le ridicule tue moins que la mort
12 ans plus tôt
Maman me tenait par la main quand quelqu'un la bouscula et puis elle ne fut plus là.
Je courus partout, criai mais je ne la retrouvai pas.
Un moment, je crus la voir, je l'attrapai toute heureuse mais c'était une autre dame !
Finalement je me mis à pleurer.
Maman ou es-tu ? Pourquoi m'a tu laissé toute seule ? Pourquoi ?
Et tous les gens de la place se mirent à pleurer eux aussi ;plus personne ne bougeait mais tous gémissaient et certains tombèrent à genou.
C'était bizarre de voir des adultes comme ça.
Du coup, j'arrêtai de pleurer. Que se passait 'il ?
Après un moment, je décidai de partir chercher maman. C'était plus facile maintenant que tout le monde jouait à un deux trois soleils.
Enfin je la vis. C'était la première fois que je la voyais être triste. Je me jetai dans ses bras, heureuse.
Le visage dans son cou, je ne vis pas les gens reprendre leurs activités, embarrassés mais je sentis le changement d'atmosphère.
De nos jours
Quand je me réveillai, j'eus l'impression d'avoir dormis pendant des années : j'avais mal un peu partout.
Je me retrouvai dans une chambre d'hôpital mais sans aucun souvenir de la manière dont j'y étais parvenue. En y pensant bien, je ne me rappelais rien. Surement un état post-traumatique temporaire.
Pour l'instant, il n'y avait personne dans la pièce, il serait peut-être préférable d'appeler une infirmière pour qu'elle s'occupe de moi.
Étrangement, tous un tas de connaissance me revenaient en mémoire mais aucun évènement de mon passé. Plein de notion de mathématiques, de médecines...
Plongée dans mes pensées, je ne remarquais pas tout de suite qu'une fille était entrée. Elle n'avait pas d'habit d'infirmière donc j'en déduisis qu'elle n'en était pas une. Cette fille semblait écouter quelque chose mais quoi ? Elle ne faisait pas attention à moi pourtant elle devait me connaitre si elle était venue dans cette chambre ! À moins qu'elle ne se soit trompée...
-bonjour, est-ce que nous nous connaissons ?
Elle releva vivement la tête et parut troublé :
-Sophie ? Pourquoi m'empêches-tu de lire tes pensées ?
Je réfléchis à toute vitesse avant de donner ma réponse :
-Ainsi je me nomme Sophie. Si je vous oppose une résistance, ce n'est pas intentionnel. Il semblerait que je subisse une perte de mémoire temporelle. Sommes-nous amies, Mademoiselle…. ?
La fille fut comme paralysée de stupeur. C'est à ce moment que deux autres personnes firent irruption dans la pièce : une infirmière (enfin) et une lycéenne minuscule.
« Vous vous êtes enfin réveillez ! Vous avez dormis pendant deux jours dans un état proche du coma. Vous aurez surement des vertiges pendant quelque temps »annonça l'infirmière.
« Tu vas mieux ? Tu nous as fait vraiment peur, tu sais ? » Couina la petite fille.
Je posai alors la question qui me brulait les lèvres : « savez quand je retrouverais la mémoire ? »
On m'expliqua alors rapidement la situation, ou je me trouvai etc…
J'avais reçu un caillou sur la tête, cause de mon amnésie.
Dans la soirée j'eus la visite d'un nouveau visiteur :
« Hello poupée ! Alors il parait que tu es amnésique ? Tu vas vite retrouver tes souvenirs de moi je te le promets, je ne permettrais pas le contraire ! Mais que lis-tu ? Attends une seconde tu es en train de lire ! Et les grands principes de la physique et des mathématiques avancés en plus ! Où est passée ma Sophinette incapable de lire ?
-Malika m'a raconté que j'avais un petit ami nommée Chris, j'en déduis que c'est toi. Mais elle ne m'avait pas dit que c'était un " beau gosse" idiot comme disent les jeunes filles. Et pour le livre, j'ai remarqué d'immenses lacunes dans mes connaissances alors j'essaye de les réduire.
-ouah ! Quel changement de caractère ! Quand tu redeviendras normale, je me ferais un plaisir de te rappeler tout ce que tu as fait pendant ton amnésie ! Il faut absolument que je prenne des photos !
-quel est ma personnalité ? Personne ne semble vraiment être d'accord sur ce point.
-c'est vrai que c'est difficile à définir. Et puis pourquoi t'embêter avec ça ? Tu vas bientôt retrouver la mémoire !
-cela pourrait justement m'aider à me souvenir.
-ok .bah tu es... Tête en l'air, toujours dans tes pensées, tu déteste travailler mais adores regarder des films. Tu attires les catastrophes. Ah et tu m'aime à la folie ajouta-t-il en souriant.
La fille décrite me semblait être une étrangère !Comme il était difficile pour moi de m'imaginer ainsi.
-vraiment ? Mais j'ai réussis à retenir entièrement les trois livres que j'ai lus. Serais-ce possible si je ne possédais pas des caractéristiques innées ?
Il en resta bouche bée avant d'éclater de rire et de me proposer de faire une promenade.
-mais je n'ai pas d'affaires et je n'ai pas le droit de quitter ma chambre !
-depuis quand fais-tu ce que l'on te dit de faire ? Ce n'est pas en lisant d'obscurs bouquins ici que tu vas te souvenir de quoique ce soit ! Je vais te chercher un uniforme et je reviens.
Ensuite, il nous fallut ressortir sans nous faire repérer puis nous arrivâmes enfin dehors.
La lune était pleine cette nuit et le ciel était dépourvue de nuage, par conséquent l'on arrivait très bien à se repérer.
Nous marchâmes en silence pendant quelques minutes avant que je rompis le silence.
-comment c'est on rencontré ?
-tu veux vraiment savoir ? ahaha. C'est une longue histoire mais pour faire court, j'étais de passage dans l'académie quand tu m'es rentré dedans et que tu as fait de moi un être sans sentiment. Tu as décidé de me les rendre petit à petit comme dans princesse tutu. Tu mettais en scène des situations pour que je retrouve mes sentiments comme la colère, jalousie etc…
- et tu pourrais faire de même avec mes souvenirs ?
-c'est bien ce que je compte faire pour régler ma dette. Quoique aujourd'hui ce serait plutôt toi qui devrait en avoir une envers moi mais passons.
Il me montra ma chambre. Rien.
Il me montra ma classe. Rien.
Et ce fut ainsi à chaque fois.
-il semblerait que cette technique de fonctionne pas. Remarqua Malika qui nous avait rejoints.
On était allongés sur l'herbe, épuisés.
-si je venais à ne jamais récupérer la mémoire, vous cesserez de me fréquenter ?
-c'est-à-dire qu'il faudrait tout reconstruire. Tu ne connais rien de nous... Avec le temps on pourrait apprécier la nouvelle Sophie mais ça ne serait jamais vraiment toi. Répondit Chris .
-tu préfère ne te souvenir de rien ? Ne pas avoir de passé ? demanda à son tour Malika.
-Quand je vous entends parler de celle que je suis vraiment, j'ai l'impression que vous la préférer à ce que je suis actuellement. Mais la vraie Sophie n'est-elle pas idiote, en dehors du Monde, sans aucune curiosité .Elle m'a tout l'air pathétique. Comment pouvez-vous l'aimez ?
Je sentis alors que je touchai un point sensible quand tous deux s'emplirent de tristesse. Chris décida de m'expliquer :
-tous ce que tu as fait, subis, vécu, a créer en toi enfin en elle une sorte de puissance. Même si elle ne le remarque pas, à chaque pas qu'elle fait, plusieurs personnes revivent. Elle ma donner une raison pour revenir dans mon monde. Elle a délivré Malika de sa solitude et ainsi de suite … la Sophie qui se tient devant moi n'a plus cette capacité.
Je méditai un instant ses propos mais Malika interrompit mes réflexions :
« J'ai toujours su que tu étais un génie. Qui d'autre aurais pu faire semblant d'été idiote aussi longtemps ? tu es tellement entrée dans ton rôle que c'est en quelque sorte ce que tu es devenue, sans vouloir t'offenser.
-pourquoi ? Pourquoi aurais-je fait cela ? Personne n'aurait voulu devenir idiot à moins de l'être déjà!
-tu n'a pas besoin de le savoir, tout va te revenir très bientôt ajouta Chris
Je me levai et m'éloignai de quelques pas, suspicieuse.
-comment ça ? Demandais-je
-tu ne voulais pas te souvenir ? Repris Malika.
-non, je ne veux plus, laissez-moi tranquille !
Avec une vitesse incroyable, Chris se retrouva derrière moi, une branche a la main.
-désolée Sophie mais il parait qu'il faut un deuxième coup à la tête alors...
Et il abattit la branche sur moi.
Je ne m'évanouis pas. Je ne dus sonnée que quelques secondes avant que tout me revienne d'un coup. Je croyais même me rappeler des souvenirs oubliés depuis longtemps. Plus efficace qu'un hypnotiseur !
Et puis avant que je ne puisse m'arrêter je me mis à pleurer. Je détestais pleurer devant des personnes, même mes amies. Malika et Chris me prirent dans leurs bras.
Je pleurais parce que tous les souvenirs pénibles refaisaient surface.
Je pleurais parce que j'avais eu un aperçu de celle j'aurais pu être
Je pleurais parce que je ne savais pas si j'aurais voulu être cette fille-là.