Is it or is it not ?
Chapitre 5 : Des excuses, ou des mensonges.
5832 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 02/12/2018 20:51
Ses lèvres s’approchent dangereusement des miennes, et je ne sais plus où me mettre. Je ferme les yeux en un mécanisme de défense. Qu’est ce qu’il se passe ?! Mon corps se pétrifie, je ne sais pas quoi faire, peut-être que je devrais avancer ma bouche ? Enfin, le professeur esquive ma bouche et dépose un doux baiser sur ma joue. Cette étreinte dure quelques longues secondes avant qu’il ne s’éloigne de moi. J’ouvre les yeux face à un Sébastian toujours très proche mais moins confiant. Il me cherche du regard, comme dans l’attente d’une réaction. Il n’attend finalement pas ma réponse. Se caressant la nuque d’un geste embarrassé, il me fait un dernier geste de la main et me salue une dernière fois avant de partir :
« Bonne nuit, Helena. » Conclue-t-il en s’éloignant.
La nuit a été courte puisque je n’ai fait que penser à la journée d’hier. Je suis rentrée accueillie par Nicolae et Lorie qui m’attendait. J’ai joué avec Lorie, mais j’étais ailleurs : dans ma bulle, en train de rêver à mon beau professeur. Lorie l’a remarqué, et a essayé de me tirer les vers du nez. J’ai eut beaucoup de mal à me taire, surtout lorsque mon portable vibrait m’annonçant un message de Sébastian. La petite Vampire ne m’a pas lâchée d’une semelle toute la soirée, jetant de temps à autre des petits coups d’œil sur mon écran. Fort heureusement, j’ai su user d’un stratagème imparable pour éviter de me justifier : j’appelle cela le Jeu de la Guillotine. Quoi, ce n’est pas un jeu décent pour une enfant ? Je vous rappelle qu’on parle de Lorie, et qu’elle n’est pas facile à gérer comparée aux enfants normaux ! Il s’agit de mettre ma tête dans sa réplique de Guillotine (oui, qui offre ça a une petite fille, je vous le demande ?!), et d’attendre que la fausse lame nous tranche la tête (logique)… Bien sûr Lorie adore ce jeu, et j’ai toujours la tête sur mes épaules ! Ce fut un bon moyen d’esquiver ses questions. Lorsqu’il fut l’heure pour nous d’arrêter de jouer, je l’ai bordée au milieu de sa montagne de peluches et ai retrouvée la chaleur de ma chambre.
Je me réveille ce matin avec pour premier réflexe de regarder mon téléphone : Sébastian et moi avons continué à converser toute la nuit, je viens d’ailleurs de recevoir un message dans lequel il me souhaite une bonne matinée. J’ai l’impression de m’être beaucoup rapproché de lui en l’espace de quelques heures. Soudain, je suis victime d’une prise de conscience… n’importe quelle fille me tuerai pour avoir eut ne serait-ce qu’un entretien avec lui… si jamais cela venait à se savoir que j’ai vu Jones, ou pire encore si quelqu’un nous a vu quand nous nous sommes embrassés… ?! (Certes, c’était une simple bise, mais ça peut prêter à confusion, non ? Il n’y a peut-être moi que ça rend confuse…). Après tout, je n’ai pas l’habitude des contacts physiques avec des hommes, encore moins avec un homme qui me plait autant physiquement. Oui il faut bien se l’avouer, je ressens quelque chose, au-delà de mon admiration purement professionnelle à son égard. Je ne m’avancerai pas trop vite en affirmant que je l’aime, mais être en sa présence m’apaise et me procure un vrai plaisir (autant visuel qu’intellectuellement enrichissant). J’admets avoir beaucoup cogité cette nuit en pensant à mon beau professeur. J’ai peur que les gens de la fac ne l’apprennent : et au vue des derniers évènements avec Loan, je pense que me faire discrète ne serait pas plus mal pendant quelque temps… Mais comment être discrète quand tu vis entourée d’êtres surnaturels, avec un professeur ultra-sexy, et une dans une ville aussi petite que Mystery Spell ? Je me décide à ne pas sombrer dans la panique ou dans un énième questionnement interminable.
Je me suis endormie à 4h du matin (record battu !). Les marques de fatigues se font voir sous mes yeux, dessinant des cernes révélatrices d’un manque de sommeil notoire. Je ne me préoccupe pas plus de mon apparence, me nettoie le visage et me prépare. Aujourd’hui, je commence la journée avec le cours de mythes et légendes. Je me dépêche pour ne pas arriver en retard. Et on dirait que cette fois-ci mes prières ont été entendues car je ne sais par quel miracle j’arrive avec cinq minutes d’avance. Je rejoins Sarah, mon amie de toujours, assise au premier rang. Je m’installe à ses côtés lorsque je remarque tous les regards sont braqués sur moi. Ne me dites pas que c’est à cause de mon rendez-vous avec Sébastian ?
« Assis-toi, tu veux ? » Me demande Sarah, commençant à s’impatienter.
« J’ai quelque chose sur le visage ? » Je demande à la belle brune.
« Hm, à part tes cernes habituelles, non… » Se moque-t-elle.
« Haha, Très drôle… non mais, tu n’as pas remarqué que tout le monde a les yeux rivés sur nous ? »
« Ah oui... c’est sûrement à cause de l’histoire avec Loan. Samantha n’a eut aucun scrupule à répandre des rumeurs à ton sujet. Je voulais t’en reparler d’ailleurs… » M’informe-t-elle.
Bien sûr, après mon altercation avec Loan, je n’ai pas manqué de raconter ma version des faits à ma confidente et amie, Sarah. Toujours compréhensive, elle s’est d’abord inquiétée pour moi, puis à proférer une bonne dizaine de jurons à l’égard du Capitaine de l’équipe de Foot. Je lui ai naturellement parlé de ma conversation avec le professeur Jones, ce qui a eut l’air de la ravir particulièrement… Mais mon soucis, au demeurant de Samantha et sa clique de pigeonnes, roucoule toujours dans ma direction. Je me vois me lever et lui envoyer une bourrasque dans la figure, mais réprime ma colère du mieux que je peux : je ne veux surtout pas faire un esclandre en public, manquerait plus que mon pouvoir intervienne au pire moment. Et le but est de ne surtout pas craquer face à elles, ça n’en vaut vraiment pas la peine…
« Tu sais, Loan a été suspendu de tous les matchs du semestre… Et encore, la blonde a négocié auprès de papa ! Samantha a réussi à persuader son père que ta réputation prouvait que tu avais pu exagérer les faits au professeur Jones et donc il n’a pas reçu son témoignage comme pertinent dans le renvoie de Loan. » M’annonce-t-elle, en chuchotant.
« A-attends, tu veux dire que c’est le professeur Jones qui a dénoncé Loan ? »
Quand on parle du loup, le voilà qu’il pénètre dans l’amphithéâtre. Le professeur Jones s’installe à son pupitre, le visage grave. Il nous dévisage un part à un à travers la salle, son regard s’attarde quelques instants sur mon amie et moi, avant de prononcer ces premiers mots :
« Comme vous le savez peut-être, je me suis entretenu avec le directeur et le doyen au sujet d’un incident qui a eut lieu dans notre université, et dont j’ai été notamment le témoin. » avance-t-il avant d’ajouter, « Je tiens à vous faire part de mon profond désappointement quant à l’attitude de certains étudiants. Minimiser les actes de quelqu’un ou les exagérer n’est pas une chose qui mérite d’être vanté. Répandre des rumeurs, non plus. »
Ces dernières paroles étant clairement destinées à Samantha et sa bande, infligeant un regard inquisiteur dans leur direction. Il jette un regard derrière nous, je ne peux m’empêcher de me retourner et remarque qu’il s’y trouve Drogo et Peter, assis côte à côte, approuvant le discours de Mr Jones.
« En ma qualité de professeur, je ne peux tolérer plus de bavardages inutiles sur le sujet. La personne n’ayant pas apporté de témoignage, Mr Huxley sera donc de retour parmi nous à la fin du semestre. » Dit-il ensuite.
Suite à ces paroles, Samantha lance un bruyant soupire de soulagement, avant de se retourner vers moi et me dévisager. Elle croit peut-être que ça me fait quelque chose… Ce qui me gêne, c’est mon manque absolue de répartie sur cet événement… Je n’ai pas su ni réagir face à Loan, ni réagir après ce qu’il m’a fait… Oui je n’ai pas témoigné en tant que victime. Je ne sais pas pourquoi, mais Loan n’avait pas l’air d’être lui-même ce jour là. Et moi, je ne contrôle toujours pas mes pouvoirs… Alors que je songe à mes défauts, je me dis qu’il faut absolument que j’approfondisse mes recherches. Plus vite j’accumulerai du savoir sur cette force en moi, plus vite je saurais la maîtriser. Sébastian interrompt ma réflexion.
« Maintenant que je vous ai exposé mon opinion sur le sujet, vous allez pouvoir reporter votre attention sur le cours de ce jour qui portera sur … Les dieux nordiques ! À la fin du cours j’aurais une grande annonce à faire » annonce-t-il.
Les messes basses finissent par cesser tandis que le bel orateur nous apprend les légendes nordiques : Son cours porte un instant sur le Fenrir, ce loup ancestral lié aux mythes nordiques. Une malédiction étrange… J’ai toujours aimé les récits qui comptent les origines de ces mythes. Je suis bien contente que les gens aient reportés leur attention sur le cours. Je n’en pouvais plus d’être ainsi dévisager par toute une assemblée. Finalement, sans que je n’aie besoin de me plaindre, tout le monde a fini par être au courant de l’histoire avec Loan. Je sens un pincement au cœur, quelque chose me dit que ce n’est pas complètement terminé… Moi qui adore le cours, je n’aime pas sentir l’attention permanente de Samantha. Je finis par me concentrer davantage à essayer de ne pas me retourner vers elle, et lui montrer tout le dégoût qu’elle m’inspire. Si elle pouvait arrêter de glousser dans mon dos, je serais aux anges… Je ne sais pas pourquoi mais tout ça m’énerve à un point que je m’explique par la frustration de ne jamais pouvoir réagir… Il faut dire que la dernière fois que j’ai réagit à ce genre de choses, j’ai dû déménager… On comprend pourquoi je me tiens à carreau !
Le professeur ne m’a attendu pour terminer son cours. Voyant que je n’avais pas pris beaucoup de notes par rapport à d’habitude, ma sauveuse me propose de m’aider à recopier à la bibliothèque. Sarah m’observe compatissante, elle doit comprendre que je suis au bout de ma vie. Nous attendons tous la grande annonce que le professeur Jones avait laissé entendre plus tôt.
« Ah oui, avant que je n’oublie : nous avons récemment fait une découverte des plus importantes avec une collègue, et il se peut que j’organise prochainement un voyage pour explorer les ruines. Ceux qui voudront y participer seront invités à inscrire leur nom sur cette feuille, et à écrire une lettre de motivation ! Je vous conseille aussi d’avoir d’excellents résultats lors de la prochaine évaluation ! Sur ce, et en vous remerciant pour votre attention, bonne journée ! » Finit-il par conclure.
Qu’entendais-t-il par ‘’collègue’’, s’agirait-il de moi ? Rien qu’à l’idée que cela soit vrai, je vibre d’une joie inexplicable. Hélas, Samantha et toute une ribambelle d’étudiantes s’agglutinent devant le pupitre afin de signer le papier pour l’expédition ; impossible de passer. Je regarde Sarah, complice nous sortons, attendant que la cohue disparaisse. Mon amie a l’air préoccupée, je m’inquiète à mon tour :
« Que se passe-t-il Sarah ? » l’interroge t-elle.
« Oh,…. C’est juste que… je ne pourrai pas y aller. Ma famille m’interdit de quitter Mystery Spell. » Me confie-t-elle, sur un ton las. « Toi, c’est différent, tu l’as aidé, c’est comme si tu étais déjà inscrite. » ajoute-t-elle, un sourire bienveillant embellissant son doux visage.
« Ne dis pas ça, pour qu’elle raison ta famille voudrais te garder ici ? Tu as le droit de voyager ! » Je m’exclame, presque indignée par la nouvelle. « Et puis, rien ne dit qu’il parlait vraiment de moi… après tout il n’a pas fait mention ni de la carte, ni d’un quelconque rapport avec la Norvège… »
« Roh, je t’en prie Helena, arrêtes un peu ! S’il n’en a pas parlé, c’est peut-être qu’il ne voulait pas te mettre sous le feu des projecteurs encore une fois. Dans mon cas, on ne me laisserait pas partir avec le professeur Jones… » Ajoute-t-elle, avant de regretter ses paroles, cachant sa bouche de sa main.
« Comment ça, pas avec lui ? » Je lui demande alors.
« Et bien,… hum-… ma famille est ancienne ici, et ils connaissent bien Mr Jones, et… c’est compliqué…. » Esquive-t-elle.
Je n’aurais pas plus d’informations de sa part, car nous sommes aussitôt rejoins par notre amie commune, qui sort fièrement de l’amphithéâtre. Cette dernière n’hésite pas à interrompre mon amie alors qu’elle n’avait pas finit de s’expliquer.
« Si tu crois que cette histoire est terminée Meyer, tu te trompes ! » m’inflige Samantha. « Tu as beau avoir le soutien du professeur, tout le monde connait la vérité ! »
« La vérité qui sort de ta bouche, j’imagine ? » je m’exclame, inquisitrice.
« Exactement, et de celle de Loan ! » s’écrie-t-elle alors, en relevant le menton.
Ai-je bien entendu ? Loan aurait osé ? Pourquoi je m’étonne, après ce qu’il m’a fait, me faire porter le chapeau n’était pas suffisant ! Loan aurait donc servi une version qui l’arrangeait en face de sa petite amie et des autres… logique mais tellement abjecte. Je n’en reviens pas d’avoir pendant un instant pu penser qu’il n’était pas du genre vicieux… Drogo a peut-être raison après tout, je suis une grande naïve !
« Je crois qu’on t’as assez vu, Samantha ! T’as pas autre chose à foutre que de dénigrer les autres en permanence ? » S’offusque la demoiselle Osborne.
« Tiens, tiens, la fidèle Sarah vient au secours de son amie ? Comme c’est mignon ! Comme tu as de la chance d’avoir un petit chien-chien qui te suit partout Meyer ! » Se moque Samantha, dans un éclat de rire strident, accompagné de ses supporters.
« Que dire de toi et des carpes qui t’accompagnent ? Vous feriez mieux de fermer vos bouches, vous finirez par attraper des hameçons ! » Rétorque mon amie, sans me laisser de temps pour répliquer.
A ces mots, Samantha et sa fervente cour restent bouche bée, nous offrant une définition imagée des paroles précédentes de mon amie. Je tire le bras de celle-ci avant que cela n’empire, l’attirant rapidement à l’intérieur de l’amphithéâtre où Monsieur Jones fait signer les dernières étudiantes. Ne leur prêtant guère plus d’attention, il nous regarde éberlué, Sarah et moi. Il semble inquiet pour nous… Alors que l’amphithéâtre se vide, Sarah me pousse à rejoindre le professeur. Nous nous approchons donc de l’estrade pour lui faire face :
« Vous venez vous inscrire Mlle Osborne ? » Demande-t-il, étonné.
« Ah, euh… Non, c’est une année importante pour ma famille, nous ne pouvons pas nous permettre une absence… » Bafouille-t-elle.
Le professeur Jones ne semble pas s’en étonner davantage. A dire vrai, le plus étonnant pour lui semblait qu’elle puisse y participer… étrange tout ça… Comment se fait-il que mon amie ne veuille pas m’en dire plus sur le sujet ? C’est quand même très suspicieux. Il n’y a pourtant pas de raisons pour que sa famille ne la laisse pas entre les mains d’un homme aussi bienveillant et professionnel : je me demande bien de quoi il en retourne. Si seulement Samantha ne nous avait pas interrompues, j’aurais pu essayer de creuser la question… Sarah me sort de ma réflexion d’un coup de coude. Je remarque que je fixais Sébastian bizarrement. Je reprends aussitôt mes esprits et me redresse pour m’inscrire sur la liste. Je m’empare du stylo et m’apprête à signer lorsque je remarque que mon nom est déjà inscrit sur le papier. Je relève la tête sur mon professeur qui me regarde, un sourire amusé :
« Je vous ai vu partir, je savais que vous participeriez, et puis nous savons tous les deux que vous faisiez déjà partie du voyage, chère ‘’collègue’’ » Admet-il, accompagné un clin d’œil complice.
Ce geste manque de m’achever. Je me sens rougir et baisse la tête de peur qu’on le remarque. Je le remercie bien, avant de le laisser récupérer le morceau de papier avec les noms des étudiants. Il range ses affaires et pendant ce temps, mon amie se rappelle qu’elle a un cours de danse. Sarah me laisse de nouveau seule avec Mr Jones. Je n’aurais pas pu lui poser plus de questions. Je remarque que Sarah laisse planer pas mal de mystère sur le pourquoi elle n’aime pas les Bartholy, sur l’origine de sa famille, et maintenant sur leur relation avec Jones. Je me demande si je peux interroger le professeur à ce sujet : mais peut-être que ça ne ferait que l’embrasser…
« Vous venez ? » me demande-t-il.
« Hein ? Où ça ? »
« Dans mon bureau, pour continuer nos recherches ! »
« Oui, oui, bien sûr. Allons-y ! »
Je suis le professeur dans son trajet pour retrouver son bureau. Nous nous aventurons dans les couloirs de l’université. Nous marchons l’un à coté de l’autre, tout en discutant. Alors que nous approchons de la porte, une voix interpelle Sébastian derrière nous. Nous nous retournons ensemble sur un vieil homme. Sébastian semble le connaître puisqu’il lui prend la main pour la serrer dans une poignée enthousiaste et virile. Il me présente à son interlocuteur, qui s’avère être le doyen de l’université !
« Enchantée, Monsieur ! » Lui adressais-je, serrant sa main à mon tour.
« Oh, vous êtes donc Helena Meyer. Qu’allez-vous faire dans votre bureau ? » Nous interroge-t-il.
« Nous allons travailler sur la carte dont je vous aie parlé, rappelez-vous : c’est grâce à Mademoiselle Meyer si nous avons fait cette découverte ! » réplique Mr Jones.
« Ah oui, oui ! Impressionnante, mademoiselle ! Bienvenue parmi nous Mlle Meyer, si vous nous aidez à étendre la réputation de l’université, nous vous serons reconnaissants, avec mon fils ! »
« Votre fils ? » Je lui demande, ignorante.
« Le directeur, voyons mon enfant ! » réplique le vieillard. « Mon nom est Louis Prescott, vous avez cours avec ma petite-fille, Sam » ajoute-t-il.
Maintenant, je remarque la ressemblance physique : ces cheveux devaient autrefois être gris vu leur blancheur actuelle, et ces yeux azurs emblématiques… difficile de nier leur lien de parenté. Le vieil Homme a l’air néanmoins beaucoup plus accessible que sa peste de petite-fille. Je ne suis pas forcément ravie qu’on me rappelle son existence, mais Mr Prescott semble bon au premier abord : un bourrasque d’air frais, en dépit de certains jeunes qui sont plus cramoisis que lui. Il avait l’air de se méfier de moi, mais le professeur m’ayant présenté, ses doutes ont eut l’air de se dissiper instantanément. Il doit lui vouer une confiance certaine pour se fier à son avis aussi facilement.
« Je sais que Sam n’est pas toujours facile à gérer, mais vous savez, depuis le départ de sa mère, ça n’a pas été facile pour elle. Elle est devenue beaucoup plus amère. Quand elle était petite, elle était adorable. Difficile à croire, n’est-ce pas ? » Ironise-t-il.
Au moins, il reconnaît le côté démoniaque de la blonde. Je lui souris pour meilleure réponse. J’aimerai que le directeur soit aussi bienveillant, mais ne l’ayant rencontré qu’une fois lors de la prérentrée, je ne peux en témoigner.
« Louis, j’espère que vous pourrez constater de notre travaille, lorsque vous reviendrez de votre voyage aux Maldives ! Mes respects à madame ! » Mr Jones, écourtant la discussion.
« Oh oui, bien sûr ! Félicitation pour votre trouvaille les enfants ! J’espère vous revoir bientôt ! » Conclue-t-il, avant de partir dans un rire théâtral, caractéristique des Prescott.
Nous le regardons s’éloigner dans le couloir. Une fois qu’il est assez loin pour que nous ne percevions plus qu’un point au loin, nous nous retournons l’un vers l’autre. Nous regardant quelques instants avant de rigoler, complices.
« Je vous assure qu’il est adorable ! Il a aidé à financer plusieurs de mes voyages, c’est un grand amoureux d’aventures. Enfin surtout celles des autres, c’est un homme prudent. Il préfère écouter les histoires. » M’apprend-t-il.
Il ouvre la porte de la pièce, m’invitant à entrer. Je dépose mes affaires, pendant qu’il installe la carte, sortie de son cadre sur la table. Il allume les projecteurs et les néons sur le papier anciens. Nous mettons des gants et nous préparons à continuer nos recherches. Je consulte de temps à autre mes bouquins de langues nordiques anciennes, et de runes, pour déchiffrer le message : finalement je ne sais pas si je suis réellement capable d’un travail si complexe. Nous passons facilement plusieurs heures à étudier la carte sous tous les angles. Le professeur inspecte le papier que j’avais soulevé l’autre jour. Et découvre que certaines inscriptions se sont transférées dessous. Il me tend le papier pour que je le déchiffre. Et finit par traduire l’expression suivante : « Vidarr, pour tuer la bête à charogne, Du poing il enfonce, L'épée jusqu'au cœur, Voici que le père est vengé ». Je m’empresse de montrer la traduction finale à Mr Jones :
« C’est un extrait d’un poème eddique, il décrit les évènements du Ragnarok : la fin du monde. » m’apprend-t-il. « Il semblerait que cette carte indique un tombeau, je ne vois que ça… » Réfléchit-il.
Alors que je m’apprête à continuer mes recherches, le professeur me propose de faire une pause. J’aimerai vraiment découvrir un site archéologique, avec lui surtout. Il sort du bureau et revient avec des cafés. Je réfléchis en sirotant l’élixir de vie. Serait-ce le moment idéal pour l’interroger sur les Osborne ? Je m’apprête à aborder le sujet mais il ne m’en laisse pas le temps :
« Je suis désolée pour mon speech au début du cours. Vous ne vouliez peut être pas dénoncé Loan, mais je ne pouvais pas le laisser partir impunément. Je me suis fait votre avocat, mais je me rends compte que je ne vous ai pas demandé votre avis… »
Je ne sais pas quoi dire, comment répondre à cela ? J’en viens à me demander si à un moment je lui en ai voulu… La réponse est pourtant évidente. C’est ma faute si je l’ai mit dans une position gênante. C’est parce que je n’ai pas su réagir. Je ne veux pas qu’il se sente maintenant coupable de quoique ce soit. Après tout, il pensait bien faire, et je ne peux m’empêcher de penser qu’il a fait le bon choix. J’ai eut de la chance de rencontrer un homme comme lui. Il semble toujours s’inquiéter du bien-être des autres, parfois plus que le sien.
« Je ne vous en veux pas du tout. A vrai dire, sans vous, je me morfondrais surement encore à l’heure qu’il est ! » Le rassurais-je.
Il me regarde compatissant. Nul besoin d’efforts de compréhension, c’est comme s’il savait déjà ce que je ressens. Il s’est beaucoup inquiété pour moi, et m’a même défendu devant l’autorité du directeur… Je n’en mérite peut-être pas autant…
« J’espère que ça ne vous a pas embêté que j’ajoute votre nom à la liste sans vous solliciter avant, je pensais que c’est ce que vous auriez voulu… » S’excuse-t-il.
« Oh non, surtout pas ! Vous avez fait exactement ce qu’il fallait. Si je devais me poser des questions, ce serait pour savoir comment vous faites pour lire si bien en moi ! » Je répond, d’un ton léger.
Mais en vérité je trouve cela particulièrement touchant mais aussi étrange. Comment fait-t-il pour toujours avoir raison ? Cette histoire d’inscription me fait penser à Sarah à cet instant. Ce serait peut-être le bon moment pour l’interroger enfin ! Je me lance, oubliant ma réplique précédente qui a eut l’air de provoquer un léger rougissement de mon professeur, que je ne note pas :
« Mais au fait, vous sembliez réellement surpris que Sarah Osborne puisse s’inscrire pour l’expédition. Aussi je me demandais, quelle est votre relation avec la famille de mon amie ? » Lui demandais-je alors.
Il hésite quelques instants avant de soupirer longuement… Cherchant ses mots, il se caresse la nuque d’un geste que je reconnais maintenant comme la marque de son embarrât. Je ne pensais pas obtenir cette réaction, il semble réellement troublé par ma question. Il cesse finalement de se gratter et relève la tête vers moi.
« C’est une vieille histoire, en vérité je n’aime pas trop la raconter… Je n’aimerai pas que votre opinion de moi change après cela… »
« Comment voudriez-vous qu’une vieille histoire me change mon opinion de la personne que vous êtes maintenant ? » Répliquais-je, le mettant en confiance.
Un sourire à peine perceptible apparaît sur son visage. Il semblerait que ma dernière réplique ait réussie à le rassurer. Je ne suis pas peu fière de moi. D’autant plus que je vais enfin pouvoir en apprendre sur les Osborne, faute de témoignage de mon amie.
« La famille Osborne est très ancienne, et elle possède beaucoup de terrains à Mystery Spell, certains étant inscrits aux patrimoines historiques de la ville. Mais comme c’est une propriété privé de la famille, ils n’on jamais accordé à qui que ce soit d’y pénétrer… Lors de ma licence, je voulais à tout prix rédiger mon mémoire sur les origines mystiques de la ville, dont vous avez peut-être connaissance, et ma curiosité a été piquée à vif lorsque j’ai entendu une conversation sur des événements étranges se produisant dans un des propriétés des Osborne. A l’époque je me souciais très peu des conventions, j’allais m’aventurer sans autorisations sur leurs terrains… Sauf que je me suis fait prendre, et… il faut croire qu’ils m’en veulent encore aujourd’hui. »
Ces aveux sont ceux d’un homme qui regrette visiblement ces actes passés. J’imagine qu’il ne referait pas la même erreur aujourd’hui. Mais quelque chose me dit que c’est un peu bateau comme histoire. Pourquoi les Osborne sont-ils tous aussi secrets ? Après tout, ce n’est qu’un terrain, s’ils possèdent la moitié de la ville, comment se fait-il qu’ils se soucient d’un étudiant qui écrit son mémoire… Je sens que ni lui, ni Sarah ne veulent se mouiller dans cette histoire : ils préfèrent laisser planer le doute. Toutefois, sachant cela, je comprends que Sarah a dû faire preuve de courage pour assumer d’aller au cours de Monsieur Jones, sachant sa famille si peu enthousiaste envers lui. Le professeur Jones me fixe attendant ma réaction. Je me rapproche, me retrouvant de l’autre côté du bureau face à lui.
« Merci de me l’avoir dit, et ne vous en faites pas, votre passé tumultueux de délinquant sera bien gardé de vos fans ! »
Il me tapote la tête, puis nous rions ensemble de bon cœur. Le professeur Jones s’engage à retracer le voyage de la carte pour déterminer l’endroit exacte où elle aurait pu être trouvé et m’invite à repartir : jugeant mon travail satisfaisant pour aujourd’hui. Je débarrasse mes affaires, saluant mon professeur avant de quitter son bureau, il m’accompagne vers la sortie.
« Pensez à m’envoyer un message quand vous êtes rentrée, Helena. » me demande-t-il.
« Pas de soucis, Sébastian, à bientôt » Lui répondit-je.
Je me retourne alors sur un visage qui ne m’est pas inconnu puisqu’il était encore très proche de moi il y a quelques jours. Loan accourt vers nous, une expression totale de désarroi sur son visage.
« Helena, s’il te plait, laisses-moi te parler ! » Supplie-t-il.
« Vous en avez assez fait Huxley, laissez Mademoiselle Meyer tranquille maintenant ! » Rétorque Jones, se mettant entre nous pour me protéger.
« S’il vous plait, laissez-moi au moins vous expliquer ! Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça… Je me suis rendu compte seulement quand Drogo m’a mit à terre, je vous le jure ! » S’écrie Loan, pitoyable.
J’avoue qu’il n’a pas l’air dangereux d’un coup. Mais puis-je pour autant baisser ma garde ? Mon professeur ne semble pas du même avis, il s’empare du col de Loan, le soulevant avec une facilité déconcertante. Loan se laisse faire, étonnamment. Il a l’air complètement désarçonné. Il me supplie de le pardonner dans une autre complainte. Sébastian essayant de le contenir pour ne pas qu’il se jette à mes genoux.
« Écoutes Loan, je ne sais pas si tu fais ça pour te racheter ou quoi… Mais c’est inutile, rien ne peut effacer ce qui a été fait. Toutes les raisons que tu me présenteras ne suffiront pas à excuser ton comportement… et je ne peux pas faire lever la sanction qui pèse sur toi alors tous tes efforts sont inutiles. » Lui répondis-je, accablée.
« Ne me prête pas des intentions que je n’ai pas, Helena. Je peux te jurer que je ne voulais pas faire ça. La vérité c’est que je ne me souvenais plus de rien, et que Samantha m’a raconté ce que vous aviez rapporté au directeur, Mr Jones… » Avoue-t-il avant d’ajouter « Je suis vraiment désolé… vraiment… Je ne veux juste pas avoir cette étiquette de pervers sur la tête toute ma vie… ».
Il a l’air tellement sincère et pourtant, comment puis-je lui pardonner ? Je n’en ai pas envie. Il ne s’en souvient pas ? C’est le comble tout de même ! Et en plus il se fie à la dernière personne de raison sur cette terre, Samantha, pour la retranscription des faits ? Je pense avoir trouvé plus naïf que moi. Pauvre Loan, finalement c’est sa réputation qui l’importe le plus… c’est bien triste de le voir aussi pathétique. Le professeur lâche le garçon qui se laisse tomber au sol. Il me prend par la main, avant de me raccompagner jusque la sortie du bâtiment. Il marche devant moi, tirant sur ma main qu’il tient toujours, sans me laisser voir son expression. Malgré tout, je discerne sa mâchoire serrée, cette altercation avec mon agresseur n’a pas été un enchantement pour lui non-plus on dirait. Un fois arrivés à la sortie, il me lâche la main. S’excusant de m’avoir probablement fait mal :
« Je ne suis pas faite de sucre, vous savez ? » Lui dis-je.
Il se caresse la nuque une dernière fois avant de saluer, et de retourner dans l’enceinte des bâtiments. Je le regarde s’en aller, avant de partir à mon tour, pour retrouver le manoir Bartholy…
[Bonjour / Bonsoir : j'espère que ce fut une agréable lecture, j'ai pas grand chose à ajouter comme NDA de fin de chapitre à vrai dire... Alors je me contenterais de vous prévenir que le prochain chapitre sortira sûrement plus tard que les autres, avec les fêtes en prévisions et les examens... Bref, Passez toutes et tous une bonne semaine, ciao ! ]