L'école des démons acte 1
Le lendemain matin, Opéra ce réveil automatiquement à 6 h du matin. Celui-ci s’étire puis regarde autour de lui, c’est vrai, il n’est pas au manoir. Il fixe le halo de lumière qui passe par la porte, se lève et l’ouvre délicatement pour s’éclipser de la pièce. Callego se réveille peu de temps après lui et s’étire en oubliant la proximité d’Aérin et la bouscule légèrement, ce qui la tire de ses songes. Le brun se crispe en se tournant vers elle ennuyé de l’avoir réveillée.
Aérin s’extirpe des bras de Shichiro le plus lentement possible et passe sa main dans sa chevelure emmêlée et baille. Elle dirige ses yeux vers Callego qui a, lui aussi, les cheveux en pétards. Il surprend son regard et sourit narquois en lui faisant remarquer qu’elle n’est pas mieux lotie. Azael vient de se redresser, il se frotte les yeux en repoussant son frère qui l'a serré comme un doudou toute la nuit et s’aperçoit qu’Opéra et le renard sont aux abonnés absents. Ils se lèvent et laissent la carpette et Shichiro dormir, pour se rendre dans le salon ou le petit déjeuner les attend servi, dans leur propre maison…
— Je ne resterai pas longtemps, dit le chat.
— Ne t’en fais pas, on comprend, répond la rousse, en le remerciant.
— Que diriez-vous de venir au manoir ?
— Tu as besoin d’aide pour les tâches ménagères ? plaisante Azael.
— Ne compte pas sur moi, réplique Callego.
— Si on ne te gêne pas se serait avec plaisir, dit Aérin.
— Si je vous le propose, c’est que ce n’est pas dérangeant, répond Opéra.
— On va se changer, conclu Azael.
Callego est le seul à ne pas être emballé par l’idée. Azael est parti lever son frère et Shichiro pour qu’ils puissent partir après le petit déjeuner. Ceci de fait, les voici à suivre le félin jusqu’à la demeure de Sullivan ou Opéra les invites à entrer. Dans le hall, les jeunes attendent au côté d’un Opéra droit et stoïque qui annonce simplement son retour. Un bruit dément vient à résonner dans toute la pièce, surprenant le groupe, sauf le visé, alors qu’une masse violette vient de descendre les escaliers à grande vitesse et de se jeter sur le félidé toujours statique.
— Opéra ! Tu m’avais tellement manqué, la maison est si vide sans toi ! pleure le directeur.
Opéra se content de tapoter le dos de son maître qui à présent, fait face aux groupes à leurs prendre en photos. La fratrie et Shichiro sont un peu perdu dans cette grande demeure, pas Callego, puisque ses parents font aussi dans l’excès. Ils suivent le maitre et son suivant, jusqu’au salon où ils s’assoient, Opéra allant chercher de quoi les désaltérés. Ils observent Opéra qui bien qu’il soit toujours sérieux parait tout de même différent quand il prend son rôle de majordome. C’est comme si le jeune démon n’était plus là.
— Oh, je profite de votre présence pour vous remercier d’avoir donné un coup de main à mon petit Opéra, le jour des résultats, dit gentiment le vieux démon.
— On remet ça quand vous le voulez, réplique Degan.
— Toutefois, j’aimerais savoir qui a créé cette impulsion électrique ? Ça a coupé le courant dans la tour des deuxièmes, demande le démon.
— Je n’ai pas pensé aux appareils électriques, répond Azael, en se raclant la gorge.
— Je préfère une panne de courant à des murs détruits ou abîmés, ajoute Sullivan en portant son regard sur Callego et Degan, qui eux font semblant de rien.
— Heureusement qu’il y en a deux calmes dans le groupe, intervient Opéra.
— Au fait ma chère Aérin, est-ce que tu te sens mieux ?
— Monsieur Blushenko est confiant, sourit-elle faussement.
— Vraiment ? répond le vieux démon.
— Maitre, vous plombez l’humeur des autres, excusez-vous, râle Opéra.
— Ne t’en fais pas, lui réponds la rousse, alors que Sullivan s’excuse de ce fait à la jeune.
Le professeur Blushenko à pour magie héréditaire la guérison, mais les organes défectueux ou perdu ne peuvent pas être remplacés. Les soins magiques ne peuvent la guérir en profondeur et tant que son foie continue de se détériorer, rien ne garantit sa survie.
Degan et Azael savent reconnaître les fausses expressions de leur sœur, Shichiro lui sait qu’elle ment et Callego a appris à reconnaître l’expression du pâle quand il détecte une menterie. Opéra leur propose d’aller au sol-sous profiter de la piscine fait sur mesure par Sullivan la vielle.
— C’est peu courant un démon avec une piscine, dit la rousse.
— J’ai parlé du lac au maître, il a eu pour idée d’en créer une, pour votre venue, explique simplement ce dernier.
C’est vachement excessif, non ? En plus, ils n’ont pas pris leurs maillots. Enfin, en ce qui concerne Degan ce n’est pas un problème, il est déjà en caleçon. Shichiro a réparé sa plaque par magie la veille et la remise, il est assis près de Callego et Aérin. Le proviseur s’installe près d’eux et Callego fait comme s’il était absent…
Degan vient de sortir sa guitare dont on sait où et anime la salle. C’est devenu trop bruyant pour le colérique qui préfère sortir son calepin et lire. Shichiro a repris ses habitudes ainsi qu’Aérin qui griffonne dans son cahier d’esquisse.
— Vous ne venez pas ? Demande Opéra.
— Sans façon, je ne vais pas me mettre en petite tenue devant vous, grimace Aérin.
— Lance ton sort, dit Degan.
— Mes sous-vêtements sont blancs !
— Bah, il y en a deux qui en seront ravis, ajoute Degan, en riant.
Les trois s’offusquent… Sullivan se penche alors vers le trio.
— Tu peux aussi transformer tes vêtements par magie, suggère l'adulte.
— Je le sais, rougis la rousse en déviant le visage.
— C’est à cause de ta marque ? intervient Opéra qui tient la tête Degan sous l’eau.
Aérin se crispe, oui, c’est à cause d’elle et Opéra n’était pas censé la voir… Shichiro en a aperçu un bout sur son épaule, mais c’est tout.
— Si je la cache par magie, ce n’est pas pour en parler Opéra, tu l’as vue par erreur, râle Aérin.
— Si j’en parle, c’est parce que je trouve cela ridicule de te cacher, rétorque le félin.
— Eh, l’idiot, si elle n’a pas envie de la dévoiler, respecte là ! S’énerve Callego.
Opéra fusille du regard Callego, Degan qui peut de nouveau respirer, tente de retenir le félin qui sort de l’eau tout en se dirigeant vers son cadet. Callego blanchit en le regardant approcher et invoque Cerbère pour le tenir à distance. Sauf, que le chien se souvenant de sa correction refuse d’être coopératif et préfère rester derrière son maître. Opéra l’agrippe au bras, l’attirant a lui pour le faire se lever tandis que Callego tente de jouer les poids morts. Le voilà qui se retrouve en sac à patate sur ses épaules ! Il appelle son canidé à l’aide en s’agitant, mais celui-ci les suit en prenant une position de jeu, ce qui enrage encore plus Callego.
— Mais mords-le, abruti de cléba… Plouf
Opéra vient de balancer Callego dans l’eau qui se redresse complètement trempé et fou de rage. Le brun sort d’un pas décidé de la piscine, son chien acceptant cette fois de répondre aux demandes de son propriétaire et encore une fois le molosse magique se fait retourner par Opéra. Le chat est plus sympathique cette fois alors qu’il se lance sur Callego, il le déséquilibre et le fait tomber à la renverse, s’asseyant sur lui en le fixant de son regard hautain.
Callego enrage intérieurement, Merde ! Il ne peut pas être aussi fort ! Cependant, dès qu’il s’emporte et tente de remettre Opéra à sa place, c’est plutôt lui qui se retrouve en position d’infériorité et il déteste ça !
— Opéra fait gaffe à ta queue, rigole Degan.
— Il ne la mordra pas cette fois, pas vrai mon petit Callego, dit-il, toutefois en saisissant son appendice pour s’en assurer.
— Ça va… Tu me lâches maintenant ? râle Callego.
— Je n’ai pas envie, répond le félin joueur.
Aérin vient de refermer son carnet en soupirant et se lève tout en se dirigeant sur le félin qui se redresse face à la rousse, avec le même sourire arrogant.
— Ne me cherche pas Aérin ou je te balance aussi dans l’eau, menace Opéra.
— Essaie seulement, réplique la rousse, avec un sourire carnassier.
Aérin a plus facile à contrer quand l’autre attaque puisqu’elle se sert de la force d’Opéra contre lui-même. Il le sait et il se fige juste avant de l’atteindre ce qui désamorce la défense d’Aérin. Au lieu de l’attendre, elle est allée sur lui. Ses doigts agrippent les siens et lui résiste pour qu’il y mette sa force et relâche. Opéra en perd son équilibre et la rousse se décale vers l’arrière se tournant sur elle-même et l’envoie à l’eau… Cependant, il ne l’a pas lâché et les voici tous les deux dans la piscine et trempé jusqu’aux os. La rousse sort aussi vite qu’elle n’est rentrée tout en écartant le tissu de sa robe qui lui colle à la peau, elle déteste ça ! Elle sautille, agitant ses mains tout en tirant sur le tissu pour éviter de trop se dévoiler. Heureusement que la magie peut tout faire, y compris sécher des vêtements !
— Vous me donnez tant envie d’avoir des petits enfants ! dit Sullivan aux anges.
— Maître commencez par vous trouvez une femme qui acceptera de vous donner des enfants, d’abord, réplique Opéra assit sur le rebord de la piscine.
— Oh mais il y a trop de belle femme que pour faire un choix et avec toi, je sais déjà ce que c’est que d’avoir un fils, réplique le démon
— Dite plutôt que vous êtes trop vieux et plus dans le coup, ajoute Opéra, narquois.
Les autres se tournent alors sur lui les yeux écarquillés… Il parle à son maître de cette façon ?
— Quoi tu me penses trop vieux pour séduire une jolie démone ? Tu en serais bien étonnée, ricane Sullivan.
— Vous avez du succès auprès des femmes ? demande Degan.
— Bien sûr, je suis l’un des trois grands après tout ! réplique le démon.
— L’une des trois grandes catastrophes, oui, dit Opéra.
Sullivan dispute gentiment son disciple… il sent que ses couverts vont encore disparaître s’il contrarie le jeune. Le reste de la soirée a été plus calme, Opéra est plus sérieux, mais ça ne l’empêche pas de montrer son côté espiègle devant son maître qui en rit volontiers. Callego ne pensait pas supporter de rester au manoir avec ce directeur qui ne sait pas se tenir et Opéra qui l’insupporte tout autant. Heureusement, la présence d'Aérin et Shichiro rendent cela plus facile.