Laissez moi rêver...

Chapitre 10 : Des étoiles plein les yeux

1881 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/11/2024 18:17

Ce chapitre est dans mes brouillons depuis 10 mois, 10 mois ?!?

Désolée ;(

Je vais quand même essayer de terminer l'aventure de Norah, mais le temps me manque souvent maintenant que je suis rentrée au lycée...

Je vous souhaite quand même une bonne lecture !

Alyce.


________



— Où voudrais-tu qu'on te dépose ?

Je considérai distraitement la question du président, debout derrière la banquette sur laquelle j'étais assise. Installée devant l'une des fenêtres du dirigeable qui prenait peu à peu de la hauteur, j'étais prise d'un sentiment tout drôle. Nous venions de laisser l'ensemble des participants au sommet de la tour aux astuces, et je distinguais encore leurs silhouettes minuscules, s'échinant à la recherche d'une issue. Les abandonner ainsi me procurait une impression incertaine, entre la mélancolie, le soulagement et la honte.

— Dans la ville la plus proche, dis-je sans détourner le regard de l'édifice.

En voyant que le président ne me répondait pas, je me tournai vers lui et remarquai qu'il m'observait, une expression étrange peinte sur le visage.

— Quoi ? fis-je, sur la défensive.

Il lissa sa barbe en réfléchissant puis posa l'inévitable question :

— D'où viens-tu, exactement ?

Je me mordis les lèvres, hésitant entre la franchise et la prudence.

— De loin, répondis-je en optant pour un compromis.

— De loin... ou d'ailleurs ?

Ses yeux pétillaient, ce vieux croûton aimait pousser les gens à bout. Je me penchai en avant en serrant les poings. Comment avait-il deviné ? Je pouvais toujours lui mentir, mais cela ne m'avancerait à rien. À contrecœur, je lui exposais alors les grandes lignes de mon histoire sans pouvoir m'empêcher de passer sous silence les points délicats tels que l'accident ou mon cauchemar dérangeant. Ou le fait qu'il ne soit qu'un personnage de fiction. Dans le meilleur des cas, il aurait peut-être une aide à m'apporter. Mais il se contenta d'un simple commentaire :

— Curieux.

Un court silence s'installa entre nous pendant que je me demandais s'il allait partir, indifférent, ou me proposer une solution.

— Je connais quelqu'un qui pourrait t'aider, dit il calmement.

Si son air blasé me troublait au plus haut point, cette affirmation me réchauffa le cœur. Je me levai et joignis mes mains devant ma clavicule, priant pour qu'il m'offre plus que de faux espoirs.

— Qui est-ce ? Où puis-je le trouver ?

Le président éclata de rire, comme s'il était le seul détenteur d'un secret comique. Il croisa ses bras dans son dos sans effacer l'amusement qui ornait son visage.

— Je te transmettrai ses coordonnées dans la matinée, conclut-il.

Il me salua d'un hochement de tête et s'éloigna, me laissant seule avec ma déception. J'aurais aimé ne pas perdre de temps.

Dehors, la tour aux astuces avait disparu derrière les montagnes. Le paysage et le silence m'apaisèrent et je passai un moment à rêvasser devant la fenêtre. Sans savoir pourquoi, je ne cessais de penser à Kurapika et à ses amis. Il avait fallu que j'aie un accident et que je me téléporte dans un manga pour rencontrer des personnes sympathiques. Mais de toute façon, j'aurais encore trouvé le moyen de tout faire capoter et je ne voulais pas que Kurapika soit déçu. Si j'avais passé plus de temps avec lui, il aurait compris quel genre de personne j'étais : cynique, lâche. J'étais sûre que je sortirais vite fait de son esprit. Il oublierait notre ''rendez-vous'' et je pourrais tourner la page sans problème.

Alors, ça avait été une très jolie parenthèse, mais il était temps de revenir à la réalité. Au sens propre et figuré du terme.

Plus tard, quand j'allumai la lumière de la cabine, je vis sur le mur, juste au-dessus de l'interrupteur, qu'un petit papier avait été scotché. Je le détachai d'un coup sec et m'assis sur le lit en déchiffrant l'écriture brouillonne du président.

Myra Tsuki, Ville de l'Etoile Filante.

Un nom, une ville. On ne pouvait être plus bref. Je soupirai et mis le papier dans la poche de ma veste. Il ne me restait plus qu'à me faire conduire jusqu'à cette ville, en espérant que ses habitants étaient aussi charmants que son nom était poétique.

Un peu plus tard dans la journée, le dirigeable atterrit près d'une petite ville. Je fus un peu vexée en voyant que le président ne viendrait pas me dire au revoir, ou au moins m'accorder un dernier conseil. Mais je n'eus pas le temps de demander de ses nouvelles : le bonhomme-haricot s'empressa de me pousser sur la piste d'atterrissage, me fourrant un billet de train et quelques piécettes dans le poing. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le ballon s'était de nouveau envolé. Avec un haussement de sourcils, je compris qu'ils avaient été pressés de se débarrasser de moi. Charmant.

À la gare, un tableau d'affichage numérique indiquait que mon train ne partait que dans une heure, alors j'entrai dans un petit café. J'étais époustouflée par les similitudes avec mon monde, jusqu'à ce que le serveur me dise :

— Ça vous fera deux-cent-cinquante jenis.

— Hum...

Je sortis de ma poche mes six pièces, mais impossible de savoir combien elles valaient. Je tendis l'ensemble au serveur.

— Gardez la monnaie, dis-je avec un sourire crispé.

Le café était infect. Je n'aurais pas dû dépenser ma maigre fortune aussi rapidement.

Je finis ma tasse d'un trait et cherchai le quai numéro six, correspondant à mon train. Je crus m'être trompée quand je vis qu'il était presque vide. Seuls deux ou trois types louches se baladaient près des rails.

Je fus prise d'un léger doute. Pouvais-je vraiment faire confiance au président et à ses informations ? Ça ne m'étonnerait pas qu'il se soit moqué de moi en m'envoyant dans une ville fantôme, ou pire, grouillante de malfaiteurs. Mais un train accosta rapidement et je n'eus pas le temps de changer de plan. Même si le train ne m'inspirait pas plus confiance... Le confort ne semblait pas être son objectif principal : il semblait être destiné à transporter des marchandises plutôt que des voyageurs. J'allai tout de même m'asseoir dans le coin d'un compartiment et compris sans réelle surprise qu'aucun contrôleur ne viendrait vérifier mon billet.

Le trajet ne fut pas très long et le sifflement aigu des freins sur les rails me tira de la douce somnolence qui m'avait envahie malgré l'inconfort des lieux. Je tirai sur le panneau en bois qui faisait office de porte, et il s'ouvrit sur un soleil éblouissant. Quand je rouvris les yeux, je restai bouche bée. Je ne m'attendais pas à ce genre de paysage : je n'étais pas dans une ville, ni même une gare.

Je descendis lentement, mes baskets touchant le sol irrégulier. Une odeur âcre flottait dans l'air, un mélange de plastique brûlé et de quelque chose de plus organique, presque putride. Partout, autour de moi, un paysage désolant s’étendait à perte de vue : des amas de déchets formaient des collines branlantes et des structures de fortune avaient été bricolées avec des restes de tôle et de bois humide. Un silence pesant régnait dans cet endroit désertique.

Dans mon dos, le train grinça et se remit en marche avant que je n'aie pu réagir. J'aurais dû remonter dedans. Je ressortis le papier que le président m'avait donné et lus le nom de la ville pour la millième fois, comme pour m'assurer que je ne m'étais pas trompée. Ville de l'Etoile Filante. C'était une blague, n'est-ce pas ? Une bourrasque chaude fit tourbillonner la poussière au sol et je soupirai en passant une main dans mes cheveux pour les maintenir en place. Je devais trouver quelqu'un pour m'indiquer le chemin jusqu'à cette Myra Tsuki. Elle était vraisemblablement mon seul espoir, et si pour la trouver, je devais m'aventurer entre ces montagnes inquiétantes, eh bien soit.

Je m'avançai à pas lents, le sol crissant sous mes chaussures. Un son inattendu rompu le silence. Un rire d'enfant. Un peu plus loin, deux petits garçons sales couraient pieds nus. L’un d’eux s’arrêta un instant pour me fixer et je sentis mon estomac s'alourdir. Mais il se contenta de me jeter un regard curieux, avant de suivre son ami et disparaître derrière un tas de déchets. Leur misère me laissa un pincement au cœur. J'hésitai à les suivre, mais préférai avancer tout droit.

J'errai au hasard une dizaine de minutes, et il m'apparut finalement que cette "ville" n'était pas si morte qu'elle le paraissait. Çà et là, des silhouettes décharnées rôdaient, fouillant parmi les débris. Je resserrai ma veste autour de moi, tentant d’ignorer leurs regards inquisiteurs, souvent hostiles. Il était nécessaire que j'aborde quelqu'un pour demander mon chemin, mais je considérais plus prudent de garder une distance raisonnable entre eux et moi.

Mon attention fut soudain attirée par un homme, tranquillement assis sur une caisse en bois, plongé dans la lecture d'un livre. Son visage était fin et anguleux, encadré par des cheveux sombres mi-longs, et il portait une longue veste noire qui respirait l'élégance. Sa présence même en ces lieux paraissait si incongrue que je dus cligner des yeux plusieurs fois pour être certaine qu'il ne s'agissait pas d'un mirage.

Après une courte hésitation, je m'approchai de lui mais il ne me remarqua même pas. Je me raclai la gorge pour attirer son attention, et il leva sur moi un regard orageux. J'étais debout et lui assis, pourtant, il dégageait une autorité et une aura magnétique. Je ne pouvais pas revenir en arrière.

— Excusez-moi, déglutis-je. Savez-vous où je pourrais trouver une certaine Myra Tsuki ?

Il plissa les yeux et un sourire imperceptible étira ses lèvres, mais il resta silencieux. Je croisai les bras, décidée à ne pas me laisser intimider.

— Vous êtes muet ? lançai-je dans une faible tentative de provocation.

L'homme referma son livre d'un claquement sec et le posa sur ses genoux.

— Myra Tsuki, répéta-t-il doucement, une lueur d'amusement dansant dans ses yeux perçants. Dis-moi, qu'est-ce qu'une gamine comme toi fait ici ?

— Gamine ? répliquai-je, piquée au vif. Ecoutez, je n'ai pas vraiment de temps à perdre. Savez-vous où elle habite ?

L'homme se leva avec une lenteur déconcertante et je reculai instinctivement d'un pas. Il était plus grand que je ne l'avais imaginé.

— Bien sûr, fit-il avec une douceur déstabilisante.

Il me parlait comme si j'étais une petite fille à ne pas effrayer.

— Il y a une trappe au sol, un peu plus loin. Tu la trouveras sous terre.

Je grommelai des remerciements et m'éloignai le plus vite possible de lui, sans le quitter du regard avant d'être à une distance prudente. Les gens étaient excessivement perturbants, dans ce monde, mais celui-là remportait la palme d'or.

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