L'Ode à la liberté [Livre I]

Année 845

Mitras 

Véritable casse-cou, la petite fille s’amusait à escalader les murs échappant à la vigilance de Madame Hortense. La gamine eut la bonne idée de se réfugier sur les toit de la ville, où personne n’oserait aller la chercher. 

Un siècle. Un siècle que les humains se terraient à l’intérieur des murs. Pour une raison encore inconnu, d’immonde créatures les menaçaient, les menant tout droit au bord de l’extinction. Les derniers survivants érigèrent des murs pour se protéger de ces monstres : les Titans.

Quel était le pire dans cette histoire ? Être condamnée, pour le restant de ses jours, à vivre dans ces immenses enceintes. L’enfant vivait au cœur du territoire, protéger encore par deux autres murs.

La brise chatouillait son visage de bambin, faisant virevolté sa chevelure blonde irisée. Elle admirait la grande voute azuré. Quelques nuages flottaient par-ci, par là. Elle rêvait de voler, comme ces oiseaux - partir à la découverte du monde. Tout ce chemin à parcourir, afin de découvrir le monde, lui filait le tournis. à cet allure, elle finirait par mourir de vieillesse.

Une voix la ramena à la réalité. 

— Que fais-tu sur ce toit petite fille ?

La gamine se retourna pour faire face à une femme - ou un homme ? Son visage et son sa voix androgyne prêtait à confusion.

Cette personne arborait une crinière brune attaché en queue-de-cheval, laissant échapper quelques mèches folles et une frange ébouriffés. C'était un soldat. Quand les yeux verts de la petite fille commencèrent à le dévisager de la tête au pied, ses pupilles s’écarquillèrent lui conférant un air ahuri. Ce soldat n’était pas n'importe qui. Une paire d’aile - l’une blanche, l’autre bleu - étaient brodées sur la poche du manteau en cuir. 

— Les ailes de la libertés… Le bataillon d’exploration!, s’exclama la petite.

— Exactement. Mon nom est Hanji Zoe. Et toi, comment t’appelles-tu ?

— Æsma, Æsma Traum, répondit-t-elle la main sur le cœur.

— Enchanté Æsma. Que fais-tu donc ici ?

Jetant un coup d’œil à droite, puis à gauche pour s’assurer que personne ne les espionnaient, la gamine fit mine de chuchoter : « 

— Je me cache.

— Pourquoi donc ? s’étonna le jeune soldat.

— Je n’ai pas envie d’aller à l’école. C’est nul. Je veux être comme vous ! Voyager à l’extérieur des murs, répondit-elle les étoiles pleins les yeux. »

Hanji - surpris - observa attentivement la gamine. Très déterminée, ce n’était encore une petite-fille innocente qui respirait la naïveté à plein nez à ses yeux. Elle ne devait pas avoir idée de la dure réalité qui se trouvait en dehors de ces murs.

Rare que quelqu’un tienne de tel propos, encore moins un enfant. La majorité des adolescents optaient pour un travail plus tranquille ou si il souhaitait rentrer dans l’armée, cherchait à rejoindre les Brigades Spéciales. Pour les plus téméraires, la Garnison. Il fallait être assez fou et curieux pour vouloir être un explorateur.

— Pourquoi souhaiter devenir un membre du Bataillon d’Exploration ? Demanda le soldat intrigué.

— Je vous l'ai déjà dit. Sillonner, chevaucher à travers le monde ! Il n'y a rien ici. À cause de ses foutus Titans, personne n'est parti exploré l'île dans son entièreté. Même que mon grand frère à dit qu’il y avait une immense étendu d’eau salée, qui n’en finissait pas, sans parler de ses pleines arides ou glacés. J’leur botterais le cul à ces monstres et je leur ferais cracher le morceau ! Pourquoi ils ne bouffent que des humains et pas d’autres espèces, hein ?!

— Cracher le morceau dis-tu ? Ria Hanji.

— Bah euh… Æsma fronça les sourcils, réfléchissant à sa prochaine réponse. Hésitante, son petit nez se renfrogna avant d’ajouter, Les chevaux… on ne les comprends pas et pourtant on communique bien avec eux. Parfois même qu'ils hennissent ou se cabre. Pourquoi pas les Titans ?

Stupéfait, l’explorateur regardait différemment son interlocutrice. Un sourire carnassier se dessinait sur son beau visage. Il lui demanda tout gaiement si elle s’intéressait aux Titans.

Æsma confuse face à cet homme - les joues rosies, la bave aux lèvres - qui jubilait bizarrement à sa propre question, hocha la tête sans grande conviction. 

Les grandes mains du soldat entourent celle de la petite fille. D’une voix rauque, accompagné d'un petit clin d'œil coquin, il lui dit : « Je vais te raconter une petite histoire. Avant tout chose, promet moi de ne rien répéter à qui que ce soit. Tu n’es pas sensée savoir tout ça. Ce sera notre petit secret ». Æsma accepta timidement les conditions, baissant la tête un instant. De la chaleur émanait de la paume des mains du soldats. Étrangement, ce doux contact faisait chavirer son cœur.

« Quelle personne courageuse ! » pensait Æsma à la fin du récit, complètement sous le charme d’Hanji Zoe.

— Je veux intégrer le Bataillon d’Exploration et être à vos côtés ! Vous épauler dans vos recherches ! S’écria Æsma après un salut militaire.