JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 23 : It’s not Unusual (Partie 3)

1918 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/06/2023 21:01




Dans le menaçant conduit d’aération, le jeune héros continuait à ramper, guettant tout bruit qui pourrait le renseigner sur la position de sa proie. La froideur du métal n’arrivait pas à éteindre son cœur ardent de sauver sa dulcinée. Il lui semblait entendre une dispute en dessous et il entendit une voix féminine qu’il ne connaissait pas se mettre à crier. D’un seul coup, sans qu’il ne puisse rien contrôler, les munitions qu’il gardait dans sa poche se mirent à rebondir. Une des pointes de fer frôla la joue du jeune garçon et laissa un filet de sang après son passage. Deux autres vinrent se loger dans sa jambe droite et se plantèrent superficiellement dans sa peau. 


Iz : Je ne sais pas ce qui se passe mais ce n’est pas ce genre d’imprévu qui va m’empêcher d'atteindre mon objectif. 


Sa détermination surpassait la douleur qu’il subissait. Son esprit ne comptait même plus les égratignures et les coupures que les clous provoquaient. Il se contenta de froidement fouiller dans sa poche et d’enfiler rapidement le gant de cuir qu’il utilisait au travail pour se protéger le visage. Chacun des clous qui se plantait dans sa main, perforant la protection, n’était rien d’autre que des patelles sur la coque d’un paquebot. Il les sentait à peine. Ils n’entravaient même pas sa progression. Un vrai héros est celui qui transcende les désirs et sentiments humains pour s’élever à la hauteur des dieux. 


Iz : Je distingue de la lumière à quelques mètres. Si je peux l’atteindre, je pourrais le viser et mettre fin à tout ça. J’aurais juste à pointer mon pistol-


A ce moment précis, l’arme lui échappa des mains, emportée elle-aussi par la mystérieuse force venant d’en-dessous. Elle rebondit une première fois et un projectile alla se loger dans la cuisse du jeune chevalier qui se mordit les lèvres pour réprimer un cri de douleur. C’est alors que le temps se figea. Il voyait la scène se dérouler au ralenti. Au milieu de la pluie chaotique de clous qui battaient le conduit, le garçon distinguait parfaitement la trajectoire de l’arme. Si elle conservait ce même angle, en rebondissant, une pointe métallique allait lui perforer le crâne et lui provoquer des dommages irréversibles au cerveau. Il gardait toujours un calme olympien face à la situation. L’hercule repéra une autre goutte métallique briller à côté de lui et donna un petit coup précis pour dévier sa trajectoire et la faire percuter le clou tiré à pleine vitesse, l’épargnant ainsi d’une blessure mortelle. 


Comme si Dieu avait eu le souffle coupé par le spectacle, le ballet de fer se conclut dans une cacophonie de "dilling" lorsqu’ils retombèrent sur la paroi inférieure du conduit. Iz perçut avec clarté la voix de sa bien-aimée. Ce seul son suffisait à l’emplir de bonheur. Dans ses pensées sucrées, ses divagations romantiques ne lui permirent de n’entendre que le mot “rat”. “Un rat”, c’est exactement ce qu’était ce tortionnaire qui retenait la belle en otage. Il l’imaginait en bas, dos au mur, insultant son ravisseur du nom de l’animal le plus immonde en espérant la venue de son prince charmant. 


Il redoubla d’effort et avança jusqu’à la grille qui donnait directement au-dessus de la cabine d’essayage. Elle était là. Il ne pensait pas qu’il était possible de regarder un ange de haut. Il la voyait, commençant à ôter ses vêtements. Pour lui, il assistait à la Naissance de Vénus. Après tout, il avait pratiquement gagné. Le ciel lui pardonnerait d’observer le spectacle d’une beauté aussi divine. 


***


Babylon s’activait dans le magasin pour trouver la tenue qui correspondrait le mieux aux désirs de Shizuka. Elle avait déjà trouvé une magnifique robe argentée et pailletée, une incroyable combinaison noir couvert de fleur de lys dorées et bien sûr, la spéciale du chef, une magnifique petite jupe recouverte de petits motifs de crâne et un haut portant l’inscription “Death don’t have no Mercy” écrit en lettres noires mimant des tâches de peinture sur un t-shirt rouge sang usé. Adam était toujours en train de ramasser les conséquences de l’ouragan qui avait traversé le magasin quelques minutes plus tôt.  


Adam : Dis-moi, Baby. T’aurais rien de moins voyant ? Tu sais, son Stand lui permet de se rendre invisible donc l’intérêt d’avoir un look au top est quand même assez limité. 


Babylon : Écoute, Adam, le look, c’est avant tout pour soi-même. Si jamais on s’habillait pour les autres, on ne ferait pas attention à quel sous-vêtement porter ou on pourrait porter des chaussettes dépareillées vu que personne n’y prête attention. Prends Van Gogh par exemple, il a peint des tableaux magnifiques toute sa vie mais n’en a vendu qu’un seul de son vivant. Il ne peignait donc pas pour que ces œuvres soient vues mais pour la beauté de son art et pour chercher le vrai but de son existence.


Adam : Je ne sais pas si prendre l’exemple de quelqu’un qui a fini sa vie en se tirant une balle dans la tête était vraiment judicieux mais je crois avoir compris l’idée. Sainte mère de Dieu, il fait toujours aussi chaud. T’avais pas allumé la clim, normalement ?


Babylon : Si, mais je pense qu’il doit encore y avoir des cadavres de rats qui bouche les conduits. Cet été, on avait démonté l’aération et on en avait sorti une dizaine…


Adam : Je vais aller voir ce que je peux faire…


Il accrocha les derniers vêtements qu’il avait en main et se dirigea vers l’arrière du magasin où se trouvait la vieille climatisation reliée aux conduits qui traversaient tout le magasin. Elle était posée au sol et tremblotait comme un vieillard, haletant durant un effort. Ses vibrations anarchiques se propageaient à l’air environnant.


Adam : Ma pauvre, tu n’es plus toute jeune. Ne t’inquiète pas, je vais t’aider un peu.


Il fit un petit clin d'œil à la machine et, comme si elle l’avait compris, une vibration et un grondement plus fort se fit entendre. Il tourna la molette qui contrôlait la puissance de la climatisation et attendit quelques secondes.


Adam : Qu’est-ce-qu’elle est longue, bon sang ! Bon, si je l’aide un peu personne ne s’en rendra compte n’est-ce-pas ? 


Il sortit discrètement le bras de son Stand et donna un petit coup de pendule dans la climatisation. Le débit d’air se mit à s'accélérer et de l’air froid commença à sortir des conduits. Ce fut le soulagement avant la tempête. La machine se mit à s’emballer et à se déchaîner. Les bourdonnements devinrent insupportables et une énorme bourrasque passa dans les conduits balayant tout sur son passage. L’air devenait de plus en plus froid jusqu’à devenir polaire. 


Babylon : Qu’est-ce-que t’as foutu, Adam ? Pourquoi il fait si froid maintenant ?! 


Shizuka : ADAM !! QU’EST-CE-QUE TU FAIS ?!! 


Adam : Je vais encore passer un sale quart d’heure…Je voulais juste gagner deux minutes…


Des frissons de froid avaient traversé tout le corps de la fillette qui s’était empressée de se rhabiller. Elle était contente d’avoir cette excuse pour pouvoir quitter cette cabine oppressante où elle se sentait constamment observée. Elle courut jusqu’à la sortie en lançant des regards assassins à celui qui avait trafiqué la climatisation et refroidit, au sens propre comme au sens figuré l’ambiance. Le verre de Deep Purple à côté de la caisse était progressivement en train de geler, témoin d’une pièce qui se transformait progressivement en chambre froide. Les trois amis se dépêchèrent de fuir l’air glacial amené par la maladresse d’Adam.




***


Malgré le spectacle éclatant qui se déroulait sous ses yeux, une sensation de mal-être faisait frissonner la peau d’Iz. Était-ce une remise en question personnelle ? De la honte ? Non, rien n’aurait pu le faire douter de la justesse de ses actes. Il s’agissait davantage d’un frisson profond qui parcourait chaque centimètre de sa peau. Un véritable blizzard lui faisait face provenant des profondeurs de la caverne métallique qu’il traversait. Les clous se remirent à voler mais cette fois ci tous dans la même direction comme une nuée d’insectes s’abattant sur lui. Il s’accrochait avec sa main non gantée à la grille pour tenter désespérément de résister au souffle incroyable qui lui faisait face. Sa demoiselle en détresse finit par quitter, paniquée, sa cabine. 

C’était forcément l’acte du démon qui utilisait ses forces maléfiques pour empêcher le héros d’accomplir sa quête. Il s’était fait avoir cette fois-ci : il lâcha prise et fut emporté à toute vitesse de l’autre côté du conduit. Il percuta le mur. Le plâtre et ses os craquèrent. Son corps blessé était adossé au mur, posé sur un échafaudage qui l’avait empêché de chuter de plusieurs mètres. Il distinguait péniblement des formes grises qu’il supposait être des pigeons venir le narguer et lui picorer les membres. Ironiquement, c’étaient ces petites douleurs qui lui permettaient de rester conscient.  Sa vision se troublait progressivement et il n’entendait plus que de vagues voix étouffées au loin. 



***


Adam : Vous savez, j’aurais pu utiliser mon Light Butterfly pour réchauffer la pièce rapide-


Shizuka et Babylon : Non, surtout pas !!


Shizuka : T’as fait assez de bêtises pour aujourd’hui ! Nan mais quel gamin, on te surveille pas pendant cinq minutes et t’as vu le bazar que tu sèmes !!


Babylon : Sérieusement, t’as beaucoup de chance d’être mignon parce que je suis à deux doigts de faire rebondir quelques parpaings à côté de ton joli visage…


Adam : Hey ! C’est vous qui preniez un temps fou pour vos essayages ! On aurait fait quoi si un ennemi en avait profité pour nous attaquer, hein ? 


Shizuka : Arrête de te chercher une excuse, pour la peine, tu me dois une glace…ET trois boules, pas une de moins !!


Babylon : J’en prendrais une aussi. Une gelato au melon accompagnée de cerises et d’amandes dans le meilleur glacier parisien ! Faut bien que tu te rattrapes…


Adam : M-Mais des glaces ? Mais je croyais que c’était le froid qui vous dérangeait…Ooooooh ok… j’ai perdu, on va au marchand de glace…


Shizuka : Trop chouette !! 


De l’autre côté, Iz entendit le bruit lointain du camping-car redémarrer et comprit que cela signifiait l’échec de sa mission. “mes échecs ne sont pas inhabituels mais je n’abandonnerais pas”. Ce fut sa dernière pensée avant de s’évanouir.







Laisser un commentaire ?