Is it love? Peter pov.
Chapitre 21 : la rencontre des âmes soeurs
1245 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 30/01/2024 09:12
L'image de mon père s'efface, il ne reste que Dehyan et moi en face à face. Je ressens la magie s'échapper doucement et la fée tombe lourdement en avant, sa tête buttant contre mon épaule. Je la rattrape tant bien que mal en essayant d'ignorer cette irrésistible envie de la serrer tout contre moi. Elle se redresse doucement et me remercie d'un sourire. Elle essuie son visage encore mouillé de larmes et j'en profite pour recomposer le mien. Elle se dirige vers son sac et en sort sa gourde métallique contenant – je suppose – une nouvelle dose de sang. Lorsqu'elle ouvre le couvercle, l'odeur ferreuse ne trompe pas, c'est bien du sang qui se trouve dans sa gourde. Elle en boit l'intégralité du contenu puis s'adresse à moi : « je suis désolée, le sang est la manière la plus rapide de recouvrer ma force. Mes facultés vampiriques me permettent d'assumer cet immense pouvoir magique mais elles s'accompagnent d'un prix.
- je le connais ce prix, ne t'en fais pas pour moi, j'ai eu droit à ma dose ce matin. »
Elle me sourit et s’enquiert de mon état. Je vais étonnamment bien. Je me sens un peu vaseux mais paisible. Comme si un poids venait d'être enlevé de mes épaules et de ma poitrine. Elle me propose une pause pour reprendre nos esprits avant de passer à la phase « levée des sceaux ». Je suis aussi impatient qu'un enfant le matin de Noël. Afin de garder une certaine posture, je lui propose de lui interpréter un morceau de piano. Cette proposition semble la ravir et je me sens fier de pouvoir jouer juste pour elle. Elle vient s'assoir par terre à côté de mon instrument. Je sens son regard me scruter et je me rends alors compte que je n'ai pas joué devant elle depuis le jour avant ma transformation, quand elle était venue espionner Viktor en Transylvanie...
Je décide de commencer avec le morceau que j'ai pu apercevoir dans ses souvenirs. Je la vois se redresser du coin de l'œil ce qui me fait sourire. Tout en gardant ma concentration j'essaye de faire transparaître toutes mes émotions à son égard dans ma musique : reconnaissance, tendresse, curiosité... Mes doigts dansent sur les touches, aussi précisément que d'habitude mais la musique semble étrangement plus profonde. Les évènements de ces derniers jours m'impactent profondément et j'en ressens l'effet sur ma musique, c'est grisant ! L'air se termine et alors que je joue la note finale, je me tourne vers Dehyan. Elle me regarde intensément, les lèvres entrouvertes et les joues légèrement rosies. La voir ainsi réveille une faim au creux de mon ventre et une irrésistible envie de l'embrasser. Mais la pudeur et mon éducation permettent ma retenue. Nous restons un instant en silence à nous regarder. Elle met fin à ce moment dans un soupire et me propose de poursuivre. Une nouvelle fois nous nous asseyons sur mon lit et Dehyan déploie une sorte de dôme de protection autour de nous. "Nous n'aurons pas besoin de fermer les yeux ou de nous tenir les mains cette fois. Je vais défaire les scellés, petit à petit pour te laisser le temps de reprendre tes esprits à chaque fois. S'il y a le moindre problème, dis-le moi. On pourra faire une pause ou remettre à plus tard". Je déglutis péniblement tout en acquiesçant. L'inquiétude est de retour. Alors que la fée se concentre je repère une légère luminosité dans sa poitrine qui s'évapore, me touchant directement. J'ai le souffle brièvement coupé alors que je réceptionne la vague de magie. Je remarque que Dehyan m'observe alors je lui souris, rassurant. Je me sens bien, je n'ai pas l'impression que quelque chose ait vraiment changé. Je l'invite à poursuivre et elle défait un nouveau sceau. La sensation de souffle est la même mais cette fois je sens que l'atmosphère change, elle se charge d'électricité et l'attirance que je ressens à l'égard de la jeune femme devient plus profond, encore plus évident. Je me concentre sur mes émotions, je les accepte puis je redirige mon attention vers Dehyan. Je devine de l'inquiétude dans son regard alors je m'empresse de la rassurer :"je vais bien, ne t'inquiète pas". Elle semble soulagée et met sa main sur la mienne en me murmurant : "on peut arrêter dès que tu le souhaites". Ce contact aussi inattendu que bienvenu m'énergise. J'ai envie d'y répondre ardemment mais une nouvelle fois je fais preuve de self-control. Je l'encourage dans un sourire et l'observe faire sa magie. Cette fois le poids en est écrasant : je suis complétement submergé par un déferlement d'émotions plus grandes que tout ce que j'ai pu ressentir de toute ma vie humaine et de vampire. Comme si toute mon existence n'a de sens qu'avec elle. Comme si m'éloigner d'elle me déchirerait en deux, comme si je ne pouvais vivre sans elle. Ces sentiments sont plus difficiles à intégrer mais je m'y efforce et alors que je croise son regard je me rends compte qu'elle fait face à ces sensations chaque jour puisque ses scellés ne protègent que moi. Je suis plein de compassion et d'admiration pour ma fée. Je me sens confiant, je sais avec une certitude mystique que nos sentiments sont partagés et je culpabilise d'en avoir été privé et de n'avoir pu partager cela avec elle. Elle me chuchote d'une voix presque inaudible : "il reste le dernier, es-tu prêt ?". Je lui réponds hâtivement que oui et je me prépare à accueillir la dernière bourrasque. Sauf que le dernier sceau ne se manifeste pas du tout comme les autres, il nait directement au creux de ma poitrine et allume un grand feu au sein de mon être. Je comprends que l'on puisse mourir d'amour. Je comprends que l'on puisse devenir fou d'amour. Je comprends que l'amour véritable existe et qu'il est tellement incroyable et irrationnel. Et inraisonnable. Et irrépressible. Et incontrôlable. Et je me surprends à me demander si ce que Drogo et Aloïse partagent est semblable à ce que je ressens. Leur incapacité à résister l'un à l'autre me paraît soudainement évidente. Et alors que je réalise tout ce que cela implique, je regarde Dehyan, mon âme sœur, la seule. Je n'ai plus de self-control. Je n'ai plus d'éducation. Je n'ai plus aucune pudeur. Je place ma main droite au creux de sa nuque, ma main gauche sur le galbe de sa hanche et je m'approche avec appétit de ses lèvres que je capture dans un baiser impatient. Je sais qu'elle a la force de me repousser mais je sens qu'elle se laisse aller à notre étreinte avec, je l'espère, autant de délice que moi. Jamais je n'avais ressenti à ce point le plaisir d'un baiser. Elle enroule ses bras autour de mon cou et je suis transporté dans un tourbillon de bonheur. Elle entrouvre sa bouche invitant nos langues à se rencontrer et je la goûte avec délectation. Notre baiser s'achève avec tendresse et douceur. Je me sens à la fois rassasié et affamé de ma fée. Elle s'écarte doucement de moi. Elle semble perdue...