L'école des démons acte 1

Lors du choix des équipes par le professeur, équilibrer les groupes n’as pas été chose aisée. Shichiro et Degan d’un côté, Aérin et Callego de l’autre. La partie n’a pas été spécialement longue, les autres élèves ont surtout compté sur les plus forts pour gagner. Résultat, il ne reste plus que Shichiro en jeux. Le professeur n’accorde de rang à personne, y compris Aérin qui s’en retrouve déçue, en plus elle n’a pas su faire grand-chose, elle a été disqualifié dès le début…

Callego se retrouve avec l’estomac dans les talons après avoir réceptionné le tir de Shichiro. Aérin quant à elle a dû faire une nouvelle révélation qui ne lui a pas franchement plus… Elle porte une prothèse à la jambe droite jusqu’au genou, qui a accidentellement été cassée par Shichiro, lorsqu’elle a voulu réceptionner la balle en se servant de sa jambe factice.

Degan à porter sa sœur jusqu’à l’infirmerie suivit par Callego et le professeur est allé porter la prothèse de la rousse au directeur pour la faire réparer. Callego a reçu des plantes pour soulager son mal de ventre, mais il est toujours à l’infirmerie avec Aérin.

— Ça va ? demande Callego loquace.

— Oui… Shichiro m’a franchement secouée, la prothèse est reliée à mes nerfs, ça fait un peu mal quand elle se casse comme ça et il va falloir la reconnecter après, grimace la rousse.

— Degan nous a brièvement parlé de l’accident.

Elle baisse les oreilles… Ils savent pour sa santé, mais pas pour ces cicatrices. Le goût du sang remonte dans sa gorge, elle essaie de rester calme. Elle sait que les convulsions vont arriver, son corps fait toujours ça, c’est comme s’il en avait besoin pour se remettre à jour.

— Callego… Je vais faire une crise, dit-elle tremblante.

— Tu veux que j’aie cherché ton frère ? dit le démon, crispé.

— Ne me laisse pas seule, répond-elle paniquée.

— Calme-toi, dit-il calmement pour essayer de la rassurée.

Elle se raidit, assise au bord du lit, elle attrape le matelas. Elle tente de maitriser son corps qui s’engourdit et devient traitre. Le sang s’écoule de ces narines et de ces lèvres. Elle n’arrive pas à retenir ses larmes. À chaque fois, la douleur la prend comme si elle venait de tomber à plat sur un mur froid. Elle grince, perdant l’équilibre, elle n’est plus maîtresse de ces mouvements.

Callego avait été impressionné la première fois, mais là, il est complètement perdu ! Il se rappelle de comment avait agi Degan. Il se lève et agrippe Aérin pour la maintenir en place. Son frère lui avait fait mettre sa tête vers le haut. Il passe dans son dos et imite le rouge, maladroitement.

Putain ! Ce n’est pas dans ces habitudes ça. Il commence à comprendre d’où vient le coter protecteur de Degan. Elle se calme… Et, perds connaissance. Si elle s’endort dès qu’elle fait une crise, c’est simplement dû au fait que ces muscles se tendent tellement, qu’elle s’en retrouve courbaturée et épuisée.

Callego l’allonge sur le matelas, le directeur vient tout juste de rentrer dans la salle. Il sait pour son accident et qu’elle est sujette au cycle du mal, c’est la raison pour laquelle il garde un œil sur elle. Il reconnecte la prothèse à Aérin et demande à son élève s’il se sent mieux. Celui-ci est un peu confus par la crise de sa camarade, mais son médicament fait effet. Il salue le directeur, retourne en classe, rejoint sa place en s’excusant de son absence et informe vite fait Degan de la situation. Il s’attendait à ce que le rouge se moque, étrangement il n’en est rien. La santé d’Aérin est loin d’être un sujet de plaisanterie pour lui.

Elle dormait quand ces nerfs se sont reconnectés, mais maintenant qu’elle est revenue à elle et qu’elle compte retourner en classe pour le dernier cours. Elle serre les dents une fois qu’elle pose le pied au sol.

Aérin se doit de ne pas montrer aux quelques élèves croisés qu’elle boite et de donner envie aux petits malins qui y verrait là, l’occasion de se venger du groupe.

Pourquoi est-ce que le cours d’astrologie doit se passer au dernier étage ? La rousse inspire un bon coup pour se motiver à les gravir. Elle se sent tout à coup soulevée ! Aérin crie de surprise, se retrouvant en sac à patate sur l’épaule d’Opéra.

— Opéra ? Que fais-tu, Azael n’est pas avec toi ? Dit-elle en s’accrochant au démon pour ne pas basculer en avant.

— Il est en classe, le prof m’a demandé d’aller faire des photocopies, je t’ai aperçue en passant.

— Et pourquoi tu me portes ? Montes moins vite s’il te plait, tu vas me rendre malade, dit-elle alors en plaçant les mains devant sa bouche.

— J’ai vu que tu boitais, ça m’a fait pitié, répond-il simplement.

Opéra et son tact… Enfin, en temps normal, elle se serait débattue, mais il vient d’atteindre le dernier pallier et la dépose plutôt délicatement. Elle le remercie… Pas son estomac. Il la salue et redescend tout aussi vite. Elle peine vraiment à cerner ce démon. Elle regarde les élèves de sa classe… Pourquoi ils sourient comme ça ? Degan la rejoint pour la soutenir.

— Ben alors, tu as trouvé une nouvelle technique de drague ? Tu inclus Opéra dans le lot ? Dit son frère taquin.

— Degan, il n’y a que toi pour avoir ce genre d’idée, soupire la rousse.

Le reste de la classe rigole… Bien sûr. En relevant les yeux, elle remarque que même Shichiro et Callego ont un petit sourire en coin. Ah non, ils ne vont pas s’y mettre eux aussi ! La prof est arrivée et leur demande de rejoindre leur place dans le calme. C’est à présent autour du cours d’astrologie. Celui qui attire le moins Degan qui lutte pour ne pas s’endormir en classe.

Aérin est plus concentrée d’habitude, mais avec ces nerfs à vif, elle en peine aujourd’hui. Elle aurait dû accepter les antidouleurs de l’infirmière au lieu de faire la fière.

Enfin, comme pour le reste de la journée. Les voici qui quittent leurs sièges pour le rez-de-chaussée. C’est terminé, ils n’ont pas spécialement envie d’aller au Batora, ni de rentrée chez eux, alors ils optent pour l'extérieur. Ils font le tour du jardin, discutant des devoirs qu’ils ont finis ou qu’ils doivent encore faire. Plusieurs élèves se redressent à leurs arrivées. Il n’y a pas une journée qui se déroule sans accroc…

C’est encore pire depuis qu’ils sont associés au "gang du top dog". Pour changer, il y en a deux qui préfèrent s’éloigner. Quand il s’agit de se battre, Callego et Degan s’entendent très bien ! On pourrait même affirmer qu'ils sont en phase. Ils n’ont pas besoin de se parler. Ils agissent de pair, l’un laissant son familier faire le travail et l’autre se sert de ses flammes pour dissuader une nouvelle riposte aux plus téméraires. Ce sont toujours les mêmes qui reviennent et qui tentent une autre approche. Il est hors de question de s’en prendre à Balam maintenant qu’ils connaissent sa force, les démons ont peur de lui. Mais la fille Divalis… C’est une proie facile. C’était l’idée, toutefois auraient-ils dû renoncer dès la première réplique du rouge et du brun. À présent, ils sont ventre à terre avec le félidé sur le dos, littéralement.

— Les démons sont vraiment têtus, lâche Shichiro.

— Ils n’ont toujours pas compris la leçon, soupire Aérin.

La rousse tourne les yeux vers Opéra. Elle aimerait tellement le lui demander. Elle sait que ces frères le refuseront. Les démons usent de magie, se battre à mains nues n’est donc pas spécialement utile pour eux, même s’ils en ont des bases.

Un démon qui compte uniquement sur ces capacités physiques est plutôt rare. Sa queue s’agite lentement derrière elle, à chaque fois qu’elle se sent euphorique. Cela amuse le blanc qui a tendance à regarder ce genre de détails, de ce fait, il passe souvent pour un pervers aux yeux de certains démons. Ceux-ci lui ont donné comme lubies d'adorer choisir ces proies en étant tactiles avec eux pour ces expérimentations. Aérin se dandine… Elle craint de paraître effrontée.

— Opéra, dit-t-elle de sa petite voix.

Celui-ci s’en retourne à son nom, Aérin rouge, monte ces mains devant sa bouche, osant lui demander d’une voix basse :

— Tu accepterais de m’affronter ? Je sais que tu es He, mais tu es le seul démon qui se bat au corps à corps que je connaisse, dit-elle, la voix de plus en plus basse.

— Comment tu sais que je suis He ? Lui demande le chat surprit.

— Azael a dit que vous étiez du même rang et je connais celui de mon frère.

— Je ne suis pas du genre à retenir mes coups, tu es certaine ?

Les oreilles d’Aérin se redresse et se secoue de joie, sa queue s’agite lentement sous la liesse qui la prend. Il sourit face à l’enthousiasme qu’elle manifeste. Il se place, bien que son regard vient de dévier vers Azael qui a fini ce qu’il faisait. Il racle sa gorge, bon, il va devoir faire un effort pour se retenir. Il va juste la maitriser, pas besoin de lui rendre ces coups, elle ne le touchera de toute manière pas, se sera vite réglé.

Elle penche un peu la tête en la relevant, affichant un sourire carnassier. C’est bien la première fois qu’elle montre une telle assurance. Il vient de lui foncer dessus si vite que l’on pourrait croire qu’il se téléporte. Doit-il avouer qu’il ne s’attendait pas à ce que la rousse suive son mouvement et parvienne à le contrer. Elle s’est baissée pour pivoter sur elle-même, l’éviter et passer derrière lui. Les démons sont souvent plus grands qu’elle et c’est le cas pour Opéra qui est un peu plus petit que Degan. De ce fait, il doit porter ses coups plus bas qu’à son habitude. Un avantage dont Aérin est consciente, elle se maintient volontairement basse.

D’un mouvement circulaire, elle envoie sa jambe vers son épaule, sauf qu’il se retourne plus vite qu’elle ne l’aurait espéré. Contrairement à elle, Opéra a l’habitude de se battre. Il est plus vigilant et plus rapide aussi à riposter. Elle se laisse alors tomber au sol tout en se tournant sur elle-même, sa jambe venant happer l’articulation de son genou et l’emporte dans son mouvement… Les voici tous les deux à terre.

Il roule et se met accroupi, une main au sol rappelant son côté félin. Aérin vient de prendre une pose similaire. Ils s’élancent, ayant la même idée que d’attraper l’autre pour l’immobiliser, un léger échange de coup se fait, Opéra sent le regard d’Azael sur lui… Il saisit le poignet de la rousse, la fait tourner sur elle-même pour le rabattre dans son dos et lui fait plier le genou en la maintenant captive.

C’est fini… Déjà ? Son niveau est si nul ? Opéra la libère et l’aide à se relever.

— Cela fait longtemps que je ne m’étais plus méfié d'une personne, dit le félin.

— Tch… En réagit Callego.

— C’est ça, je n’ai rien su faire, réplique Aérin.

— Que dirais tu que je t’entraine ?

Elle sent son cœur se soulever d’excitation ! Mais… Ses parents lui ont interdit de continuer l’entrainement après l’accident. Elle lui sourit, puis dévie les yeux vers ses frères tout en baissant les oreilles.

— Je ne peux plus.

— Pourquoi ? dit l’aîné en clignant des yeux.

— Elle en a été interdite, Opéra, intervient Azael.

— Pourquoi ? répond le chat confus.

— Nos parents refuseront, ajoute Degan, d’un ton sec.

— Je ne compte pas là tuer à la tâche, négocie le félin.

La rousse est revenue se mettre près de Shichiro et Callego, Degan et Azael dissuadent Opéra de rester sur son idée. Elle baisse la tête et d’un voix basse lâche :

— Vous êtes agaçant… Je mourrai de toute façon.

Degan se retourne d’un coup sûr elle et lui colle une claque à l’arrière de sa tête, la faisant se protéger sur le coup. Ils détestent quand elle dit ça ! Sa réaction met un terme à la conversation des aînés qui se retournent vers les plus jeunes.

La lame dans sa poitrine revient. Le stress ou la colère, sans doute un mélange des deux, une tension suffocante et un sentiment d’injustice qu’elle ne supporte plus. Shichiro se baisse à sa hauteur, se permettant de la prendre dans ses bras. Elle le regarde confuse, mais ne le repousse pas, non plus.

— Enfin, j’en parlerai aux parents… Termine Azael en soupirant.

Elle écarquille les yeux, Azael capitule ? Elle sourit à Shichiro qui vient de pencher sa tête dans un geste ravi. Degan et son frère s’échangent un regard peu assuré quant à eux. Son traitement ne donne toujours rien, ils sont certains que les parents refuseront. Sans compter son problème avec la magie qui ne l’aide pas non plus. Est-ce qu’elle peut vraiment reprendre l’entrainement ? Toutefois, le soir même, Aérin reçut l’autorisation de ces parents, pour le reprendre.