Is It Love ? Peter
Rapidement je pénètre dans le manoir, mais je suis loin de m'y sentir en sécurité.
Nicolae m'attend devant l'escalier. Je lis un soupçon d'inquiétude dans son regard.
Il s'approche de moi, je sursaute ! J'essaie toute fois de garder mon calme : il ne doit pas s'apercevoir de mon trouble.
- Agathe, tout va bien? Ta soirée s'est bien passée?
Je n'ai pas envie de m'étendre sur le sujet avec lui, même si son inquiétude me touche. Je n'ai qu'un seul désir : me réfugier dans ma chambre et établir un plan.
- La soirée à été un peu mouvementée, mais c'est Halloween après tout ! Ne t'inquiète pas, je vais bien.
Mon mensonge évident ne prend pas, il me sourit faiblement et se dégage de passage.
- Si tu as le moindre problème, Agathe, tu sais que tu peux compter sur moi...
Nicolae est tellement gentil… Comment pourrait-il être une de ces créatures assoiffées de sang décrites par le professeur Jones…?
Il soupire et passe une main dans ses cheveux, puis m'adresse un léger sourire.
- Je suppose que tu as besoin de te reposer. J'ai pris la liberté de te faire couler un bain. Bonne nuit, Agathe.
Je lui suis vraiment reconnaissante, Nicolae est quelqu'un de prévenant.
Je ferais bien de retrouver mes esprits. Cette soirée m'a rendue complétement parano ! Je vais prendre un bain, c'est tout ce qu'il me faut ! Demain j'aurais oublié ces histoires de fantômes et de vampires.
Je monte les marches, épuisée. Surprise, je vois Peter, le dos courbé et le regard vide, appuyé contre la porte de ma chambre.
Mon cœur se met à battre follement dans ma poitrine. Lorsque j'arrive à sa hauteur il lève la tête. Son visage est impassible, et je me demande pourquoi il est là.
Il n'attend pas que je lui pose la question et s'avance vers moi.
- Je voulais simplement te dire que je n'aurais pas dû intervenir dans le bar. Je le regrette. S'il te plaît, n'en parlons plus.
Il s'apprête déjà à partir, à fuir, comme d'habitude. Je lui attrape le poignet. Sa peau est froide comme la mort.
Il regarde ma main avec une expression à la fois stupéfaite et alarmée. De quoi a-t-il peur?
(Je veux juste apprendre à te connaître, Peter…)
- Moi, je voulais te remercier. Loan a été brutal et tu l'as empêché de me faire du mal. Il n'y a rien à regretter.
Il lève ses yeux vers moi. Ses magnifiques yeux verts me regardent avec une telle émotion que je me sens défaillir.
Il libère son bras de mon emprise et me lance un regard dubitatif.
- Pourtant, tu avais l'air plutôt proche de lui, dans le bar…
- Il ne m'a pas laissé le choix!
Peter m'observe un moment, puis finit par secouer la tête, comme pour s'éclaircir les idées.
- Loan ne devrait plus te poser de problèmes, maintenant…
Mon cœur bat la chamade en l'entendant prononcer ces mots. Il est si beau ! Le regarder me coupe le souffle.
Il m'observe un moment, sans rien, dire. Je vois bien que quelque chose le perturbe.
- La prochaine fois, fais plus attention à toi. Ne laisse pas des garçons penser qu'ils ont une chance, si ce n'est pas le cas. Après ils se sentent en confiance et agissent stupidement.
(On parle toujours de Loan, là?)
- Je ne lui ai rien laissé croire du tout ! Ce n'est pas de ma faute s'il s'en est pris à moi !
Peter semble se rendre compte que ses paroles m'ont blessée. Il fronce les sourcils et se mord la lèvre inférieure, l'air furieux contre lui-même.
- Désolé, Agathe, Ce n'est pas ce que je voulais dire…
Il soupire bruyamment et passe une main dans ses beaux cheveux noirs aux reflets bleus.
- Parfois je m'exprime mal. Je lis beaucoup de livres, mais je suppose que ça ne m'aide pas vraiment dans la réalité. Je m'inquiète simplement pour toi…
Loan est un crétin, Il agit comme si le monde lui appartenait…Je ne le laisserai jamais te faire du mal, mais une fille aussi belle que toi devrait se méfier de lui…
Il pourrait essayer d'autres méthodes pour obtenir ce qu'il veut.
- Merci de t'inquiéter pour moi.
Ses yeux émeraude m'observent, comme s'il cherchait à résoudre une énigme très compliquée. Je lui souris, simplement parce que j'aime être en sa présence. Il me fix un moment indécis, puis il sourit à son tour. Je ne l'ai jamais vu sourire aussi sincèrement mon cœur fond littéralement.
Lorsqu'il sourit, tout son visage, déjà très agréable à regarder, s'illumine et devient véritablement magnifique. Je ne peux m'empêcher de lui dire.
- Tu devrais sourire plus souvent. Ca te va bien.
Il semble à nouveau ébranlé par ma remarque et me contemple longuement. Ses yeux brillent davantage. Il se rapproche légèrement de moi, comme s'il n'arrivait pas à se contrôler.
- Moi aussi, Agathe, j'aime te voir sourire. Lorsque tu souris, tout me semble plus agréable. Je n'ai pas envie qu'un mec stupide comme Loan t'enlève ce sourire.
Ce qu'il dit me touche profondément. Avec la mort de mes parents, mon déménagement, et toute les difficultés que j'ai affrontées, l'entendre dire que mon sourire est précieux me bouleverse. Soudain, il glisse ses doigts entre les miens. Ils sont froids mais aussi doux et virils. Paume contre paume, nos doigts s'entremêlent. Son geste est à la fois doux et possessif. Nos regards se croisent et je sens dans mon corps des fourmillements qui ne me sont pas familiers.
Il lâche ma main et approche son visage du mien. Mon cœur bat la chamade, je me sens totalement sous son emprise, incapable de faire le moindre mouvement.
(Va-t-il m'embrasser ?!) Alors que nos visages ne sont plus qu'a quelques centimètres l'un de l'autre, il glisse doucement sa joue contre la mienne et murmure à mon oreille.
- Bonne nuit, Agathe.
D'un mouvement rapide, il s'éloigne de moi… et rejoint sa chambre, me laissant seule dans le couloir, bouleversée.
J'ai vraiment chaud, tout à coup, et je ne sais plus où me mettre. J'ai presque envie de la rejoindre dans sa chambre pour y continuer notre petite conversation…
Peter cache bien son jeu ! Il est loin d'être le garçon timide qui se cache derrière ses livres, si on essaie de lui adresser la parole.
Il est capable d'être sûr de lui, viril, et vraiment, vraiment très séduisant. Je rentre donc dans ma chambre et me jette sur mon lit, la tête enfoncée dans un coussin.
Pour résumé cette soirée : Loan mérite des claques, je vois des fragments d'âmes un peu partout en ville, et les frères Bartholy cachent quelque chose…
Je pourrais simplement quitter le manoir demain matin, mais je me rend compte que ce ne serait qu'une nouvelle fuite.
Certes ils sont différents des autres, mais ça ne fait pas d'eux des monstres pour autant. Je ne devrais pas les juger trop vite.
Quelques secondes plus tard, j'entends des notes de piano s'élever dans les airs et venir jusqu'à moi. La mélodie est toujours aussi envoûtante.
Comme son auteur. Elle pénètre en moi, là où mes émotions sont les plus enfouies...