Delroy de travailler ensemble pour les exercices pratiques Il insinuait qu’avec l’aide de Mikasa, ils allaient cartonner au prochain combat au corps à corps. Le brun roula des yeux. Comme par hasard… Il n ‘était pas dupe. Mikasa traînait justement dans les parages avec… Christa. L’occasion en or pour jouer de ses charmes et il s’était foiré brillamment en se laissant malmener par le mini-pouce, qui le voyait comme un grand-frère.

Une chance qu’ils soient catégorisés dans le même rang, il aurait eu de la peine pour son ami.

 

« Ah ! Et au fait méfie toi d’Annie. » qu’il disait.

 

Il se voyait à nouveau tout petit, courir avec ses toutes petites jambes à l’intérieur du District. La foule était en panique et se dirigeait vers le nord de la porte. 

Lors de cette course folle, il se rétama par-terre, mais se trouva aussitôt debout. Ses parents ayant remarqué son absence, avaient fait marche arrière. Impossible, pour eux, d'abandonner leur petite bouille d’amour. 

Le petit Delroy attrapa la main de chacun et continua à sourire jusqu’à l’extérieur, se hâtant d’aller à la rivière, là où un bateau les attendait.

Son père lâcha subitement sa main. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Delroy regarda derrière lui. Sans crier gare, il se retrouva projeté plus loin, évitant de se faire écraser par un énorme cailloux, avant de se faire attraper au vol par un soldat de la Garnison qui se dépêcha de l’emmener à bon port.

Ce bras… en dehors du gravat… Il reconnaît la manche jaune de sa robe - imbibé de sang.Son père avait complètement disparu sous cette masse en pierre. Il voyait encore le projectile atterrir droit sur eux. Il sentait encore leur sang venir s’éclabousser sur son visage.

Il jeta un dernier coup d’œil derrière lui. Un Titan blindé d’un métal doré - quasi de la tête au pied - des yeux rouges éclatant dans la pénombre se trouvait dans la brèche. Il semblait le dévorer de ses yeux maléfiques. 

 

 

Voilà donc l’assassin qui a tué ses parents. Reiner !

Le grand brun se réveilla en sursaut, secouant la tête pour effacer ce mauvais souvenir. Il avait un affreux mal de crâne, pire qu’un lendemain de cuite. Il se souvint alors d’avoir été projeté contre le mur, après s’être pris le souffle chaud du Colossal. 

Il inspecta les environs. Un grand nombre de soldats - couchés à même le sol - semblait avoir subi des blessures graves, dont des brûlures. Hanji Zoe et son escouade en faisaient partie.

  Pas de Titan Cuirassé, ni de Colossal à l’horizon. Delroy supposa qu’ils étaient déjà partie en direction de Shiganshina. Il était peu plausible qu’ils aient été tués. D’ailleurs… 

Eren n’était pas présent. Ymir manquait également à l’appel. Mais oui…Il se remémora ensuite que Bertolt, sous sa forme de Titan, avait laissé tomber sa carcasse. Ce connard en avait dû en profiter pour gober Ymir, puis Eren sur son passage.

Le grand barbu se leva, à la recherche de son équipement qui se trouvait tout prêt d’Armin. Le petit blond, assis - la tête dans les genoux - était endormi auprès d’une Mikasa encore inconsciente. Delroy attacha les sangles avant de s’équiper de son fourreau et de son harnais tridimensionnel. Il récupéra les lames dans un autre fourreau, devant appartenir à la jeune asiatique.

Au même moment, Mikasa se réveilla en sursaut, criant le nom d’Eren, avant de marcher rapidement à quatre-pattes pour regarder au-delà du mur Rose.

Armin sursauta, rattrapant sa meilleure amie de peur qu’elle tombe. Alors qu'elle voulait partir à la poursuite des deux traîtres pour sauver Eren, le petit blond la prit dans ses bras pour la réconforter. Savoir Eren loin d’elle la chamboulait. Elle était bien plus sensible, qu’elle laissait paraître. Il n’y avait qu’avec Armin, qu’elle enlevait son masque. Il caressa doucement ses cheveux pour la calmer.

Quand il était question d’Eren, Mikasa oubliait sa propre personne, incapable de réfléchir. Delroy n’avait jamais compris cette obsession malsaine pour le jeune Titan. Elle était aveuglé par ce dernier. Il était flagrant qu’elle confondait amour pur et amour fraternel. Elle le suivait limite comme un petit toutou bien dressé. Cela écœurait le soldat Henchmann.

Jean ferait bien de laisser tomber toute autre tentative de séduction. À moins de se prendre la réalité en pleine face, elle ne fera jamais attention aux autres.

 

Delroy s’en foutait royalement d’attendre les chevaux. Sa seule et unique préoccupation était de faire la peau de ce salaud. Dire que cet enfoiré m’a dupé du début à la fin, murmura le jeune homme. Alors qu’il s'apprêtait à partir à la recherche de ce dernier - ainsi que l’autre grand dadais, qui était bien loin d’être innocent - quelqu’un tira sur son pantalon.

Armin connaissait parfaitement les intentions du grand brun. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être aussi renfermé. De plus, il n’avait pas pipé un mot à son réveil.

La mine sombre, Delroy jeta un regard assassin à son collègue. Il savait d’avance de la tournure de la prochaine conversation, mais il n’était pas Mikasa et n’avait pas le temps de taper un brin de causette avec lui. Il n'attendait pas sagement non plus l'arrivée du Bataillon.

— Je sais. Je sais ce que tu ressens, insista Armin. Ce n’est pas le moment de se laisser submerger par nos émotions. Notre priorité est de sauver Eren et Ymir.

Le grand brun toisa de toute sa hauteur son camarade qui paraissait plus minuscule que d’habitude. Il regardait avec dédain les deux compères. Tout d’un coup, il voyait en Armin et Mikasa… des êtres faibles ! Au fond de lui, il savait que c’était faux, mais toute cette haine… son désir de vengeance… l’aveuglait. Il en avait conscience, mais…

Une force invisible et incontrôlable l’invita à délier sa langue et sortir les mots les plus brutales qu’ils soient.

 — Je m’en bats les couilles royalement, mais d’une force ..! Restez là, si tel est votre désir. Faible que vous êtes, faut pas compter sur grand monde. Cinq heures, tu disais ? Cinq heures que notre ennemi est déjà en fuite. Pas grand chose à dire, te concernant Armin, toujours fidèle à toi même. Mikasa, je te pensais bien plus coriace que ça. Tu es juste un petit chien de garde de plus qui attend gentiment qu’on lui donne des ordres. Tu es incapable de prendre des initiatives. T’as conscience qu’Ymir est aussi dans un sale pétrin ? Non bien sûr que non. Eren par-ci, Eren par-là. Non en vérité, tes aboiements à l’égard d’Eren, c’est juste pour te donner bonne conscience.

Le visage de la jeune asiatique avait prit un sérieux coup de soleil. Comme d’habitude, quiconque s’en prenait à Eren, devait subir son courroux. Essuyant les dernières larmes, elle se leva et attrapa le grand brun par le col jusqu’à déchirer le pan de sa chemise. Delroy ne bougea pas d’un pouce. 

Peu importe que madame première en tout le menace. Peu importe que madame première en tout soit plus forte que lui. Il ne se soumettra jamais à cette idiote aveugle. Il était une des rares personnes à résister à ses attaques.

Ils se regardaient en chien de faïence. Armin - lui - était tétanisé.

Blessé par les paroles de son ami, il regarda le sol et demanda à Mikasa de laisser tomber. Ce n’était vraiment pas le moment de se prendre la tête par-dessus le marché.

Par chance, le Major Erwin à la tête du Bataillon, arrivait avec une partie de la cavalerie composée de soldats de la Garnison et des Brigades Spéciales.

Mikasa lâcha prise et jeta un dernier regard méprisant vers Delroy, avant de rejoindre le groupe. C’est au tour d’Armin de croiser le regard noisette et vitreux de son camarade.

— Par pitié Delroy, ne commet pas l’irréparable, dit sèchement Armin en s’adressant au grand brun.

 

Hanji, qui était dans un sale état, leur indiquait quel chemin suivre. En toute logique, ils étaient partis se cacher à la forêt des arbres géants. 

  Delroy se rongea les ongles, histoire de ne pas péter les plombs. Le grand brun, patienta avec agacement, que le Major Erwin donne ses instructions. Tout ce qu’il savait pour le moment, c’est qu’il allait faire équipe avec la nouvelle amie d’Eren et quelques membres de la Garnison.

D’après Jean, tout comme Eren, Æsma était une tête brûlée, voir plus déglingué que lui. Même s’il avait pu constater qu’elle adorait faire sortir de ses gonds, le chef Livaï, il était persuadé que son ami exagérait à son propos. Elle paraissait tellement timide et inoffensive à première vue…

  La blondinette s’approcha de lui, semblant voir la tourmente qui hantait le garçon - complètement à bout de nerf. Il évita son regard. Il n’avait pas du tout envie de parler. Pas besoin qu’on essaie de le réconforter ou lui faire la morale.

Une chance qu’elle se fasse alpaguer par un soldat des Brigades. La scène était plutôt cocasse ceci-dit, l’obligeant à les observer discrètement. La ressemblance était frappante. Le grand blond arborait le même regard qu’elle. Il lui balança des objets, ressemblant à des recharges de gaz. Elle manqua de les faire tomber et insulta le soldat, avant de terminer sa phrase par un énorme « putain », ce qui ne manqua par de faire rire un petit peu le soldat Henchman. 

— Qui est-ce ? Demanda le grand brun, piqué par la curiosité une fois l’homme parti. Qu’est-ce qu’il t'a donné ?

— Oh ça ?! Ce sont des mini-bombes. Pour l’instant ce ne sont que des prototypes. Vu qu’il est probable qu’on croise à nouveau les titans, c’est l’occasion de tester tout ça. Tu en veux un ? 

Elle lui tendit une de ses grenades, un grand sourire jusqu'aux oreilles. Elle ressemblait à une enfant, à qui on avait offert un nouveau jouet.

— Comment ça se fait ? Pourquoi c’est un mec des Brigades Spéciales qui te donne ça ? La questionna-t-il en prenant délicatement l’objet 

— C’est mon frère, répondit-elle légèrement amer. Notre famille fabrique des armes. Depuis que mes cousins font partie de l’armée, une partie des Brigades se procure chez nous… Après, ma première mésaventure face au Titan, j’ai pu voir à quel point le Bataillon est à la ramasse en matière d’armement. Par je ne sais quel grâce la frapper, mais il a accepté… Enfin, son commandant et lui, ont accepté de nous fournir le nécessaire pour cette expédition improvisée. Je me demande ce qui l’a fait changer d’avis aussi vite ? se demanda-t-elle, pensive.

 

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La discussion de tout à l’heure l’obsédait, au point d’accepter d’abandonner sa petite sœur à un sort funeste. À l’évidence, il était veule, incapable de protéger Æsma. Gabriel Traum s’en mordait les doigts. Une fois dans le joug du Major Erwin Smith, impossible d’y échapper.

L’un demeurait froid et impassible, tandis que l’autre se laissait emporter par la rage et la douleur. Les deux soldats continuaient de s’observer longuement.

Calculateur et manipulateur de sang-froid, Erwin ne prenait aucun plaisir à faire souffrir autrui, mais il se devait rester extrêmement minutieux pour chaque opération. Les détails aussi futiles et inutiles soient-ils avaient son importance, ce qui équivalait à ne mettre aucun paramètre, imaginer tous les chemins possibles et inimaginables. Les pions se devaient jouer le rôle qu’on leur avait attribué et pour que cela aille dans son sens, il devait les manier les pièces avec parcimonie.

 


— Tu sais, les deux mêmes Titans qui ont détruit le District de Shiganshina. Ce même District où à vécu Eren et a…

Erwin attrapa la jeune fille par l’épaule, lui ordonnant d’être prête pour le sauvetage d’Eren.

La gamine ne moufta pas, résistant à l’envie de trucider son grand frère. La main sur le cœur, elle les quitta, mais le Major imposa à Livaï de la suivre. Il devait s’entretenir avec le lieutenant Traum. Le caporal ne manqua pas de lui jeter un regard assassin, mais ne broncha pas. 

Dans le bureau, où il s’était entrevu avec les explorateurs, Erwin errait dans la pièce, se dirigeant vers le bureau. Il déposa deux doigts, les faisant glisser dessus pendant qu’il le contournait. Il possédait une flegme à tout épreuve, irritant son adversaire au plus haut point. 

Le lieutenant d’Hoffmann trépignait sur place. À l’évidence, il se questionnait sur les raisons de cette entrevue. Tant mieux, se dit Erwin, sortant un dossier du tiroir. La couverture était vierge, mais abîmée par le temps.

Il retira le fil en cuir, pour ouvrir la chemise. Il prit la première feuille de la pile. Il jeta un rapide coup d’œil sur le document. Il avait soigneusement épluché le rapport sous toutes les coutures. Ce n’était qu'une infime pièce du puzzle, mais qui selon lui changerait la donne. Il avait remué ciels et terres pour trouver l’authentique.

Le Major exposa la pièce à conviction sous les yeux éberlués de Gabriel. La pomme d’Adam se mouvait difficilement dans le gosier du jeune homme, blanc comme linge. La feuille tremblait dans sa main et se fit irrémédiablement écrabouiller. Le soldat Smith ne prévoyait pas à un tel résultat, mais le feu d’artifice qui se lisait dans les yeux verts du lieutenant était jubilatoire.

— Qu’est-ce que vous cherchez à faire au juste ? Si vous croyez que je vais aller dans votre sens…

— Traum, vous ne trompez personne. Enfin, pas moi. L’orgueil ne vous sied point. Vous vous êtes offert en spectacle avec votre sœur. Elle est votre point faible, vous ne pouvez le nier, surtout pas après ça, ajouta le commandant du Bataillon, en désignant le dossier du menton. Elle n’est au courant de rien, et je tâcherais à ce qu’elle soit épargnée le plus longtemps possible. Cependant, je constate que vous aussi êtes mis à l’écart. 

Gabriel continua de soutenir le regard impassible du Major, ne pouvant dissimuler une grimace.

— Au mauvais endroit, au mauvais moment. J’ai l’impression que ce dossier renferme un autre secret et je mettrais ma main à couper que cette histoire soit liée à une affaire de plus grande envergure.

— Qu.. quoi ?

— Votre famille…. maternelle. Si on remonte son arborescence, aussi loin que possible, elle semble avoir accompagné le royaume depuis toujours.

— Je ne vois pas où vous voulez en venir…

— Elle est liée au secret de ce monde.

— Je suis désolé de vous l’apprendre Major Smith, avec tous les cours d’histoires que j’ai été obligé de dévorer, la famille de ma mère n’a jamais rien fait d’extraordinaire à part d’être de très bon négociants. Et aucun de nous, ne sommes liés famille royale. Même les Traum n’ont eu d’échange direct avec eux. J’ai l’impression que les complots, aussi farfelues soient-elles, vous font fantasmer.

— Ça c’est ce qu’on veut vous faire croire. Je suis persuadé du contraire, sinon pourquoi garder ça ? interrogea Erwin, en lui faisant parvenir une autre preuve.

Encore un nouveau point sensible de toucher.

— J’ai un très bon souvenir de ma rencontre avec votre mère. Une femme remarquable et prête à tout pour ses enfants. Pourtant… Pourquoi vouloir à tout prix effacer ces preuves ?

Le sol se dérobait sous les pieds du lieutenant. Pour lui, il n’y avait qu’une seule et unique raison pour garder le silence, préserver sa sœur. Le reste l’importait peu. Ou peut-être n’osait-il pas retirer les œillères qu’on lui avait greffé, par crainte de découvrir la vérité, mais laquelle ? 

 


Gabriel se détacha du regard froid et glacial du Major et épia sa sœur une toute dernière fois, avant la mission. Erwin se voyait ravi d’avoir réussi à semer la graine dans son esprit harcelé par les méandres du passé.

La patience était de vigueur. Il suffisait d’arroser l’organe dormant pour qu’elle prenne racine jusqu’à ce qu’elle grandisse et parvienne au point de destination souhaité.

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