Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 45 : Comme au premier jour

10471 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/04/2024 12:19

[WARNING : Gore / Allusion sexuelle]


Après quelques péripéties impliquant le retour de Naminé dans Kairi, de la même façon que Roxas est revenu en Sora, le jeune Élu a décidé de suivre à nouveau son coeur et de repartir en voyage à travers les mondes en quête de réponse sur comment sauver les deux Similis, ainsi qu'Aqua. Où son coeur le mènera-t-il, et surtout… que découvrira-t-il en chemin ?

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 Donald remua dans les couvertures, quelque peu dérangé par les habituels ronflements de Dingo, avant de doucement laisser l’imaginaire ronronnement du Gummi le ramener aux pays des songes. Ah, que le doux bruit des turbines au-dessus de leurs têtes lui avait manqué…

Jusqu'à ce qu'il réalise que le bruit en question était bien réel et d'ouvrir en grand les yeux.

Le canard regarda autour de lui : le lit en hauteur, la fenêtre et ses étoiles scintillantes, le fauteuil dans un coin, les bâtons et boucliers bien rangés dans leurs râteliers, la table de nuit avec le lit de Jiminy qui y dormait profondément… C'était leur chambre au Gummi.

Mais que faisaient-ils ici ? Ils s'étaient pourtant endormis au QG du Jardin Radieux !

Le ronflement irrégulier lui signala que Dingo se réveillait, et il passa la tête par dessus son matelas pour voir le chien ouvrir des yeux ensommeillés, le saluer machinalement en bâillant, avant de s'arrêter net et de regarder à son tour ses environs, finissant par se frotter les yeux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas.

- Mes amis… vous voyez la même chose que moi ? fit le criquet réveillé lui aussi.

Les trois camarades se fixèrent, muets. Puis d'un même mouvement se dirigèrent tous vers la porte.

La première chose qu'ils remarquèrent en plus du bruit des moteurs, fut la voix familière qui fredonnait dans la pièce commune, l'odeur de cuisine et la lumière du plafond rendu transparent. En arrivant sur place, le trio vit leur protégé affairé à la cuisinière, penché sur ce qui ressemblait à des œufs brouillés au bacon, avant de se redresser en entendant leurs pas.

- Salut ! Vous tombez à pic, je finissais le petit-déjeuner ! s'écria-t-il tout sourire. J'ai aussi fait des pancakes si vous voulez…

Dingo et Jiminy hésitaient entre le remercier et lui demander des explications quand ils virent Donald invoquer son bâton, marcher droit vers l'adolescent tout occupé à sa cuisine, et lui donner un énorme coup derrière la tête.

- AAAH ! Mais ça va pas ? C'est comme ça que tu me remercie pour le petit-déjeuner ?

- C'est très sympa et je te remercie, rétorqua le canard sans ciller, mais qu'est-ce qu'on fait là ?

- On est là parce que je vous ai emmenés, voilà ! répondit Sora en se massant la tête.

- Mais pourquoi tu nous as emmenés ?

- Parce que j'allais pas partir sans vous !

- Et pourquoi tu nous as pas prévenus ?

- Parce que je voulais pas vous réveiller en pleine nuit !

- Mais pour l'amour du ciel pourquoi tu nous as emmenés au Gummi quand on dormait pour partir en pleine nuit au lieu d’attendre demain matin ? s’égosilla le magicien en levant les bras en l’air.

À ces mots, l'adolescent se tut, la moue étrange et se massant obstinément la nuque. Les adultes comprirent que quelque chose clochait et Donald fit disparaître son bâton, observant leur protégé. Après quelques instants, Sora cessa de se masser le crâne et détourna le regard, songeur :

- …Je devais partir, c'est tout. Je sais que c'est bizarre, mais ça pouvais pas attendre.

Les trois amis se regardèrent, puis reportèrent leur attention sur le garçon parti caresser l’étrange fleur bleue trônant sur la table centrale :

- Partir où ? demanda le magicien.

- …Je sais pas, avoua l'Élu après une pause. Je sentais qu'il fallait que je parte trouver un moyen de sauver Aqua, Roxas et Naminé, même si je savais pas par où commencer. Mais…

Il tendit alors la main, et en un éclat Chaîne Royale vint à lui comme elle l'avait toujours fait. L'Élu leva alors les yeux vers le plafond constellé de lumières et brandit sa Keyblade unique, son regard outremer sûr rivé vers les étoiles du firmament comme suivant un chemin visible de lui seul parmi les astres :

- J'ai un peu réfléchi à ce qu’a dit Maître Yen Sid, et j'ai décidé de faire comme j'ai toujours fait : suivre mon cœur.

Et comme pour répondre à sa résolution, la pointe de Chaîne Royale émit un bref éclat, et une des innombrables étoiles scintilla brièvement dans le ciel au-dessus d'eux.

Ses amis contemplèrent le phénomène, puis se retournèrent vers l'adolescent qui toujours souriait, confiant. Ils se sourirent à leur tour, et Donald mit les mains sur les hanches, soupirant doucement :

- Bon, d'accord… Mais tu conduis le vaisseau, alors !

- Hein ? Mais pourqu-!

- Comment veux-tu qu'on sache dans quel Monde atterrir si c'est pas toi aux commandes, hein ? souligna le canard en pointant un doigt vers lui.

Le garçon cligna des yeux un instant, muet, puis sourit doucement et hocha la tête d'un "C'est vrai…". Le magicien lui sourit aussi, avant de rajouter avec fermeté :

- Et surtout, tu nous préviens AVANT de nous emmener en cachette la prochaine fois !

Sora écarquilla les yeux, puis eut un petit rire avant d'acquiescer :

- Promis !


Le reste de la journée s'était déroulé normalement. Sora, suivant l’ordre du canard, avait passé une grande partie de son temps au cockpit, avant de le quitter une fois sûr que le pilotage automatique les dirigeaient bien vers la bonne étoile que lui désignait sa Clé (et son cœur). Le groupe l’avait revu au déjeuner, après quoi il semblait s’être volatilisé ; mais pas pour très longtemps.

Décidant d’aller exercer un peu ses sorts, Donald entendit quelques bruits de combat et de cibles atteintes en entrant dans leur salle d’entraînement et remarqua effectivement l’Élu en plein exercice, quelque chose de brillant tournoyant dans ses paumes avant que n’y réapparaisse sa Keyblade bleu étoiles. Tout occupé qu’il était, il ne remarqua pas le canard s’approcher et sursauta quand il l’appela :

- Hé Sora, ça te dis un petit duel de magie ? fit-il en invoquant son bâton.

L’adolescent marqua une pause, semblant réfléchir, avant de se gratter l’arrière de la tête :

- Ben en fait, je voulais plutôt te demander quelque chose…

Le magicien haussa un sourcil, alors que le Porteur inspirait profondément et fit tourner sa Keyblade brillant intensément :

- J’ai remarqué un truc avec ma magie pendant que j’exerçais mes Transformations, souffla-t-il alors que deux arbalètes azur doré prenaient place dans ses mains.

Pointant les armes vers une cible, le garçon fronça ses sourcils couverts de sueur, et Donald vit une étincelle se charger dans la rainure avant qu’un double trait d’électricité ne parte de chacun des arcs pour frapper leur but en un éclat de Foudre ; le magicien royal se tourna alors vers son camarade incantant un nouveau sort, quand soudain ses armes se métamorphosèrent en faisant jaillir des braises fusant en désordre dans toute la pièce. L’Élu sembla un instant lutter pour garder le contrôle de ses pistolets, avant qu’ils ne reprennent leur aspect initial tandis qu’il rabaissait les bras et se tournait vers son ami :

- Je sais pas pourquoi, mais mon duo d’arbalètes fait ça une fois sur deux quand j’utilise la magie, et elle a l’air de marcher très différemment sous cette forme. Tu crois que je devrais continuer à lancer des sorts pour m’entraîner ?

Donald ouvrit des yeux perplexes au nom qu’avait donné l’adolescent à sa Transformation, et allait hocher la tête quand il vit le tremblement subtil dans les bras du garçon, en plus des grosses gouttes de sueur qui étaient beaucoup trop nombreuses pour un simple entraînement intense. Il allait faire un reproche, mais se retint juste à temps pour comprendre que ça n’aiderait pas, et eut soudain une autre idée :

- Et si on essayait plutôt de se concentrer sur ta magie intérieure, Sora ?

L’intéressé haussa un sourcil, avant de comprendre et de râler en levant les yeux au ciel :

- Oh, tu sais que ma magie marche mieux quand je m’exerce !

- Ça marche surtout pour une magie que tu connais déjà ! rétorqua le canard en pointant un doigt autoritaire. T’apprends souvent vite, mais là t’es clairement en difficulté, alors un peu de méditation fera pas de mal !

L’adolescent n’avait jamais aimé les exercices de concentration, le canard le savait ; mais c’était la base de toute magie, au contraire des attaques physiques basées sur la force brute. Si quelque chose clochait avec les sorts de Sora pendant une Transformation de Keyblade, le premier réflexe était de recentrer sa magie intérieure. Le jeune homme fixa son ami un moment, moue boudeuse, avant de rouler des yeux et de soupirer en dissipant ses armes d’un éclat azur. Donald et lui allèrent s’asseoir sur des tapis de sol, le garçon ramenant ses jambes dans une posture de lotus pas très droite ; l’adulte se racla la gorge, son regard insistant posé sur lui, et l’adolescent se redressa un peu plus correctement, non sans re-soupirer. Satisfait, le magicien commença sa leçon, comme tant d’autres fois auparavant :

- Une bonne méditation commence par le souffle : on se concentre doucement sur sa respiration, sans essayer de la contrôler. Inspiration par le nez, expiration par la bouche ; et pas la peine de me faire cette tête, Sora, on a déjà fait ça plein de fois avant !

L’intéressé retint un grognement et s’exécuta avec son professeur du moment, laissant l’air rentrer dans ses poumons et ses yeux clos pour mieux se concentrer. Son souffle sembla un peu trop hâtif pour son camarade, mais il ne dit rien et attendit de voir si l’adolescent se calmait de lui même ; et effectivement, malgré quelques difficultés à jouer le jeu, le souffle du jeune Élu se ralentit naturellement après quelques minutes de pratique. Le magicien passa donc à la partie suivante de l’exercice :

- Maintenant, pose ton attention sur la magie qui est en ton sein ; n’essaye pas de lui donner forme ou de la changer, prend juste conscience de sa présence en toi.

Le garçon sembla obtempérer, si ses sourcils froncés étaient une indication. Son camarade l’observa un moment, avant d’à son tour effectuer l’exercice quand il estima que son ami n’avait pas besoin d’être guidé.

Sans grande difficulté, le magicien sentit la flamme mystique apparaître en lui ; c’était sous cette forme que la magie apparaissait le plus spontanément chez lui, et ça n’était pas très étonnant vu son caractère explosif. D’ailleurs en y repensant, ça avait été quelque peu difficile pour le canard de correctement pratiquer la magie à cause de ça : son tempérament était certes efficace en termes de dégât, mais ses sorts manquaient terriblement de contrôle et se retournaient plus souvent contre lui que contre ses ennemis. Pour tout avouer, des années lui avaient été nécessaires pour maîtriser sa magie sans tout faire exploser ni blesser sans distinction avec ses incantations.

Enfin, ce n’était pas quelque chose qu’il était prêt à dévoiler à un adolescent certes débrouillard mais refusant régulièrement d’effectuer la partie la plus importante des leçons de magie ; surtout quand en plus il écoutait son professeur une fois sur trois. Et encore, c’était mieux que lors de leurs premiers mois ensemble ; là, ils ne pouvaient même pas rester cinq minutes sans se disputer, et ce quelque soit le sujet : les bonnes manières à table, les tours de ménage, la conduite du Gummi, l’attitude à adopter dans les Mondes, si ils débarquaient dans un Monde, où chercher le Roi…

Involontairement, une flamme s’embrasa dans la paume emplumée du canard, et il rouvrit brusquement les yeux pour l’éteindre en secouant vigoureusement la main, retenant un cri de surprise ; jetant un œil vers Sora, il fut soulagé de constater que l’adolescent était toujours en pleine méditation, attendant vraisemblablement le prochain ordre ou simplement enfin plongé dans l’exercice. Donald sentit un sourire s’esquisser sur ses traits, avant qu’il ne s’efface en se remémorant quelle pensée avait inconsciemment conjuré un Brasier.

La mission du Roi. Celle qui l’avait fait suivre la Clé en tout premier lieu.

Celle qui l’avait fait abandonner un enfant de 14 ans à peine, sans armes et sans personne aux portes d’une forteresse grouillant de monstres affamés de cœurs.

Le magicien serra le poing, sentant à nouveau un Brasier, et peut-être même une Foudre X, picoter sa paume. Oui, il l’avait déjà admit auparavant ; mais repenser à son acte odieux le saisissait toujours de honte. Mission ou pas, ordre du Roi ou pas, il n’aurait jamais, jamais, dû laisser un garçon si jeune et vulnérable sans penser à le mettre d’abord en sécurité. Pour un "Oncle Donald" qui avait dû s’occuper de trois neveux pendant une décennie après la disparition de leur mère, de sa sœur jumelle, il était bien ignoble.

Heureusement, ses regrets l’avaient rapidement fait revenir auprès de son protégé avant que quoi que ce soit de trop grave n’arrive ; mais son acte lui restaient encore et toujours en travers de la gorge. Dès cet instant, il avait refusé de quitter le garçon, Keyblade légitime ou pas ; il ne pouvait plus l’abandonner. Plus jamais.

Kingdom Hearts soit loué, plus aucun évènement ne les avaient séparés de la sorte durant les deux années qui avaient suivies…

Étrangement, un léger doute le prit à cette pensée, comme si… comme si lui et l’adolescent avaient quand même fait chemin séparés, à un moment donné. Un moment… arrivé quand déjà ? Pendant leur deuxième voyage, quand… ils avaient cru Dingo mort à l’attaque du Jardin Radieux ? Non, ça n’avait pas duré plus de quelques minutes… Alors lors de l’échange avec Roxas ? Plus ou moins, mais ils étaient restés ensemble malgré tout ; seules les quelques escapades de l’ancien Simili les avait séparés momentanément… Non, c’était plus long.

Et surtout, plus tôt.

Mais quand ?

…Ça n’avait pas grande importance, non ? L’important maintenant, c’était qu’ils restent ensemble, aussi longtemps que l’adolescent en aura besoin… ou le voudra.

Un soudain éclat de lumière accompagné d’une détonation sortit brutalement le canard de ses pensées ; tournant les yeux vers son protégé, il constata que Sora avait manifestement brisé sa concentration lui aussi, vu son regard stupéfait et les rémanences de Lumière s’évaporant entre ses doigts. Le garçon leva ses yeux écarquillés vers son professeur, interdit :

- …Je te jure que j’étais concentré !

Le magicien retint un sourire devant son air ahuri, mais ne le gronda néanmoins pas en comprenant qu’il était sincère ; après tout, lui-même venait bien de s’auto-cramer les plumes, même s’il était bien content que personne ne l’ait vu.

- Alors, Sora, comment te sens-tu ?

L’adolescent fit la moue, semblant réfléchir, avant de relever ses yeux vers son camarade :

- Plus calme, un peu perturbé par ce… sursaut, mais bien. J’ai pas l’impression d’avoir forcé ma magie… Oh ! Je crois que j’ai trouvé !

Haussant un sourcil surpris devant le soudain éclat de voix du jeune homme, Donald le regarda se relever pour invoquer sa Keyblade et la transformer en arbalètes qu’il pointa vers les cibles ; et cette fois-ci, il les vit se déployer en quatre pointes qui pivotèrent autour d’une pique centrale en déversant des étincelles de Lumière sur son but, sans la moindre trace d’un sort mal lancé. Le garçon arrêta ses tirs, laissant ses armes rependre leur forme normale, et sourit de toutes ses dents à son professeur :

- J’ai tout compris, c’est leur truc spécial ! fit-il en faisant tourner ses arbalètes dans ses mains. Tiens d’ailleurs ça doit être pareil pour le fusil, j’ai pas trop essayé cette forme… Bon j’ai pas encore trop pigé comment la magie marche avec ça, mais au moins je mélangerais pas les deux !

Le magicien le fixa encore un instant, avant de sourire à son tour ; il n’y avait vraiment que Sora pour apprendre ainsi sur le vif ! Tandis que l’adolescent rendait sa forme initiale à sa Clé stellaire, Donald se redressa, et le félicitait quand un soudain grincement suivit d’un vacarme métallique leur fit tourner la tête : les cibles, copieusement arrosées par les rafales du Porteur, venaient de s’effondrer en emportant au passage quelques autres instruments en une chute de dominos géants.

- Bien joué Sora, conclut le canard, mais n’oublie pas de ranger après l’entraînement !


Les jours suivant furent passés à préparer l’arrivée dans le Monde inconnu, et cela incluait le nouvel entraînement de Sora ; ce qui voulait dire plus d’exercices intensifs de sa part, tout spécialement en ce qui concernait ses fameuses Transformations de Keyblade. Donald et Dingo l’assistait à chaque séance, afin de l’aider à comprendre ces formes et adapter leur travail d’équipe ; enfin, c’était la raison officielle.

La raison officieuse, c’était qu’ils avaient bien vite remarqué la pression que s’auto-infligeait l’adolescent, et comptaient bien l’empêcher de se tuer à la tâche ; ils s’inquiétaient déjà bien assez avec les échanges de Roxas et cette Non-Forme aléatoire pour risquer un malaise à leur protégé. Aussi, participaient-ils aussi souvent que possible lorsque le garçon décidait de s’entraîner, ou envoyaient Jiminy garder un œil sur lui quand ils n’étaient pas disponibles.

Si cette aide avait d’abord été bienvenue et permis au jeune homme d’enfin comprendre certaines caractéristiques de ses Transformations, il n’avait cependant pas encore réussi à Transformer sa Chaîne Royale comme Yen Sid l’avait recommandé ; et surtout, il s’agaça vite d’avoir constamment des camarades d’exercice, malgré la précaution de ces derniers. Donald et Dingo furent bientôt face à un adolescent contrarié de les voir à chaque entraînement, et qui rapidement leur demanda direct de le laisser s’exercer tout seul ; ce qu’acceptaient ses gardiens une fois sur deux, à son évidente frustration.

Ils remarquèrent aussi bientôt que Sora se montrait étrangement absent lors des tâches de ménage ou d’entretien du vaisseau, à l’exception faite du pilotage, et qu’il arrivait aussi fréquemment en retard aux repas, lesquels finissaient souvent dans son estomac en un temps record au grand dam de Donald qui lui reprochait son empressement à table. Ces détails n’avaient pas vraiment inquiété les adultes, manquer aux corvées n’étant pas inhabituel au garçon ; néanmoins, d’autres avaient quelques peu attirés leur attention…

Comme cette fois où Dingo l’avait surpris à se regarder longuement dans la salle de bain, bidouillant ses mèches et se mirant de droite à gauche en faisant la moue comme si quelque chose n'allait pas ; le chien ne s’y serait pas plus intéressé si, quelques minutes plus tard, un cri de douleur comme ils n'en avaient jamais entendu auparavant avait retenti dans tout le vaisseau. L’adulte, bientôt rejoint par ses camarades, s’était précipité pour trouver la porte de la salle de bain verrouillée et des gémissement bizarres provenant de l’autre côté.

- Sora, tu vas bien ? s'était enquis Donald.

- …Mouais, avait fini par répondre la voix étrangement étranglée du garçon.

- Tu es sûr ? s'inquiéta Dingo en essayant d'ouvrir la porte.

- OUI !

Sursautant à cet éclat de voix énervé, le trio était resté figé, avant que l’adolescent ne marmonne une excuse en disant qu’il voulait juste qu’on le laisse tranquille. Un peu perplexes, ses amis avaient néanmoins obtempéré et étaient partis ; Dingo ayant cependant cru l’entendre murmurer agacé :

- …La ferme, Roxas…

Le jeune homme était réapparu longtemps après, visiblement irrité et se frottant régulièrement la jambe douloureusement, et toute question sur ce qu’il s’était passé plus tôt fut close d’un regard noir rivalisant avec eux de Donald ; plus aucune mention n’en fut faite, et il tomba dans la liste des évènements étranges. Au contraire de cet autre incident…


Un matin, ils virent arriver au petit-déjeuner un Sora peu réveillé, ce qui était ordinaire, mais surtout le regard distant, ce qui n’était pas ordinaire. Tandis qu’il s’asseyait à sa place, remerciant Dingo qui lui servait son plateau de pancakes aux fruits (ses préférés), le duo le virent sortir son Gummobile pour y pianoter distraitement d’une main, touillant sans conviction son assiette de l’autre ; ce qui suffit pour irriter Donald :

- Sora ? Qu’est-ce qu’on a dit sur le Gummobile à table ?

L’adolescent, probablement pas réveillé, resta concentré sur son appareil jusqu’à ce que le magicien ne l’interpelle un peu plus fort :

- Hum ? Ah, ouais, ouais, pas ça quand on mange… veux juste marquer un truc avant d’oublier…

- D’accord, mais fait ça AVANT d’être à table !

Le garçon répliqua un vague "Huh-uh" avant d’abandonner son assiette pour essayer de taper à deux mains sur son téléphone sans pour autant quitter la table ; le canard manqua de s’agacer, mais vit son camarade reposer l’appareil peu après sans y retoucher et ne dit rien. Le repas se passa normalement, les quatre amis discutant de tout et de rien ; tout était habituel, jusqu’au moment où Jiminy sauta de sa place en direction du Gummobile abandonné sur la table. Immédiatement, Sora plaqua une main possessive sur ce dernier, son regard froncé braqué vers le chroniqueur qui sursauta :

- Enfin Sora, je dois mettre à jour le journal !

- Pourquoi sur le Gummobile ? répliqua un peu défensivement son camarade en reculant l’appareil comme pour le protéger des curieux.

- Sora ! s’exclama cette fois Donald. Jiminy fait tout le temps des copies dessus, tu le sais ! Et on s’était mis d’accord pour dire que le Gummobile est commun mais que tu pouvais le garder tant que tu nous laissais l’utiliser pour nos affaires !

L’adolescent sembla pris en faute, mais garda la main sur le portable sans flancher :

- J’ai pas envie que vous fouilliez dans mes affaires.

- Sora, nous ne voulons pas fouiller…

- Parce que t’as quelque chose à cacher ? s’écria le canard mains sur les hanches en coupant la parole au chroniqueur. Pourquoi t’es aussi secret tout d’un coup ?

- Ça te regarde pas.

- Excuse-moi, mais quand tu veux tout d’un coup pas qu’on touche au Gummobile je pense que ça me regarde un peu ! Et si c’était un truc important que Jiminy pourrait mettre dans son journal ?

- Ah bon, genre comme quand tu t’es enflammé la queue tout seul en voulant m’appendre Brasier parce que ton sort a ricoché juste quand tu te retournais ? ricana à demi l’adolescent en un rictus. Ou quand t’as tellement râlé pendant un combat que t’avais pas à me soigner parce j’avais des Potions et que j’avais qu’à mieux parer et esquiver que t’as même pas remarqué Dingo qui s’était assommé en chargeant un Sans-cœur ? Ou quand tu nous crashés sur un Monde où tu refusais d’aller juste parce que tu pensais pas que le Roi y était…

- Hé là, c’est toi qui a pris les commandes de force ce coup-ci ! rétorqua le magicien en se levant sur sa chaise. Et puis tu m’as cramé aussi quand tu as lancé Brasier la première fois ! Et-

- Ça suffit vous deux !

Les deux querelleurs brisèrent leur combat de regard pour le braquer vers Dingo, lequel venait de hausser la voix. Un bref affrontement visuel eut lieu entre les trois ; puis Sora s’affala sur sa chaise la moue boudeuse, bras croisés et Gummobile jalousement gardé en main, tandis que Donald marmonnait quelque chose d’incompréhensible.

- Sora, commença le capitaine de sa voix parentale, on comprend que tu veuilles pas qu’on regarde tes affaires, mais Donald a raison concernant l’utilisation du Gummobile. On pourra demander à Cid ou Ienzo s’ils peuvent faire en sorte que personne à part toi accède à tes notes, mais pour l’instant tu dois partager l’appareil avec nous, d’accord ?

L’adolescent sembla considérer la chose, regard au sol ; puis il ferma les yeux et soupira :

- OK… mais je veux pas que vous y touchiez avant que j’ai terminé mon truc.

Dingo et Jiminy sourirent et acquiescèrent tandis que Donald râla encore un peu mais laissa tomber l’affaire. Le repas s’acheva normalement et les deux natifs du Château Disney rangèrent la table, laissant le garçon finir de bidouiller son appareil. Tandis qu’il débarrassait, le canard jeta un œil vers lui : il venait de s’arrêter de pianoter et semblait réfléchir, poing contre la joue, yeux dans le lointain et Gummobile dans une main. Distraitement, le regard du magicien glissa vers l’écran…

fait rêve très bizarre

volais dans nuage et soudain vu Kairi

mes mains posées sur elle la sentait contre moi

bizarre parce c’était comme si avaient pas de

gênant et si près et envie d’elle veut dire avec elle

la sentait contre moi et si proches et–

- DONALD ?!

Soudain l’écran sortit du champ de vision du canard qui sursauta et leva les yeux vers l’adolescent ; Sora le foudroyait maintenant du regard, ses iris outremer teinté d’un éclat trahi, et sans laisser le temps de réagir lui cracha :

- Tu m’espionne maintenant ?

- N-Non, j’espionnais pas…

- Vraiment ? Tu crois que je t’ai pas vu lire dans mon dos ?

- Non, j’ai juste vu de travers-

- Sérieux tu peux pas me ficher la paix et t’occuper de tes affaires ! Ça te regarde pas ! hurla cette fois-ci l’adolescent tout rouge en se levant brusquement de sa chaise.

Piétinant le sol d’un pas lourd, le garçon se rua dans sa chambre et claqua la porte si fort derrière lui que la feuille "Interdiction d’entrer" manqua de se décrocher. Un long silence figea la pièce, avant qu’une voix ne brise la stupéfaction générale :

- Tu n’as quand même pas fait ça, Donald ?

Le canard se tourna vers Dingo figé en plein dans sa vaisselle, main à la bouche en une posture indignée, et secoua vigoureusement la tête en posant ses assiettes sur la table :

- Non ! J’ai pas… c’était un accident ? marmonna-t-il, regardant le sol avec culpabilité.

- Tu as vraiment lu son journal ! s’offusqua Jiminy.

- Non ! J’ai juste tourné mon regard vers l’écran deux secondes, j’espionnais pas ! se défendit le magicien en tapant du pied. J’ai même pas vraiment lu, j’ai juste vu deux-trois trucs de travers ! Je vous jure !

Ses camarades se consultèrent du regard un moment, avant de se tourner vers lui :

- Il n’empêche que tu as regardé dans son… journal intime sans sa permission, pouvons-nous dire, argua le chroniqueur.

Donald allait rétorquer, mais compris bien vite qu’il avait raison et ferma le bec, cette fois furieux contre lui-même. Le capitaine se rapprocha, se tordant les mains, et lui dit :

- Je comprends que t’ai pas fait exprès, mais je crois que ça a beaucoup blessé Sora…

- …T’as raison, admit le canard en défaite. Je m’excuserai, enfin, quand Sora voudra bien nous parler…

- Quelque chose me dit que c’est plutôt à toi qu’il ne voudra pas parler…

Comme Jiminy l’avait pressenti, l’adolescent évita rigoureusement le magicien de toute la journée une fois sorti de sa chambre où il s’était enfermé jusqu’au déjeuner ; il ne lui adressa même pas la parole, se contentant de l’ignorer, au désespoir et agacement de ce dernier. Il fallut attendre le milieu du dîner (auquel le garçon avait été une fois de plus en retard) pour que Donald ne parvienne à donner ses excuses au jeune homme sans qu’il ne s’en aille brutalement ou essaye délibérément de ne pas l’entendre : et encore, Sora refusa de croiser le regard de son ami, gardant ses yeux boudeurs obstinément rivés vers un point invisible au mur.

Il finit néanmoins par hocher distraitement la tête, ses iris blessés mais attentifs contemplant sans conviction son assiette à peine entamée, et l’adulte fut soulagé qu’il ait quelque peu accepté de l’entendre ; même s’il était clair qu’il ne l’avait toujours pas pardonné.


Cependant, les trois adultes eurent par la suite l’impression que le garçon les évitait ; ils ne le croisaient guère plus qu’aux repas, et encore moins à la salle d’exercices qu’il semblait avoir étrangement désertée. Ils espéraient que c’était juste parce qu’il voulait être seul aux entraînements, mais le peu de conversations qu’il acceptait de rejoindre et les réponses vagues qu’il donnait commençait sérieusement à les inquiéter ; et si le canard n’avait pas trop insisté pour ne pas vexer l’adolescent après leur incident, Dingo et Jiminy ne s’étaient pas privés de lui en faire part.

- Ah, OK… je suis juste occupé à préparer notre arrivée dans le prochain Monde… et j’ai un peu de mal à dormir, j’ai plus trop l’habitude du vaisseau Gummi en fait… furent ses seules réponses.

Si c’était certes des arguments valables, ils restaient beaucoup trop vagues pour expliquer son comportement. D’autant plus que le trio avait aussi remarqué que le garçon semblait toujours épuisé et en sueur quand il le voyait, encore plus les rares fois où ils le surprenaient sortant de la salle d’entraînement, dans laquelle il paraissait rester un temps bien trop long ou à des horaires bien trop décalés pour être raisonnables.

Une nuit, Jiminy resté veiller un peu tard pour mettre à jour ses notes crut entendre des bruits sourds venir du couloir, malgré les cloisons plutôt bien insonorisées. Lorsqu’il alla enfin voir ce qu’il se passait, le corridor était vide ; mais la porte du mini-gymnase était entrouverte. Quant à celle de Sora, d’habitude à peine entrouverte la nuit, elle était complètement close.

Le chroniqueur soupçonna que leur protégé venait de faire une séance tardive d’exercice ; mais en l’absence de preuve et devant l’heure bien avancée, il ne put que garder ceci à l’état de soupçons.

Du moins, jusqu’à ce que Dingo n’en ait la douloureuse confirmation quelques nuits plus tard.


Le chevalier finissait de vérifier les réglages du vaisseau ; n’ayant pas réussi à s’endormir, il avait préféré monter au cockpit pour surveiller leur navigation nocturne un temps. Il fut un temps où les veilles nocturnes étaient obligatoires pour éviter de se perdre ou finir explosés par une attaque surprise, bien avant que Cid n’installe leur auto-pilotage ; Sora n’avait jamais aimé ça, et avait été aussi soulagé que ses camarades lorsque le technicien avait implanté une alarme et un vol automatisé, en plus d’aménager le Gummi pour qu’ils aient enfin des pièces et chambres où dormir. Le capitaine pouvait l’avouer, ça avait été un soulagement pour eux tous de ne plus avoir l’impression de voler dans une pauvre boîte de conserve en gomme…

L’adulte vérifia une dernière fois les commandes, puis prit l’échelle jusqu’aux chambres, espérant pouvoir enfin trouver le sommeil.

Quand il remarqua la porte de la salle d’entraînement entrouverte.

Le chien s’arrêta, et dans ce court silence perçut les sons qui perçaient à peine le battant : des mots, si bas qu’on ne pouvait que les entendre sans espérer les reconnaître. Mais il reconnut sans hésitation la voix.

C’était Sora.

L’adulte s’approcha doucement, inquiet de savoir son ami manquer de précieuses heures de sommeil ; et ce faisant, entendit enfin les paroles parvenant de derrière la porte :

- …pas si je pourrait l’avoir avant qu’il arrive quelque chose… Roxas, c’est peut-être ça la solution depuis le début… je sais, mais on a peut-être plus beaucoup de temps… on peut pas les laisser t’avoir, je t’ai promis… Roxas… ça a bien marché la première fois.

Juste quand ces mots furent dits, il atteignit enfin la porte lui cachant la scène qu’il ne pouvait qu’entendre.

Et le cœur de Dingo s’arrêta net.

Au beau milieu de la salle, dressé tel une ombre semblant se fondre parmi celles de la pièce et replié sur lui-même comme une tour prête à s’effondrer, se tenait Sora, tête basse, presque dos à la porte et Chaîne Royale entre ses mains.

Pointée contre son cœur.

Soudain une scène précise, une seule, sauta aux yeux de Dingo : Sora, de deux ans plus jeune et une autre Clé sombre entre les mains, enfonçant sans hésitation la pointe acéré profondément dans son torse, et disparaissant sans laisser d’autres traces qu’une myriade de lueurs se dissipant dans les airs.

Et lui n’avait même pas réagit pour essayer de les retenir un seul instant.

La Keyblade bougea à peine, comme un mouvement de recul avant de se planter dans sa cible palpitante : et au même moment Dingo se reprit enfin et avança sans aucune hésitation.

- Sora.

Sa voix douce et inquiète coupa le silence, et grâce au ciel fit réagir le corps immobile de l’Élu ; mais il ne parla pas, ne se retourna pas. Le capitaine leva une main vers lui, ses yeux ne quittant pas une seconde l’arme toujours plaquée sur le cœur du garçon, et fit un pas.

- …Tu devrais pas être là.

La voix, faible mais bien audible, arrêta aussitôt le chevalier dans son élan. Le visage bas, ses mèches brunes masquant presque tout son visage, le jeune homme soupira, presque en supplication :

- Ne reste pas là, Dingo. Vas-t-en.

La défaite dans son timbre et ces derniers mots frappèrent le capitaine en plein cœur ; cependant, il refusa de laisser celui du Porteur être frappé par la Clé qui le menaçait.

Pas cette fois.

- Sora… Qu’est-ce qui t’arrive ?

Sa question fit trembler l’adolescent, et il le vit se mordre la lèvre :

- Il faut que tu partes, je dois être seul…

- Je peux pas faire ça.

La réponse ferme sembla braquer le Porteur qui resserra sa prise sur l’arme, et l’espace d’un instant le chevalier crut bien qu’il s’était enfin poignardé ; mais celui d’après, le corps chétif du garçon se recroquevilla encore un peu, et un faible murmure s’échappa de ses lèvres :

- Il faut que je le fasse. Pour Roxas, pour qu’il…

- Qu’est-ce que tu dois faire pour Roxas ?

Un silence agonisant fut la seule réponse pendant un temps interminable ; puis contre toute attente, un léger rire, presque trop sincère pour être réel, s’éleva de l’adolescent qui semblait regarder dans le lointain comme pensif :

- C’est marrant, mais j’ai pas arrêté de penser ces derniers temps qu’on avait peut-être la solution sous les yeux depuis le début, et… si c’est ça, alors pourquoi attendre encore…?

- Tu ne vas quand même pas dire que te poignarder va aider Roxas !

Sora ne répondit rien à l’exclamation de son ami, bouche résolument close ; puis il baissa la tête, comme résigné :

- Ça a bien marché la première fois… alors, pourquoi pas-

- Mais s’il t’arrivait quelque chose comme la dernière fois ?

- Ç-Ça va aller, assura l’adolescent malgré ses tremblements, ça allait la dernière fois…

- Kairi n’est pas là cette fois.

Le sursaut soudain qu’eut le garçon prouva qu’il avait atteint un point important ; mais il ne lâcha pas son arme. Dingo compris qu’il pouvait continuer et s’avança encore doucement :

- Sora, je sais que tu veux aider Roxas, tout le monde le veux, mais c’est pas en-

- Tu peux pas comprendre !

Ce soudain éclat fit presque reculer le chevalier, alors qu’à son affolement le jeune homme serrait encore plus fort la tige entre ses mains, semblant sur le point de s’empaler sans autre forme de procès. L’Élu haleta, serrant les dents comme pour se préparer à l’impact, puis murmura faiblement :

- Ça dure depuis trop longtemps, je… Je peux pas garder Roxas enfermé dans mon cœur, pas un instant de plus. A-Alors j…

Tandis qu’il parlait, sa main pivota pour soutenir la tige par dessous comme pour s’assurer qu’elle ne lui glisserai pas des mains, ou qu’il ne puisse plus revenir en arrière une fois le geste commencé. Dingo se figea en voyant la pointe se presser de plus en plus fort contre la poitrine sans défense du jeune homme ; et malgré lui, fit un pas déterminé en avant :

- Tu dois vraiment faire ça pour l’aider ?

Sora ne bougea pas, mais sa lèvre tremblante témoignait de son conflit.

- Il faut faire quelque chose ; je dois faire quelque chose, peu importe ce que c’est.

- Tu crois que Roxas veut ça ?

Ces mots eurent l‘effet d’un électrochoc chez le jeune homme, tandis que l’arme s’espaçait légèrement de sa poitrine. Il sembla fixer un point lointain, avalant difficilement sa salive :

- J… Je… C’est pas…

- Tu lui as demandé son avis ? demanda doucement le capitaine en s’avançant encore un peu.

En le voyant détourner la tête, il sut tout de suite la réponse. Le chevalier réfléchit un instant : Sora n’avait pas lâché la Clé, et s’il n’avait plus l’air aussi sûr qu’avant il était toujours dangereusement près de se faire du mal. Dingo contempla son protégé semblant tellement perdu, tellement fragile… Il avait peut-être une idée pour le dissuader, mais ça pouvait tout aussi bien avoir l’effet inverse…

Il fallait tenter le coup. Pour les sauver tout les deux.

- Sora, murmura-t-il le plus doucement du monde. Si tu forces Roxas à être là d’une manière qu’il ne veut pas, même si tu penses que c’est la meilleure chose à faire… Ce n’est pas mieux que de lui imposer de disparaître juste parce tu étais incomplet sans lui.

Le sursaut qui agita le corps figé de l’adolescent à ces mots fit comprendre au capitaine qu’il avait touché la corde sensible ; mais sans lui indiquer si c’était en bien ou en mal. Le temps s’écoula, inexorable. Aucun des deux camarades ne bougea. Le silence semblait avoir tout figé.

Puis, lentement, la Keyblade presque plaquée contre le cœur de Sora s’abaissa un tout petit peu. Dingo s’autorisa enfin à respirer un peu, et s’approcha encore :

- Je sais que tu veux pas lui faire de mal, et que tu désires l’aider plus que tout ; mais tu ne peux pas non plus te faire du mal juste pour le sauver.

Les mains du garçon se crispèrent sur sa Clé, mais il ne bougea pas, seul un souffle tremblant trahissant l’émotion qui agitait son cœur. Le chevalier prit ça pour un bon signe et continua :

- Même si c’est une façon de l’aider, c’est sûrement pas la seule ; et se précipiter sans réfléchir ne fera du bien à personne, ni à Roxas, ni à toi. Et même si tu penses peut-être le contraire… Personne ne sera heureux si Roxas est là mais pas toi. Ni moi, ni Donald ou Jiminy, ni le Roi, ni nos amis au Jardin Radieux, ni Axel, ni Riku, ni Naminé… ni Kairi.

Ce petit mot sembla toucher l’adolescent jusqu’au cœur ; néanmoins, il raffermit sa prise sur Chaîne Royale, comme pour se raccrocher à cette idée qui secouait pourtant ses membres de soubresauts traîtres. Dingo sentit qu’il allait basculer d’un côté ou de l’autre ; et il ne voulait surtout pas rester sans rien faire pendant qu’il prenait cette décision.

Alors, s’avançant une dernière fois, le chevalier posa sa main sur l’épaule tremblante du jeune homme, et doucement, lui murmura :

- Tu te souviens de ce nous t’avons dit à la Ville de Traverse, juste après notre première rencontre ? Un pour tous, et tous pour un.

Sora se figea complètement, Keyblade abaissée et bouche bée. Dingo avala sa salive et ses larmes, et murmura doucement au garçon qu’il avait protégé et vu grandir pendant deux ans :

- Tu n’es pas tout seul. On est là pour t’aider. Alors, s’il te plaît…

Sa main se posa délicatement sur celle serrant encore obstinément la tige de Chaîne Royale, et lentement, abaissa la Clé loin du cœur qui battait fort sous ses doigts.

- Ne fais pas quelque chose d’aussi grave pour les sauver.

Sora ne bougea pas, son regard caché sous sa frange en bataille baissé comme réfléchissant intensément ; ou juste perdu dans le tumulte de ses émotions.

Et en un lent geste et tintement métallique, Chaîne Royale lui tomba des mains et s’échoua par terre.

L’adolescent resta longtemps ainsi, tête basse et mains figées à demi en l’air ; puis doucement, ses bras retombèrent lourdement à ses côtés. Dingo se pencha pour croiser le regard de son protégé ; un regard qu’il vit à peine, mais qu’il devinait déjà par l’expression distante que trahissait son visage. Le chevalier passa les mains autour de ses épaules, et lui sourit avec réassurance :

- Allez, viens Sora.

Et, quittant la salle d’entraînement, le capitaine guida l’adolescent vers la cuisine, laissant derrière eux Chaîne Royale abandonnée sur le sol dur et froid.


Dingo posa la tasse fumante devant Sora et s’adossa au comptoir pour boire son café ; il n’aimait pas trop ça, mais il lui fallait un bon remontant après ce qu’il s’était passé. Et la boisson le garderait alerte si son camarade avait besoin de lui. Le capitaine but quelques gorgées, puis reporta son attention sur le garçon assis face à lui : il n’avait pas bougé, n’avait pas touché sa tasse pourtant alléchante, remplie d’un chocolat chaud aux guimauves et chantilly, sa boisson préférée. Son regard bleu terne fixait le vide sans ciller, comme absent et… épuisé ? Ce comportement inquiétant angoissa encore plus l’adulte, qui après l’attitude pratiquement suicidaire de son protégé se sentait d’autant plus démuni devant sa détresse apparente.

- Je sais pas d’où c’est sorti.

Surpris par la soudaine prise de parole, le chien resta muet un instant, contemplant l’adolescent qui baissait encore plus la tête, le visage défait :

- …Je comprends pas trop moi-même, c’est comme si… parfois, j’étais vraiment triste ou épuisé tout d’un coup… Je devrais pas sentir ça sans raison, non ? murmura l’Élu, ses iris nébuleux miroitant subitement.

Devant la question, le chevalier se tut un moment, jaugeant la silhouette si frêle du garçon face à lui, et qui tout d’un coup lui rappelait une autre silhouette différente mais bien familière d’un lointain souvenir. Puis, il ferma les yeux et inspira profondément, avant de reporter son attention sur le jeune homme :

- C’est vrai que ça fait bizarre, mais peut-être… ton cœur sait que quelque chose ne va pas, mais ta tête n’a pas encore trouvé quoi. C’est pas grave si tu sais pas pourquoi tu te sens comme ça, il faut juste… ne pas faire comme si tout allait bien quand c’est faux. Peut-être aussi que… c’est Roxas qui ressent quelque chose et que ça déteint involontairement sur toi…

Le garçon s’affaissa un peu plus après cette phrase, et le capitaine s’en voulut de lui avoir rappelé la situation incertaine de son double et baissa le nez dans sa tasse qu’il tritura nerveusement dans ses mains. Alors qu’il cherchait les mots pour remonter le moral de son ami, un souffle presque inaudible lui parvint :

- …je sais plus qui faire… tout est ma faute…

Levant aussitôt les yeux, le chevalier vit son protégé se mordre la lèvre comme pour retenir ses larmes, serrant son bras en tremblant. Sa détresse lui fendit le cœur ; mais par-dessus tout, alluma une colère envers ceux responsables du sentiment qu’exprimait l’adolescent :

- Ta faute si quoi ? L’Organisation a truqué ton Examen pour te faire perdre ton pouvoir et t’empêcher d’aider Roxas ?

- Si je suis si faible.

Cette réponse figea Dingo, assez longtemps pour entendre Sora murmurer :

- J’ai pas pu éviter le piège de Xehanort, j’ai pas pu avoir le pouvoir de l’Éveil, j’ai pas pu aller sauver Aqua, j’ai pas pu protéger Roxas, j’ai pas pu me souvenir de ce que j’avais fait pour l’aider, j’ai pas pu vous protégez quand Xehanort a possédé Axel, j’ai…

Un sanglot interrompit sa tirade désolante ; et en un son presque inaudible, sa voix brisée s’éleva :

- J’ai été trop faible pour faire quoi que ce soit.

Dingo resta muet, alors que l’adolescent fixait sans vraiment la regarder sa tasse devenue froide. Puis le chevalier ferma les yeux, inspira profondément, et posa son regard bienveillant sur le jeune homme devant lui :

- Un jour, quelqu’un qui compte beaucoup pour moi a dit quelque chose que je n’oublierai jamais : "Même si mon cœur est faible, il n’est pas seul. Il s’est attaché aux amis que je me suis fait, et je suis devenu une partie de leur cœur, tout comme eux une partie du mien. Je n’ai pas besoin d’arme ; mes amis sont ma force".

Sora écarquilla les yeux, et les leva sur l’adulte qui s’approcha de lui et serra doucement son épaule sans jamais laisser son regard quitter le sien :

- Tu n’es pas faible, Sora ; et même si c’est ce que tu ressens, tu n’es pas tout seul. Tu as tes amis avec toi, pour te soutenir peu importe les obstacles. Et si jamais tu tombes en chemin, où que tu sois, nous serons tous là pour te retrouver et te relever, quoi qu’il arrive.

Devant lui, Sora n’avait toujours pas bougé, les yeux brillants et rivés sur le chevalier qui lui sourit doucement. Puis son regard se détacha lentement de son camarade, semblant considérer ses paroles ; sans attendre de réponse, le chien passa ses bras autour du garçon qui se raidit brièvement, mais le laissa l’enlacer sans rien dire.

Et tout à coup, l’adolescent se défit lentement du câlin, et quitta la table en remerciant son ami d’un tout petit "Merci Dingo…" ; puis partit sans un mot dans sa chambre, son regard ne quittant jamais le sol.

Le chevalier ne put que le regarder s’éloigner, ne remarquant même pas Donald levé de bonne heure lui demandant ce que faisait l’adolescent debout si tôt, et contempla tristement la tasse de chocolat intacte abandonnée sur la table.


Le trio avança en silence dans le nouveau Monde désert qu’il avait accosté. Donald et Dingo avançaient prudemment, chacun d’un côté de l’Élu, en contemplant le triste horizon autour d’eux ; et tout ce qu’ils pouvaient affirmer, c’était qu’ils n’aimaient pas vraiment cet endroit.

- Cet lieu est vraiment lugubre, s’inquiéta Jiminy perché sur le chien.

- Sora, t’as une idée de où on est ? finit par demander ce dernier, tournant son regard vers le garçon un peu en arrière.

Ce dernier secoua la tête, ne semblant pas plus à l’aise qu’eux, avant de s’arrêter en avant du paysage gris comme pour chercher un point de repère.

- Oh, mais où est-ce qu’on est ? marmonna le canard en se mordant les ongles, les plumes hérissées.

- Je sais pas, finit par souffler l’adolescent près de lui en contemplant les lieux ocres, mais j’ai pas envie de rester ici.

- Oh, vous partez si tôt ?

Dingo et Donald se retournèrent d’un bond vers la voix non reconnaissable, pour découvrir au milieu des rochers une distordue silhouette encapuchonnée d’un sombre manteau bien reconnaissable.

- L’Organisation XIII ? s’étrangla le magicien en prenant une pose de combat.

- Ah, vous n’allez pas faire du délit de faciès quand même ! râla mollement l’inconnu.

- Pourquoi t’as leur manteau alors ? rétorqua l’Élu juste derrière ses camarades.

- Sérieusement, c’est vraiment le manteau qui fait le membre ? fit la silhouette en haussant les épaules.

- Ça répond pas à notre question ! répliqua le chevalier bouclier déjà à la main. Tu es de l’Organisation ou pas ?

- Organisation, pas Organisation, Keyblade, pas Keyblade…

- Mais qu’est-ce qu’il raconte…?

- Bon ça suffit ! s’écria Sora près du capitaine. Qu’est-ce que tu fais là ?

- Moi ? C’est si gentiment demandé à quelqu’un qui veut aider !

Donald et Dingo se figèrent, méfiant. L’Élu devant eux observa l’inconnu, puis osa demander en penchant légèrement la tête :

- Aider ? Comment ça ?

La silhouette noire pencha la tête comme une bête curieuse, puis un étrange murmure s’échappa d’elle, presque comme un sifflement tandis que les deux camarades auraient juré voir quelque chose briller sous sa capuche sombre :

- Comment ? Oh, mais tu sais déjà…

Dingo vit son ami juste à côté de lui froncer les sourcils.

Et soudain, un éclair noir passa tel un train lancé à toute vitesse entre Donald et Dingo. Un craquement humide retentit.

Et puis, l’Élu n’était plus là.

Choqué par la soudaineté de l’évènement, les trois amis mirent une seconde à retrouver leurs esprits, avant d’enfin se retourner vers le spectacle derrière la silhouette entre eux.

Le sang était partout. Sur le sol entre eux, les rochers au milieu, en traînée dans la poussière, sur la poigne gantée tenant l’arme nonchalante, sur le manteau noir, sur la silhouette juchée comme un rapace sur sa carcasse. Sur Sora, sur ses mains flasque ou tendue fébrilement comme pour retenir la lame ayant déjà frappé.

Sur la Keyblade aux horribles ailes de chauve-souris, son œil unique semblant dardé sur les éclaboussures carmin auréolant le garçon cloué au sol par les bords acérés plantés dans sa poitrine déchiquetée. Un autre craquement retentit sec, et en un gargouillement cruel l’arme tueuse s’arracha du cœur brisé de l’adolescent aux spasmes fiévreux et inutiles.

- SORAAA !

Les trois amis retrouvèrent soudain leur liberté de mouvement et se précipitèrent en panique auprès du corps abandonné pour le sauver, leurs mains se pressant contre la plaie béante pour contenir le sang restant ; mais la soudaine froideur et inertie de la dépouille leur hurla la vérité.

Sora était mort.

Sora était mort.

Muet, incapable de bouger désormais, Dingo ne put que fixer le visage livide du protégé à qui il avait failli ; les larmes inondèrent ses yeux, à l’image de celles qui venaient de quitter ceux maintenant et à jamais clos de l’adolescent. Il était si jeune… trop jeune… pourquoi… pourquoi ça ?

- Oh, pourquoi cette tête ? C’est bien ça que tu voulais, hein !

La voix, si nonchalante après un tel acte, alluma une colère comme nulle autre pareille dans le cœur de Donald serrant son bâton inutile, n’ayant comme d’habitude pas pu protéger, pas pu sauver celui dont il avait la charge.

non… Non…

Les trois amis se figèrent, avant de lever leurs regards humides derrière eux, là où s’était trouvé Sora juste avant sa fin ; et virent se tenant à sa place un corps très familier qu’ils ne connaissaient pas, le corps d’un adolescent vêtu de blanc et gris, aux mèches blondes et aux traits indistincts.

Un jeune garçon dont ils étaient sûrs de savoir le nom, mais qui malgré tout leur échappait.

Roxas ?

Un garçon qui fixait ses mains tremblantes devant lui ; des mains maculées de sang.

Et qui leva ses yeux vers le corps sans vie à leur chevet, des yeux familiers d’un bleu plus céleste que le plus beau ciel sans nuage, mais emplis de désespoir ; et la voix connue s’éleva, tremblant comme un refus qu’on ignore :

- Non ! Je… je voulais pas ça ! Pas ainsi, pas comme ça ! Je voulais pas ! Je voulais…!

Donald et Dingo fixèrent tour à tour le corps nouveau vivant loin d’eux et le corps brisé sans vie à leurs pieds, le sang étalé sur le sable et le sang couvrant les mains du coupable étant le même.

Non, ça pouvait pas être ça, ça pouvait pas… Pourquoi Sora devait-il être sacrifié pour Roxas ? Pourquoi devait-il mourir pour lui ? Ça pouvait pas se passer, ça pouvait pas être réel ! Pourquoi ç-? Réveillez-vous !

Le sang était partout, même dans leur vision ; le corps brisé, la Clé maculée, leurs mains tachées et inutiles, le sol éclaboussé, le corps brisé, les mains tachées, le sol maculé, leurs cœurs brisés, leur âme blessée, leurs cris brisés, leurs corps secoués… Réveillez-vous ! Réveillez-vous les gars !

Donald ! Dingo ! Réveillez-vous !

Dingo ouvrit soudain les yeux, à peine conscient de la main chaude qui l’avait tiré des draps humides de sueur ; hagard, il regarda presque fébrilement aux alentours, croyant remarquer dans un coin de la chambre Donald tombé du lit et réveillé lui aussi. Mais surtout, il perçut une masse floue de teinte hâlée aux deux taches marine devant lui, laquelle le secouait encore un peu. Se frottant les yeux pour en effacer le sommeil, il distingua enfin les traits de la forme leur faisant face.

Les traits de Sora, les observant avec inquiétude de ses iris outremer profond.

Le chevalier mit un instant à comprendre ce qu’il voyait et fixa l’adolescent devant eux, son torse dénudé, ses mèches encore plus décoiffées que d’habitude et ses mains agrippant toujours ses compagnons maintenant bien réveillés.

- Sora…? murmura Jiminy, comme incrédule.

Juste à ces mots, le jeune homme lâcha l’épaule de ses amis pour saisir doucement leurs poignets et, en un geste lent mais sûr, apposer leurs mains sur sa poitrine à découvert. Surpris par le geste, le duo allait bredouiller une question quand la voix du garçon s’éleva à leur place :

- Il est toujours là, tout va bien. Ça va aller les amis.

Et juste en même temps, ils perçurent enfin ce que leur protégé voulait leur faire sentir.

Son cœur, battant vite mais régulièrement sous leurs doigts, pulsation puissante et bien présente malgré la chaude barrière de chair et d’os qui le séparait du monde extérieur. Perdus, les adultes levèrent les yeux vers ceux brillants mais droits du garçon ; et inspirant profondément, Sora leur dit, une dernière fois :

- Je vais bien. Je n’ai rien.

Et ils réalisèrent enfin.

Tremblant, Dingo leva son autre main, et la tendit avec hésitation vers leur protégé avant d’enfin la poser avec douceur sur sa joue, Donald effleurant de même son épaule. Le garçon pencha alors la tête contre la paume qui le touchait avec fébrilité, un petit sourire tremblant éclairant ses traits, alors qu’il continuait de regarder ses amis avec douceur malgré la peur qu’on percevait encore au fond de ses yeux outremer.

Et ils surent que c’était vrai.

Les adultes tremblèrent, muets ; puis d’une même impulsion, se jetèrent contre le corps chaud et en vie de l’adolescent qui les enlaça sans hésitation, son cœur battant au rythme inquiet mais soulagé de ses camarades. Donald, Dingo et Jiminy serrèrent très fort leur garçon contre eux, n’essayant même pas de retenir les larmes qui avaient mouillés leurs yeux dès qu’ils avaient réalisé que tout était vrai, que leur Sora était bien là, et bien vivant.

L’Élu ne les lâcha pas non plus, comme pour se rassurer autant qu’ils les rassuraient eux ; et tout en les enlaçant, il murmura doucement qu’il était bien là, qu’il allait bien, que c’était qu’un cauchemar, qu’il n’avait rien, que tout irait bien et qu’il les abandonnerait jamais.

Sora garda un long moment ses amis contre lui, les serrant pour leur prouver que ce mauvais rêve était fini et qu’il n’avait rien ; mais surtout, serrant contre lui une autre présence invisible, intangible mais bien réelle ; et, levant ses yeux humides vers la fenêtre constellée d’étoiles infinies où une seule scintillait doucement, il murmura, si bas qu’aucun d’autre que lui n’entendit :

Tout va bien Roxas, je suis là. Je vais bien. Je t’abandonnerai pas.

Je te promets, je ne te ferais jamais ça. Plus jamais. Même si…

C’était la seule solution.

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