Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire

Fais attention, Sora, pensai-je en regardant mon ami s'éloigner petit à petit.

J'espérais que tout se passe bien pour lui. Après tout, il avait déjà survécu à de nombreuses épreuves. Que pouvait-il bien lui arriver ? 

Je sentis une main ferme se poser sur mon épaule. Je tournai la tête et je vis Riku qui me souriait. Cela suffit pour m'encourager. Et puis, il y avait d'autres choses dont il fallait que nous nous occupions.

- Si vous avez fini...

Le groupe entier fit volte-face. Maléfique, la sorcière, s’avança nonchalamment vers nous avant d'admirer son sceptre.

- Pourquoi as-tu fait ça ? demanda Riku sur un ton rageur.

La question se posait : n'aurait-il pas été plus simple de nous éliminer en une fois, lorsque nous étions tous présents ? Pourquoi nous séparer ? 

Maléfique eut un petit rire cruel. 

- J'avais juste envie que Pat fasse joujou avec son nouveau pouvoir.

- Quel nouveau pouvoir ? Demanda Mickey. 

La sorcière ignora sa question.

- Aussi, je reconnais avoir besoin de me tester.

Aucun d'entre nous n'avait l'air de savoir de quoi elle parlait. Néanmoins, tout le monde se mit en garde, nos armes respectives en main.

Maléfique arbora un sourire. Un sourire froid. Je resserrai ma prise sur mon arme, Appel du Destin.

J'avais un mauvais pressentiment. 

Soudain, la sorcière brandit son sceptre en l'air. Quatre cercles de flammes vertes apparurent devant elle.

- Mais qu'est-ce que... ? 

Donald n'eut même pas le temps de finir. De chacun des cercles sortirent des créatures faisant beaucoup penser à des Ombres : elles devaient bien faire une cinquantaine de centimètres avec quatre petites pattes griffues entourées de flammes vertes. Non. En fait, le corps entier des bestioles était une flamme.

- Il ne faut pas que ces choses nous touchent, déclara Riku.

- Effectivement, je vous le déconseille, acquiesça Maléfique. 

Puis, elle leva les bras en l'air. 

- Attaquez, mes serviteurs ! 

Sur ces mots, les créatures se mirent à se ruer vers nous. Même si elles ressemblaient aux Ombres, elles étaient bien plus rapides. Trop rapide. L'une d'entre elle faillit m'entailler le bras mais un coup de Keyblade la faucha en plein vol, ne laissant qu'une trainée de cendres émeraude. 

- Fais attention, me dit Riku.

Abasourdie d'abord, je me ressaisis rapidement. Il fallait rester concentré.

Je n'avais peut-être pas autant d'expérience que Sora ou Riku, mais il n'empêche que je ne devais plus être un poids pour eux. Je m'en étais fait la promesse. C'est alors que les trois autres créatures attaquèrent. Donald, ne pouvant utiliser la magie à cause des flammes vertes, attaqua directement avec son sceptre, détruisant un des monstres. Dingo lança son bouclier sur une autre, la réduisant en poussière. Enfin, d'un coup d'épée timide, Lydia réduisit en cendres une autre créature. On croyait s'être débarrassé de ces créatures... Jusqu'à ce que les cercles fissent apparaitre chacun, un de plus. Puis deux. Puis trois. Peu après, une cinquantaine de ces choses nous faisaient face, prête à nous lacérer. 

- Ça se complique, déclara Maxwell, dont la voix trahissait une certaine inquiétude.

Devant nous, les créatures avançaient vers nous lentement, toute griffe dehors, les yeux (deux points violets) brillant de méchanceté. Tandis que, dans notre dos, des flammes vertes barraient le pas de la porte. Nous n'avions pas le choix : il fallait tenir… ou tout s’arrêterait là.

Le soldat (celui qui nous avait prévenu de l’arrivée de Maléfique), se battait comme un beau diable avec sa lance, tout en protégeant le roi.

- Allez-y, mes serviteurs ! ordonna Maléfique.

La horde de monstres passa à l'attaque. Donald continua à marteler les ennemis avec son sceptre en poussant des cris de défi. Dingo restait autour de Donald en se chargeant d'éliminer les éventuels monstres que son équipier manquait. Maxwell défendait Thomas qui abattait des monstres de temps à autres en plaçant un bouclier d'aura devant lui en guise de protection uniquement tandis que Lydia, à leurs côtés, se battait comme elle le pouvait. Mickey et Riku étaient sur le point de se ruer vers la horde lorsque je le retins. 

- Je viens avec vous, dis-je.

Riku parut hésiter un instant, mais il se ravisa :

- Ça marche. Mais fais attention, on ne sait pas de quoi ces choses sont capables.

Je fis oui de la tête. Mickey se tourna alors vers le reste du groupe :

- Couvrez-nous, les amis ! On se charge des portails ! 

C'était la chose à faire. Les monstres affluaient par ce chemin de plus en plus. Riku, le Roi et moi nous dirigeâmes vers les cercles. Arrivé devant la horde, d'un commun accord, nous nous séparâmes pour nous occuper d'un cercle chacun. Cependant, avant que nous puissions nous disperser, nous nous retrouvâmes soudainement encerclés de toute part. Ces monstres avaient surgi bien trop vite pour que nous les voyions venir.

- Mais que sont ces créatures à la fin ? 

Maléfique fixa l'argenté : 

- Des Ombrâmes, mon cher Riku. Des créatures plus dangereuses que les Ombres, si vous voulez mon avis. 

Avant que les créatures ne pensassent à attaquer, Mickey fit un salto arrière par-dessus deux monstres qu'il détruisit d'un coup de Chaîne Royale D. dans les airs. Puis, Riku et moi fauchâmes ceux qui restaient autour de nous. Ils disparurent en ne laissant que des cendres derrière eux. 

Nous continuâmes sur notre lancée pendant un long moment. Le plus dur dans ce combat, hormis le nombre d’ennemis, c’était notre incapacité à pouvoir utiliser la magie. Nous devions détruire toutes les créatures en donnant des coups d’épée uniquement. Riku, le roi et moi étions habitués, mais je me faisais surtout du souci pour Thomas et Lydia qui ne maniaient la Keyblade que depuis peu seulement. Pendant le combat, je m’efforçai de garder un œil sur eux.

Malgré notre petit groupe, les rangs de la sorcière rétrécissaient inéluctablement.

Les Ombrâmes furent détruits petit à petit, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que quelques-uns.

- Il faut s’occuper de Maléfique ! hurla le roi Mickey.

Nous étions tous d'accord : pour empêcher les monstres de revenir, il fallait en détruire la source.

D'un geste vif, Lydia donna un coup de Keyblade en direction de Maléfique. Un puissant bruit de vent se fit entendre pendant plusieurs secondes... Mais rien ne se passa. La sorcière était toujours là, indemne. Lydia fixa Maléfique, stupéfaite.

- Qu'est-ce que...

- Bien tenté, reconnut la sorcière. Cela étant...

Maléfique brandit son sceptre en l'air et une barrière verdâtre aussi grande et large qu'un mur de la salle d'Audience apparut.

-... Pendant que vous vous amusiez avec mes créatures, j'en ai profité pour placer ce bouclier.

Une Keyblade entourée d'une aura de lumière vint à toute vitesse en direction de Maléfique. Au moment où elle rencontra la barrière, le choc produisit des étincelles avant de ricocher quelques mètres plus loin. 

Maxwell a juré entre les dents.

- Il n'y a aucune ouverture, remarqua-t-il. Cette fichue protection est trop puissante.

Il avait une position étrange, avec la main gauche devant et la droite derrière, comme s'il venait de tirer à l'arc.

Maléfique eut un sourire. 

- Ceci fait, il est temps que j'aille récupérer ce pour quoi je suis venue. Adieu, chers porteurs.

Elle brandit son sceptre une nouvelle fois qui se mit à scintiller. C'est alors qu'un mur de flammes vertes de plusieurs mètres de haut apparut devant la porte de la salle. 

- Je n'aime pas ça, s'inquiéta Donald.

Soudain, le mur de flammes se rapprocha lentement de nous. Ce n'était pas très rapide, mais il n'empêche que ces flammes semblaient légèrement différentes des autres : brillantes d'un éclat plus vif. Je ne savais pas ce qu'elles pouvaient me faire... Et je n'avais pas envie de le savoir. Toujours était-il que le feu continuait à approcher. Nous n'avions aucun moyen de nous en protéger, la magie étant inopérante. Et mes amis commençaient à s'en rendre compte. Thomas et Lydia regardaient le mur de flammes d'un air terrifié, Donald et Dingo s'agrippaient l'un à l'autre, mon ami Riku fixait le sol, en colère, Mickey serrait sa Keyblade jusqu'à en avoir les mains qui tremblaient et Maxwell ne lâchait pas Maléfique des yeux. Quant à moi... Je ne savais pas quoi faire. Une fois de plus. Je me sentais inutile, incapable de faire quoi que ce soit. Exactement comme les deux années précédentes, où je ne pouvais qu'attendre le retour de Sora et Riku... Un retour qui n'aurait peut-être jamais pu arriver.

Je ne pouvais plus le supporter.

C'était trop.

C'est alors que je sentis quelque chose de chaud et de réconfortant au niveau de ma poitrine. J'avais peur, c'était vrai, mais il y avait quelque chose d'autre de mêlé à ça : de la colère. Envers Maléfique qui nous mettait tous en danger mais aussi envers moi, pour ne pas pouvoir agir. Néanmoins, cette colère se mua volonté de protéger mes amis. Il était hors de question qu'il leur arrive malheur ! Appel du Destin se mit à scintiller légèrement.

Était-ce... une réponse ?

C'est alors que, suivant mon instinct, je brandis ma Keyblade avant de frapper violemment le sol de toutes mes forces. Une onde de choc lumineuse générée par l'impact envahit alors la pièce. Puis, je relevais la tête. À ma grande surprise, le mur de flammes vertes avait disparu mais il n'y avait pas que ça : toutes les flammes de Maléfique avaient disparu ainsi que les cercles magiques.

Les yeux se tournèrent vers moi. Même ceux de Maléfique. C'est alors que Riku s'approcha.

- Kairi, dit-il, visiblement stupéfait, comment...

Je n'eus même pas le temps de réaliser ce qu'il s'était passé lorsque, soudainement, je me sentis mal. 

Mon ami parut le remarquer.

- Tout va bien ? demanda-t-il, inquiet.

Je voulus faire "oui" de la tête mais je n'en étais pas capable. J'avais la sensation que quelque chose en moi risquait d'exploser. Ma vision se troublait. Je pouvais à peine marcher. Je ne savais pas ce qui était en moi mais elle me détruisait de l'intérieur. Néanmoins, je sentais que je pouvais la relâcher. 

Soudain, je ne pus plus tenir. D'un geste brusque, j'écartais Riku pour avoir la sorcière dans mon champs de vision. Puis, je donnai un coup en arc de cercle dans sa direction avec mon épée. C'est alors qu'un amas de flammes de lumière en forme de croissant de lune se matérialisa avant de se diriger à toute vitesse vers Maléfique, brisant la barrière. Surprise, elle n'eut pas le temps de réagir et se prit le coup de plein fouet.

Un hurlement de douleur retentit. Puis... Silence. On n'entendait plus que nos respirations saccadées dans la pénombre de la pièce. Nous échangions tous des regards inquiets, osant à peine prononcer un mot.

- On dirait que je vais devoir user d’autre chose... retentit une voix féminine.

- Vous... dit Thomas. Qu’est-ce que vous voulez, à la fin ?

- Ce que je veux, Thomas Aiden ? continua la voix de la sorcière. Cela est bien au-delà de tout ce que tu peux imaginer. Et puis de toute façon, tu ne peux rien y faire. Malgré ta... "victoire" chanceuse face à mon subordonné, tu restes encore bien trop faible.

Son subordonné ? Voulait-elle parler du Darkside qu'il a vaincu ?

Les yeux de Thomas s'agrandirent. Il sembla avoir eu un déclic. Lydia et lui échangèrent un regard. Manifestement, les deux avaient abouti à la même conclusion.

- Alors c’est vraiment vous ! S'exclama Thomas. C’est vous qui avez attaqué mon monde !

- Tu n'es qu'un novice sachant à peine manier sa Keyblade, poursuivit la sorcière. Quel gâchis ! Quant à tes pouvoirs... 

De quoi parlait-elle ?

- Qu'est-ce qu'ils ont, mes pouvoirs ? rétorqua Thomas sur un ton de défi.

- ...Enfin, le petit Roi devrait déjà l'avoir remarqué...

Je ne le voyais pas très bien, mais j'étais sûre que Thomas jetait un coup d'œil à Mickey. Ce dernier est resté silencieux.

- Quant à ton monde, poursuivit-elle, tu devrais peut-être te dépêcher de le sauver. Qui sait-ce que je compte leur faire ensuite ?

- Comment ça ? a demandé Maxwell.

- Qu’est-ce que vous voulez faire à mon foyer ?! a hurlé Thomas d’une voix tremblante de colère.

Maléfique éclata d'un rire cruel. 

- Peu importe pour l'instant. Sachez que vous avez eu tort de me défier !

Soudain, une lumière vive éclaira la pièce d'un éclat émeraude. Puis, des flammes de la même couleurs apparurent un peu partout dans la pièce. Lorsque la lumière s'estompa, je n'en crus pas mes yeux. Là où la sorcière se tenait plus tôt se dressait à présent un immense dragon à la peau sombre et aux yeux entièrement verts brillants emplis de cruauté. Il devait bien faire une huit mètres de haut et était presque aussi large que la salle.

- Ce n'est pas bon, fit le roi Mickey.

J'entendis Donald et Dingo pousser des hurlements.

- Cette chose, dis-je, c'est toujours... Maléfique ?

Riku hocha la tête, l'air grave.

Ce dragon était terrifiant. Il nous dominait de plusieurs têtes avec de longs crocs acérés. Je sentis mes membres trembler contre ma volonté.

Comment étions-nous supposés affronter une telle créature ?

C'est alors que le dragon se tourna vers Thomas qui, lui, fixait le sol les poings serrés avant d'ouvrir la gueule.

- C'est à cause d'elle, murmurait-il.

Lydia fut la première à se rendre compte du danger qu'il courait. 

- Thomas ! Attention !

C'était trop tard. Le pauvre reçut les flammes de plein fouet, levant de la fumée.

- Thomas ! hurla Lydia.

Je mis la main devant la bouche. Riku et Mickey ouvrirent grand les yeux tandis que Donald et Dingo ne bougeaient plus. Un silence pesant tomba sur le groupe. On entendait plus que Lydia appeler Thomas encore et encore pendant que le dragon la fixait. Une pensée effrayante me traversa l'esprit. En regardant le visage des autres, je m'aperçus que je n'étais pas la seule.

Il ne pouvait pas être... Non... Pas lui...

C'est alors qu'une main obscure sortit de la fumée et la balaya d'un revers puissant. La fumée se dissipa peu à peu et on put voir un garçon.

Il avait les cheveux très blanc, assez pour être distingués, dans la pénombre. Autour de lui, une aura noire semblait l'envelopper. Une énergie sombre et ancienne dont la puissance se ressentait dans toute la pièce.

Lydia s'éloigna légèrement de lui. 

- Thomas… qu’est-ce qui t’arrives ? demanda-t-elle, la voix tremblante.

Ce n'était pas la première fois que nous le voyions, mais même Riku, Sora et moi n'avions pas la réponse. Lydia avait raison de se poser cette question. 

"Thomas" ignora son amie et s'adressa à Maléfique, un grand sourire aux lèvres : 

- Là, tu m'as vraiment mis en colère.

J'avais un mauvais pressentiment. C'est alors que je m'approchai de Thomas.

Lentement...

Lentement...

Une fois devant lui, je compris d'où venait ma crainte : la lumière des flammes se reflétait à présent sur son visage, laissant apparaitre ce que j'aurais souhaité ne plus jamais voir : des yeux de couleur dorée.