L'école des démons acte 1
Aérin suit Callego jusqu’au carrosse qui l’a amené ici, sa famille et lui. Ceux-ci les attendent devant le véhicule, ses parents, son Oncle qu’elle reconnaît et elle suppose son frère. Une fois proche d’eux, elle baisse immédiatement les oreilles et les yeux. Callego l’invite à monter et à s'asseoir ses côtés, son frère les imitant en se plaçant à côté d’elle. L’oncle, la mère et le père se placent en face.
— Je vous présente Aérin Divalis, une camarade de classe, dit Callego.
— Alors jeune fille, qu’est-ce que cela fait de côtoyer un ronchon comme lui ? Demande l’oncle, en souriant.
— Du repos, j’ai un frère jumeau bruyant, répond-elle timide.
— Trop bruyant, râle Callego qui se retourne vers l’homme en le fusillant du regard.
— Tes parents travaillent avec mon frère et sa compagne, vous ne devez pas les voir souvent.
— Non, pas vraiment, répond Aérin.
L’oncle, le père et le frère sont semblables, jusque dans cette mèche rebelle qu’ils portent tous les trois, sauf la longueur de leurs cheveux qui changent. Le frère et le père les ont longs, Callego et l’oncle plus court. Aujourd’hui, il présente bien, mais à l’école, il se néglige grandement. Ses parents restent silencieux, ce qui met mal à l’aise la jeune qui se sent de trop dans ce carrosse.
— Tu n’es qu’Aleph, dit le père, en apercevant seulement son badge.
— Oui, répond la jeune gênée.
— Tu t’es acoquinée d’une femelle aussi faible ? rétorque le père.
— Père ! Réplique le sombre.
— J’ai été estimée Aleph à cause de ma santé, je rivalise avec Callego à l’écrit et je me défends bien au corps à corps, seule ma magie est faible, répond Aérin, sèchement.
— Elle rivalise avec un He au combat, clarifie Callego.
— Tu as la santé fragile ? demande la mère d’un ton plus doux.
Callego se retourne sur elle, qui le regarde, embarrassée.
— Je suis mourante, dit-elle à voix basse.
La mère et l’oncle écarquillent les yeux, tandis que le regard du père se fait moins dure.
— Tu as une idée du temps qu’il te reste, demande Narnia qui ne faisait qu’écouter jusqu’à la.
— Pas vraiment, je peux tenir jusqu’à la fin de mes études, comme cela pourrait arriver… Le mois prochain, déclare-t-elle.
— Tu n’as pas l’air si mal en point ? avance l’oncle.
— Tant que mes reins et mon foie fonctionne, cela ira, mais une fois qu’ils cesseront leur activité, je m’éteindrais en quelques jours.
Callego qui a la joue posée sur son poing, se redresse en écarquillant les yeux pour la dévisager avec une certaine amertume. Il le sait, mais l’entendre entrer dans les détails, ce qu’elle n’avait jamais fait, a de quoi lui retourner l’estomac bien plus fort que le coup qu’il avait reçu d’Opéra.
Enfin, les voilà arrivés… Callego guide Aérin dans l’énorme résidence, qui se sent vraiment petite dans ses couloirs avec ses fenêtres trop grandes. Callego emmène directement Aérin là où elle dormira durant les prochains jours.
— Il y a bien évidemment assez de chambre pour que tu aies la tienne… Sauf si tu préfères dormir avec moi, dit Callego en se grattant l’arrière de la tête.
Elle remonte les yeux vers lui, puis les dévie. Elle n’aime pas dormir seule, mais il n’a pas l’air de bien dormir quand il est avec eux. Elle touche la plaie qui la tiraille encore et se tourne vers la porte qu’il vient de lui ouvrir.
— J’aimerais me changer si cela ne te dérange pas, demande-t-elle.
— Bien sûr, il y a une salle de bain dans chaque chambre, je vais te prêter les shampoings.
Aérin entre dans la chambre est deux fois comme la sienne. Elle se demande à quoi peut ressembler celle du démon ? La rousse rougit tout à coup, s'apercevant qu’elle est sans pyjama ! Elle entend frapper à sa porte et la voix de Callego derrière qui lui demande s’il peut entrer, ce qu’elle accepte bien sûr. Celui-ci c’est fait la même remarque, il lui prête donc l’une de ses tenues de nuit.
— Ça risque d’être un peu grand, mais tu peux changer la taille s’il le faut.
— Callego… Je peux dormir avec toi, s’il te plait ? demande-t-elle, rouge et avec des yeux de chaton.
— Pas du tout, répond le brun en lui caressant la joue dans une douceur qui le surprend lui-même.
Aérin le suit de ce fait et il lui laisse la salle de bain. Il lui prépare le nécessaire avant de retourner dans l’autre pièce. Pourvu que la porte ne s’ouvre pas malencontreusement, pense la démone. Elle se glisse dans la baignoire qui fait aussi douche et fait couler l’eau pour la laisser se réchauffer tout en surveillant nerveusement la porte.
Le temps qu’elle finisse sa toilette, il vérifie la discussion sur le groupe… Sa veine ressort de plus en plus au fil de la discussion. Degan vient d’informer Opéra et Shichiro que sa sœur est chez lui. Le brun s’est immiscé dans la conversation pour leur demander d’arrêter avec leurs déductions foireuses. Shichiro s’excusant tout en saluant son camarade. Sa messagerie privée s'active. Il pensait que ce serait Shichiro, mais est étonné de voir qu’il s’agit de Degan.
Degan 21:47
J'ignore ce que tu as en tête.
Degan 21:47
Ne la blesse pas.
Le démon souffle d’agacement en levant les yeux au plafond, comme si… Enfin, le côté protecteur de Degan n’est pas nouveau.
Callego 21:50
Pourquoi me prends-tu ? Tu n’as pas un frère à aller ennuyer ?
Degan 21 :51
Il est à côté de moi, si je ne te réponds plus c’est qu’il m’a assommé.
Le brun entendrait presque le rouge rigoler seul. Aérin sort en détournant les yeux, ses cheveux mi-long bouclent à cause de l’humidité. Callego a relevé les yeux quand elle est sortie… Il se racle la gorge, son cœur s’emballant encore inutilement. Ils échangent leur place, la rousse découvre alors la discussion et proteste sur Degan et Opéra tout en discutant avec Shichiro pour finalement leur souhaiter une bonne nuit, Callego étant de retour.
La rousse se retourne vers lui qui s’assied sur le matelas. Elle sent son cœur battre dans sa poitrine et son ventre la chatouiller. Décidément, qu'a-t-elle avec les cheveux mouillés ? Ce n'est pas la première fois qu'elle s'emballe à cause de cela.
— Tu veux que je laisse la petite lampe allumée ? dit le démon d’un air narquois.
— Ça va, je n’ai pas peur du noir, je m’aime juste pas dormir seule, ronchonne-t-elle.
— Tu as déjà dormi sans ton frère ?
— Quand il s’absente, je dors avec Azael, explique-t-elle.
— Il t’arrive de faire des crises de nuit ?
— C’est plus rare.
— Si tu te sens mal, n’hésite pas à me réveiller, crise ou pas, dit-il doucement.
— Je peux avoir un verre d’eau ?
Le brun se retourne et se penche vers son bureau juste à côté de son lit et lui tend la bouteille. La démone le remercie et sort une trousse qui contient ses médicaments. Elle lui tourne le dos pour avaler les pilules du soir, ce qu'elle n’avait jamais fait devant eux.
— Si ça te gêne, tu peux les laisser dans la salle de bain et ne les oublient pas quand tu retourneras chez toi !
— Ça va, mais je ne veux pas te mettre mal à l’aise non plus.
— Ça ne me dérange pas.
— Le professeur Blushenko est responsable du Batora pharmaceutique. Je les motive à trouver un moyen de m’aider, c’est déjà ça, dit-elle en souriant.
— Tu n’es pas obligé de sourire pour me donner l’impression que tu vas bien, réplique Callego.
Aérin le regarde stupéfaite, puis baisse les yeux en attrapant son bras. Callego la dévisage doucement, puis lentement se glisse contre elle pour la prendre dans ses bras. Elle adore ça, mais encore une fois, Callego l'intimide plus qu'elle ne voudrait l’admettre. Il l’attire contre lui tout en s’allongeant sous les draps. Il prend une bouffée d’air tout en glissant sa main dans sa chevelure et la laisse venir placer sa tête sous la sienne. Nerveuse, elle tient ses bras contre sa poitrine, n’osant pas être trop intrusive avec lui. Le brun se sent nerveux et n’ose pas la toucher, la rousse a le front appuyé contre son torse. Callego, a posé sa main sur son bras qu’il caresse doucement. Au fur et à mesure que les minutes s'écoulent, ils finissent par s’endormir.
Le lendemain matin, Aérin ouvre les yeux avant Callego. Elle l'observe tandis qu'il dort, cela change de le voir avec un visage serein. La morsure n'a pas été abordée hier, il le fera sans doute aujourd’hui. Cela reste un acte déshonorant pour un démon. Est-ce qu’il en est déçu ? La démone se déporte sur son coussin pour avoir son visage à la même hauteur que lui et glisse maladroitement la main dans sa chevelure hirsute. Callego a ouvert les yeux et elle en baisse aussi vite les oreilles. Il sursaute de la voir aussi près et rétablit les distances entre eux ce qui fait grimacer Aérin… Il est bien dérangé par sa proximité. Est-ce qu’elle ne se comporte pas comme il le faudrait ? Est-ce parce qu’elle ne l’a pas laissé faire la dernière fois dans la caverne ? Le couple se lève et descend pour aller déjeuner. Aérin est un peu perturbée par la présence des domestiques. Callego les salue et elle en fait de même. Elle aurait dû se changer… L’oncle vient à les rejoindre quelques minutes plus tard. Lui aussi peine à se réveiller. L'adulte, sa tasse de thé en main, prend quelques minutes pour réagir.
— Alors les jeunes, vous avez profité de votre nuit ? ricane l’oncle.
— Si par profiter, tu parles de dormir, oui, rétorque Callego.
— Ça va mieux ta blessure ?
— Oui, répond la rousse en baissant les yeux.
Callego se bloque, il enfourne son croissant en bouche, mordant dedans comme pour passer sa rage sur la pauvre viennoiserie.
— Excuse les questions indiscrètes que mon frère t’a posées hier.
— Il n’y a pas de mal.
— Enfin, je suis plus que surprit de voir que celui-là, a une petite copine.
Callego manque de s’étouffer avec son croissant, ce qui fait rire Aérin de dépit, le pauvre n’a jamais de répit.
— Bon, c’est bien de l’avoir invité, mais tu comptes la garder avec nous jusqu’à quand ?
— Sa présence te dérange ? grogne-t-il.
— Tu veux que je reste plusieurs jours ? demande Aérin.
— Sauf si ça te dérange, réplique le jeune.
— C’est plutôt à ton oncle que tu devrais le demander ?
— Tu demeures autant de temps que tu veux, miss ! répond l’oncle.
— D’accord… Je vais peut-être demander à Azael dans le cas où ça le dérangerait.
De plus, elle est sans linge de rechange et elle se sent un peu ridicule dans le pyjama de Callego qui est trop grand pour elle. Aérin envoie le message à son frère aîné et attend sa réponse.
— Degan va faire une crise, réalise-t-elle.
— Il s’en remettra, réplique le brun.
— Tu sembles proche de ton jumeau, demande l’oncle.
— Oui, même s’il est parfois agaçant. On est toujours là pour l’autre et c’est pareil avec mon frère ainé, dit-elle en souriant.
— C’est bien les familles soudées !
Le téléphone de la rousse vibre ainsi que celui de Callego. Azael vient de lui donner son accord. Degan lui vanne Callego qui l’ignore simplement. Le déjeuner de fini et ils retournent à l’étage. L’un est parti se changer, l’autre attend la venue de son frère pour le faire.