Les 65eme Hunger Games
Chapitre 2 : Un rapprochement ferroviaire
4057 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 09/11/2016 15:55
Après que Cara ait finit de faire ses adieux, nous sommes conduit vers le train dans une voiture, et Vormac Trubee en profite pour nous expliquer ce qui nous attend ces prochains jours. Comme Cara n'écoute pas et que Trubee ne s'en rend pas compte, je décide moi aussi de laisser aller ma tête contre la vitre de la voiture. Je regarde le paysage de mon District ; c'est peut-être la dernière fois que je le vois. Je tente de m'imprégner de chaque grain de sable, de chaque palmier, de chaque maison qui me rappellent tous des souvenirs. "Tu reviendras ici !" je me dis à moi-même, et d'un coup, je reprends confiance en moi. La voiture s'arrête, et des Pacificateurs m'encadrent des que je sors de la voiture. Une foule s'est déjà formée devant le train, et les deux écrans géants au-dessus de la gare montrent mon visage. Je suis content de ne pas faire partie de ceux qui pleurent pour un rien, et je fais des signes d'adieux à la foule d'inconnus venus me dire au revoir pour mon départ. Ma mère n'a probablement pas eut le temps de venir jusqu'ici, et quelque chose me pince le cœur. Je baisse la tête pour que les caméras ne me filment pas, mais elles se sont déjà reportées sur Cara, qui marche juste derrière moi. Je monte l'échelle qui permet d'accéder au train, et Cara et moi nous retournons pour saluer la foule, comme le veut la coutume. Je pense aux éventuels sponsors féminins que je pourrais m'attirer et je décoche aux filles que j'aperçois des sourires charmeurs. J'en entends plusieurs éclater en sanglots, probablement désespérées parce que je m'en vais. Je ne les connais même pas. Ai-je été aussi insensible à l'amour que certaines me portaient peut-être pour ne m'en rendre compte que maintenant ?
Je m'apprête à me détourner pour rentrer dans le train lorsque je les vois. Annie et ma mère, qui courent vers la gare. Elles se mettent à tenter de fendre la foule, mais elles avancent lentement et difficilement: le temps qu'elles arrivent, je serais déjà rentré dans le train. Je jette un coup d'œil vers Cara, qui se détourne déjà du District mais je l'attrape par le bras.
"- L'étreinte des tributs ? dis-je en lui lançant un sourire charmeur."
Elle détourne les yeux quand elle croise les miens et saisit la main que je lui tends. Lorsqu'elle l'attrape cependant, je la tire vers moi et transforme l'étreinte en accolade. Je fourre mon nez près de son oreille et lui murmure :
"- Je t'en supplie, repousse l'entrée dans le train."
Je l'écarte doucement, et elle me jette un regard suspicieux, avant de revenir vers l'escalier du train, où elle se remet à faire des signes de la main. Le temps que je lui parle, ma mère et Annie ont eut le temps d'arriver ; elles sont désormais aux premières loges et tendent les mains par-dessus les barrières qui empêchent la foule d'avancer. Je vois de loin qu'Annie pleure.
Ma première pensée est que je ne peux pas la laisser sans rien. Je descends l'escalier du train, et un Pacificateur m'attrape par l'épaule. Je me dégage et défais en même temps le lacet qui ferme en temps normal le haut de mon T-Shirt. Je le lance à Annie, qui parvient à l'attraper, puis, avant que les six autres pacificateurs qui s'approchent de moi, la main au gourdin, n'aient le temps de m'attraper, je rentre dans le train, suivi par Cara. Je suis content de moi, car je sais que si je ne reviens pas, il leur restera quelque chose de moi, en l'occurrence ce lacet.
Les portes se referment, et le train s'ébranle. Cara va s'asseoir sur un sofa et je l'imite.
"- Je m'appelle Finnick, je dis en me tournant vers elle.
- J'avais cru comprendre oui, dit-elle en levant un sourcil ironique. Je suis Cara, précise-t-elle."
A ce moment, une vieille femme rentre dans le wagon. Elle doit avoir une petite soixantaine d'années au moins et elle est encore plus petite qu'Annie, si décemment possible. Je la connais déjà, elle s'appelle Mags. Elle a gagné il y a une cinquantaine d'année, lors de l'époque des premiers Hunger Games. Tous les ans, ils nous la présentent à la télé, lorsqu'il ne se passe rien d'intéressant dans l'arène. Elle s'assoit en face de nous et nous toise de haut en bas avant de finalement nous sourire. Elle me regarde, et je constate qu'elle a les mêmes yeux qu'Annie - bleu-vert.
"- Eh bien... Une Moisson prometteuse cette année ! Un garçon beau et rebelle, et une fille de vainqueur ! Vous êtes contents d'être là ?"
En voyant nos regards atterrés, elle se met à rigoler.
"- Je rigole, je rigole voyons... Vous n'êtes pas comme les tributs habituels... Celui de l'année dernière s'était vanté pendant deux jours d'avoir été tiré au sort !"
Oui, et celui de l'année dernière était mort lors des premières minutes du jeu, pendant le bain de sang. Je crois même que ça avait été le premier à mourir. Comme quoi ça ne sert à rien de se vanter d'avoir été tiré au sort.
"- Bon, reprends Mags, je vais vous expliquer quelques petites choses... Enfin, plus à toi qu'à elle, dit-elle en faisant un petit coup de tête vers Cara. Ta mère t'a tout dit, déjà, je suppose, n'est-ce pas ma belle ?"
Et puis ça me revient. Cara Drevadio. Drevadio. Tara Drevadio.
"- Tu es la fille de Tara Drevadio ! je m'exclame."
À l'école, ils t'apprennent dès ton plus jeune âge le nom de tous les gagnants du District 4. Et Tara Drevadio en fait partie.
Cara acquiesce doucement. Je suis d'un coup envahit d'une jalousie inattendue envers cette fille qui connaît déjà tout et qui a, par conséquent, un avantage sur moi. Puis je songe au malheur de sa mère, qui après avoir vécu l'horreur de l'arène une fois, va la revivre aux côtés de sa fille. Si je survis à ces Jeux, la chose que je voudrais le moins au monde sera probablement devoir retourner dans l'arène.
Puis Mags prend congé et je suis conduit à ma chambre par quelqu'un du personnel. Le compartiment doit être aussi grand que toute ma maison avec un lit, une salle de bain et un petit salon. Je me suis lavé il y a seulement quelques heures, mais la première chose que je fais est de prendre une douche, en me frottant avec la chose gluante qui me tombe dans la main quand je presse le bouton "Savon". Quand j'ouvre la porte du véritable dressing de ma chambre, je choisis au hasard tellement il y a de vêtements, un pull en col V et un pantalon en toile beige. Je jette un coup d'œil aux autres habits et j'en aperçois même qui sont à la mode au Capitole (des robes violettes brodées d'or par exemple). Je referme vite le placard, puis ouvre un autre tiroir à côté. Dedans, on trouve des tas d'accessoires comme des bracelets ou des colliers. Je me contente de prendre une bouteille de parfum pour homme dont je m'asperge copieusement avant de refermer le tiroir. Maintenant, tout mon compartiment empeste le parfum et je m'évade de ma chambre en arrêtant de respirer.
Je me sens déjà seul. L'envie de parler à quelqu'un est forte, et je décide d'aller dans la chambre de Cara. J'ai mis un peu de temps à réfléchir si je la voulais comme alliée ou pas, et puis je me suis dit que ça valait mieux. Après tout, même si elle n'a pas l'air d'avoir de grandes capacités physiques, le fait que sa mère soit un vainqueur peut énormément nous aider dans l'arène. En plus, elle m'a aidé à dire au revoir à ma mère et à Annie, donc c'est qu'elle ne me veut pas encore spécialement de mal.
J’arrive devant son compartiment et je toque poliment avant d'entrer sans avoir eut la permission. Sa chambre est vide, mais je devine qu'elle prend une douche car la porte de la salle de bain est fermée à clé.
"- Attendez deux minutes !" Crit-elle lorsque je toque à la porte pour signaler ma présence.
L'eau s'arrête et deux minutes plus tard, elle sort de la salle de bain, enroulée dans une serviette. Je suis surpris de constater qu'elle n'est pas toute plate, finalement. La robe avait du cacher sa poitrine sous les épaisseurs de tissus. Je suis gêné de voir qu'elle a vu où je regardais, et je rougis de m'être fait prendre comme il vulgaire voyeur.
"- Je reviendrais plus tard !" dis-je en me tournant pour repartir.
Je vais sortir de son compartiment lorsque sa voix me retient.
"- Non, attends ! Tu peux juste te tourner, ça suffira..."
Je suis content qu'elle me rappelle. Je vais pouvoir parler avec elle. Toujours dos à elle, je fixe la porte tandis que je l'entends fouiller dans son placard.
"- Alors comme ça, tu es la fille de Tara Drevadio ?
- Oui... Répond-elle la tête dans les robes.
- Écoute, je comprends que tu ne veuilles peut-être pas en parler maintenant, mais je ne voudrais pas qu'on fasse comme tous ces tributs qui s'ignorent pendant leur semaine d'entraînement... Et qui se tuent des le bain de sang. Je pense qu'on aurait des choses à s'apporter mutuellement."
Elle ne répond pas tout de suite, mais quand elle parle, je sens un sourire dans sa voix.
"- Toi, par exemple, ta beauté pourrait nous attirer des sponsors... C'est vrai que de dos, t'es pas si moche !"
Je me retourne pour faire une remarque bien placée sur le fait que la beauté est un atout, mais je me prends en pleine face sa serviette mouillée, et je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un sourire.
"- Sale caractère, hein ? dis-je en regardant la lampe au plafond pendant qu'elle va dans la salle de bain à côté.
- J'aime pas les frimeurs, c'est tout ! crie-t-elle depuis la pièce d'à côté."
Je cherche dans ma tête un moment où je me suis vanté et je ne trouve pas. Peut-être que c'est juste mon attitude qui laisse penser que je suis fier de mon physique... Quoiqu'il en soit, je reste muet, pris de court et sans savoir quoi dire devant la repartie de cette fille. Ça m'énerve. Normalement, ce sont les autres qui ne savent pas quoi dire face à moi. Elle émerge alors de la salle de bain et d'un coup, je me demande comment j'ai fait pour rater sa beauté lors de la Moisson. Elle a des jolis yeux marrons, des cheveux foncés de la même couleur avec une frange sur le devant et des toutes petites fossettes quand elle sourit. Maintenant qu'elle a changé de vêtements, son corps est plus mis en valeur et je me rends compte qu'elle est plutôt mince.
De toute évidence, je l'ai mal jugée lorsque son nom s'est fait tiré au sort... Assurément, c'est elle qui aura le plus de sponsors. Une fille de vainqueur... Je la regarde d'un coup et elle rougit en voyant que je l'ai surprise à me regarder... Est-ce que je lui fais de l'effet ? C'est bien la première fois que cette perspective me réjouis et je me rabroue mentalement en me demandant intérieurement comment est-ce que je peux être aussi bête.
Nous nous dirigeons tous les deux vers le wagon-bar, où Mags nous a prévenu un peu plus tôt qu'on y mangerait quand on serait prêts. Nous prenons donc place tous les deux et très vite, Mags et Trubee apparaissent pour se joindre à nous. Des gens du personnel nous apportent des dizaines de plats, et je me sens prêt à tous les goûter. De la viande. Dans le District Quatre, le District de la pêche, on ne mange pas souvent de viande. Je me sers donc copieusement et du coin de l'œil, je vois Cara faire de même.
"- Alors jeunes gens... Profitons du repas pour commencer à parler sérieusement ! Dit Mags en se servant des noix (oui, seulement des noix. Ça explique peut-être qu'elle soit aussi maigre.)
- Oui, dit Trubee. Mags et moi seront vos mentors pour les prochains jours à venir."
Son accent du Capitole me tape déjà sur les nerfs, mais j'essaie de ne rien laisser paraître.
"- Quels sont vos atouts, jeunes gens ? Demande Mags. En quoi êtes-vous doués ?"
Cara et moi nous regardons brièvement. D'un coup, j'ai peur de découvrir que cette fille ait finalement plus d'expérience que moi, et je croise les doigts discrètement sous la table.
"- Je cours vite... Commence Cara d'un ton réticent. Je sais distinguer ce qui est comestible ou pas parmi les plantes qui poussent dans le District Quatre et je me débrouille avec un couteau."
Je pousse un soupir de soulagement discret. Théoriquement, si elle ne nous a rien caché, j'ai plus d'avantages qu'elle. Je commence à lister les choses dans lesquelles je suis doué car je vois que c'est à mon tour de parler.
"- Je sais faire quelques nœuds, démarrer un feu et je manie bien les épées, les couteaux et les lances même si mon arme préférée est...
- Le trident, me coupe Cara."
Je me tourne vers elle en plissant les yeux. Comment peut-elle savoir ça ?
"- Je t'ai déjà vu pêcher, tu sais, dit-elle en me souriant. Comme pas mal de filles d'ailleurs... Ajoute-t-elle avec ironie."
Pourquoi est-ce que je rougis ? Je laisse tomber ma fourchette sous la table et je me baisse immédiatement pour la ramasser et me dérober aux yeux qui sont fixés sur moi. Cette fille a le don de me mettre mal à l'aise ! En plus, sa remarque indique qu'elle me connaissait déjà avant la Moisson, alors que moi non. Encore un avantage que je n'ai pas...
"- Et quels sont, selon vous, vos points faibles ? Reprend Mags en souriant lorsque j'émerge de sous la table.
- Je ne suis pas bonne du tout au corps à corps, dit Cara."
C'est vrai qu'elle est tellement petite que n'importe quelle personne pourrait la plaquer au sol en trente secondes.
"- Et moi... (Je cherche dans ma tête la chose où j'ai le plus de mal)... Je suis bon lutteur mais mes réflexes ne sont pas excellents et je ne cours pas très vite."
Mags me regarde et déclare finalement :
"- Je vais vous dire, moi, quels sont vos réels atouts. Toi, dit-elle en se tournant vers Cara, tu es la fille d'un vainqueur, et tout le Capitole te connaît déjà. Toi, dit-elle ensuite en se tournant vers moi, tu es (elle marque une pose et me regarde de haut en bas une nouvelle fois) très beau, il faut le reconnaître... Mais aussi rebelle.
- Comment ça, rebelle ? Dis-je en m'étonnant.
- Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais quand tu es descendu du train tout à l'heure pour donner ce cordon à la fille dans la foule, tu as fait quelque chose qui ne se fait pas d'ordinaire dans le protocole des jeux. Donc tu es un rebelle."
Je réfléchis à ce qu'elle vient de me dire, considérant d'un coup que ce que j'avais pris pour un acte d'amour pouvait être interprété comme une mini-rébellion.
"- Écoutez-moi bien maintenant. Vous avez tous les deux des qualités qui peuvent vous faire tenir longtemps dans une arène. Je vous conseille donc en temps que votre mentor, de rester ensemble et d'être alliés lors des combats. À deux, on survit mieux que tout seul... (Elle se tourne vers l'entrée du wagon ou quelqu'un arrive en poussant une télé)... Mais nous allons maintenant regarder quels seront vos adversaires cette année ! Jeunes gens, voici les Moissons dans tous les autres Districts du pays..."
Des noms et des visages défilent sur l'écran. J'en retiens quelques uns. Une fille au visage écrasé comme si elle se prenait un mur en permanence dans le District Un. Un garçon avec une énorme cicatrice qui lui barre le visage dans le Sept. Une fille au crâne rasé dans le Deux. Lorsque je me vois, lors de la Moisson, je suis étonné de l'impression que je donne. Lorsque mon nom est prononcé, je ne suis même pas étonné et je fends la foule d'un pas assuré. Les sourires que je lance à la caméra me paraissent naturels, et je réalise que j'ai eut la bonne attitude pour attirer des sponsors. Sur l'écran, on me prendrait pour un vrai Carrière. Je fais une tête de plus que tout le monde et je dépasse même sur l'estrade Vormac Trubee et ses talons de huit centimètres. J'entends les présentateurs faire des compliments sur la Moisson dans le District Quatre et commenter le tirage au sort de la fille de Tara Drevadio. L'arrivée à la gare est coupée au montage pour la rediffusion, mais tout ceux qui devaient nous suivre en direct au Capitole ont pu tous suivre mes adieux à Annie et le cordon que je lui ai jeté. D'un coup, je me sens fier de moi.
"- Pour demain, je veux que vous connaissiez par cœur le nom de tous les tributs, même ceux du Douze, c'est compris ? Dit Mags d'une voix autoritaire. Plus vous aurez de renseignements sur eux et plus vous aurez d'avantages sur eux."
Je me tourne vers Cara en levant un sourcil ironiquement, et elle saisit ma pensée. Connaître des choses sur les gens, elle sait faire. Elle me l'a déjà montré à plusieurs reprises d'ailleurs !
Le repas se finit tranquillement, et Trubee nous envoie nous coucher car demain, il faut que nous ayons "un visage digne d'accueillir le public du Capitole voyons !" Je vais donc me mettre au lit, en caleçon car je suis d'un coup trop fatigué pour chercher un pyjama correct dans la penderie. Pourtant, dès que je me retrouve allongé dans le lit, je n'arrive pas à m'endormir. Je pense à Annie, à ma mère. À ma mère, à Annie. Et à Cara. Cette année, le District Quatre doit avoir un vainqueur, et si ce n'est pas moi, ça sera elle. Au moment où je formule cette pensée, quelqu'un toque à la porte, puis rentre dans attendre dans ma chambre. Je distingue la tête de Cara dans l'entrebâillement de la porte coulissante.
"- Finnick ? Finnick tu dors ? Dit-elle en chuchotant.
- Non, qu'est-ce qu'il y a ? je lui réponds en me redressant à moitié dans mon lit.
- Je n'arrive pas à dormir, répond-elle."
Comprenant ce qu'elle voudrait, je l'invite à venir s'allonger à côté de moi. Un rayon de lune éclaire son visage, et je vois qu'elle a pleuré. Elle vient s'allonger à côté de moi et est d'abord réticente quand je lui ouvre mon bras gauche. Puis elle se laisse aller et vient s'allonger sur mon épaule en baillant. Juste avant qu'elle ne sombre dans le sommeil, je l'entends marmonner :
"- Et là, il devrait y avoir une bonne dizaine de filles prêtes à échanger une semaine de pêche avec toi contre la place que j'occupe en ce moment..."
Puis elle s'endort, et bizarrement, je trouve le sommeil aussi.