Is it or is it not ?

Chapitre 2 : L'important, c'est de participer ...

2831 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/11/2018 19:07



Je relève ma tête doucement, et tombe nez à nez avec Drogo. Il n’a pas bougé d’un millimètre, comme si notre bousculade avait eut l’effet d’un courant d’air. J’ignore pourquoi, mais à chaque fois que je touche l’un des Bartholy, je ressens cette froideur... Je l’avais déjà remarqué la première fois où Nicolae m’a serré la main. Drogo est toujours un mystère pour moi, mais il s’est un peu calmé depuis mon arrivée. Il me salue, blasé, puis enchaîne :


« Tu as quel cours ce matin ? »


« Cours avec Jones, d’ailleurs on est pressées ! » lui rétorque-je.


Son expression change lorsque je prononce le nom de mon professeur. Soudain, je crois presque entendre un grognement de mécontentement. Je le vois rarement avec cette expression… En fait, je le vois rarement avec des expressions tout court. Sarah me prévient qu’elle entre dans l’amphi pour prendre nos places. Je reporte mon regard sur Drogo qui, malgré son air taciturne, semble décidé à vouloir me dire quelque chose… surement une mauvaise réflexion encore :


« Écoutes, j’ai vraiment pas le temps de m’occuper de toi Drogo, on se voit au Manoir. »


« Ouais, fait juste gaffe à ce Jones… »


Je me retourne pour lui répondre, mais il a déjà disparu dans la foule d’étudiants. Comme d’habitude je dois passer le mur de groupie qui attend notre professeur devant son pupitre. Je rejoins Sarah qui m’attend patiemment.


« C’était quoi son problème à Drogo ? » me demande-t-elle.


« Rien de bien important. Heureusement que cette rencontre ne nous a pas empêcher d’avoir de bonnes places ! »


« Oui, tellement ! Pauvre Monsieur Jones, avec Samantha et sa horde pour comité d’accueil, il a décroché le pompon. » Réplique-t-elle d’un ton sarcastique.


C’est sûr qu’il a du succès… C’est le plus jeune professeur de la faculté, il n’a pas encore atteint la trentaine, c’est un beau ténébreux aux cheveux noir comme l’ébène qui a voyagé à travers le monde, et découvert des endroits mythiques. Il est connu et respecté du corps enseignant de l’université pour sa thèse qui lui a valu d’être majeur de sa promo. Et puis, c’est vrai qu’il est vraiment bien fait… physiquement, je veux dire. Non pas que je fantasme sur lui, mais je sais reconnaître la beauté quand je la vois. Mais je ne suis pas au point de l’aduler comme ces filles. Je le respecte en tant que professeur, et son parcours ressemble fortement à mon idéal de carrière. J’espère être à la hauteur de mes espérances : avec le cours de Monsieur Jones, je sens que j’approche chaque fois un peu plus de mon but… Mais avec Samantha et compagnie, c’est impossible d’avoir un peu de temps avec lui pour lui poser des questions à la fin du cours. Ah… Samantha… Si elle n’avait pas sa beauté, je me demande ce qu’elle aurait pour elle. Il est vrai qu’elle a un physique très avantageux (en même temps c’est la règle pour être capitaine de l’équipe des Cheerleaders de l’université –un peu cliché, ne trouvez vous pas ?-). Parfois je me demande si elle ne joue pas de son image de fille naïve… surtout pour Loan (le chef de l’équipe de Foot de la fac). Elle est un vrai pot de colle avec lui, mais je trouve qu’ils se correspondent bien : avec les multiples tentatives de drague de ce cher Loan, envers moi ou d’autres filles. Mais bon, ce n’est pas du tout mon genre d’homme… Bien que je n’aie pas défini mon genre en fait… Sébastian Jones ? Pourquoi cette idée me vient-elle en tête tout à coup ? Le voilà qui arrive d’ailleurs, il entre dans l’amphi et monte l’estrade en saluant ces étudiants. Son regard survole l’assemblée et se pose quelques secondes sur mon ami et moi. Je vois comme un rictus de satisfaction sur ces lèvres, mais je n’y prête pas plus d’attention. Le cours commence, et les groupies rejoignent les sièges. Mr Jones active son diaporama :


« Aujourd’hui nous allons parler des Incas. Au court de cette année, nous allons aborder plusieurs fois le thème des peuples ancestraux. Sur cette première diapositive… » Il continue son explications sur les légendes de ce peuple passionnant, tout en expliquant leurs lien avec le contexte culturel.


« Que pouvez-vous me dire sur ce site de fouille ? » interroge-t-il.


« C’est le site d’Ollantaytambo, un lieu de très grande importance pour la civilisation Inca, notamment pendant leur conquête ou encore leur résistance ! » je me presse de répondre.


Je sais que ça peut paraître fayot, mais je ne vois pas cela comme ça. J’aime juste participer, ce n’est pas une volonté d’étaler mes connaissances, car je suis très loin de tout savoir. J’admets en revanche apprécier faire avancer le cours, le faire vivre et de montrer au professeur Jones que ses cours sont intéressant au-delà de l’admiration puérile de certaine.


« Très Bien, mademoiselle Meyer. En effet, pendant les conquêtes espagnoles… »


Il poursuit son cours, visiblement content de ma prestation. Mr Jones continue son cours sur les Incas, deux heures sont très vite passées. Je ne peux pas m’empêcher de penser que j’ai de la chance d’être venue à Mystery Spell juste pour avoir un excellent enseignement. Nous quittons l’amphithéâtre avec mon amie, tandis que le prof est assailli par son groupe de sangsues habituelles. Je suis un peu déçue de ne pas avoir pu lui parler encore… ce sera pour une autre fois ! L’après-midi défile, les cours aussi, puis je décide de me rendre à la bibliothèque : j’ai encore une fois beaucoup de chance. La bibliothèque universitaire de Mystery Spell regorge de références intéressantes, malheureusement pas de textes assez anciens pour nourrir ma curiosité, ou m’aider dans ma thèse. Par conséquent je me rabats sur des textes et articles qui parle surtout de l’histoire des peuples, des légendes, mais il n’y a pas assez de livres sur le paranormal. Je ne pourrais pas en apprendre plus sur mes capacités ici… mais qui sait, je n’ai pas lu toute la bibliothèque encore ! (Et ce n’est pas comme si j’avais l’intention de devenir un rat de bibliothèque de toute façon). Je prends quelques livres, m’assois à un bureau individuel, et commence mon affaire. J’ai choisi d’étudier les vampires aujourd’hui… Parfois je me demande si nous ne sommes pas entourés de créatures, et je dois avouer que depuis mon arrivée chez les Bartholy, je suis confortée dans cette idée… à dire vrai, je ne les ai jamais vu manger, ni boire, ils ont une facilité à se déplacer et parfois des comportements étranges (comme leur langage). La petite Lorie ne mange pas, j’ai fait l’erreur de vouloir lui préparer quelque chose une fois, des cup-cakes ultras roses –pensant qu’elle aimerait-, je n’ai récolté que des larmes (Nicolae m’a ensuite dit qu’elle ne pouvait pas manger à cause de sa condition ‘’spéciale’’). Drogo s’en va parfois faire des balades nocturnes dans la forêt, et quand j’essaie de lui demander des comptes, c’est moi qu’il envoie balader. J’ai déjà assez parlé de Nicolae, il a beau être gentil et rassurant, il n’en reste pas moins comme les autres Bartholy, soit très étrange. Enfin Peter, que je n’ai pas rencontré le premier jour, est très discret, parle à peine, s’enferme dans sa chambre à jouer du piano (très bien d’ailleurs). Celui là ne dort jamais je crois, puisqu’il joue pendant des heures la nuit… et le pire, c’est que ça ne l’empêche pas d’aller en cours le lendemain ! Si je faisais ça, je crois que je ressemblerai à un zombie… On aurait enfin la preuve qu’ils existent ! Bref, que de preuves que les Bartholy sont spéciaux.

Je consulte donc mes ouvrages, prends des notes de ce qui m’intéresse, et prépare la structure de mon exposé. Je passe plusieurs heures à travailler, les autres étudiants commencent à quitter la bibliothèque. Les horaires de fermeture sont convenables, puisqu’elle ferme à 22 h 30. Mon couvre-feu c’est 21 h, imposé par Nicolae pour que je ne coure aucun danger sur la route. Une chose est sûre, il fait attention à moi, et c’est souvent réconfortant.

Soudain, je sens une présence qui m’observe. Un frisson parcourt le long de ma colonne vertébrale, et je ressens des picotements aux doigts. Je ferme les yeux et pourtant je pourrais presque voir qui me regarde. Je me retourne et remarque tout le monde a quitté la pièce. Je vérifie à droite, puis à gauche…


« Mademoiselle Meyer ? »


Je reconnais cette voix, c’est celle de Monsieur Jones ! Que vient-il faire ici à un moment pareil ? Je ne me sens pas normale… Je ressens toujours ses picotements, je frissonne… Je ne veux pas qu’il me voit comme ça…


« Vous allez bien ? »


Il me regarde soucieux, je peux sentir son inquiétude. Il se rapproche de moi, une feuille commence à se soulever d’elle-même devant moi, à léviter, je m’empresse de l’aplatir sur la table. Je ne frissonne plus, mes picotements se sont arrêter. Je vérifie que Mr Jones n’a rien vu… Ouf ! Il ne semble pas avoir remarqué quoique ce soit. Il arrive à ma hauteur, j’adopte un sourire rassurant et lui répond :


« Ça va très bien et vous, professeur ? Je poussais juste un plus dans mes recherches. » Dis-je en feignant un rire naturel (depuis quand ai-je appris à faire ça ?)…


Il semblerait que j’ai réussi à le rassurer. Il retrouve son expression bienveillante de toute à l’heure. Il prend un siège et vient s’assoir près de moi, il positionne la chaise de manière à ce que le dossier se trouve face à lui. De cette manière, il est penché en avant et croise les bras sur le dossier. N’importe quelle position le met en valeur, il n’y a pas un angle mort on dirait … mais qu’est ce que je raconte moi ? Il continue de m’observer, je n’avais vu son visage d’aussi près. Je m’accorde quelques secondes pour le détailler. Ses iris sont dorés, on dirait les yeux d’un faucon, ses cheveux noirs décoiffés lui donnent un air ténébreux, mais ses traits adoucissent son visage. Je sens que mon regard s’éloigne de son beau visage pour descendre vers son cou musclé, puis son torse parfaitement dessiné. Je comprends ce que lui trouve la gente féminine : il est vraiment sculpté comme une statue de Dieu Grec. Je suis me reprend lorsque je me rend compte que son regard se pose les livres et mes notes.


« Les vampires … ? » Me demande-t-il d’un ton interrogateur. « Vous avez deviné le sujet de notre prochain cours ? » il me fait un clin d’œil bienveillant. Il me taquine on dirait….


« Je ne savais pas que j’allais vous devancer, excusez-moi. Je cherche des articles pour mon sujet de thèse. Je ne suis pas encore sûre de ce sur quoi il va porter… » Lui confie-je, timidement.


« Je suis ravi de constater que vous prenez des initiatives, et je suis impressionné par votre détermination. Être seule à la bibliothèque le soir en est la preuve, mademoiselle Meyer ! »


Il dit ces phrases avec un sourire charmeur. Je crois qu’il me surestime peut-être un peu, mais je ne vais pas me plaindre. Après tout un compliment reste un compliment, et je suis heureuse qu’il reconnaisse mes efforts. C’est vraiment un excellent pédagogue… Je réalise que c’est l’ultime occasion de lui poser mes questions ! Malheureusement il se fait interpeller par un collègue. Il lui fait signe qu’il le rejoint, avant de se lever et de ranger sa chaise. Avant de partir, il revient vers moi, pose sa main sur mon épaule comme pour s’excuser de couper court à notre conversation.


« Vous êtes vraiment intéressante Mademoiselle Meyer… j’espère que nous nous recroiserons en dehors de mon cours comme ce soir, J’aime voir mes étudiants s’investir comme vous le faites. »


Déjà que ce simple contact physique suffit à m’électriser, ses mots ont l’effet d’une bourrasque qui accélère encore plus mon rythme cardiaque. Il retire sa main, me fait un clin d’œil puis s’éloigne pour rejoindre son interlocuteur… Je me retrouve seule dans la BU, ou du moins avec le concierge. Je décide de rentrer au manoir, de toute façon je n’arrive plus à me concentrer (on se demande bien pourquoi). Je range mes affaires dans mon sacs, et quitte la Bibliothèque sans oublier de saluer le gardien –qui doit avoir l’habitude de me voir maintenant, étant donné que je viens souvent me documenter ici- le pauvre, je lui fais faire des heures sup’.

Un fois rentrée au Manoir, je me rends au salon où j’entends une conversation très étrange entre Nicolae et Lorie :


« Mais, j’ai rien fait ! Je ne voulais pas lui faire du mal, il est tombé tout seul ! »


Je reconnais la voix sanglotant de Lorie, mais de quoi elle parle ? Je m’arrête à l’encolure de la porte, ils ne semblent pas s’être aperçus de mon retour. Je peux voir dans la faille de la porte que Lorie pleure réellement, on dirait qu’elle se fait disputer par son grand-frère… Nicolae lui, la regarde de toute sa hauteur, les bras fermement croisés sur son torse. Il la regarde d’un air moralisateur.


« Il était blessé et saignait abondamment ! Imagines si je n’étais pas arrivé plus tôt, le chaos dans lequel tu aurais plongé notre Famille ! Heureusement qu’il était inconscient, il ne s’est pas rendu compte de ce que tu es ! » Réprimande Nicolae.


Je ne comprends rien à leur conversation, il semblerait qu’elle ait fait une bêtise avec ses camarades de classes. Lorie ne s’est jamais entendu avec d’autres personnes que ses frères, elle se semble pas bien comprendre comment se comporter avec autrui. A tel point qu’elle m’a déjà confié être embêter par certains des élèves de son école qui se moquait d’elle. Il semblerait qu’elle a fait quelque chose de grave, mais à quel point ? J’attends d’en apprendre davantage, mais la phrase qui va suivre va dévoiler un secret que les Bartholy voulaient surement garder sous silence :


« Mais J’avais tellement soif Nicolae ! C’était juste un peu de sang ! »


On dirait que mes doutes sont enfin clarifiés. Les Bartholy sont bels et bien des vampires. En apprenant la nouvelle, je ne peux empêcher d’émettre un petit cri d’étonnement que je tais tout de suite avec ma main sur ma bouche. Mais trop tard, ils m’ont entendu, et ils savent que je les ai écoutés maintenant… Que vont-il me faire ? Est-ce qu’ils vont me tuer pour protéger leur secret ? Me garder pour leur prochain casse-croûte ?! Adieu belle vie, je ne pourrais jamais partir au Pérou vivre les aventures dont j’ai toujours rêvées ! J’entends un bruit de pas qui approche… Nicolae ouvre grand la porte, me dévoilant à la lumière de la pièce, je manque de tomber mais me rattrape au bord du mur. Nicolae me fixe, on dirait qu’il est remonté à bloc !


« Tu as tout entendu n’est –ce pas ? »


Je suis fichue….


Laisser un commentaire ?