L'Ode à la liberté [Livre I]
Année 848
104ème brigade d'entraînement – Section Sud
Forcée d’ouvrir ses lourdes paupières, les rayons du soleil éblouissaient Mikasa encore à moitié endormie. Quelque chose écrasait son crâne. Se libérant du poids mort, elle constata qu’Armin dormait à poing fermé.
Sa respiration était légère. Des mèches tombaient sur son front, animé par le vent. La bouche entrouverte, il ne tarda pas à laisser s’échapper un petit filet de bave. La jeune asiatique riait discrètement avant de lui mettre une rapide pichenette.
— Hein … Oui … Quoi ?! Balbutia le blondinet.
— Tu ronfles bien trop fort. Allé debout ! Dépêchons-nous de retourner dans nos chambres avant que quelqu’un remarque notre absence.
Armin analysa la situation. Il se retint de ne pas paniquer après avoir réalisé qu'ils avaient passé la nuit dehors. Avoir dormi assis, lui ravivait ses douleurs au dos subit lors des entraînements. Ce qui les attendaient aujourd’hui n’allait rien arranger.
Le petit blond suivit Mikasa en direction des dortoirs. À quel moment se sont-ils assoupis ?
Le temps se rafraîchit. Mikasa s’emmitoufla dans son écharpe - offert par Eren - dont elle ne se séparait jamais. Armin remarqua la mine chagrinée de cette dernière. Il ne savait que trop bien ce qu’elle ressentait en ce moment même. Eren commençait à être indépendant.
Le petit blond posa doucement sa main sur l’épaule de son amie pour la rassurer. Elle lui esquissa un faux sourire, avant de déposer sa tête sur l’épaule de son camarade.
Les deux amis d’enfance contemplèrent les flammes danser, éclairant partiellement leur doux visages à peine sortie de l’enfance.
Leur relation n’était pas aussi forte qu’elle avait avec Eren, pourtant, dès que l’anxiété se présentait, la jeune asiatique trouvait du réconfort auprès d’Armin.
Leur conversation avait une fois de plus dévié sur leur enfance. Mikasa avait de nouveau posé sa tête contre l’épaule d’Armin. Leur main s’était légèrement effleurée et…
— Armin ! Appela Mikasa d’un ton plus ferme, sans hausser la voix.
— Euh oui ?!
— Ce n’est plus l’heure de dormir. Va donc te débarbouiller, avant que les autres se lèvent. On se retrouve au réfectoire.
Une nouvelle altercation éclata entre Jean, la « tête de cheval » et Eren, « face de sanglier ». Les deux adolescents ne voyaient jamais les choses de la même façon et en venaient souvent aux mains pour terminer leur conversation.
Lasse de ses enfantillages de si bon matin, Mikasa frappa la tête d’Eren pour le calmer, sous le regard désespéré d’Armin.
L’entraînement d’aujourd’hui était plus rude que d’habitude. Eren ne se laissait pas abattre pour autant. Motivé plus que jamais à vouloir repoussé ses limites, il sprintait sur plusieurs kilomètres, jusqu’à en avoir le souffle coupé.
En fin de journée - comme la majorité des autres recrues - l'escalade avait eu raison de lui. Les guiboles d’Eren ne tardaient pas à le lâcher, contrairement à Mikasa et Annie qui - toujours en forme - marchaient à un rythme constant.
Il ne pouvait s'empêcher de contempler Annie Leonhart, toujours à se terrer dans le silence. Selon Armin, il en pinçait pour elle. Pour lui, c’était seulement de l’admiration. Il s’était pris une raclé monumental. Il s'en souvenait comme si c’était hier. Ce jour là, la belle blonde avait suscité beaucoup d’intérêt auprès du jeune Jäger.
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Les mois défilèrent à une vitesse folle, que les conscrits entamèrent la troisième et dernière année de formation.
Marco et Jean se révélaient être de fins stratèges - arrivant presque au niveau d’Armin - et étaient capable de diriger une escouade. Eren ne comprenait pas comment Marco pouvait supporter ce piètre et arrogant tête de cheval.
Christa et Ymir, pas grand chose à dire, toujours collé l’une à l’autre. Entre une coquille vide et une grande gueule, elle se complémentait parfaitement.
Alors qu’Eren observait tout à tour ses camarades, Shadis pétait un câble contre le duo de comique : Conny et Sasha.
— Ces deux là n’apprendront jamais de leur erreur, dit un garçon soupirant de désespoir.
Delroy Henchman, brun, une épaisse crinière attaché en queue de cheval, le teint basané et le premier à porter une barbe.
Le garçon arriva à sa hauteur, lui offrant un sourire des plus chaleureux. Du Delroy tout craché, pensa Eren. Si il voyait Braun comme un grand frère, Henchmann aurait pu être son jumeau. Le grand brun, était aussi grand et baraqué que Reiner. Il avait tout pour lui. Fort, charismatique, intelligent, très éloquent même, il était apprécié de tous et bon nombre de fille n’était pas indifférente à son charme.
Si Eren considérait autant Delroy, c’était peut-être dû à leur vie similaire. Également originaire du District de Shiganshina, le grand brun avait aussi perdu ses parents lors de l’invasion. Ils désiraient la même chose. La vengeance. Delroy était la personne qui le comprenait le mieux. Lui aussi caressait le doux espoir d’intégrer le Bataillon d’Exploration.
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La formation se terminait enfin pour la 104ème Brigade d’Entraînement. Après trois années de dur labeur, les recrues allaient enfin savoir qui s’étaient hisser dans le classement et auraient la chance d’intégrer les brigades. Tous firent le salut militaire avant que Keith Shadis prononce son discours. La tension était palpable.
Cinquième de sa promotion - une place au dessus de Jean - Eren était fière de lui.
Au réfectoire, Eren se joignit à la table de Delroy et Reiner. Le jeune Jäger déposa le coude sur la table pour maintenir sa tête.
— J’étais persuadé que tu allais finir dans le top 10.
Delroy haussa les épaules, tout en buvant une gorgée de sa soupe. Il déposa la tasse avant de se lécher les babines.
— Ça m’est bien égal.
— Vraiment ? Intervint Armin qui s’installa à leur table. Pourtant être parmi, les dix premiers te permet d’intégrer les Brigades Spéciales.
— Parce que j’ai une tête à porter un blason avec une licorne ? répondit-il
— C’était quand même serré. Si tu veux mon avis, tu es aussi fort que les dix premiers. L’entraînement ne nous donne qu’une brève idée, mais qu’en est-il dans un combat réel ? L’entraînement et le combat réel sont deux choses bien distinctes.
Reiner bu cul sec son verre d’eau avant d’abandonner ses camarades. C’est alors que Marco et jean décidèrent de rejoindre le petit groupe.
— Vous êtes vraiment sérieux ? S’enquit Marco Bott. Vous vous toujours rejoindre le Bataillon ?
— J’avais pris ma décision, bien avant même de commencer ! s’exclama Eren. Je me suis entrainé pour combattre les Titans, c'est tout.
— Il n’y a vraiment que les idiots suicidaires pour penser de cette façon, répliqua Jean un sourire narquois. Laisse tomber Marco, au moins, nous allons t vivre en ville et profiter d’une vie simple et durable.
— Oh sił te plait Jean… Tous le monde sait que tu vivras une vie simple peut importe où tu iras, répliqua Eren.
— Hein ?
— Doucement Jean… dit Marco
— Tu insinues que je suis stupide Eren ? Répondit Jean.
— Par pitié, ne remettez pas ça sur le tapis, soupira Delroy.
— Contrairement à toi, je suis capable de regarder la vérité en face alors que le reste du monde porte des œillères. C’est pourtant évident qu’après avoir perdu vingt pour-cent de la population, qu'il est impossible de vaincre les Titans, continua le soldat Kirschtein.
— C’est uniquement que nous ne savions rien sur eux à l’époque. Tout à changé maintenant ! Dit Eren, haussant d'un ton. Tu suggères vraiment de tout abandonner après les avancés militaires, aux prix de millier de vie, juste pour attendre la mort sans rien faire ? Réveille toi Jean !
— Et c'est repartie, murmura Armin.
Delroy et lui s’échangèrent des regards silencieux.
— Ce que nous savons, nous redonne espoir, non ?! L’humanité n’est pas encore perdu, s’écria Eren. En tant qu’explorateur, je compte bien les exterminer jusqu’au dernier pour me libérer de ce confinement.
Le jeune homme, rempli de haine, frappa le poing sur la table en bois et s’enfuit du réfectoire avant de faire un mort, refusant que ses deux meilleurs le suivent.
Préférant rester seul, il se dirigea au terrain d’entrainement. Il entra dans le troisième cabanon, où était disposé les sacs de frappes. Je déteste les idiots sans grande conviction avec un faible Q.I., s’injuria-t-il en se défoulant sur le premier. Il continua à marteler l’objet rempli se sable jusqu’à saigner des phalanges. L’idée d'être soumis à plus fort que lui, ne lui avait jamais plus. Le fait d’avoir été faible étant gamin encore moins. Il comptait bien se venger de ses monstres qui ont dévoré sa mère. Il était prêt à tout pour ça.