L'école des démons acte 2

Chapitre 18 : Tout problème a sa solution.

2415 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/01/2023 18:25

Callego est revenu chez Shichiro après avoir récupéré quelques affaires à lui. Après avoir salué les parents de ce dernier, le couple gagne la chambre de Shichiro.

Voilà quelques minutes qu’ils sont penchés, épaule contre épaule pour finir la synthèse du cours de botanique. Shichiro tourne la page du livre et Callego baisse les yeux vers la feuille du démon tout en relevant un sourcil.

 

— C’est ton brouillon, j'espère ?

— Pourquoi ? demande la pâle.

— T’as une écriture horrible !

— Ça va, je le referai après, bougonne le démon.

 

Il tourne la page vexée, Callego le rattrapant pour revenir en arrière.

 

— Laisse-moi le temps de copier !

— Tu ne te moquerais pas de moi, tu en aurais le temps !

 

Callego relève les yeux sur le pâle avec un petit sourire en coin. Il s’appuie sur l’épaule du démon pour venir compléter la feuille de son écriture soignée.

 

— Là, tu vois, ce n’est pas difficile de bien écrire en allant vite.

— Occupe-toi de ta synthèse, rechigne Shichiro, d’un ton enfantin.

— Tu dessines super bien alors écrit proprement aussi !

— Mais dessiner et écrire, cela n’a rien à avoir dit le démon, en attrapant son bloc de feuille pour tourner le dos à Callego.

 

Le brun sourit avidement en regardant le plus petit… Qui ne l’est plus tant que ça. Callego agrippe ces bras et le renverse sur le dos. Shichiro le regarde confus tandis que le brun se tient à genou, sa tête au-dessus de la sienne. Shichiro en fronce les sourcils, puis dans un mouvement souple, vient à replier ces jambes contre son ventre et à attraper Callego aux épaules, de ces serres et se tourne sur lui-même dans un mouvement souple, entrainant le brun avec lui. Cette fois, c’est Callego qui est retourné, se retrouvant avec Shichiro perché au-dessus de lui.

 

— Attends, quoi ? T'as une souplesse de fou !

— Pas tant que cela, répond Shichiro.

— Pardon ? Ton cul était au même niveau que ta tête à un moment, tu m’expliques comment tu ne t'es pas fait un tour de rein ?

— Bah... Je me suis juste retourné ?

— Sinon, tu me lâches quand ?

— C’est toi qui as commencé, réplique le démon, en s’affaissant.

 

Shichiro libère son comparse et se retourne sur leur bloc de feuille, remarquant qu’ils en ont renversé l’encre dessus. Ils n’ont plus qu’à recommencer… Leur synthèse pour l’examen étant terminé, ils sortent leurs téléphones pour parler avec Aérin.

 

Shichiro : Cela se passe bien, Petite Fleur ?

 

Callego dévie son regard sur Shichiro qui s’empourpre en se tassant pour faire comme s’il ne remarquait pas que son compagnon le dévisage. Ils attendent quelques instants, puis les points de suspension signalant une réponse de la part de la rousse, s’affichent en bas de l’écran.

 

Aérin : Oui, ne t’en fais pas, Poussin.

 

Callego pouffe et Shichiro en rougit davantage, c’était une idée comme ça, il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui donne aussi un surnom.

 

Callego : Il se tient correctement l’autre imbécile ?

Aérin : Oui, il me propose une balade à cheval.

Callego : Tu vas le suivre là où il n’y aura personne ?

Aérin : Que je reste avec sa famille ou lui, s’il veut me faire du mal, je pense qu’il le fera. J’ai vraiment l’impression qu’il regrette son geste.

Shichiro : Reste prudente, Aérin, tu n’es pas rancunière contrairement à nous.

Aérin : Ne t’en fais pas Poussin. Je dois vous laisser, les chevaux sont sellés.

 

Ils quittent la conversation et s’échangent un regard incertain sur le risque qu’Aérin ne leur cache le fait d’être malmenée.

 

— Ce qui m’agace le plus, c’est le fait que si Seth retourne sa veste, quoi que nous fassions, le mal lui sera fait et ça, je n’en supporte pas l’idée, dit Shichiro.

— Moi non plus, répond Callego.

 

Le silence s’installe entre les deux… Shichiro s’allonge, dos sur la couverture. Le brun l’observe puis l'imite, venant se placer contre lui, effleurant mine de rien sa main de ces doigts, même s’il n’est pas certain qu’il sente quelque chose avec son gant.

 

— Parfois, je nous imagine fuir tous les trois loin de tout cela, avoue Shichiro.

— De nos responsabilités ? Certes, cela serait tentant, mais je ne peux pas me soustraire à la mission confiée par mon clan, dit Callego.

— Donc, tu es déjà prêt à oublier Aérin une fois que nous serons diplômés ?

— Ne dis pas n’importe quoi ! Je suis sérieux dans tout ce que j’entreprends, notre relation y compris, mais d'ici à cinq ans, elle ne sera plus là… À la limite, toi, tu pourrais devenir professeur une fois que tu auras fini tes encyclopédies, dit le brun, en tournant son visage vers le sien.

— Professeur ? dit Shichiro, en riant.

— De biologie.

— J’aimerais bien concevoir des livres éducatifs pour les élèves.

— Ouais, je te vois bien faire ça, répond le brun, en lui souriant.

— Toi par contre, il va falloir être plus pédagogue ou tu vas tous les faire flipper, plaisante Shichiro.

— Je ne compte pas éduquer des abrutis, je leur apprendrai en toute rigueur !

— Alors là, je te crois sur parole, répond l’argenté, en riant.

— Et arrête de rire, Poussin, ricane Callego.

 

Shichiro écarquille les yeux tout en devenant aussi rouge qu’une pivoine, puis les dévient en se chipotant les doigts.

 

— Je voulais juste être doux, enfin, l’être par écrit à défaut de pouvoir la serrer dans mes bras. Tu l’avais appelée, Ma Louve, une fois…

— Je voulais me montrer… Affectueux. Un peu comme tu le fais… Poussin, renchérit Callego.

— Ah ça va, Louveteau, réplique Shichiro.

 

Callego en ferme la bouche, Shichiro tapote ces doigts sur son ventre, puis lance ces pieds vers les racines de son plafond. Il se tend sur ces omoplates, pour se retrouver en poirier et attrape les lianes, de ces serres. Tête en bas, seules ces mains touchent son lit. Callego toujours allongé a suivi son mouvement en se demandant ce qu’il faisait et le voici à dévisager le démon, un sourcil levé.

 

— Le retour de la gargouille, ricane le brun.

— Ça fait circuler le sang, réplique Shichiro.

— Je ne suis pas certain que cela serve à grand-chose… À part te donner mal au crâne.

— Non, je n’ai pas ce problème de reflux, ni ceux de mon clan par ailleurs.

 

Callego complète juste par un « hum » tout en hochant du chef, pour ensuite dévier comme son comparse sa tête vers la porte de sa chambre. Sa mère, bien que la porte soit ouverte, vient à frapper avant d’y entrer. Shichiro revient de ce fait sur son matelas.

 

— J'apporte un paquet à Elsy, mon chéri, je reviens.

— Tu veux que l’on t’accompagne ?

 

Callego s’est redressé et est déjà prêt à poser pied au sol.

 

— C’est gentil, mais resté ici avec ton camarade, je vais en profiter pour bavarder avec elle, dit Hana, en souriant.

— D’accord maman, à tout à l’heure, répond, Shichiro en sautant au sol pour aller lui faire un câlin.

 

Elle serre son fils dans ses bras, puis s’en va, Shichiro restant à l’entrée du couloir et une fois qu’il entend la porte d’entrée claquer. Il demande à Callego de le suivre jusque dans la serre où sont rangés les livres avec les décoctions.

 

— Je vais en profiter pour vérifier un truc tant qu’ils sont absents, dit Shichiro.

— Tu as des choses à cacher ? plaisante le brun.

— Bah, c’est un peu compliqué d’avoir des secrets avec mes parents.

 

Ouvre un livre avec plusieurs recettes et plantes inscrites dedans. Callego s’en approche alors que Shichiro cherche dans la table des matières, le numéro de page des… Callego hoquète tout en regardant son comparse complètement rouge :

 

— Pourquoi tu regardes les aphrodisiaques ?

— Ne crie pas ! Je ne sais pas si elle s’est déjà envolée… C’est pour Aérin.

— Je ne vois pas comment un aphrodisiaque pourrait l’aider !

— J'aimerais juste vérifier s’il y a moyen de la rendre sensible... dit Shichiro, d’un ton à moitié assumé.

 

Shichiro se retrouve soudain avec la main de Callego qui lui enserre la tête, celui-ci, comme à chaque fois, se recule simplement en regardant son compagnon, confus.

 

— Quoi ?

— Mais t’es grave, toi ! Je t’ai dit pas plus tard qu’hier que nous étions trop jeunes !

— Je ne fais que me renseigner, Callego, rouspète Shichiro.

— À quoi cela sert, j’ai tout de même eu l’impression qu’elle nous disait hier, qu’elle n’en avait pas envie, dit le brun.

— Elle a dit ça parce que tu as plusieurs fois insisté sur le fait que nous étions trop jeunes, elle a tout de même dit après, vouloir nous faire plaisir, ajoute Shichiro.

— Je vois, réponds Callego en baissant les yeux. 

— Il y a une chose à laquelle vous ne pensez pas, dit Shichiro.

— Laquelle ?

— Vous partez du principe que si vous commenciez ce genre de chose, vous devriez logiquement aller jusqu’au bout.

— Pourquoi, vous ? C’est toi le plus intéressé dans cette histoire !

— Le moins stressé, plutôt.

— Et si nous refusions de faire ce genre de chose ?

— Je l’accepterai.

— Nous sommes trop jeunes, réitère Callego.

— En quoi?

— Immature.

 

Shichiro se retourne sur lui tout en refermant le livre.

 

— La plupart des démones apprennent dès la première à utiliser leurs corps pour attiser le désir des mâles et obtenir ce qu’elles veulent d’eux. Je ne pense pas que le fait d’être mature ou non, influence sur le désir.

— Je ne parle pas de succubes.

— Il n'y a pas qu’elles qui apprennent et pourquoi as-tu tenté de la toucher, dans ce cas ?

— C’était une erreur et je lui ai fait peur !

— Ce n’était pas une, Callego, tu as simplement répondu à ton instinct et il n’y a rien d’anormal là-dedans.

— Je lui ai tout de même fait peur !

— Parce que tu as manqué de tact.

 

Callego détourne les yeux, boudeur. Ils sont retournés dans la chambre et ils s’assoient au bord du matelas. Le brun balance ces jambes dans le vide, alors que Shichiro s’allonge en attrapant son coussin sous lequel il place sa tête. Callego a les yeux sur lui… Il déglutit, puis dans un mouvement nerveux, se place au-dessus de Shichiro qui en relève légèrement l’oreiller tandis qu'il dévisage le démon, perplexe. Callego lui enlève le polochon et se penche lentement sur lui, en ignorant la détresse de son cœur, pour venir presser ces lèvres contre celle de Shichiro. Le pâle lui répond tout en lui souriant, entourant la nuque du brun de ces bras qu’il glisse dans son dos. Il veut juste se montrer joueur, le taquiner un peu en effleurant la racine de ces ailes. Callego se braque dans un souffle saccadé, surprenant un peu l’autre démon et rétablit les distances, le visage bas et en colère.

 

— Callego, souffle doucement, Shichiro qui s’assoit contre lui.

— Je n’y arrive pas…

— Ce n’est rien, dit Shichiro, en lui frottant le dos.

 

Callego tique et attrape sa chemise au niveau de son cœur et la serre pour lutter contre cette douleur dans sa poitrine. Shichiro le dévisage mal à l’aise, il ignore comment réconforter son compagnon, il a envie de le prendre dans ces bras, mais est-ce vraiment une bonne idée ? Le brun relève les yeux vers lui qui sourit simplement, ignorant que faire d’autre. Callego rougit, déviant aussi vite son regard, se sentant stupide de réagir ainsi, même si Shichiro ne le lui reproche aucunement, mais…

 

— Callego… Aurais-tu subi…

— Non ! intervient le brun, qui coupe à court sa question.

 

Shichiro le regarde avec suspicion et le brun en détourne la tête.

 

— Opéra s'est un peu joué de moi une fois, mais il n’y a rien d’autre, affirme le démon.

 

Shichiro soupire s’apercevant qu’il ne ment pas. Voilà donc la raison du froid entre Aérin et Opéra.

 

— Pourquoi ne pas me l’avoir dit ? ronchonne Shichiro.

— Aérin est intervenue et Opéra n’était pas sérieux, il voulait juste me faire peur.

— Il ne t’a pas blessé ?

— C’est marrant parce que l’on a eu un échange de coup et il m’a sonné contre le mur et malgré tout. J’ai été plus choqué par le fait qu’il caresse mon dos, que la rencontre de ma tête avec le ciment, dit Callego, se riant de lui.

 

Shichiro regarde son compagnon n soupirant… C’est normal ce genre de chose entre démon, mais cela l’agace tout de même ! Pourquoi au fait ? Lui-même le reconnaît que ce comportement est logique.

 

— S’il recommence, je lui en mettrai tout de même une, pour le principe, bougonne Shichiro.

 

Callego lui sourit alors tendrement, c’est bien la première fois que Shichiro lui voit une telle expression. Le pâle glisse ces doigts dans ceux du brun, ses oreilles devenant bouillantes. Les deux regardent alors le sol de la chambre en balançant les jambes.

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