L'école des démons acte 1

Chapitre 11 : Les divalis

2575 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/12/2021 23:24

C’est le grand jour ! Le réveil les appelle hors du lit, du moins pour Aérin qui secoue son frère qui pour changer n’est pas décidé à se lever. Elle appelle Azael, ce qui fait étrangement se redresser Degan, comme un vampire.

Aérin se bat avec sa toge de soie rouge n’arrivant pas à atteindre la fermeture éclair placée dans son dos. Degan coince ces gants entre ses dents et vient à son aide. Cela de fait, il les enfile et lasse ces chaps. Aérin, elle, glisse ces mitaines en dentelle rouge qui recouvre ses avant-bras, tout en se plaignant dans son coin alors qu’elle tente d’arranger ces cheveux.

Encore une fois le démon vient à sa rescousse en nouant sa chevelure dans un ruban pour en faire un chignon laissant une mèche passer devant son front. Degan a également une toge assortie à celle d’Aérin, elles sont purement esthétiques et faites pour souligner l’élégance des jumeaux.

Tout est prêt depuis la veille, leurs parents sont présents pour cette journée. Les jumeaux se rendent dans la cuisine pour saluer leur mère, qui fond en larme dès qu’elle aperçoit ces plus jeunes. Après une énième photo souvenir, les jumeaux vont accueillir leurs invités qui arrivent les uns après les autres. Degan les accompagne jusqu’à la tonnelle extérieure, alors qu’Aérin les attend sur le pas de la porte.

La rousse vérifie qui arrive par la fenêtre quand elle passe devant... Shichiro et Opéra ont dit qu’ils viendraient, mais Callego n’a rien affirmé. Ils ne restent plus qu’eux et tout le monde sera là. Aérin aide l’un des domestiques qui accompagne leur tante qui fait des aller-retour depuis l’extérieur pour abreuver les invités.

Azael est à l’étage avec son père, ils préparent les chambres pour leur tante et oncle, qui sont respectivement : la sœur de son père et le frère de sa mère. Il y a une vingtaine d’individus tous liés au clan Divalis réunis aujourd’hui.

Blase gronde sur un grand démon qui vient d’arriver, celui-ci s’approche de la rousse, qui s’incline respectueusement, gardant le visage bas.

 

— Bonjour Aérin, tu es élégante dans cette robe, aurais-tu l'amabilité de me dire où trouver ton père ?

— Il est à l’étage, Oncle Abel.

 

Il s’éloigne de la rousse qui lui sourit bien qu’un frisson vient de lui traverser l’échine. Abel est leur grand-oncle paternel. Shichiro avait parlé des familles qui se marient entre eux… C’est également le cas de la sienne pour conserver la pureté de leurs sangs.

Elle entend Blase manifester l’approche de nouvelle personne. Elle se doute qu’il s’agit du duo, elle va donc les rejoindre le pas raide, alors que son cœur s’emballe en les apercevant. Shichiro et Opéra, disent bonjour au renard qui lui gronde sur Callego. Il est venu lui aussi ? Elle les salue, sa voix se tarissant sous le stress qui la prend et les garçons se retournent de ce fait sur elle.

 

— Une petite sœur toute en beauté, réplique Opéra.

— C’est vrai, lui sourit Shichiro.

 

Aérin qui était peu nerveuse, vient de tourner au rouge vif !

La maison des Divalis est modeste pour un clan de haute lignée. Elle est en plain-pied, une fois la porte d’entrée franchie, on arrive directement dans le salon qui s'avère mitoyen à la salle à manger. La cuisine est dans le prolongement de cette dernière, le mur qui sépare la salle à manger de la cuisine fait également office de bar. Cuisine où leur mère vient de sortir pour accueillir les camarades de leurs enfants.

 

— Degan n’est pas revenu ? Demande la rousse.

— Il est dehors, je pense ? répond doucement sa mère.

 

C’est une démone un brin plus grande que sa fille. Elle a de longs cheveux rouge foncé presque noir, qu’elle laisse lâche. La mère est habillée d’une longue robe bustier rouge et blanche en soie, sophistiquée. Son maquillage fait ressortir ces yeux verts et durcit légèrement ces traits pourtant délicats.

Son père a fini de préparer la chambre d'amis, il revient vers eux et pour cela, il doit se baisser pour passer. Il est de grande taille, mais ce sont surtout ces longues cornes qu’il a en plus de ses oreilles qui l’oblige à cela. Le démon est miroir à ces fils niveau vestimentaire, quoique plus aristocrate qu’eux. Ainsi, il rejoint son épouse tout en observant la fine équipe.

 

— Voici Itak et Lucien Divalis, Papa, maman, voici respectivement, Callego Naberius, Shichiro Balam et Opéra… dit-elle en remarquant qu’elle ne connaît pas le nom de famille d’Opéra et celui-ci ne donne pas cette information non plus.

— Ravis de faire votre connaissance les enfants.

— Un Balam, un Naberius et toi… Alors lequel de vous trois comptes la demander en mariage ?

— Papa ! crie la rousse qui rougit instantanément.

— Moi, réplique Opéra en levant le bras.

 

Le père pouffe et attrape le chat aux épaules, sa demi-queue se redressant de ce fait. Il l’aime bien celui-là ! Sa femme le tempère, son mari est toujours un enfant dans sa tête. Aérin entraine le trio avec elle dans un pas hâtif. Degan copie trop son père ! Le groupe se rend dans le jardin et passent sur le côté de la tonnelle abritant les invités qui les saluent à leurs passages. Elle a envoyé un message à Degan pour savoir où il était. Aérin les emporte de ce fait dans la grange. Cela tombe bien, Shichiro pourra voir Saphir. La rousse referme la porte derrière elle. Azael qui courrait pour les rattraper, a presque failli se la prendre en pleine face.

Les garçons se figent face à la créature bleue de près de deux mètres, qui les accueillent, les crocs exhibés tout en faisant vibrer ces écailles. Shichiro n’en croit pas ces yeux ! Il n’avait encore jamais vu de près une vouivre Abyssale ! Celle-ci ne montre aucune hostilité envers ces maîtres, mais continue de montrer les crocs aux autres.

 

— Elle vient de pondre, elle est plus cool d’ordinaire, explique Degan qui se montre.

— Il vaut mieux la laisser tranquille dans ce cas, intervient Shichiro.

— Toi qui te modères face à une créature ? C’est rare, remarque Callego.

— Vous avez un dragon bleu et vous avez comme emblème le rouge ? dit Opéra.

— À proprement parler, les vouivres ne sont pas des dragons, mais des wyvernes, réplique Shichiro.

— Quand tu verras les autres membres du clan, tu comprendras pourquoi le rouge nous est commun, répond Azael à Opéra.

 

Elle calme la créature, puis vient agripper le poignet de Shichiro et l’emporte avec elle pour placer la main sur les écailles de la créature qui se tient tranquille cette fois.

Shichiro est ravi, toutefois, par expérience, il préfère éviter d’ennuyer plus qu’il n’en faut le reptile. Bon, Aérin préfèrerait rester ici toute la journée, cependant ce n’est pas le but de la manœuvre. Ils doivent à présent rejoindre les invités sous la tonnelle.

La rousse recommence à stresser avec tout ce monde, si elle échoue, ça ne va pas le faire !

Les aînés annoncent les hostilités, ils frappent les mains sur la table pour donner le rythme. Azael pousse son frère qui s’y hâte toujours numéro un pour faire l’idiot. Aérin se sent défaillir, malgré les encouragements des autres.

"Ne tombe pas, ne tombe pas" Pense-t-elle… Elle s’écarte du banc voulant monter dessus avant d’atteindre la table. Le bord de sa jupe se coince sous son pied et elle part en arrière n’arrivant pas à se rattraper, merde ! La démone est repoussée en avant, évitant la chute et rejoint son frère en regardant brièvement Callego, le remerciant, d’un sourire. Azael se penche alors sur lui…

 

— Je rêve ou tu lui as mis la main aux fesses ? ricane l’aîné.

— Je l’ai rattrapé comme je le pouvais, tu me prends pourquoi ! dit le brun, irrité.

 

Dos à dos, ils frappent la table de leurs pieds pour accompagner le rythme qui leur est donné. Ils s’échauffent avant de partir dans la chorégraphie. La pression raidit la rousse dans ces mouvements. Cela se voit qu’elle se retient et qu’elle n’ose pas se lâcher, Degan, lui, est plus dynamique. Ils se font face, bras tendu l’un vers l'autre, se touchant les doigts, ils décrivent un cercle et une fois qu’ils reviennent à leur place. Aérin se baisse pour éviter le coup de pied de Degan en se tournant sur son côté tout en montant la jambe par-dessus la tête de son frère. Celui-ci exécute le même mouvement que sa sœur en évitant le coup.

Non, ils ne se battent pas, ils dansent bien. Ils n’ont pas pour but de se toucher, mais d’être synchros. Normalement, ils sont censés le faire chacun de leurs côtés. C’est la technique qu’ils ont trouvée pour qu’Aérin calme son stress. Opéra l’y a aidée, il savait à quoi s’attendre, cependant les deux autres sont plutôt saisis par la tournure des choses.

Et, ils n’ont encore rien vu ! Les invités tentent de leur attraper les chevilles pour les déstabiliser. Azael leur explique que leur but est de tenir sans tomber et qu’eux aussi peuvent les déranger. Il y en a deux qui ne se font pas prier. Callego complique les choses à Degan et Opéra à Aérin. Shichiro, lui, préfère accompagner les connaissances qui donnent le rythme comme Azael.

La sueur perle sur leur front, néanmoins ils tiennent. Les jumeaux se tournent autour, tout en tenant bon. Aérin a l’impression qu’elle ne va pas tenir, ça l’épuise tant ! Ils ont le droit de se toucher et Degan lui attrape par moments la main pour la faire tourner et la soutenir du mieux qu’il le peut.

L’enchainement est de plus en plus rapide, la rousse commence à se détendre, ils se lancent à tour de rôle leurs jambes, s’esquivant, dans un mouvement circulaires synchros. Aérin passe par-dessus le dos de son frère en pivotant, puis celui-ci l’imite. Ils doivent se servir de l’autre pour se propulser puisque la tonnelle ne leur permet pas de bondir réellement. Ensuite, ils se redressent, tournant sur eux-mêmes en croisant les bras pour changer de place.

Aérin lève, dans un mouvement qu’elle espère gracieux, le pied le long de son autre jambe avant de le porter au niveau de sa tête. Degan lui refrappe la table du sien, pour accompagner sa sœur, puis l’enchainement reprend. La démone a mal aux jambes. Elle regarde Degan qui semble aussi essoufflé qu’elle.

Au moment de passer au-dessus de lui, elle n’arrive plus à s’éjecter assez fort, elle roule sur le dos de son frère qui tente de la retenir, mais elle chute et celui-ci se laisse tomber à son tour.

La famille arrête alors de frapper contre la table, les garçons, eux, sont silencieux. Ils ont raté ? Les jumeaux reprennent leurs souffles, ils s’échangent un regard complice et se retourne simultanément vers Azael.

 

— On t’a battu !

— Vous avez tenu 20 minutes de plus, ça va ! ricane l’aîné.

— Ils n’y avaient pas d'excités, non plus ! dit Degan en visant Opéra et Callego.

— C’est vrai, vous n’êtes pas sympas tous les deux, dit Azael en fou-rire.

 

Ils descendent de la table, Aérin est épuisée et regardé son frère s’agiter avec les garçons, l’épuise davantage ou Degan trouve-t-il encore cette énergie ?

 

— Tu t’es bien débrouillé, dit Shichiro, en lui souriant.

— Merci, mais je ne sais pas si c'était suffisant, les démones sont censées être gracieuses, grimace-t-elle.

— Tu l’as été, répond-il franchement, avant de dévier le regard de gêne.

 

Aérin rougit, son cœur accélère une nouvelle fois et… Elle s'enfuit. Les autres qui l’ont suivie du regard, se retournent sur un Shichiro, béat. Qu'a-t-il fait ? Opéra et Degan se jouent de lui tandis que le démon se cache derrière Callego, qui en proteste.

 

— J’ai envie de me changer, Chiro, Cal, vous venez ? Dit Degan en se tournant face au duo.

— D’où tu m’appelles Cal ? S’énerve le brun.

— J’espère que cela ne vous posera pas de problème. Nous avons dû prêter la chambre d'amis, donc on va dormir ensemble, explique Azael.

— Ensemble ? disent Callego et Shichiro, cependant, pas pour les mêmes raisons.

— On a ressemblé les matelas dans notre chambre, explique Degan.

 

Le jumeau monte les quatre marches à reculons tout en discutant. Les démons entrent dans la pièce, plutôt sobre. Une commode de chaque côté, respectivement celle d’Aérin et de Degan. Une petite bibliothèque et des étagères avec leurs documentations pour les cours et un large bureau avec leurs ordinateurs. Ils ont placé l’armature du lit contre le mur, pour coller leurs matelas et celui d’Azael au milieu de la pièce.

 

— Vous dormez ensemble ? demande Shichiro.

— Les jumeaux sont dénués de pudeur, explique simplement Degan.

 

Shichiro est assis sur la chaise de bureau à regarder les croquis de la rousse et Callego lit le titre des livres dans la bibliothèque. Aérin revient vers eux dans une robe simple et longue. Ses cheveux sont encore humides… Elle aimerait bien retrouver ce maudit sèche-cheveux, qu’elle a rangé, elle sait où !

Callego c’est rapprocher de la fenêtre et regarde les invités dans le jardin. Il contrôle sa respiration, inspirant et expirant lentement et le plus discrètement possible. C’était pour la taquiner, mais il doit avouer que s'il a autant dérangé Degan, c'est parce qu'il ressentait une drôle de tension en regardant Aérin danser. Le brun n’apprécie pas la façon dont son cœur accélère et cette impression d'avoir les jambes molles quand il regarde la rousse, tout ça, parce qu’elle a les cheveux mouillés. Ce qu'il ignore, c'est qu'il n'est pas le seul à faire semblant de rien en cet instant.

 

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