Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire

Chapitre 56 : Je règle mes comptes avec l'argenté (Araen)

4879 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/09/2022 20:04

Je ne sais pas trop combien de temps on a couru. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’étais encore en train de penser à la rencontre avec la créature magique, qui s’avérait être nulle autre que Sisu elle-même !

Pendant notre course, Riku a ralenti pour arriver à mon niveau :

-         Araen, a-t-il commencé en fournissant des efforts visibles pour ne pas s’énerver. Ce que tu as fait était vraiment irresponsable.

Je l’ai royalement ignoré. Boucles d’Argent a soupiré.

-         Voilà que tu refuses toute critique.

La colère montait en moi.

-         Mec, c’est bon, lui ai-je lancé, exaspéré. On s’en est tous sorti, pas vrai ? Tu stresses pour rien !

-         Faut bien que quelqu’un le fasse, vu les énergumènes que je me coltine.

-         Je…

-         Bref, m’a-t-il coupé. Je me demande comment Yuki… ou n’importe qui d’autre, en fait, se débrouille pour te supporter.

J’ai serré les poings. J’en avais marre. Pour qui il se prenait, au juste ?

-         Arrête. Sinon…

-         Laisse tomber. Arrête de jouer aux héros, Araen. Tu es tout l’inverse.

Dès qu’il eut terminé sa phrase, l’argenté a accéléré le pas.

Là… Je n’ai pas pu me retenir. C’était beaucoup trop pour moi. Ses airs de chef, sa tendance à toujours vouloir décrypter les gens sans se soucier de ce qu’ils ressentent. O.K., je n’étais pas son ami comme Kairi ou Sora, mais il pourrait faire un effort, non ? Il croyait quoi ? Que c’était facile pour moi ?

J’ai pointé mon épée sur lui.

Maintenant, voilà qu’il crachait sur ce que je suis, sur ce que je m’efforçais d’être depuis des années. Toujours à me regarder de haut, critiquer chaque chose que je faisais. Stop. Ma colère avait atteint son paroxysme.

Mon arme s’est mise à crépiter, projetant des éclairs bleus.

Je vais te montrer.

C’était bien l’argenté ma cible, mais allez savoir comment, j’ai invoqué un éclair du bout de mon arme en direction de Kairi. Je l’aurais atteinte… si Riku n’avait pas dévié l’éclair avec sa propre Keyblade. Le sort a détruit un arbre à plusieurs mètres de nous, sans mettre en danger qui que ce soit, heureusement. L’auburn, n’ayant rien remarqué, continuait de courir avec les autres.

Riku s’est arrêté net. J’en ai fait autant.

-         C’est la troisième fois que tu mets en danger Kairi, m’a-t-il dit d’une voix glaciale en se retournant.

J’ai senti ma détermination s’effriter.

-         Je… Je ne voulais pas…

C’était vrai. Même si je n’en avais rien faire de toutes les personnes de notre équipage, jamais je n’aurais souhaité volontairement le mal d’une fille aussi sympa que Kairi. Pourtant… les mots restaient coincés au fond de ma gorge.

-         À Griffe, tu as failli détruire le pont sur lequel nous nous battions. L’eau n’est pas un problème, bien sûr, mais veiller sur le bateau aurait été bien plus difficile en nageant, tu ne crois pas ?

-         Je…

L’argenté s’est avancé. J’ai reculé malgré moi.

-         Tout à l’heure, ton idée stupide d’attaquer une horde d’ennemis sans penser une seule seconde que tu pourrais mettre en danger les filles à l’intérieur du village.

Avant même que je ne puisse répondre, il a enchaîné :

-         Et maintenant ça. C’est exactement ce que je disais. Que tu le veuilles ou non, tu es un danger pour tout le monde. Un jour…

J’ai eu un flash.

Moi.

-         J’en suis sûr.

Seul.

À genoux sur le sol de bois.

-         Tu finiras par tuer quelqu’un.

Un sol froid.

-         À moins…

Je tremblais.

Le clair de lune.

-         … Que tu ne l’aies déjà fait ?

Les mains en sang.

J’ai fait appel à toute ma volonté pour sourire. Je serrais ma Keyblade tellement fort que j’en avais les jointures blanches.

-         Hé, l’argenté.

-         C’est quoi ce regard, « héros » ?

D’habitude, j’aimais être appelé de cette façon, mais l’argenté prononçait ce mot avec un tel dégoût que l’on aurait dit une insulte.

-         Tu devrais faire attention à tes paroles.

Riku a levé un sourcil.

-         Pourquoi donc ?

Je voulais le faire taire. Ses airs de chef, sa façon de tout décider, de me juger comme s’il me connaissait…

J’ai senti l’électricité, mon Essence, parcourir mon corps. L’argenté a eu un rictus.

-         Tu veux la jouer comme ça, hein ?

Il s’est craqué le cou avant de se mettre en garde : Keyblade levée, il a utilisé son autre main pour me faire signe d’approcher. Une étrange énergie se dégageait de lui. Une énergie dangereuse, que je n’avais jamais vue chez lui jusqu’à présent. Il était en pleine forme… et semblait prêt à s’y mettre sérieusement.

Je me suis tenu prêt. Prêt à attaquer. Prêt à lui faire bouffer la neige. Tant pis pour le contrecoup de mon pouvoir.

-         Tu es sûr, Boucles d’Argent ?

-         Je t’attends, monsieur le « héros ».

J’ai laissé ma magie se concentrer dans mes jambes et décollé vers Riku, soulevant toute la neige autour de moi.

KLANG ! ont fait le bruit de nos épées en s’entrechoquant, soulevant la neige autour de nous. Le regard de mon ennemi restait parfaitement neutre pendant que nous essayions de nous repousser l’un l’autre.

Avant qu’il ne tente une riposte, j’ai fait un bond en arrière et invoqué un éclair :

-         Foudre X !

L’argenté a créé un bouclier obscur tout autour de lui, absorbant l’attaque. Je me suis à nouveau élancé vers lui. Dès l’instant où son sort a disparu, j’ai donné un coup d’estoc en visant l’endroit où je pensais que son visage se trouvait.

J’allais l’avoir. Mon timing était parfait. Aucun moyen qu’il ne puisse réagir !

Pourtant… Rien. Je n’avais rien touché.

Riku avait penché la tête.

-         Quoi ? ai-je fait. Comment…

Il a fait un mouvement de la main. J’ai immédiatement battu en retraite. Un sourire moqueur s’est dessiné sur ses lèvres :

-         On stresse ?

Ma colère s’est accentuée ; je m’étais fait avoir par une feinte stupide.

-         Pas… pas du tout ! 

J’ai donné l’ordre à ma foudre de se concentrer sur mes deux bras et ma Lueur héroïque avant d’attaquer Riku. Il m’attendait de pied ferme, tout en gardant la pose. J’ai donné plusieurs coups, essayant d’atteindre son visage à chaque fois. J’alternais entre en poings, pieds et épée… mais je n’arrivais pas à le toucher : il esquivait tout ! Poussant un cri rageur, j’ai regardé les arbres.

Il faut que je trouve une ouverture.

Ni une ni deux, j’ai sauté vers un tronc d’arbre, puis un autre puis un autre. Je n’avais aucun pouvoir particulier pour rester « scotché » sur les troncs, alors je passais rapidement de l’un à l’autre toujours en maintenant les éclairs dans mes jambes pour aller plus vite. Nous étions en plein milieu d’une forêt, alors ce n’étaient pas les arbres qui manquaient. L’argenté ne bougeait pas : il se contentait de me suivre du regard. Si ce type voulait juste attendre de recevoir un coup, il allait être servi !

Maintenant !

Derrière son dos, j’ai sauté dans sa direction, m’apprêtant à le lacérer. Dans le pire des cas, il parerait, mais la puissance que j’avais mise dans mon épée le mettrait au sol sans aucun doute. Dans le meilleur des cas, il se prendrait le coup, ce qui lui infligerait de sérieux dégâts. Ma Keyblade s’est illuminée encore plus. Je m’approchais de plus en plus de lui. J’allais l’avoir ! J’allais…

-         Tellement prévisible.

Riku a disparu de mon champ de vision.

-         Hein ? ai-je fait.

Derrière !

Trop tard. Une douleur fulgurante a traversé mon dos. J’ai hurlé de douleur avant de m’étaler au sol. Autant vous dire que la neige n’avait pas bon goût.

Ce n’est qu’un coup. Allez.

J’ai croisé le regard de Riku.

-         J’en ai assez vu, a-t-il dit.

J’ai fait l’effort de me remettre debout, ignorant la douleur bien présente ; pas seulement au niveau de mon dos. Le contrecoup commençait à faire effet : mes bras devenaient de plus en plus lourds, de même que mes jambes. Ma vue se brouillait légèrement. La fatigue gagnait du terrain.

Souris, Araen. Continue de sourire.

-         Ce n’est pas fini.

J’ai laissé mon énergie électrique sortir. Une sensation désagréable de picotements parcourait mon corps, du haut de mon crâne jusqu’à mes pieds, Keyblade comprise. J’émettais une telle lumière que j’ai même vu l’iris de l’argenté s’éclaircir d’un éclat bleuté malgré la distance qui nous séparait. Un gros bruit sourd s’est fait entendre au loin, suivi de plusieurs cris. Ce son a eu l’air d’interpeller Riku, qui a brièvement regardé ailleurs. Sans plus me poser de questions, j’ai chargé. Au moment même où j’ai abattu mon arme, Boucles d’argent a fait un simple pas en arrière. J’allais continuer mon assaut, mais il a été plus rapide : il a donné un puissant coup ascendant qui m’a fait décoller du sol. J’endurais la douleur du mieux que je pouvais et j’étais sur le point de me reprendre… avant que Riku ne poursuive son attaque. Il m’a suivi dans les airs puis enchaîné avec quelques autres coups. Il a pris mon col en ignorant mes éclairs et m’a balancé à terre. Instinctivement, j’ai roulé sur le côté. Bien m’en a pris : en atterrissant, Riku a effectué une attaque plongeante à l’endroit où je me trouvais, créant une onde de choc obscure assez puissante pour faire trembler le sol.

J’ai été soulagé. Une demi-seconde plus tard et j’aurais reçu l’attaque de plein fouet.

Je me suis rétabli sur mes jambes aussi vite que possible.

Il fallait que je sois plus rapide. Beaucoup plus rapide. Augmenter la puissance de mes jambes avec mes éclairs ne suffisait pas à prendre mon ennemi de vitesse : ça me faisait mal de l’admettre, mais il avait d’excellents réflexes.

Mon Essence… La foudre… Je devrais pouvoir faire quelque chose.

Pas besoin de réfléchir, me suis-je dit. Agis.

Je ne savais pas trop ce que je faisais, pourtant je sentais que ça allait marcher. J’ai couru autour de Riku. Juste couru. Au bout de quelques secondes, je me suis senti accélérer. Accélérer de plus en plus. Les arbres défilaient de plus en plus vite. Je prenais de moins en moins de temps pour faire un cercle autour de l’argenté. Je n’avais jamais atteint une telle vitesse de toute ma vie et, maintenant que j’y repense, la sensation était géniale : le vent sifflant à mes oreilles, l’impression d’être aussi léger et libre que l’air et, surtout, l’expression de surprise de Riku.

Sans lui laisser le temps d’agir, j’ai pris l’initiative cette fois-ci. L’argenté s’est préparé à parer. Mon sourire s’est élargi. Parer une attaque à cette vitesse, ce n’était pas très malin. Sauf que je m’étais réjoui trop vite. Une fraction de seconde avant le choc de nos lames, il a changé d’avis et préféré esquiver. Ne maîtrisant pas – encore – cette rapidité, je l’ai complètement raté et failli me prendre un arbre plusieurs mètres derrière. J’ai freiné avec difficulté.

-         Intéressant.

-         Et tu n’as encore rien vu, Boucles d’Argent !

J’ai recommencé à utiliser mon nouveau sort, mais c’était différent. J’étais moins rapide, ce coup-ci. Tant pis. J’ai cherché une ouverture mais toujours rien, Riku restait sur ses gardes, voire plus qu’avant.

Une idée m’est venue.

Je me suis rué droit sur lui. Pendant ma course, je gardais Lueur héroïque bien derrière moi, en la faisant tournoyer du bout de l’index. J’essayais d’atteindre Riku avec mes jambes et mon poing restant (toujours électrifiés, bien sûr), sans parvenir à le toucher : soit il parait, soit il esquivait.

La concentration de ce type…

Du moment que je ne lui laissais pas assez d’espace pour contre-attaquer, ça allait. J’avais besoin de gagner du temps pour charger ma Keyblade d’énergie un maximum.

Après un certain temps, j’ai donné un coup de pied que Riku a réussi à éviter d’un bond en arrière. Juste au moment où il atterrissait, je me suis approché de lui autant que possible en peu de temps. Mon arme, éclatant d’énergie, tournait toujours. De telle sorte qu’on ne la voyait plus vraiment, mais juste un disque lumineux et crépitant fortement autour de mon doigt.

J’ai visé Riku en souriant.

-         Ciao !

Une rafale d’éclairs dévastatrice a jailli de mon arme en plein mouvement. Le coup de tonnerre produit était si puissant que j’ai eu un mouvement de recul et mal aux oreilles. Les arbres dans la direction visée avaient été carbonisés, tout simplement. La fumée s’élevait dans les airs, rendant impossible de voir l’état dans lequel se trouvait Riku. Je n’avais pas prévu de le tuer, mais vu ce qui était arrivé aux arbres…

Je suis resté là, à attendre, le cœur battant.

Quand la fumée a enfin disparu, j’ai cru halluciner.

L’argenté allait parfaitement bien. Toujours vivant, protégé par son bouclier habituel.

J’ai juré. D’accord, au moins, il était en vie. Mais pourquoi ne pouvait-il juste pas être K.O. ?!

Riku a fait exploser son sort, et les débris de ce qui a été sa protection m’ont violemment repoussé. J’ai tenté de me rétablir, or Riku était, encore, plus rapide. Il a lancé son épée dans ma direction, arme que j’ai évitée sans trop de problème d’une roulade dans la neige. J’ai pensé une seconde qu’il était sans défense, or c’était sans compter sur la magie qu’il était capable de faire sans sa Keyblade. En tendant la main vers moi, il a invoqué un certain nombre de sphères de Ténèbres. Même si elles étaient composées de flammes de lumière et d’obscurité, quelque chose me disait qu’il ne s’agissait pas de feu. Je ne savais pas ce que son sort pouvait me faire, mais je n’avais pas envie de le découvrir. J’ai paré les différentes attaques sans trop de problème.

Erreur fatale.

Quand j’ai dévié la dernière, Riku était devant moi, Keyblade en main, en train d’armer sa frappe. Quel idiot j’avais été. Il s’était servi de sa magie comme diversion.

Lorsque j’ai réalisé ce qui m’attendait, le temps a eu l’air de ralentir.

Nos regards se sont croisés.

Ah, ai-je pensé pendant que l’épée de l’argenté amorçait sa trajectoire. On dirait…

L’attaque continuait, prête à me toucher.

Je n’avais plus aucun moyen de l’éviter.

… que c’est terminé.

J’ai reçu le coup de plein fouet.

L’attaque était si puissante que je ne me rappelle même plus à quel point j’ai eu mal.

En un instant, j’étais au sol. Je n’avais même pas remarqué que ma Keyblade ne se trouvait plus dans mes mains. Bah… Peu importait.

Dos contre terre, je regardais le ciel. Aucun de mes membres ne voulait me répondre ; j’avais beaucoup trop abusé de mon pouvoir, sans compter les coups de Riku. Maintenant, mon corps me le faisait amèrement regretter en me rendant au centuple la douleur. Mes bras et mes jambes me donnaient l’impression d’être sur le point d’exploser, mes yeux menaçaient dangereusement de se fermer et je respirais avec difficulté. Même la terre froide ne pouvait me faire oublier toute cette souffrance. Pire encore, réaliser ce qu’il venait de se passer.

J’avais perdu.

Pour la première fois.

Pendant des années, je croyais être le plus fort. La personne capable de tout accomplir, de protéger tout le monde, le seul capable d’apporter le sourire à tout le monde ; exactement comme le ferait un vrai héros.

L’argenté s’est approché de moi.

-         Bien… joué, lui ai-je dit avec amertume. (Une quinte de toux m’a pris. Je crois même avoir craché du sang.) Je me demande…. ce que tu as vécu… pour être aussi… fort…

Riku n’a pas répondu.

-         Faut… croire… que le héros… que je suis… est plus faible qu’il ne le croyait.

-         Laisse-moi te dire la vérité, Araen. (Il me fixait de ses yeux cyans, semblant en surbrillance à contrejour.) Tu n’es pas un héros. Tu te bats sans penser une seule seconde aux gens qui t’entourent et au mal que tu pourrais leur faire, tout ça pour ton propre plaisir.

-         C’est… faux…

-         Tu ne t’es pas demandé pourquoi nous perdions du terrain tout à l’heure ? a-t-il continué d’un ton parfaitement neutre. Nous étions en train de protéger les statues des habitants de Dos de tes attaques.

Ce qu’il a dit m’a fait l’effet d’un coup de poing au ventre.

-         Ce n’est pas la première fois que tu te comportes de cette façon. Ça, Araen, ce n’est pas de l’héroïsme, mais de l’autosatisfaction.

Donc… Tout ce que je faisais depuis aussi longtemps… était mauvais ?

J’avais brisé ma promesse depuis le début ?

L’expression de l’argenté a changé : il me lançait un regard compatissant. Ensuite, il a fait quelque chose de vraiment surprenant : il a levé sa Keyblade. Aussitôt, quelque chose qui ressemblait à un bouquet de fleurs est apparu au-dessus de moi pendant qu’une aura verte brève m’a enveloppé. Instantanément, je me suis senti beaucoup mieux. Mon corps beaucoup moins mal, mais j’étais toujours complètement épuisé. J’ai commencé à me relever tout doucement. Enfin, il m’a tendu la main :

-         Je peux t’aider à en devenir un, si tu veux. Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour ça, mais je peux au moins essayer. Je te comprends.

J’ai regardé sa main… Et l’ai envoyé balader.

-         Tu… me comprends ? (Je l’ai regardé droit dans les yeux avec un rictus.) Ne me fais pas rire, Boucles d’Argent.

En m’appuyant sur mon épée pour ne pas m’écrouler une nouvelle fois, je suis enfin parvenu à me mettre debout.

-         Même avec un million d’années devant toi, tu ne pourrais pas. Aucun d’entre vous, d’ailleurs.

L’argenté m’a regardé longuement, avant de soupirer.

-         Viens, il faut vite qu’on retourne au bateau.

Un silence s’est installé entre nous deux. Lorsqu’il a vu mon expression, la sienne a changé.

-         Tu… Tu n’es pas sérieux ? Et Yuki ?

Comme si je n’y avais pas pensé.

-         Je la retrouverai par mes propres moyens. Je n’ai pas ma place parmi vous.

Boucles d’Argent a failli dire quelque chose, mais il s’est ravisé.

J’ai fait volte-face et marché dans la direction opposée.

-          Pour moi, il n’y a qu’elle et Nel qui comptent. C’est tout.

Je pensais que l’argenté n’aurait plus rien à dire, jusqu’à ce que :

-         Très bien, a-t-il finalement cédé. Je ne vais pas te retenir. Mais sache que… si jamais tu veux revenir, la porte sera toujours ouverte.

-         C’est ça, ai-je murmuré avec amertume. À la prochaine, Riku.

 

 

Je ne pourrais pas vous dire pendant combien de temps j’ai marché. Tout ce que je sais, c’était que je voulais m’éloigner le plus possible de celui qui m’avait humilié. Une partie de moi doutait. Se demandant sans cesse s’il n’avait pas raison : et si je n’étais pas un…

J’ai chassé cette pensée de mon esprit. J’en étais un. Il fallait que je le sois. 

Pour elles… et ceux de mon monde que j’avais laissé.

Hé, Nel ! Plus tard, je veux aider pleins de gens et donner le sourire à tout le monde !

Mes pieds s’enfonçaient dans la neige, ma vue se troublait petit à petit.

J’ai continué de marcher.

C’est bien, Araen ! Tu veux te battre pour tout le monde ?

Mes bras tremblaient à chaque foulée, menaçant de me lâcher à tout moment.

J’ai continué de marcher.

Oui ! On pourra compter sur moi !

J’avais peur. J’avais affreusement peur. Comme à cette époque.

J’ai continué de marcher.

Tu sais comment on appelle les personnes comme toi ? Les héros.

Sans m’en apercevoir, je m’étais retrouvé devant le village de Dos. Il n’y avait plus personne autour. Les soldats de Croc étaient tous partis, ou encore au sol.

J’ai continué de marcher.

Les… « héros » ? C’est cool, comme nom ! Je veux en être un, alors !

J’ai dépassé les statues des habitants transformés par le Druun et vu l’état du village.

Je suis tombé à genoux.

 

Dans ce cas, promets-moi que tu seras un grand héros, Araen.

 

Partout où mon regard s’arrêtait, il n’y avait que des ruines et des maisons complètement détruites. Tout autour de moi, rien que la destruction. Aucun des soldats de Croc, monstres compris, n’avait attaqué directement le village, ce qui voulait dire…

Que j’étais le responsable.

Pourquoi ne m’en étais-je pas aperçu plus tôt ?! La brume de Sisu, peut-être. Je ne savais pas. Ou plutôt si, mais j’avais encore du mal à l’admettre.

Admettre que Riku avait raison.

Que j’étais juste un monstre ambulant, un destructeur.

Tout l’inverse du héros. Je n’avais pas honoré ma promesse.

J’ai lâché ma Keyblade. Je n’avais plus la volonté de faire quoi que ce soit.

J’ai appelé Yuki et Nel. Encore et encore. En larmes. Elles auraient su quoi me dire, quoi faire. Avec elles, j’étais vraiment quelqu’un.

Je ne m’étais jamais senti aussi faible de toute ma vie.

Faible, et seul.

Peut-être que c’était mieux comme ça. Au moins, je risquais de ne faire de mal à personne.

J’étais résolu à rester là, avec le vent glacial que je ressentais véritablement pour la première fois depuis mon arrivée.

Soudain, un passage obscur s’est ouvert devant moi. Quelqu’un est passé au travers. Une femme, à la longue robe noire, un sceptre à une main, et une coiffure faisant penser à des cornes.

-         Mon pauvre Araen, m’a dit Maléfique. Tu risques de périr si tu restes là.

Je n’ai pas répondu. Une partie de moi savait que je ne devais pas l’écouter, peu importe ce qu’elle dirait. Après tout, elle avait déjà mis Yuki en danger, avec son Phénix. Pourtant…

-         Ne me regarde pas comme ça. Ce qui est arrivé à ton amie aux Enfers n’était pas prévu.

Elle avait l’air sincère.

-         Qu’est-ce que… vous faites… ici ? suis-je parvenu à articuler.

Un sourire bienveillant a étiré ses lèvres fines.

-         Je suis là pour t’aider à la retrouver, bien sûr ! Enfin, contre une petite contrepartie…

En voyant mon expression, elle a ajouté :

-         Crois-moi, ce n’est rien du tout.

Je m’en fichais de ça. Elle avait piqué ma curiosité.

-         De qui est-ce que… vous parlez ? lui ai-je demandé.

Elle a caressé la boule de cristal de son sceptre, sans me quitter une seconde du regard. Mon cœur battait à tout rompre. Je pensais avoir une idée de la personne dont elle parlait mais… ça ne pouvait pas être possible. Je remuais ciel et terre depuis des années pour avoir une chance de la retrouver, et la sorcière, savait où elle se trouvait depuis tout ce temps ? Faisait-elle vraiment allusion à…

-         La personne la plus chère à ton cœur, voyons, a déclaré Maléfique. Ta grande sœur, Arenel Radiance. Même si elle se fait appeler aujourd’hui sous un autre nom : Larxene.

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