Inazuma Eleven Solaris
Les deux amies commencèrent à monter l’escalier qui menaient à la chambre.
« Je vois que tu as fait la rencontre de Bernadette Stoker, remarqua Kiburn en soulevant la valise. Je ne l’aime pas trop, même si…
- Même si ?
- Disons qu’il y a bien pire dans l’université actuellement. Ah, et Clear est là aussi.
- Clear, de l’équipe Diamond Dust ? Je la connais mal, je lui parlais peu.
- Sinon il n’y a personne d’autre. Nous sommes les trois d’Alius à être inscrites à Solaris. »
Arrivées à l’étage, elles avancèrent dans un long couloir ou de multiples portes menaient à diverses chambres du dortoir. Certaines étaient entre-ouvertes, mais il n’y avait que très peu de bruit. On pouvait voir parfois des étudiantes travailler, assises à leur table. L’atmosphère était totalement différente d’Alius, où l’ambiance était plus chahuteuse et joyeuse, et ressemblait à l’idée que se faisait Isabelle des colonies de vacances. Mais ici, le calme plat faisait bien plus penser à un hôpital. Ou à une prison, songea Isabelle.
« Ce sont surtout des filles de bonne famille qui étudient ici, expliqua Kiburn alors qu’elles passaient devant une de ces portes. Elles sont là pour travailler, et aider ensuite leurs parents à la gestion de l’entreprise quand elles seront plus grandes. Des petites filles studieuses bien élevées et éduquées. Peuh ! Pas mon genre. Ni le tien, d’ailleurs ! » ajouta-t-elle en souriant à Isabelle. Elle lui rendit son sourire.
« Dis-moi plutôt : comment va grande sœur ?
- Elle… Aquilina va bien. »
Elle ne s’était jamais résolue à l’appeler grande sœur. Elle n’y arrivait pas.
« C’est encore loin ?
- Un peu. Ne sois pas surprise si c’est un peu moins calme. »
En effet, elles arrivaient au bout du couloir, et plus elles se rapprochaient, plus le bruit devenait fort. On discernait d’abord une musique de cirque, mais aussi le bruit… d’un appareil à souder ? Cela se mélanger à l’odeur du pain chaud sorti du four, et le bruit d’un petit marteau frappant à répétition sur un objet métallique. C’est en s’approchant que les deux filles virent une figure énervée sortir d’une des portes pour aller toquer là d’où sembler venir le bruit de l’appareil à souder.
« Glazier ! Arrête ce boucan tout de suite ! C’est insupportable ! »
La jeune fille qui venait de parler avait l’air furieuse. Ces cheveux rouges se finissaient en petite couette qu’elle laissait pendre sur le devant de l’épaule droite, et ces traits assez pointus lui donnait un air que la colère ne devait pas arranger. Le bruit s’arrêta et bientôt la porte s’ouvrit pour laisser passer la tête d’une jeune fille armée d’un masque vitré remonté sur son front.
« Salut Narcissa, fit-elle en voyant le visage furibond de son interlocutrice. Tu disais ?
- Je te demandais d’arrêter le vacarme que tu fais avec tes soudures ! Je ne crois pas que tu en aies autant besoin pour ton travail du verre !
- Qu’est-ce que tu en sais ? Tu as déjà travaillé le verre ? J’en ai besoin pour coller mes deux plaques de verre, et je n’ai pas le droit d’utiliser le chalumeau dans ma chambre ! »
Narcissa blémit :
« Qu’est ce que tu fais avec un chalumeau dans ta chambre ?
- Bah, je chauffe du verre !
- Tu vas finir par tous nous incendier, oui !
- Je sais prendre mes précautions, et pour en revenir au vacarme, tu devrais t’en plaindre aussi chez Wonder, elle fait actuellement plus de bruit que moi ! »
Et sur ces mots, Glazier claqua la porte au nez de Narcissa. Cette dernière, sans se démonter, se retourna vers la porte d’où provenait la musique festive et tambourina à la porte. Après quelques instants, une jeune fille aux cheveux verts courts ouvrit la porte, une scie à la main.
« Ah, Narcissa, tu tombes bien. J’ai besoin d’une assistante pour pouvoir réaliser mon tour. C’est celui de la malle magique, tu dois le connaître. J’aurais besoin que tu t’insères dans la malle, et pendant ce temps, je prendrais cette scie et je te- »
La jeune fille n’eut pas le temps de finir sa phrase. Pendant ses explications, le visage de Narcissa était passé du rouge au blanc, et elle venait de fermer d’elle-même la porte de la chambre. Elle gromella, jura qu’elle trouverait un moyen de faire taire ce « boucan », et retourna dans sa chambre.
« Bienvenue dans le club des solitaires, fit Kiburn quand la situation revint à la normale. Toutes ces personnes sont des jeunes filles ayant décidé de créer un club d’elles-mêmes pour pouvoir chacune exercer leur passion. Le problème, c’est qu’elles ont toutes des hobbies assez différents et excentriques…
- Oh… Il y a donc le travail du verre, la prestidigitation, mais qu’en est-il du bruit de marteau et de l’odeur du pain ?
- Le bruit de marteau, c’est Lacey Threader. Narcissa n’a pas eu le temps de la réprimander. Quant à l’odeur du pain, c’est Bella Baker, mais elle n’est pas là. Ça n’empêche pas l’odeur de rester dans l’air.
- Si c’est le club des solitaires, je suppose qu’on y trouve aussi Adora Shivers et Bernadette Stoker. Après tout, elles aussi ont fondé un club à elles toutes seules.
- Exact. Pour Narcissa, la situation est un peu différente : c’est surtout son caractère qui l’empêche de se mêler aux autres. Alors, elle s’est mise avec les marginaux.
- Et nous, qu’est-ce qu’on fait ici ?
- Allons poser les affaires dans la chambre, je t’expliquerai à l’intérieur. »
La petite chambre se trouvait sur le côté gauche du couloir et disposait de deux lits, posés dans les coins, et qui enserraient la seule fenêtre de la chambre. Sur la gauche se trouvait une porte menant à la salle d’eau, tandis que sur la droite deux grandes armoires gardaient les affaires personnelles des occupants. Deux bureaux à gauche et à droite de la porte venaient compléter l’équipement sobre de la pièce.
Une fois que les valises furent déposées dans la chambre, Isabelle s’aperçut que sur le lit se trouvait son uniforme scolaire, et nota le choix du short et non de la jupe.
« Je me suis dit que tu préférais ça, alors j’ai fait part de ma demande à l’intendance.
- Merci », répondit Isabelle. Après un instant, elle fit : « quelle étrange personne que cette Bernadette Stoker… seule membre du conseil de discipline, et qui a poussé à ce que les étudiantes aient le choix de leur uniforme…
- Sa chambre est juste à côté, remarqua Kiburn. Elle aussi fait partie du club des solitaires.
- Alors, explique-moi donc : en quoi consiste ce club ?
- Je pense que tu l’as quasiment deviné : ce sont tous les gens qui ne correspondent pas à la majorité des étudiantes de l’école : les marginales, les exclues, celles qui ont du mal à s’intégrer… On trouve de tout là-dedans ; tu en as déjà croisé quelques-unes. Il y a aussi Tracy Tracker, qui partage sa chambre avec Narcissa ; c’est une fana d’exploration et de parcours d’orientation. Le problème c’est qu’elle n’a aucune orientation… (Kiburn jeta un regard à sa montre) Elle est partie vers 15 heures, elle risque de rentrer vers 21 heures, c’est pour ça que tu ne l’as pas vue. Nous, on est là parce qu’on sait qui on est : les anciens de Genesis. »
A ce nom, le cœur d’Isabelle se serra : son passé la poursuivait donc encore…
« Les démolisseurs d’école, lâcha-t-elle après un instant.
- Oui, hélas. C’est ce qui fait qu’on a préféré nous mettre de côté.
- Mais… Et Clear ? »
Après tout, elle aussi avait fait partie d’Alius, se dit Isabelle.
« L’équipe Diamond Dust était moins connue à l’époque, répondit Kiburn. On n’a jamais fait de retransmission télévisée de leurs exploits, parce qu’il n’y en avait pas. Du coup, elle a parfaitement réussi à s’intégrer au reste des élèves : d’où son absence ici. »
Il y a donc encore une chance de pouvoir influencer l’école de manière douce. Elle ouvrit une de ses valises et en ressortit un ballon, avec lequel elle commença à jongler.
« Tu n’as pas l’intention d’abandonner le football, hein ?
- Non, même si je ne sais pas comment influer sur l’école pour pouvoir y jouer.
- Le football n’est pas vraiment considéré ici. On le dit salissant, et dégradant. Tu peux tout trouver à Solaris : handball, athlétisme, natation, badminton, volley… Mais concernant des sports comme le baseball, le rugby ou le foot, il n’y a pas de stade ou de bâtiments pour. Cela demanderait un budget énorme de lancer ainsi une équipe de football. Nous sommes dans une impasse, Isa.
- Peut-être pas. Après tout, il se passe des choses intéressantes dans cette école. »