Le Chevalier Oublié

Chapitre 1 : Poursuite

781 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/10/2017 01:01

L’homme en noir fuyait à travers la lande et je le poursuivais depuis des semaines ou plus.

J’avais perdu le fil après la sortie des domaines des chefs de clans bordant le territoire du roi Loth.


L’air était humide et dense, si bien que chaque inspiration me donnait l’impression d’inhaler le brouillard, qui tel un poison gris et venimeux semblait tombé d’un ciel de plomb sans fin.

Celui-ci se mêlait au sol en d’imperceptibles volutes. Là où la tourbe et les quelques herbes moribondes recouvraient le bruit de mes pas.

J’avançais inexorablement, décidé à en finir, à venger mon roi et l’honneur de Lancelot, le plus brave et le plus digne d’entre nous tous. Lancelot, qui pourtant, avait été corrompu au plus profond de son âme et menait maintenant une véritable purge visant quiconque avait siégé à la table ronde.


Éliminer l’homme en noir était devenu mon but, ma quête, mon Graal... Bon dieu, Arthur se serait bien payé ma tronche tiens. Mais il n’était plus là ! L’exil avait été son salut.

Ainsi, depuis que Kaamelott était tombé, je filais le train à celui qui se faisait appeler Méléagant. Et il me donnait du fil à retordre le salopard, mais tôt ou tard j’allais l’avoir, j’allais le coincer pour lui faire sortir les noyaux par les orbites et m’en servir pour décorer ma cheminée. On allait voir si le démon était capable de souffrir… et quelque chose au fond de moi me disait que oui.


J’avançais péniblement et de temps en temps je notais les vestiges d’un feu ou les restes d’un repas, jamais grand-chose, mais suffisamment pour savoir que j’étais toujours dans la course.

Pourtant, il y a deux jours les choses ont changé : plus de traces, plus rien, plus qu’un seul et unique indice déroutant et dérangeant. Là posé bien gentiment au milieu d’un rocher, il y avait un parchemin, fermé avec le sceau de ma maison. Le papier était humide et lourd. Pourtant une fois le cachet rompu le texte était intact, comme écrit seulement quelques instants auparavant.


« Tu perds ton temps, chevalier. Je suis partout et pourtant tu ne me vois pas. Tu me cherches et tu ne me trouves pas… Tout simplement parce que tu n’en as pas l’étoffe. Toi et les misérables pantins que tu appelles tes frères n’êtes rien de plus que des jouets que j’agite au gré de mon envie. La nuit est sur toi chevalier, ne la sens-tu pas ? N’as-tu pas encore compris que le chaos présent n’est que la prémisse de quelque chose de plus grand ? Le sombre baiser d’une promise à son bien aimé partant mourir dans la boue d’une quelconque bataille, le dernier murmure d’un homme à l’agonie. Je suis la réponse à cette misérable pantalonnade qu’est ce royaume, la réponse à une question posée à l’aube des temps quand le néant et la noirceur étaient souverains et oubliés même des dieux qui pensent me contrôler.

Ton chemin prendra bientôt fin. »


À présent, bien des nuits sont passées, je suis toujours dans ces maudits marécages et je ne suis plus sûr de rien si ce n’est qu’il a vu juste. Il n’est plus certain du tout pour moi de l’attraper et de lui sortir les tripes, ni même de rentrer un jour chez moi. Je ne suis même pas convaincu que je passerai les prochaines heures. Je n’ai plus de vivres depuis un moment, plus d’eau potable et l’horrible mixture âpre (ou âcre comme aurait dit Karadoc) que j’ai descendu hier me brûle les entrailles et me serre la gorge.


Une fois encore il va l’emporter, il va semer la désolation, mais il n’aura pas tout emporté dans cette partie que nous avons livrée ensemble. L’espoir je l’emporte avec moi. L’espoir que le seul à pouvoir vaincre et rétablir l’ordre des choses est toujours en vie quelque part, qu’il reprend des forces et qu’il viendra prendre ce qu’il a perdu, l’espoir que des larmes d’un royaume renaitra un héros et que de son retour naitra le sourire de l’enfant tant attendu.


Mes forces me quittent et je ferme les yeux, l’oubli me tend les bras et je ne désespère pas… Arthur…Arthur…Arthur

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