L'école des démons acte 2

Sybel invite timidement le félidé à la suivre jusque dans la salle de repos, puisque sa cousine semble soudainement être prise d’envie primitive si pressante qu’elle leur impose directement leur absence… Elle laisse Opéra, pour aller lui chercher de quoi boire, celui-ci n’ayant pas l’habitude d’être celui qui est servi, il la suit tout de même jusque dans la cuisine.

— Tu veux quelque chose ? demande Sybel.

— Les autres ne devraient plus tarder, on va déjà tout apporter dans la salle, répond sobrement le chat.

Sybel le dévisage en se contentant de hocher du chef. C’est fou comment il est soumis ce démon malgré son rang ! Cela doit lui paraitre naturel comme Majordome, à la fin, même s’il est de bons rangs, il n’en reste pas loin qu’un domestique de luxe. Ils placent le service à thé, le réchaud et la boîte contenant les sachets sur la petite table de la salle de repos, en attendant Azael, Degan, Zya et Ilya.

Ils se servent et sirotent leur thé tout en s’observant l'un l’autre.

— C’est quoi ton affinité magique ? demande le félin pour briser le silence.

— La même que Degan, répond Sybel.

— Tout feu, toute flamme ! T'es-tu déjà transformée ?

— Pas encore, répond la jeune en détournant les yeux, puisqu’elle n’y est pas parvenue.

— Pourquoi ?

— J’arrive à utiliser la magie de feu, mais pas à me changer, c’est peut-être parce que je n’ai pas de rang, dit Sybel.

— Possible, répond Opéra, bien qu’elle devrait au minimum pouvoir changer, même si elle ne prend pas l’apparence complète. Du moins, c’est ce qu’Azael lui a dit.

— Et toi, quelle est ta magie héréditaire ?

— Disons qu’elle ne met pas utile, donc je ne la mentionne simplement pas, explique Opéra.

— D’accord, répond Sybel, en baissant les oreilles… Oui, elle reste actuellement une démone de seconde zone, rien ne l’oblige à le lui révéler.

Il la dévisage alors qu’elle baisse son visage et ses oreilles, celle d’Opéra se secouent de ce fait.

— J’ai préféré travailler ma force et le corps à corps, répond le félin, ne lui souriant doucement. 

— C’est la première fois que je te vois sourire ! Tu es encore plus mignon, avoue la rouge, avant de s'apercevoir que sa parole a été plus rapide que sa réflexion.

Opéra en rougit légèrement, maintenant, elle est rouge comme une tomate.

— Pardon, c’est sorti tout seul. Tu es peu expressif, ça m’a surpris, dit-elle.

— Je ne vais pas me plaindre d'un compliment, répond Opéra.

Elle regarde Opéra, les joues devenant chaudes, puis mine de rien se rapproche de lui. Opéra la dévisage d’abord sceptique et cligne des yeux, au moment où elle vient lui faire un bisou sur la joue. Osant, sans réellement oser, il en reste pas moins un démon de haut rang, craquant et même si elle passe son temps à parler de rang et de statut. Elle ne peut nier, qu’elle se sent franchement attirée par Opéra.

Le félin n’a pas bougé d’un pouce, il la dévisage sans changer d’expression. Il lui arrive de narguer les autres, que ce soit, Aérin, Callego, Degan ou même Shichiro. Hormis Azael qui rentre dans son jeu, les autres ne savent jamais comment prendre ce qu’il fait. C’est cela qui l’amuse, le jeu. Ce n’est pas comme Azael qui pousse le jeu un peu plus loin, la démone ne doit pas penser tel quel, malgré son caractère. Il n’a pas le temps de trouver une réponse à ce que vient de faire Sybel que la voix de Degan résonne dans toute la demeure.

Ils se tournent vers la porte alors que les démons y entrent, tout en s’ignorant… Degan fidèle à lui-même est bien remuant et son frère soupire de ses pitreries. Zya et Ilya se tiennent la main, inquiète pour les futurs neurones en moins du rouge, s’il continue à narguer ainsi son frère.

Ilya est habillé d’une robe simple blanche et nacre, Zya a mis une robe bustier, le même modèle qu’Aérin si ce n’est qu’elle soit rouge avec les bas blancs. Sybel porte une élégante robe rouge, avec ses cheveux de tresser.

— Aérin et Chiro ne sont pas avec vous ? demande le rouge.

— Ta jumelle est allée s’égarer dans les bois avec lui, avance Opéra.

— Elle est enfin décidée à rattraper le temps perdu ? ricane Degan.

— Surveille un peu tes conneries, il y a une enfant avec nous, râle Azael.

Démone qui vient justement de se glisser entre eux pour se lancer sur Opéra et Sybel, heureuse de les voir. Zya suit son mouvement, bien qu’elle ne fasse que s’asseoir à côté de la rouge. Sybel sourit à la fillette à la chevelure rose qui s’assoit face à elle. Azael et Degan, eux, se posent près d’Opéra.

— Sérieusement, qu'est-elle allée faire dans les bois avec Shichiro ? Il fait froid ! dit Ilya.

— Ils ont surement besoin de parler de quelque chose sans risquer d’être surpris par une oreille indiscrète, dit Azael.

— C’est une idée ou tu n’as vraiment pas l’air de vouloir accepter l’idée qu’Aérin puisse avoir des rapports, dit Degan à Azael.

— Rien à voir, je suis surtout persuadé qu’ils n’en feront rien avant au moins l’année prochaine, réplique Azael.

— D’où tu sors cette certitude ? Tu pourrais-être surpris, ricane Degan.

— De toute façon, en quoi cela vous regarde ? intervient Ilya en faisant la moue.

Le groupe se tourne alors sur la démone à la chevelure rose, qui les dévisagent en gardant les joues gonflées.

— Remis à nos places par la plus jeune, dit Zya, en riant.

La discussion se tasse là et Degan propose de faire un jeu de société pour passer le temps. La sonnette finit par retentir, Azael se lève pour aller ouvrir à Callego s’apercevant de l’heure… Degan aurait raison ? Ça l’étonne tout de même, il imaginait sa sœur plutôt du genre à préférer être en lieu sûr pour ce genre de chose. À moins qu’ils soient en réalité dans la grange, près de Saphir. Il guide Callego tout en l’informant de l’absence des deux autres. Il a les yeux sur le démon, qui ne fait que relever les siens vers lui en hochant du chef. Le brun est un peu comme lui, il s’énerve facilement après Opéra et Degan, mais en vérité, il est plutôt difficile de savoir à quoi il pense. Il n’a pas spécialement changé d’expression à cette nouvelle, si ce n’est qu’il se plaint de son frère et de son camarade de classe.

Les voici avec les autres, Callego ignore où se placer puisque Aérin et Shichiro sont absents et que Degan et Opéra le charrient.

Callego sort son téléphone, mais hésite à envoyer un message à Aérin et Shichiro pour les prévenir de sa présence. Ils sont censés le savoir... Il le remet dans sa poche, alors qu’il surprend le regard des filles et d’Azael.

— Tu ne les préviens pas ? demande le bicolore.

— Pas besoin, rétorque le brun.

— Ils vont sans doute arriver, ajoute Zya.

— Ça ne fait que trois heures qu’ils sont dans leur coin. Ça va, pas trop vexé, Callego ? persifle Degan.

— Pourquoi le serais-je ? soupire Callego.

— On reste des démons, on est compétitif, ça ne te ferait pas chier de ne pas être le premier ? Surtout que c’est avec toi qu’elle s’est mise à la base ? réplique Degan.

— Le premier de quoi ? gronde le brun.

— À coucher avec Aérin, réplique Degan, du tact au tact.

— Dans le genre fouteur de merde, tu te défends bien ! réplique Azael, en lui collant une claque derrière la tête.

— Et cela ne te regarde pas ! intervient Zya.

— Ah, ça va ! Il était prêt à les ignorer quand Shichiro a conduit Aérin à sa mère ! enchérit Degan.

— Tu n’as aucune idée de ce qui m'a conduit à le faire, imbécile, alors ferme-la avant que je ne m’énerve réellement, Degan ! gronde Callego, mauvais.

— Mais calmez-vous ! Degan, arête, tu es juste en train d’énerver tout le monde ! réplique Ilya, fâchée.

— On change de sujet et Degan, cela suffit maintenant ! ajoute Zya, en levant la voix.

Azael regarde la démone tout en levant un sourcil, il comprend sa compagne, mais… Comment dire, cela s'entend qu’elle n’a pas l’habitude d'élever la voix. Le silence revient sur le groupe. Azael soupire et se lève tout en donnant un léger coup à l’épaule au brun, lui demandant de le suivre. Au moins, il va pouvoir éviter Degan et Opéra. Quoique ce dernier n’ait pas profité de la situation pour le mépriser, pour une fois.

Il suit Azael jusque dans la cuisine, qui lui propose un thé et il l’invite à s’asseoir à table. Callego s’exécute sans retenir un souffle d’agacement et relève les yeux vers Azael qui le fixe d’une manière qui en ferait presque pâlir Callego.

— Si tu m’amènes ici pour savoir si j’ai déjà…

— Calme-toi, je te donne juste l’occasion de te défiler de mon abruti de frère.

— Il va recommencer dès qu’ils reviendront, rétorque Callego.

— Il y a forte chance, c’est un sujet qui l’amuse au détriment des autres.

— Tu comptes me faire passer un contrôle de psychologie ?

— Sans vouloir te vexer, ce n’est pas toi qui me préoccupes, intervient Azael.

— J’espère bien ! Degan m’énerve, mais je m’en fous de ce que pourraient bien faire Aérin et Shichiro.

— Vraiment ?

— Je suis colérique, pas jaloux.

— Tu t’es déjà attaqué à Shichiro pour cette raison, si tu recommences, il y aura conflit et si cela touche ma sœur, ce ne va pas me plaire. J’ai déjà calmé vos tensions passées, si tu as envie d’en mettre une à Shichiro, évite qu’elle ne le sache.

— Tu es peut-être son frère, mais ce qu’ils se passent entre nous, ne regarde que nous, réplique Callego.

— Faites comme bon vous semble, mais si vous blessez Aérin, Shichiro ou toi, vous aurez affaire à moi.

Callego le sui des yeux alors qu’il se relève pour retourner vers la salle de repos. C’est lui ou Azael est à fleur de peau, aujourd’hui ?

Ils se remettent à leur place, le regard noir d’Azael fait ravaler sa salive à Degan. Les filles discutent entre elles. Callego regarde l’écran de son téléphone, il est presque 16 h. Il a une idée d’où ils sont... Est-ce qu’elle se montrerait moins réticente qu'avec lui ? Il se masse le front en se rappelant du coup de tête qu'elle lui avait accidentellement donné et lève les yeux sur la porte de la salle de repos qui s’ouvre doucement sur Aérin et Shichiro.