JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 64 : Lake Shore Drive (Partie 3)

2082 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/05/2024 00:20



Job : Check The Rhythm !


Le Stand du Chef d’Orchestre s’apprêtait à assommer ceux qui avaient volé le visage de ses amis mais les deux supposés imposteurs se mirent à faire de grands gestes. Les airs paniqués sur leurs visages semblaient bien plus expressifs que ceux des marionnettes. 


Adam : C’est nous, idiot ! Quand on a foncé sur les pantins, on s’est retrouvés avec leurs vêtements ! 


Job : Hum très bien, dans ce cas… donne-moi la capitale de l’Autriche. 


Adam : Euh… Berne… non pas celle-là… Berlin ? 


Check The Rhythm lui décocha un violent coup de poing qui l'envoya voler contre un tronc d'arbre avant de disparaître sous le regard paniqué de Shizuka. Job s'éloigna de sa victime en faisant craquer son poignet engourdi.


Job : Tout va bien, Signorina… ne vous inquiétez pas. Seul le vrai Adam pourrait se tromper sur une question aussi facile… je sais que vous n’êtes pas des imposteurs.


Adam : Alors pourquoi tu me frappes espèce de rital de mes deux ?! 


Job continua de marcher en souriant sans même lancer un regard à celui qui était étendu au sol.


Job : On est jamais trop prudent…


Shizuka aida Adam à se relever et le jeune français observa les alentours à la recherche de leur ancien ennemi. Après avoir dépoussiéré son pantalon et ouvert le HOPE, il commença à résumer la situation.


Adam : Bon, il semble plus y avoir aucune trace des autres clowns. Si c’était vraiment un Mystère, on a raté l’occasion d’obtenir du sang noir…


Job regarda les mains de son Stand, toujours recouverte d'hémoglobine ébène. En le voyant, les deux autres poussèrent un soupir de soulagement. L’italien se contenta de passer le doigt de son Stand couvert de l’étrange substance du lac sur la page du cahier. Cependant, contrairement aux combats précédents, rien ne se produisit. 


Adam : le HOPE ne réagit pas… ça serait du faux sang de Mystère ? Est-ce que c’est même possible d’en fabriquer ?!


Shizuka : Il y a une autre mauvaise nouvelle. Je ne ressens plus l’énergie vitale de la Mystery ou plutôt si mais diffuse comme si elle était partout à la fois… La pauvre… elle doit avoir peur toute seule dans cet endroit inconnu !


Adam : C’est toujours une voiture, Jojo… et je te signale que t’avais moins de remords à la laisser toute seule jusqu’à maintenant. 


Job regardait à l’horizon et restait sur ses gardes. En réalité, à part ses chamailleries avec Adam et son instinct protecteur auprès de la jeune Joestar, il avait du mal à s’intégrer pleinement à cette équipe. Il pensait quotidiennement à Michelle et appelait tous les jours l’hôpital depuis des cabines téléphoniques pour s’assurer de la stabilité de son état. Est-ce qu’elle serait vraiment heureuse qu’il fanfaronne au lieu de récolter l’argent pour la soigner ? 


Shizuka : Regardez ! Quelqu’un s’approche ! J’utilise Achtung Baby pour essayer de nous    cacher ?


??? : Oh non, ne vous cachez pas… Cela fait tellement plaisir d’avoir des visiteurs par ici… la plupart du temps, les gens n’arrivent jamais de ce côté du lac. 


Une vieille femme venait de sortir de la brume avec un panier rempli de poissons et de légumes qui ne semblaient pourtant pas venir des environs. Ses traits étaient tirés par l’âge mais son sourire n’inspirait que la bienveillance contrairement à ceux des répliques. Shizuka ne sentait pas la moindre once de méchanceté dans son cœur. La petite fille tira les manches de ses deux acolytes qui se retournèrent et se mirent à chuchoter.


Adam : Jojo, tu penses qu’on peut lui faire confiance ?


Shizuka : Mon Kiss From A Rose ne ressent rien. À priori, c’est juste une gentille mamie. 


Job : Je pense que nous devrions rester prudents, vous avez ce pouvoir depuis trop peu de temps pour… 


??? : J’allais justement préparer des crêpes, je peux vous inviter à les goûter si vous souhaitez… 


Les ventres d’Adam et Shizuka se mirent à gargouiller, encore contrariés par la déception du restaurant du village. Ils se montrèrent plus enclins à suivre la vieille dame que Job qui restait méfiant.


??? : Où sont mes bonnes manières ?! Excusez-moi… je m’appelle Mathusalem McLean, la gérante d’un hôtel non loin d’ici. Avec cette satanée brume, on ne le voit pas mais il est juste à l’autre bout du lac. Vous me suivez ? 


Shizuka : Oh merci beaucoup, Madame ! Oui, justement, on cherchait un endroit où passer la nuit en attendant que la brume se lève.


Job : Signorina, sauf votre respect, je ne pense pas que ça soit une très bonne- 


Shizuka : Écoute, Job. De toute façon, ça serait encore plus dangereux de rester à côté du lac… surtout si le Stand de tout à l’heure resurgit. Mieux vaut la suivre et élaborer un plan là-bas ! 


Job : Hum… soit. De toute façon, je serais là pour vous protéger si les choses tournent mal. 


Ils suivirent donc Mathusalem durant plusieurs minutes pour rejoindre l’autre rive du lac. Elle semblait n’avoir aucun problème à traverser la forêt malgré la brume, évitant les arbres et les rochers avec aisance. Ils finirent par arriver à un petit manoir à colombages qui avait traversé un ou deux siècles et dont la cheminée était le seul rappel qu’il était encore habité. Au-dessus de la porte d’entrée, une grande enseigne en bois usée donnait le nom de l’hôtel. 


Shizuka : “American Pie” ? Pourquoi avoir choisi ce nom ? 


Mathusalem : Oh… c’est une longue histoire… je vous la raconterai un peu plus tard. En attendant, entrez vous réchauffer à côté du feu !


Adam : Ziggy ! Tu m’entends toujours ? Bien. On va rentrer dans la maison de la vieille dame. Je coupe la communication mais j’te rappelle s’il y a un problème. 


Adam raccrocha. Ils entrèrent tous les trois dans la grande bâtisse poussiéreuse à la décoration très kitsch où étaient éparpillés des statues d’animaux en bois forgé, des assiettes de porcelaine aux motifs floraux et de vieux tableaux représentant des personnes totalement inconnues. Le mobilier était étonnamment luxueux et abondant pour un petit hôtel perdu dans la forêt. Une grande horloge trônait à côté des escaliers et le bruit des va-et-vient de son grand pendule doré était la seule chose qui brisait le silence de la pièce. Tout le long de la visite, Job avait une drôle d’impression : le craquement du parquet sous ses pieds, les tic-tac de l’horloge, les grincements des portes… tous ces sons lui évoquaient des murmures incompréhensibles. Lorsqu’ils eurent fini d’explorer le rez-de-chaussée, la vieille femme les emmena voir l’étage. Elle posa un pied sur la première marche mais elle manqua la deuxième et se laissa choir en arrière. Job la rattrapa avec douceur et appuya sur une touche de son clavier.


Mathusalem : Oh merci, mon enfant. Je tombe souvent vu que j’habite seule ici mais c’est rassurant d’avoir quelqu’un pour me rattraper… 


Job : C’est bien normal, Madame, mais vous devriez faire plus attention à l’avenir. 


Même si son attitude impassible ne laissait rien transparaître, le Chef d’Orchestre était perplexe. Il avait toujours un mauvais pressentiment mais cette femme semblait n’être rien de plus qu’une vieille gérante d’hôtel. Il resta quelques secondes à l’arrière, perdu dans ses pensées avant de suivre les autres à l’étage. 


Mathusalem : Voilà la chambre où tu passeras la nuit, jeune fille… J’ai profité des derniers visiteurs pour refaire la décoration. Les fleurs, tu aimes ça ?


Shizuka : Oui, j’adore ça, Madame !


La jeune fille répondit avec un grand sourire et en toute sincérité ce qui étonna Job. La chambre était pleine de peluches et de poupées d’un autre temps. Les rideaux et le papier-peint étaient couverts de motifs floraux représentant des petites fleurs bleues.


Shizuka : Il manque juste une table de chevet et la chambre sera parfaite ! Merci Madame ! 


Mathusalem : Une table de chevet… très bien, j’en demanderai une à la prochaine personne qui viendra dormir à l’hôtel. Pour la deuxième chambre… Elle est double, j’espère que ça ne vous dérange pas de dormir ensemble… 


Les visages d’Adam et Job se décomposèrent au moment où ils apprirent la terrible nouvelle. Ils se lancèrent le même regard mêlant dédain et détresse. La vieille femme, en voyant leur visage, se sentit désolée.


Mathusalem : Est-ce que j’ai dit quelque chose de mal…?


Shizuka : Non, ne vous inquiétez pas, ça ne les dérange pas du tout ! 


La petite fille et la femme qui aurait pu être sa grand-mère s’éloignèrent tandis que les coeurs des deux éternels rivaux peinaient à repartir. La cuisine était la prochaine étape de leur périple. Elle aurait été plus crédible sur une photographie en noir et blanc avec son carrelage usé par le temps et son four en fonte d’une autre époque. Sur la table en chêne, trônait le panier de la vieille dame rempli d’ingrédients en tout genre. 


Mathusalem : Si vous voulez bien m’aider à préparer la soupe pour ce soir… je pourrais vous préparer les crêpes plus vite…


La vieille dame sortit quatre couteaux affûtés du tiroir pour chacune des personnes dans la salle et un légume fut assigné à chacune d’entre elles. Le navet pour Shizuka, la pomme de terre pour Adam, la carotte pour Job et l’oignon pour la vieille femme. La fillette tentait maladroitement de ne pas tâcher sa robe à fleurs. Contrairement à ceux de Shizuka, les coups de lame de la vieille femme étaient sûrs d’eux et fermes comme si elle avait passé sa vie à cuisiner dans cette pièce. Étonnamment, elle ne pleurait pas en coupant les oignons, comme si elle avait passé sa vie à pleurer dans ce petit hôtel et que ses yeux s’étaient asséchés. Malgré sa maîtrise, sa lame finit par rater le légume et lui faire une légère entaille à la base de l’index. Les regards des trois autres se concentrèrent sur la plaie jusqu'à ce qu’une goutte rouge s’en échappe. 


Job : Elle n’a donc pas la Malédiction du Voyageur… ce n’est pas un Mystère…


Mathusalem : Excusez-moi… avez-vous dit quelque chose…?


Job : Non, non… c’est à moi de m’excuser, Madame… je pensais à voix haute.


Mathusalem : Merci de m’avoir aidé, je vais pouvoir mettre la soupe à cuire… et maintenant, je peux m’occuper des crêpes.


Shizuka et Adam : Oui les crêpes ! 


Après que la soupe eut fini de cuire et que les crêpes furent prêtes, ils s’installèrent à la grande table de la salle à manger sous un lustre de cristal brillant. La pièce était richement décorée. Sur les murs, on distinguait de nombreux trophées de chasse comme des bois de cerf ou des têtes de sangliers empaillés dont les yeux de verre toisaient les hôtes. Un grand fusil était accroché au milieu de ses victimes et juste en-dessous, un interrupteur électrique moderne qui tranchait avec l’aspect pittoresque du reste de la pièce. Cependant, ce qui attira l’attention de la petite fille était une photographie en noir et blanc où l’on distinguait une femme très jolie aux côtés d’un soldat américain. Les deux amants regardaient l’objectif en rigolant au milieu d’un champ de fleurs. L’homme en avait arraché une et la tenait fermement dans sa main.


Shizuka : Qui sont les gens sur cette photo ? Ce sont vos parents ? 


Mathusalem sourit avec mélancolie.


Mathusalem : Non, c’est moi et le caporal McLean… C’était mon fiancé.


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